Team VG : les meilleurs films de 2018
Chez Vonguru, nous sommes des passionnés, aux goûts différents. Cependant, si nous avons bien une chose en commun (parmi tant d’autres), c’est notre amour pour l’univers geek au sens très large du terme : jeux vidéo, films, séries, romans, comics, mangas, la technologie…. Aussi avons-nous pris l’habitude de partager cette passion commune dans une série d’articles collaboratifs, les Team Vonguru, mobilisant une partie de la rédaction autour d’un sujet particulier sur lequel nous espérons également avoir votre avis.
Début d’année oblige, le Team VG de cette semaine est consacré à l’année cinématographique 2018, et idéalement à ses films les plus recommandables !
Pour connaître nos débats précédents, découvrez sans plus tarder nos autres Team VG sur le septième art, à commencer par notre top et flop cinéma et séries de 2016 puis le top films et séries de 2017, Avengers : Infinity War, nos théories sur la saison 7 de Game of Thrones puis notre avis sur cette saison, notre Disney préféré du Second âge d’or, Blade Runner 2049, A Perfect Day, Mindhunter, la saison 4 de Black Mirror, les saisons 1 puis 2 de Stranger Things, les films parfaits d’Halloween.
Nous avions élargi notre intérêt pour les manifestations de la culture geek aux meilleurs méchants de fiction, aux héroïnes geek, aux X-Men et aux personnages Marvel, aux adaptations de zombies, à nos livres de SF de prédilection, à la saga Mass Effect, à notre console et notre style de jeu préféré, à notre bilan de la Nintendo Switch, à nos YouTubeurs et applications préférées, à la réflexion sur la loi et l’image de la femme dans le dixième art. Il avait également été question dans les Teams VG de nos configs PC, de notre vision des vacances connectées, de nos smartphones coup de cœur, des gadgets dont on ne peut plus se passer, du média qui domine à la maison, de la configuration de nos PC, de notre notre rapport aux crypto-monnaies, des casques utilisés au quotidien, ainsi que du Computex 2018, de notre programme pour une fête d’Halloween puis de Noël parfaite, de vacances et autres activités geeks, de la rentrée, de nos coups de cœur high-tech de l’année 2018 et dernièrement de ce qu’il faut retenir du CES 2019.
Rutilances et misères de 2018 : l’année cinématographique de Siegfried « Moyocoyani » Würtz
Commençons par lister les quelques films que je n’ai pas trouvé le temps de voir malgré mon désir, et qui auraient à mon avis pu informer ce « top », bonne manière aussi (je crois) d’introduire ce que j’attendais de 2018 : Leto, Les Garçons sauvages, Trois Visages, The Rider, Climax, La Caméra de Claire.
Avouons ensuite à regret que l’année fut ponctuée de semi-déceptions, sans qu’aucun film bouleversant, aucun chef-d’œuvre personnel, ne parvienne à la relever. Pourtant elle s’est partiellement caractérisée par une audace de cinémas d’auteur à laquelle j’aurais cru être très sensible, dans le genre, dans l’horreur ou dans le western. Las, du grain à moudre, souvent, mais pas assez, ou pas d’assez à mon goût, et comme de plus en plus régulièrement, j’ai trouvé plus de substance et de puissance dans certains épisodes de The Haunting of Hill House, Le Maître du haut château et surtout Bojack Horseman que dans les salles obscures (même si là encore l’année ne peut rivaliser avec les saisons de 2017 de Légion, Twin Peaks, The Leftovers et toujours Bojack Horseman).
