Critique à quatre mains pour X-Men – Apocalypse

 

Chez Vonguru, vous le savez, nous avons à cœur de vous faire partager nos coups de tête et coups de cœur, qu’il s’agisse de jeux vidéo, de séries ou encore de cinéma. Après vous avoir proposé la critique des deux derniers blockbusters de super-héros, Batman v Superman : L’Aube de la justice et Captain America : Civil War, et toujours dans un souci d’apporter plusieurs angles de réflexion sur un même sujet, à la manière de nos Team VG, nous vous livrons aujourd’hui notre avis sur le dernier opus de la saga X-Men : Apocalypse. Et finalement, puisque nous parlons mutants, ce sera à deux cerveaux, quatre mains et vingt doigts que cette critique vous sera contée (et oui, il s’agit bien de deux personnes distinctes, histoire de vous rassurer tout de suite). En route !

La critique de Siegfried « Moyocoyani » Würtz : Pas une fin du monde, mais très loin d’une révélation

La scène post-générique de Days of future past avait fait frémir tous les fans : le super-vilain du film X-Men suivant serait pas moins qu’Apocalypse, le premier mutant de l’histoire, né il y a des dizaines de milliers d’années, et donc le plus puissant de tous, puisqu’en transférant son esprit pour vaincre l’âge, il récupérait les pouvoirs des corps dans lesquels il se réincarnait. De retour après un sommeil pluri-millénaire et bien décidé à remplacer les fausses divinités que l’homme a choisi d’adorer durant son absence (les armes et l’argent), il s’affirme comme la plus impressionnante menace de la saga.

La désunion des mutants après les événements de Days of future past va d’autant mieux favoriser ces sombres desseins qu’il pourra recruter Magnéto, en quête d’un sens à donner à sa vie après avoir perdu sa femme et sa fille par la faute des hommes. Il s’adjoindra également les services de Tornade, que Xavier a dû oublier de contacter alors que c’était la raison d’être de Cerebro, d’Angel et de Psylock, tandis que les « gentils » (parce que le manichéisme célèbre son grand retour chez les X-Men) pourront compter sur Jean Grey, Cyclope et Diablo, en plus de Vif-Argent et des « anciens ».

Une débauche de pouvoirs dans un film à 234 millions de dollars qui est le fleuron de la Fox : la pression était forte pour le réalisateur Bryan Singer, qui devait prendre acte du succès de l’opus précédent en même temps que des reproches de manque de clarté et de lisibilité qui lui avaient été adressés. Ce qui explique sans doute son choix d’un retour à la linéarité, avec une équipe qui se constitue contre un grand méchant, dans un prequel qui fait tout à fait table rase des plus anciens opus.

Cela n’empêche malheureusement pas un nombre d’incohérences et d’étrangetés attendu, mais toujours surprenant pour un film à quatre scénaristes, dont Singer. Nous retrouvons donc les habituels pouvoirs à puissance variable : le laser de Scott qui peut tantôt pousser une porte et traverser les murs d’une prison résistant aux griffes en adamantium, hum… ; Xavier qui avec ses pouvoirs peut arrêter le temps dans une scène qui se veut drôle, mais plus quand cela pourrait réellement servir ; Psylock qui peut émettre un sabre laser, mais dont le lasso n’est que fluorescent ; les pouvoirs d’Apocalypse complètement cheatés, le soleil qui alimente les canaux permettant de régénérer les pouvoirs du dieu (alors qu’on nous a clairement montré leur destruction complète et l’impossibilité totale d’un lien continu), les caméras qui ne voient les intrus que quand cela sert le drame et pas avant, même quand on apercevait la caméra pointée sur eux, les coups de poing qui assomment définitivement un adversaire, la violence allergique à l’hémoglobine, même quand des têtes sont tranchées et les corps perforés…

Avouons tout de même sur ce dernier point que Apocalypse est le film le plus adulte de la saga avec X-Men 3, et il est extrêmement agréable d’être perturbé par le gore, même atténué, dans une franchise tout-public dont on attendait aucune audace réaliste de ce genre. De même que le caméo de Wolverine, qui est insupportable parce qu’il ne fait que rappeler que l’on ne reverra jamais le meilleur mutant dans la saga que dans un Wolverine 3, mais qui nous offre l’une des rares jolies scènes du film, lors de sa rencontre avec Jean Grey.

Parmi ces rares bonnes scènes, mentionnons la rencontre entre Apocalypse et Magnéto : alors que ce dernier venait de reprocher à Dieu d’avoir laissé sa famille mourir, le premier lui demande de pardonner son absence involontaire, promettant d’être désormais là pour lui. Bien sûr, Magnéto perd une foi qu’on ne lui avait jamais suggérée, la scène finit en triomphe gratuit d’effets spéciaux, et le lien très fort que la scène prouve entre le dieu et ceux qu’il appelle ses enfants sera complètement nié par son plat égocentrisme dans la suite du film, mais la rencontre en tant que telle est assez jolie. L’arrivée de Phoenix est assez classe, aussi et surtout parce qu’elle laisse espérer une suite, dont on ne sait si elle est prévue dans la nouvelle continuité ou si elle a déjà été réalisée dans la première trilogie. Cela fait beaucoup de nuances et peu de scènes…

