Super-héros : le calendrier des sorties et quelques explications sur les studios propriétaires

 

Quand Batman intégrera-t-il les Avengers ? Pourquoi Vif-Argent et la Sorcière rouge ne sont-ils pas toujours des mutants ? Comment la Civil War peut-elle se dérouler sans Spider-Man ? Disney est-il responsable du film Deadpool ? Quand Thor deviendra-t-il une femme, comme dans les comics ? Quel studio est assez orgueilleux pour croire pouvoir nous imposer six films de super-héros par an sans nous lasser ? Les mêmes nous ont-ils infligé le film Daredevil et offert la série Netflix ?…

Le matraquage super-héroïque des dernières années a fait prendre conscience même aux moins connaisseurs de l’antagonisme entre deux maisons d’édition de comics, DC Comics et Marvel, qui ont élargi leur champ de bataille à la télévision, et surtout au cinéma.

Ceux qui se réjouissaient d’avoir compris cette distinction déchantent cependant bien vite quand on leur fait comprendre à quel point les règles du jeu sont complexes. C’est que, sans rendre indispensable un who’s who qui serait si interminable qu’il serait réservé aux fans hardcore les plus motivés, il faut avoir conscience de quelques données historiques et commerciales pour rendre enfin clair un calendrier de sorties cinématographique et télévisuel où les encapés assoient leur hégémonie et se battent aussi bien à coups de dollars qu’à coups de poing.

 

Les règles simples

 

À la base de tout l’édifice, on l’a dit, il y a deux maisons d’édition, DC Comics et Marvel. Chacune de ces maisons publie les aventures de personnages originaux, dont elle possède les droits de rédaction, de publication, de produits dérivés, d’adaptation, les créateurs de nouveaux héros acceptant contractuellement, contre des royalties, que ces héros appartiennent aux éditeurs, qui sont libres de les confier aux auteurs de leur choix. Sans insister sur l’histoire rarement dorée des créateurs de personnages rapportant désormais des centaines de millions de dollars aux compagnies, c’est cette cession contractuelle qui explique que des centaines d’auteurs aient touché à Batman ou Superman sur leurs 80 ans d’existence, par exemple, y compris du vivant de leurs créateurs.

Il va de soi que ces deux maisons ne se partagent pas toute la production de comics, même si leur omniprésence sur le marché fait souvent oublier l’existence d’ « indépendants », possédant moins de moyens et donc pratiquement inexistants en terme d’adaptations de super-héros :  Spawn appartient à Image Comics, Hellboy et le Goon (dont Fincher devait faire un film avec Tim Miller) à Dark Horse, Preacher (dont l’adaptation en série, d’après les passionnants comics de Garth Ennis, en est à sa deuxième saison) au label « Vertigo » de DC, etc.

Dans les comics, la plupart des personnages DC partagent le même univers, comme les personnages Marvel partagent le leur, et ont donc régulièrement l’occasion d’aventures communes. Ce qui explique que dans l’arc Civil War on puisse voir évoluer Wolverine, Captain America, Iron Man, le Punisher et Spider-Man entre de très nombreux autres, de même que les arcs Final chez DC font coexister plusieurs dizaines de héros dans leurs pages.

Les super-héros de différentes maisons ne peuvent donc vivre d’aventures ensemble que dans des croisements exceptionnels d’univers, voulus par les éditeurs, commercialement trop complexes pour pouvoir s’étendre sur des aventures de longue haleine et a fortiori pour être adaptés. La frontière est donc généralement stricte : Batman, Superman, Green Lantern, Wonder Woman, Flash, Green Arrow, Aquaman, Constantine, sont des publications DC ; les Avengers, les Gardiens de la galaxie, les X-Men, les Quatre Fantastiques, Spider-Man, Daredevil, Jessica Jones, Ant-Man, le Punisher, Deadpool, Ghost Rider, des personnages appartenant à Marvel.

 

Le jeu se corse

 

Le potentiel commercial des super-héros a conduit les maisons d’édition à imaginer d’emblée leur adaptation radiophonique, au début des années 1940, puis télévisuelle et cinématographique, en plus de la vente des produits dérivés, jouets, t-shirts, funko pop, etc.