Semi-déceptions qui laissent heureusement la place pour des demi-joies, films auxquels il a souvent manqué de la teneur, de la grandeur, une âme, ou quelque chose de plus vague et de plus imperceptible encore pour me convaincre. Mais c’est aussi pour ces films que l’on continue d’aller au cinéma, la pêche aux chefs-d’œuvre étant trop frustrante pour justifier à elle seule que l’on continue encore et encore de perdre des heures de sa courte vie devant un écran. Soyons vulgaires, appelons-les des « bons films », ou pire encore, des « 7/10 – 8/10 » (on a beau pester contre l’insuffisance ridicule des notes, elles disent souvent très vite ce que l’on peut peiner à exprimer laborieusement). C’est donc l’occasion d’évoquer enfin Une Affaire de famille, le Kore-eda qui n’a pas la puissance de Notre Petite Sœur mais qui ose bousculer son spectateur après l’avoir installé dans la confortable posture d’admirateur d’humanité ; un Phantom Thread stupéfiant de maîtrise visuelle au Day-Lewis stupéfiant de magnétisme ; Red Sparrow, qui rappelle à une époque obnubilée par l’auto-dérision et la badassitude que l’on peut encore faire d’amples thrillers d’espionnage au premier degré, dont les personnages sont réellement et constamment en danger ; Professor Marston and the Wonder Women, biopic d’une inhabituelle humanité sur le créateur de Wonder Woman ; Bodied, et sa réflexion étonnamment nuancée sur l’appropriation culturelle et la bien-pensance à l’époque du tout-médiatique, dans une satire plus poussée que Get Out ; Jusqu’à la garde, film choc particulièrement quand on sait intimement que ce qu’il raconte n’est pas du cinéma ; Bandersnatch, grâce auquel Netflix renouvelle le FMV (cinéma interactif) en fondant le film sur des procédés vidéo-ludiques plutôt que l’inverse ; En Guerre et son immersion percutante dans une grève d’une brûlante (et désespérément permanente actualité) ; The House that Jack built; Three Billboards outside Ebbing, Missouri, sa curieuse alliance de stéréotypes et d’aspérités ; Black Panther enfin, à l’insuffisance duquel j’avais consacré un article, mais que je continue d’admirer pour sa capacité à mettre en scène des problématiques socio-politiques complexes malgré une forme super-héroïque rarement exploitée à des fins de réflexion (que son réalisateur et scénariste soit Ryan Coogler, l’homme derrière Fruitvale Station et Creed n’est naturellement pas pour rien dans cette trop rare pertinence). Dans une moindre mesure, citons pêle-mêle Wildlife, BlackKklansman, Spider-Man : Into the Spider-Verse, First Reformed, Isle of Dogs, High Life, Searching, Under the Silver Lake, La Ballade de Buster Scruggs, Paranoïa, Hostiles, La Mort de Staline, Assassination Nation et La Prière. Et pourquoi pas Mission Impossible : Fallout, Le Poirier sauvage et Pentagon Papers.
Reconnaissons cependant que deux films m’impressionnèrent récemment plus que les autres. First Man, sur lequel je ne reviens pas trop longuement pour l’avoir déjà chroniqué récemment, dont l’impression qu’il suscite de puissance et de maîtrise visuelles ne trouve de rival que dans le Phantom Thread de Paul Thomas Anderson. Et Mektoub, my love : canto uno, que je suis le premier surpris de retrouver ici. Je ne conçois guère qu’un reproche contre le film de Kechiche, son male gaze, c’est-à-dire son regard masculin assumé dans la monstration des corps féminins. Les deux sexes y sont auréolés d’énergie estivale, de la beauté que le lâcher-prise est supposé conférer aux vacanciers, et du désir d’en profiter, mais il y a indéniablement moins de sensualité et d’exhibition des hommes que des femmes. J’ai envie de dire qu’il est normal qu’un homme filme en tant qu’homme, et que cela est si assumé ici que cela confère presque une personnalité intéressante (dans le bon sens du terme) à la réalisation du film – d’autant que le réalisateur est très loin d’y donner une image dévalorisante de la femme – mais je suis homme, et peut-être incapable de décrypter certains sexismes. En tout cas, j’ai aimé chaque minute passée devant ce film, et c’est une sensation rare. Peu de réalisateurs sont aussi capables d’inspirer le souhait d’entrer dans leur œuvre, d’être jeune, beau et vivant, a fortiori pendant l’intégralité d’un long-métrage – et Mektoub dure trois heures. Je ne pense à vrai dire qu’à Richard Linklater, à Gregg Araki et David Robert Mitchell, peut-être à certains moments de Rohmer, dans cette capacité à rendre solaires et enviables même la mélancolie qui accompagne les inévitables déceptions de la jeunesse.
Alors que le jeu vidéo célèbre dit-on sa meilleure année depuis 1998, et que le jeu de société pourrait s’enorgueillir tant en quantité qu’en qualité (notamment dans l’ambition inédite de ses expérimentations narratives) d’un millésime exceptionnel, le cinéma a traversé une période qui m’a particulièrement déçu. Je n’en attends qu’avec plus d’impatience 2019 et les nouveaux longs-métrages de Lanthimos, Polanski, Tarantino, Dupieux, Gray, Verhoeven, Shyamalan, Bong Jong-ho, Malick, Liman, Dolan, Scorsese, Park Chan-wook, Nemes, Gilroy, Peele, Sang-soo, Ang Lee, Almodovar, Kore-eda, Araki, Jenkins, peut-être Villeneuve, Carax, Wheatley, George Miller, Winding Refn et Panahi, accessoirement Spielberg et Hooper !
L’année cinématographique de Laurianne « Caduce » Angeon :
Une année cinématographique somme toute assez discrète de mon côté, en demi-teinte avec quelques films allant de corrects à clairement oubliables – mais qui avaient pourtant été assez attendus : Annihilation côté Netflix, The Shape of Water, Eva, L’empereur de Paris, In The Fade côté cinéma, quelques déceptions qui n’en étaient pas vraiment tant on s’attendait à un massacre (coucou le troisième volet de 50 Shades)… et quelques bonnes surprises, fort heureusement, qui à défaut de produire des films exceptionnels, ont pour ma part changé des poncifs du cinéma actuels (je pense notamment à la belle ambiance qui s’échappait de Red Sparrow).