Il faut dire que X-Men : Apocalypse peine extrêmement à susciter le moindre sentiment : pour dire, on est plus ému par les retrouvailles entre Xavier et l’inutile McTaggert que par la mort beaucoup trop prévisible, absurde (une seule flèche en bois qui tue sur le coup deux personnes ?) et mal filmée de la famille de Magnéto, alors forcément, difficile de proposer des scènes réellement satisfaisantes. Il faudrait alors plutôt chercher du côté des effets spéciaux que du dialogue, bien que malgré leur réalisme et leur réussite globale, ils aient souvent tendance à une surenchère simplement grotesque (dans la ridicule première scène, ou la tendance des minerais mobilisés par Magnéto à tourner en rond constamment et en pure perte). L’affrontement final contre Apocalypse a cependant le mérite d’être plutôt bien fait et assez crédible, ce qui est rare dans les films opposant un personnage trop puissant à des gentils éminemment plus faibles. C’est finalement le money shot de Vif-Argent que l’on retiendra le mieux, comme dans Days of future past d’ailleurs. La crainte que cela ne tourne au gimmick (à chaque film sa scène géniale avec Vif-Argent) se tait devant la somptuosité des effets, dans une scène qui gagne sa place dans la panthéon des plus impressionnants money shots de l’histoire du cinéma.

Globalement, le film n’est donc pas satisfaisant, sans être indigne. Le super-vilain, au potentiel psychologique évident, est nettement sous-exploité au profit d’une intrigue au schéma abusivement classique, les rares prises de risque étant vite compensées par des fautes de goût lamentables. Comme Psylock qui, après sa défaite, quitte le champ de bataille avec un regard revanchard, qui n’est pas moins mauvais que le « Je reviendrai » de Megatron dans Transformers 4, quelques mutants qui en sortant du Retour du jedi constatent qu’on peut aimer Star Wars 1 ou 2, mais que décidément le 3 est toujours le plus nul, pique vulgaire contre un X-Men 3 qui manquait moins de qualités que ce que l’on a bien voulu dire. Les thèmes plus introspectifs que dans les films Avengers auraient dû en faire un film plus subtil, l’écriture trop faible mettant a contrario en valeur la seule prestation des acteurs, qui paraissent tous supérieurs au script, à commencer évidemment par Michael Fassbender, toujours aussi exceptionnel, McAvoy étant également à son meilleur, tandis qu’Oscar Isaac s’implique singulièrement dans le rôle qui aurait pu n’être que ridicule de gros bonhomme violet, et que les jeunes se débrouillent agréablement bien (surtout Sophie «Sansa Stark » Turner en Phénix, et Evan Peters en Vif-Argent).

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Surtout, il pose la question de la suite : cette imprécision vient d’abord du statut de l’après-Days of future past. Faut-il s’attendre à un complet reboot, et donc à une nouvelle version de l’histoire du Phénix avec les nouveaux acteurs, ce qui ne nous semblerait pas une mauvaise idée même si la lassitude colérique des spectateurs serait compréhensible ? Ou plutôt, comme cela paraît plus plausible, à de véritables préquelles aux premiers X-Men, ce que sembleraient indiquer les nombreux raccrochages de wagons et le fait que Wolverine apparaisse ici alors qu’il ne pourra apparaître dans la suite, au risque des quelques incohérences que cela impliquerait (comme la présence de Mystique dans le camp de Magnéto, redevenu méchant, dans la première trilogie, donc après les préquelles) ?

Ensuite, la question de la suite se pose sérieusement parce que quand on a opposé un Dieu aux héros, il ne reste pas de menace plus imposante – c’est finalement la même question que celle de l’après-Thanos pour les Avengers ou de l’après-Darkseid pour les films de DC. On apprécie que la Fox ne nous ait pas préparé l’affrontement contre Apocalypse pendant dix films, ayant le bon goût d’en faire l’adversaire d’une production unique, mais en espérant que cela n’annonce pas une escalade grotesque pour la suite (la même chose in space). La scène post-générique se focalise sur l’arme X, et annonce donc davantage Wolverine 3 que la suite des X-Men. Il faut espérer que la Fox profitera de ce semblant d’aboutissement pour proposer plus de spin-offs, comme celui sur Gambit annoncé pour la fin de l’année, ou Deadpool, donc des films avec plus de potentiel en terme de créativité, d’introspection ou de jeu. Et enfin un one shot sur Magneto, sa relation avec son fils voire sa fille ? Ou une intégration de Deadpool auprès de Wolverine, voire avec les autres X-Men ?

On y croit tous.

La critique de Laurianne « Caduce » Angeon :

 

Il est des sorties cinématographiques auréolées d’une hype colossale. Bien évidemment, le dernier né de la saga X-Men n’a pas fait exception à la règle, et l’idée même de découvrir Apocalypse en guise de nouveau méchant de l’histoire nous avait tous laissés rêveurs.