Mais aussi étonnant que cela puisse paraître aujourd’hui, ces adaptations n’ont pas toujours connu le succès que l’on sait. Déjà considéré comme un médium puéril, le comics a de surcroît connu une crise quand Frédéric Wertham a convaincu les Américains de sa dangerosité pour la psychologie infantile. Il provoqua ainsi une crise autrement plus destructrice que les débats récents sur la supposée influence néfaste des films et jeux vidéo sur nos pauvres têtes blondes. On imagine alors aisément la frilosité des producteurs pour s’investir dans d’autres adaptations, surtout en des temps où les effets spéciaux ne pouvaient prétendre au même sentiment d’extraordinaire que les bandes dessinées, et où peu de studios d’animation étaient assez importants pour rivaliser avec Disney en matière de fluidité et de couleurs…

Bien entendu, les maisons d’édition ne possédaient pas leurs propres studios et devaient pour toute adaptation nouer des partenariats, pratique qui ne s’est raréfiée que très récemment, quand ils commencèrent à produire leurs propres films à les distribuer eux-mêmes – exception faite des séries télévisées, DC et Marvel ne possédant pas de chaînes attitrées. Ils décidèrent alors simplement de vendre les droits d’adaptation de certains personnages : alors qu’ils continueraient de les faire vivre dans leurs planches, les studios acheteurs seraient tout à fait libres dans leurs adaptations !

C’est ainsi que la Maison des idées (Marvel) a dû se séparer de plusieurs personnages emblématiques, faute de moyens pour les adapter correctement, avant d’être racheté par Disney en 2006, tandis que DC a pu globalement échapper à cette malheureuse manœuvre « grâce » à son rachat par le conglomérat Time Warner  en 1967.

C’est la raison pour laquelle Spider-Man appartient actuellement à Sony, et tous les X-Men, ainsi que les Quatre Fantastiques, à la 20th Century Fox. Aucun film ne peut donc normalement figurer un X-Men aux côtés d’un Avenger ou de Spider-Man, alors que tous ces personnages appartiennent à l’univers livresque Marvel. Mais rien ne semble théoriquement empêcher un croisement entre les X-Men et les Quatre fantastiques, au point qu’il soit étonnant que la Fox ne l’ait jamais essayé quand on constate le succès de sa première franchise et son incapacité à faire quoi que ce soit de la deuxième.

Si la plupart des contrats de cession de personnages sont tenus secrets, on sait cependant que les studios sont obligés d’utiliser ces personnages tous les tant d’années, sans quoi les droits retourneraient à Marvel. C’est pourquoi les adaptations des Quatre Fantastiques paraissent réalisées à la va-vite, ou le reboot Spider-Man : Homecoming si rapproché des Amazing Spider-Man, déjà sortis trop peu de temps après Spider-Man 3.

Ainsi, Daredevil avait été vendu à la Fox, qui avait réalisé le fameux film éponyme avec Ben Affleck, qui se trouve avec Green Lantern et Catwoman dans le panthéon des pires films de super-héros de tous les temps, puis Elektra en 2005. L’échec calamiteux des deux films avait découragé le studio de poursuivre. Au bout de sept années, donc en 2012, les droits de Daredevil revinrent à Marvel, ce qui permit à la Maison des idées de créer la série autrement plus appréciée de l’an passé sur Netflix.

Ces tractations mènent parfois à de singulières absurdités, dont deux sont particulièrement connues : Pietro Maximoff (Quicksilver) et sa sœur Wanda (Scarlett Witch) sont deux mutants, et peuvent donc logiquement apparaître dans les films de la 20th Century Fox (l’apparition de Quicksilver dans Days of Future Past, puis Apocalypse,a d’ailleurs ravi les fans). Mais ils ont également fait partie des Avengers avant la vente des droits d’adaptation des personnages, et peuvent donc à ce titre encore apparaître dans les films Marvel… sans qu’il soit fait mention de leur nature de mutants. Tous deux apparaissent donc dans Avengers 2 : Age of Ultron, incarnés par des acteurs différents, et devant cette fois leurs pouvoirs aux expérimentations d’Hydra plutôt qu’à une mutation génétique congénitale. Ils ne pourront également être les enfants de Magneto que dans les films de la Fox, le personnage n’ayant pas droit à l’existence dans l’univrs Marvel. On comprend mieux la hâte de Marvel à se débarrasser d’un Pietro au background si pauvre…

Une autre étrangeté concerne les Quatre Fantastiques. Le contrat passé avec la Fox stipule que le studio a le droit d’exploiter tous les personnages apparaissant dans les comics de ces héros. Marvel aurait donc demandé à ses scénaristes…de ne pas inventer de nouveaux personnages dans les comics, préférant tarir la série que d’aider un studio qui, malgré les lamentables échecs de toutes ses adaptations, croit encore pouvoir relancer les aventures des quatre calamités…

Des rumeurs veulent cependant que Marvel ait passé un accord avec la Fox pour récupérer l’équipe, bien que les deux maisons aient démenti. Mais elles avaient également démenti un autre accord le temps de l’officialiser, sachant qu’il ferait frémir tout le fandom super-héroïque : bien qu’appartenant à Sony, Spider-Man était apparu dans Captain America : Civil War et poursuivra ses aventures dans les films Avengers, tandis que Sony fera jouer le même rôle au même acteur (Tom Holland) dans des films autonomes, avec des personnages dont il ne sera pas question dans les films Marvel, mais s’autorisant des références à cet univers pour maintenir l’impression d’un monde commun. Un compromis qui n’empêche pas des situations d’une puérile rivalité, quand Spider-Man : Homecoming a été ainsi intitulé par Marvel, mais que Sony nous laisse admirer son logo plus longtemps que celui de Marvel et bien avant…

