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Galileo Project – terraformation experte de l’univers de Ganymede et Demeter

Galileo Project

Le prix du projet Galilée

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Galileo Project – faut-il encore terraformer l’univers de Ganymede ?

IKI était mon jeu préféré de 2021, le duo Demeter/Varuna est probablement mon X and write favori, et je garde un excellent souvenir – bien que lointain – de Ganymede. Inutile de dire combien j’attendais donc Galileo Project, le nouveau titre édité par Sorry We Are French dans l’univers de Ganymede et Demeter justement (tout fait sens !) – puisque vous y terraformez les 4 principaux satellites de la planète Jupiter, dont Ganymède – conçu par Adrien Hesling (Oriflamme), illustré par le merveilleux David Sitbon (IKIGreenville 1989, et que j’avais eu le plaisir d’interviewer à l’occasion de ma chronique sur Paris 1889), et se présentant comme un « expert light » (la catégorie parfaite, en toute objectivité) reposant sur un système de draft et de construction de moteur (les genres parfaits, en toute objectivité).

Galileo Project est vendu 55 euros (un prix qui a pu être élevé, de sorte que nous commencerons par là), et s’adresse à 2 à 4 corporations de 14 ans et plus, pour des parties de 40 à 80 minutes. Disons déjà que je trouve le jeu meilleur à 2 voire 3 – il reste fluide à 4, où la course est un peu plus tendue, mais comme on s’en doute, les parties sont plus longues, la configuration du plateau plus changeante, et l’attention au jeu des autres plus inexistante, alors que pouvoir faire tenir un Galileo Project en une demi-heure avec la possibilité de contre-picks volontaires me paraît franchement idéal.

Notez que vous retrouverez ici le journal de bord très complet du jeu, détaillant rapidement son univers et plus précisément ses concepts mécaniques, une ressource toujours passionnante.

Comme toujours sur VonGuru, l’article est constitué d’une présentation analytique des règles, dont l’objectif n’est absolument pas de vous les résumer (ce qui n’aurait qu’un intérêt très limité), mais de les prendre pas à pas pour en expliquer les forces, les tensions, ou détailler les interrogations qu’elles font naître. Si vous avez l’habitude de sauter la partie « présentation des règles » des chroniques socioludiques que vous consultez, sachez donc qu’ici vous sauteriez par la même occasion toute l’argumentation, ce qui peut paraître… dommage ?

Galileo Project

Le prix du projet Galilée

Je n’aime pas parler du prix des jeux : il s’agit d’une donnée après tout assez « subjective » (paradoxalement), dont votre appréciation dépendra de vos revenus, de votre budget loisirs, de votre consommation (on est plus ou moins regardant selon que l’on achète 5 jeux par semaine ou 1 jeu par mois), de votre approbation du jeu lui-même (on peut se réjouir que les créateurs margent mieux un jeu que l’on adore)…

En outre, on sait très bien que le jeu de société n’est pas un loisir assez cher. Le prix des matières premières explose (avec un impact direct sur la fabrication, mais aussi l’acheminement), la quasi-totalité de la production abuse des conditions de vie chinoises pour réduire les coûts, autrices et auteurs touchent un pourcentage assez ridicule sur leur création, et je ne parle même pas de l’augmentation générale du coût de la vie. Bref, dans une économie en crise, pleurer sur les 55 euros de Galileo Project – j’aime rappeler que c’est moins cher que… 3 romans de la rentrée littéraire à peine – c’est peut-être songer à son portefeuille (ce qui est légitime, important et humain) avant de considérer le réel (ce qui est plus difficile, mais aussi plus important encore).

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Pourtant, tout le monde admet assurément que dans un « monde idéal », autrices et auteurs pourraient toucher une part substantielle des ventes de leur jeu, qui serait produit en France pour un impact écologique, économique et social idéal. Par pragmatisme, on peut concéder quelques sacrifices à cette utopie… mais simplement tenir à ce que le prix des jeux de société reste éternellement le même, et éternellement très bas, finit par sembler déraisonnable, et même un peu enfantin.

 

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Les fameux jetons de Poker

Pourquoi ces critiques se sont-elles cristallisées sur Galileo Project ? Il faut admettre que, vu son format, et malgré une boîte bien remplie de matériel de qualité (mention spéciale aux plateaux et cartes), ce n’est pas un jeu dont on s’attendrait à ce qu’il coûte 55 euros dans les conditions actuelles du marché. Bref, le jeu semble avoir fait moins de concessions que d’autres pour s’aligner à tout prix sur la concurrence, alignement qui aurait abouti à détruire ses marges et à faire peser sur le succès ou l’insuccès de ce seul jeu tout l’avenir des SWAF – éditeur dont on sait qu’il se consacre entièrement à chaque titre, et n’a donc pas le luxe de répercuter un échec sur l’un des 10 autres jeux publiés le même mois.

À la rigueur, on pourrait estimer que les jetons de Poker sont en trop. Et c’est un fait : thématiquement assez faibles (même si leur présence est justifiée), ils ajoutent beaucoup au poids, et peut-être au prix de Galileo Project. Mais combien ? Après tout, est-on face à un jeu bon marché devenant cher à cause de ses jetons de Poker, ou à un jeu cher trouvant dans les jetons de Poker une manière de justifier matériellement son prix ? Et surtout, n’oublions pas tout ce que Splendor doit à ses jetons de Poker, également tout à fait inutiles, et gonflant tout aussi artificiellement son prix. Mais ils ajoutent une telle présence sur la table, confèrent un tel plaisir de manipulation, qu’ils peuvent avoir un impact direct sur le plaisir ludique – et le marketing d’un jeu.

Je confesserai à titre personnel que leur présence ne m’a rien fait – on les manipule plus dans Splendor, ou de façon plus intéressante dans Federation. À la rigueur, ils participent de façon louable au world-building, et en cela, je trouverai leur présence infiniment plus intéressante dans Galileo Project si on les retrouve dans un jeu futur de cet univers. Mais ce n’est qu’un avis personnel, que je partage parce que cela fait partie de ce que l’on attend dans une chronique, quand même, n’ayant évidemment aucune valeur par rapport au « réel ».

Bref, parlons enfin du jeu.

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