C’est pour ma part du côté de l’horrifique que quelques titres se sont démarqués : tout d’abord avec Ghostland de Pascal Laugier (Saint-Ange, Martyrs…) sorti le 18 mars 2018. Un film horrifique français (déjà de quoi effrayer, en tant que tel, mais pas spécialement dans le bon sens du terme) novateur, avec ni plus ni moins que Mylène Farmer dans l’un des rôles titre. Une fable horrifique flirtant avec le slasher et le comte d’épouvante pour enfant, avec une dimension onirique, sordide et glauque à souhait qui, à l’instar de Martyrs, ne se contente pas de la complaisance habituelle pour effrayer (sans pour autant égaler ledit Martyrs, qui se place plus du côté film de genre). Un scénario accrocheur, une ambiance pesante, et quelques rebondissements bien pensés pour une œuvre qui, à défaut de conquérir, avait suffit à me faire passer un moment de divertissement horrifique plus qu’efficace.
Il y a ensuite eu First Man, qui m’a laissé un sentiment très puissant lors de son visionnage en salle. J’y étais pourtant allée à reculons, blasée d’avance par le sujet du film, mais curieuse de voir ce que le père de Whiplash avait pu en faire. Quelle claque ! Aborder la conquête spatiale au travers de l’histoire intimiste et délicate d’un homme, retranscrire les peurs, les ambitions d’un tel projet, sa réalisation… et que dire des scènes spatiales, oppressantes, glaçantes dans leur réalisation saccadée et réaliste. Un film que je n’attendais pas, et qui est pourtant venu me conquérir, avec à l’appui, de superbes thèmes musicaux.
Et s’il ne devait y en avoir qu’un, un seul qui a marqué le paysage cinématographique de 2018, ce serait Hérédité, bien sûr (z’en avez pas marre que Hérédité fasse partie de chacune de mes interventions dans les Team VG ?). Hérédité est un film d’horreur à voir. Parce que l’accroche de son affiche, qui le vend tout de même comme le « nouvel Exorciste » ne ment pas. Aucun autre film ne m’avait laissé échappé de rires nerveux tant la tension était difficile à supporter. Un film d’ambiance, plus que de jumpscare, qui propose un crescendo redoutable, tout en lenteur, et pourtant de façon inexorable, jusqu’à un climax final d’une densité horrifique détonante. Plus de six mois ont passé, et certaines images, certains détails restent.
Je rejoins également Macky en vous conseillant plus que jamais deux petites digressions du côté des séries : Le Servante Écarlate pour la qualité de son récit dystopique, ainsi que The Haunting of Hill House qui est un petit bijou rattrapant à mon sens à lui tout seul la pauvre année cinématographique de 2018. En espérant donc que l’année 2019 soit meilleure, avec pour ma part, la sortie du nouveau film d’épouvante de Jordan Peele (papa de l’étonnant Get Out), Us, dont je vous propose la superbe bande-annonce ci-dessous.
L’année cinématographique de Lucile « Macky » Herman : L’Île aux Chiens, faute de mieux
Pour préparer cet article, j’ai jeté un œil sur Google afin de savoir quels films étaient sortis l’année dernière puis je me suis remémorée les films que j’avais vus. Rien de transcendant n’a été rappelé à ma mémoire, si ce n’est le dernier film de Wes Anderson, que l’on retrouve à la fois à la réalisation ET au scénario, j’ai nommé l’Île aux Chiens ou bien Isle of Dogs en anglais. Pour ceux qui ne l’auraient pas encore vu, voici un petit résumé :
En raison d’une épidémie de grippe canine, le maire de Megasaki ordonne la mise en quarantaine de tous les chiens de la ville, envoyés sur une île qui devient alors l’Île aux Chiens. Le jeune Atari, 12 ans, vole un avion et se rend sur l’île pour rechercher son fidèle compagnon, Spots. Aidé par une bande de cinq chiens intrépides et attachants, il découvre une conspiration qui menace la ville.
Si vous avez comme moi l’habitude de regarder vos films et séries en VO, vous reconnaîtrez très rapidement certains acteurs, comme Bryan Cranston, Edward Norton, Bill Murray, Jeff Goldblum, Scarlett Johansson et j’en passe. Nous sommes ici sur un film d’animation très original, à l’image de Wes Anderson, qui nous emporte dans un univers riche et palpitant. Bien qu’ayant la larme facile, je dois avouer que l’histoire et ses personnages m’ont fait pleurer plusieurs fois au cours des 101 minutes du film. C’est une oeuvre également très esthétique qui s’inscrit dans un mode humaniste et fantaisiste que j’aurai grand plaisir à regarder à nouveau à l’occasion.
Bien que nous sommes ici sur une thématique de films, je dois cependant souligner que 2018 restera pour moi l’année de The Haunting of Hill House, dont vous pouvez retrouver notre critique à 6 mains juste ici.