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Grâce au rachat par Disney, Marvel a enfin les moyens de ramener ses héros au bercail, sans plus dépendre d’autres sociétés pour la production ni la distribution, et les accords et rumeurs d’accords passés sont assez encourageants en ce sens. Ce portrait idyllique d’une maison retrouvant l’harmonie doit cependant être nuancé par un événement surprenant survenu après « l’échec » d’Age of Ultron. Le directeur de Marvel Entertainment, Isaac Perlmutter, aurait souhaité réduire les dépenses folles qui semblent devenir la norme du cinéma super-héroïque (les modestes 50 millions d’euros de Deadpool, film de la Fox, et son succès phénoménal, ont laissé penser qu’il n’était peut-être pas indispensable d’investir autant), tandis que le directeur de Marvel Studios, Kevin Feige, estime qu’il faut consentir des investissements toujours plus importants au contraire.

Disney a tranché en isolant la branche cinématographique de Feige de la branche comics-séries télévisuelles-produits dérivés de Perlmutter, la première ne dépendant donc plus de la seconde. En plus des conséquences financières, il faudrait voir si cela ne risque pas d’empêcher désormais les croisements entre les séries et les films Marvel (qui se limitent certes pour l’heure au passage de l’agent Coulson du premier Avengers à Agents of S.H.I.E.L.D.), et surtout si cela n’accentuera pas les différences entre les comics et les films : pour ne donner qu’un exemple très notable, Thor est désormais une femme dans les comics, ce qui n’est pas prêt d’arriver au cinéma…

 

Idéal ou enfer ?

 

Ouvrons rapidement le débat : la récupération par Marvel de tous ses personnages est-elle un phénomène désirable ? On ne pouvait qu’être enthousiasmé à l’idée d’une adaptation fidèle de la Civil War, et on n’ose même pas imaginer un film Marvel où existeraient le Punisher, Deadpool, Ghost Rider et Wolverine, ou une équipe d’Avengers intégrant Spider-Man, Namor et les Quatre Fantastiques. Le potentiel est énorme, mais le risque est d’autant plus grand : combien n’ont pas reproché au Winter Soldier ou à Age of Ultron leurs trop nombreux personnages, ou aux productions Marvel en général une certaine standardisation ? Comment éviter alors que cela n’empire quand le même studio devrai faire honneur à des dizaines de héros majeurs ?

 

Les sorties 2016 et 2017

 

Il n’est sans doute pas inutile, en plus du graphique récapitulant le studio propriétaire des personnages, de proposer le calendrier des sorties super-héroïques de 2016 et 2017 en rappelant le studio responsables des séries et films en question.

Pour rappel, VonGuru résume régulièrement les séries super-héroïques dans le récap’séries, et il va de soi que tous les films mentionnés feront l’objet d’annonces diverses, de hype reviews et de critiques !

Commençons par les séries qui se poursuivent, en rappelant la regrettable annulation d’Agent Carter (Marvel, diffusé sur ABC) après sa deuxième saison en raison d’audiences décevantes :

Supergirl (DC, diffusé sur CBS pour la première saison et The CW à partir de la deuxième), The Flash (DC, The CW), Arrow (DC, The CW), Gotham (DC, Fox), DC’s Legends of Tomorrow (DC, The CW), Daredevil (Marvel, Netflix), Jessica Jones (Marvel, Netflix), Luke Cage (Marvel, Netflix), Iron Fist (Marvel, Netflix), ces quatre personnages étant amenés à se retrouver dès la semaine prochaine dans The Defenders, juste avant le spin-off consacré au Punisher, également prévu pour 2017. Si l’on excepte Agents of S.H.I.E.L.D. (Marvel, ABC), nous avons donc affaire à deux univers télévisuels partagés, celui de DC Comics sur The CW étant distinct de la continuité des films du DCEU (DC Extended Universe), avec un Flash différent par exemple, tandis que celui de Marvel sur Netflix appartient bien au MCU (Marvel Cinematic Universe), même si aucun personnage n’est encore passé d’un médium à l’autre. Et cette continuité incertaine est encore compliquée par l’annonce de la série Inhumans, bien pilotée par Marvel mais pour ABC…

La 20th Century Fox paraîtrait donc en reste… si elle ne nous avait pas offert en début d’année la série Legion sur sa chaîne FX, série dont on vous a dit ici tout le bien qu’on en pense, et dont le studio a promis qu’elle serait liée à l’univers X-Men, annonçant dans la foulée la réalisation par Bryan Singer de la série The Gifted pour la Fox.