À quoi bon se contenter de la guéguerre (très intéressante, au demeurant) entre Eric et Charles, quand on peut mêler à tout cela le mutant le plus dangereux de l’Histoire, à savoir Apocalypse, le premier d’entre tous, aux pouvoirs aussi nombreux que dangereux, grâce à son phénomène d’absorption et de transfert d’un corps mutant à un autre pour ne jamais mourir. C’est donc en cela, et pour faire très bref, que réside le synopsis de ce nouvel opus : Apocalypse est de retour, telle une Belle au bois dormant qui émergerait d’un sommeil millénaire. Sauf qu’ici, il sera plutôt question de destruction, de cataclysme et autres réjouissances pour offrir aux mutants les plus valeureux un monde « meilleur ». Le nouveau méchant de la saga a-t-il donc sublimé le film et a-t-il donc répondu aux attentes des fans ? Oui, et non.

Bryan Singer a une nouvelle fois prêté ses talents de réalisateur à la saga, et il en ressort un film qui, dans l’ensemble, demeure malheureusement très inégal et (dé)cousu de fil blanc. Comme à l’ordinaire, les deux heures trente s’écoulent sans problème, et X-Men offre toujours un divertissement efficace et d’une qualité relativement correcte. Mais comme la hype appelle l’exploit, nous étions en droit d’en attendre davantage, et c’est là que ça coince. D’un point de vue technique et artistique, le film ne parvient pas à se hisser au niveau que l’on serait en droit d’attendre pour une licence de ce prestige : le scénario n’est en rien original, les scènes d’actions sont brouillonnes et difficilement lisibles dans leurs transitions brutales. Seuls quelques effets spéciaux et scènes plus ou moins teintées d’émotion parviennent à sauver le film pour le ranger dans la catégorie du « bon » divertissement. Les tentatives étaient pourtant louables, et avec le plaisir que l’on ressent à regarder la mythologie X-Men, on ne s’ennuie pas vraiment. Néanmoins, lorsqu’une scène parvient à nous installer dans un climat propice à une accroche tangible, l’ambiance est cassée, maltraitée, tant et si bien que l’on a l’impression de découvrir le film par une multitude de bribes plutôt que dans une globalité cohérente. Du rire, du drame, de l’action, il ne manque rien, sauf les différentes émotions qui sont ici malmenées et parfois superposées pour un rendu peu crédible, et surtout, peu attachant. Ajoutez à cela une ribambelle d’incohérences scénaristiques ou d’effets spéciaux surtout là plus pour l’effet que pour l’utile, et vous obtiendrez un rendu plutôt objectif de ce que représente X-Men – Apocalypse. Passé cela, me direz-vous, qu’en est-il finalement de l’élément central de l’opus, Apocalypse, le méchant des méchants, le premier des mutants ?

C’est qui l’papa ?=

Hé bah c’est lui, clairement, et le personnage d’Apocalypse reste sans doute l’élément fort du film. Sans aller jusqu’à dire que ce dernier pourrait côtoyer les plus grands du panthéon des méchants, Apocalypse s’en sort pourtant relativement bien, et demeure tout au long du film une menace latente et efficace. L’ampleur de sa puissance est convaincante, et l’on se plaît à imaginer un mutant aux pouvoirs multiples, doté d’une rage et d’une détermination à toute épreuve après l’injustice d’un sommeil millénaire. En gros, il porte bien son nom : l’idée est de tout cramer et de tout détruire en ne laissant après cette tabula rasa qu’un groupe de mutants, les meilleurs d’entre eux. Bien sûr, Professeur X et Magneto apparaissent en tête de liste et c’est après avoir redécouvert tous les X-Men dans leur train-train quotidien que l’histoire s’assemble peu à peu pour former une sorte de Apocalypse’s Angels. Quand on y réfléchit à deux fois pourtant, il n’y a rien de nouveau sous le soleil. Il est toujours question de la dualité entre radicalisme et tolérance : les mutants seront-ils un jour réellement intégrés aux humains, et plus encore, le veulent-ils ? Nous retrouvons également Charles Xavier et son indécrottable espoir, aux côtés d’un Magneto endeuillé et toujours au point de rupture. Rassurez-vous, si le beau Michael Fassbender grogne beaucoup, il ne mord jamais vraiment, et on assiste dans X-Men : Apocalypse à l’énième « presque-pétage-de-plomb » du protagoniste. Charly mielleux, Ricric tout rouge colère. Le casting fonctionne pourtant assez bien, les deux rôles-titres en tête, et avec toute la joyeuse bande de mutants (merci Hugh d’être passé dire coucou, d’ailleurs) à leur côté, on sourit et on apprécie l’ensemble, sans pour autant rester dupe face au potentiel gâché que représente cet opus, X-Men : Apocalypse.

Pour faire bref, accordez-vous un divertissement correct d’ici quelques mois lors d’une sortie en Dvd, car si je devais donner une note au film, elle ne dépasserait tout de même pas le prix de la place de cinéma, et finalement, c’est sur ce ratio-là qu’on pourrait plancher pour savoir si oui ou non, le film vaut le coup d’être vu ! X-Men : Apocalypse n’aura pas, pour ma part, répondu à la hype qu’elle avait engendrée. Bien tenté, mais dommage…