En revanche, l’échec de Heroes Reborn (NBC) puis de Powers (Marvel-Sony, Playstation Network) marque la fin temporaire des productions télévisuelles super-héroïques pilotées par des chaînes ou des maisons d’édition indépendantes de Marvel et DC Comics.

Mentionnons enfin quatre séries adaptées de comics mais sans super-héros : The Walking Dead (Image Comics, AMC), Fear the Walking Dead (AMC), Outcast (Image Comics, Cinemax), également tirée des productions de Robert Kirkman, tandis que Preacher (Vertigo, label de DC Comics, AMC) est la première adaptation du travail de Garth Ennis, avant The Boys, envisagé assez sérieusement par les mêmes showrunners.

Voici enfin le calendrier des films, avec leur sortie française (la sortie des films les plus tardifs pouvant être déplacée par les distributeurs) :

Deadpool (20th Century Fox) de Tim Miller : sorti le 10 février, critiqué par VG.

Batman v Superman : Dawn of justice (Warner Bros.=DC) de Zack Snyder : 23 mars. Une hype review lui a été consacré, ainsi qu’une critique, un article sur quelques influences (cinéma, jeu vidéo, comics) que l’on a senties dans le film, un autre sur les combats entre les deux héros dans les comics, et une critique plus élogieuse de la version longue.

Captain America : Civil War (Disney=Marvel, avec l’intégration de Spider-Man, un personnage appartenant à Sony) d’Antony et Joe Russo : 27 avril, hype review ici, critiqué là.

X-Men : Apocalypse (Fox) de Bryan Singer : 18 mai.

Suicide Squad (Warner Bros = DC) de David Ayer : 3 août, dont on vous a beaucoup parlé, avec un enthousiasme vite déçu, dans notre critiquenotre article sur les pires films de 2016, et notre recommandation du dessin animé Assault on Arkham.

The Killing Joke (Warner Bros. = DC) de Sam Liu, film d’animation direct-to-DVD sorti le 3 août.

Doctor Strange (Disney=Marvel) de Scott Derickson : 26 octobre.

Lego Batman, le film (Warner Bros. = DC) de Chris McKay : 8 février.

Logan (Fox) de James Mangold : 1 mars, critiqué ici.

Les Gardiens de la galaxie 2 (Disney = Marvel) de James Gunn : 26 avril.

Wonder Woman (Warner Bros. = DC) de Patty Jenkins (une femme enfin !) : 7 juin 2017.

Spider-Man : Homecoming (Sony-Disney) de Jon Watts : 12 juillet 2017.

Thor 3 : Ragnarok (Disney = Marvel) de Taika Waititi : 25 octobre 2017.

Justice League (Warner Bros. = DC) de Zack Snyder : 15 novembre 2017.

Black Panther (Disney = Marvel) de Ryan Coogler : 14 février 2018.

X-Men : Les Nouveaux Mutants de Josh Boone : 4 avril 2018.

Avengers : Infinity War (Disney = Marvel) d’Anthony et Joe Russo : 25 avril 2018.

Deadpool 2 (Fox) de David Leitch : 30 mai 2018.

Ant-Man et la Guêpe (Disney = Marvel) de Peyton Reed : 18 juillet 2018.

Venom (Sony) de Ruben Fleischer : 10 octobre 2018.

Aquaman (Warner Bros. = DC) de James Wan : 19 décembre 2018.

Le Gambit de Doug Liman (prévu en octobre 2016) a été repoussé à une date inconnue (sans doute annulé) tandis que la date de sortie du Batman de Matt Reeves pourrait être annoncée assez vite, avec celle de The Flash. On a choisi de ne pas vous annoncer encore les dates de sortie des films postérieurs à 2018 parce qu’elles vont pour l’essentiel être déplacées, voire pour certaines, annulées. Cependant, pour finir et se faire frissonner (de plaisir ou d’effroi), voici tout de même la liste, à prendre avec des pincettes donc, des films prévus pour l’heure jusqu’en 2020, et ne tenant pas compte des nombreux films qui vont encore s’intercaler dans le calendrier !

 

 

 

 

1 COMMENTAIRE

  1. Bonjour,

    merci pour vos articles aussi complets, ça permet de faire le point quand on est comme moi, un néophyte en comics.
    Par contre pourquoi mettez-vos des images aussi petites ? On est sensé pourvoir lire ce que contient la dernière image par exemple ?
    Quand vos images contiennent du texte, merci de les laisser lisibles, ou ne les mettez pas, car elles ne servent plus à rien.
    Merci à vous.