L’Ascension de Thanos : Avengers Infinity War, le jeu de société officiel !
Spécialisé dans les adaptations socio-ludiques de franchises célèbres liées au cinéma, à l’animation, bref assez généralement au divertissement geek, l’éditeur USAopoly s’est attaqué à Harry Potter, Samurai Jack, Zelda, Dragon Ball, L’Étrange Noël de Mr. Jack, Rick and Morty… sont de la partie, que ce soit dans les 200 variations de Cluedo, Trivial Pursuit, Risk, Munchkin, jeux d’échecs ou Monopoly, ou dans des jeux plus neufs, cherchant sincèrement à transformer en mécaniques ludiques l’esprit et l’histoire d’une licence intéressante. Ce qui n’exclut pas une volonté de capitaliser sur cette licence, ne soyons pas naïfs : quand Warner, Nintendo ou Disney placent leur confiance dans une société, c’est rarement pour le seul bien-être des fans, mais cela n’exclut pas nécessairement le désir de leur offrir des produits soignés.
Nous avions donc vu avec Hogwarts Battle que les adaptations d’USAopoly pouvaient mériter notre attention, en témoignant d’une ambition mécanique singulière pour une franchise aussi mainstream que Harry Potter. Voyons ce que cela donne quand l’éditeur s’attaque à la grosse franchise du rival, les Avengers de Disney, et plus précisément le film Infinity War himself. On se souviendra que j’avais été peu sensible à la proposition cinématographique de Marvel dans ma critique, il n’empêche que ma déception venait aussi de mon affection pour les comics de Jim Starlin et de mon sentiment que le potentiel de l’histoire aurait pu être mieux exploité, de sorte que cela renforce ma curiosité quand on me parle d’un jeu de société où il s’agirait d’empêcher Thanos de récupérer les gemmes !
Après tout, son concepteur Andrew Wolf a été lead designer sur Hogwarts Battle, Samurai Jack: Back to the Past, Munchkin Marvel, Risk: Mass Effect, en plus de travailler au développement des jeux de société Funko (apparemment fort bons), donc voilà un amateur de pop culture aimant apparemment transformer des franchises en jeux de société !
À grosse licence, gros prix, et L’Ascension de Thanos/Thanos Rising n’échappe pas à la règle, puisque le sien est de 55 euros. Naturellement coopératif, il oppose deux à quatre super-héros de 8/10 ans et plus au Titan fou dans des batailles acharnées d’une heure environ.
Notez que ma critique s’appuie sur la version anglaise du jeu, mais qu’il est désormais proposé en français par les Lucky Duck Games (Kingdom Rush, Chronicles of Crime, Isle of Cats, La Forêt des frères Grimm…), de sorte que les termes que j’emploie pourront différer de celle que vous pouvez précommander jusqu’au 12 juin sur leur site, afin d’acquérir par la même occasion Dark Side Rising (le même jeu exactement… dans l’univers de Star Wars) et deux packs de cartes absolument exclusifs à la campagne, puis en boutiques à partir du 25 juin !
Pendant cette campagne de précommande, chacun des deux titres est à 49 euros 99, les packs additionnels (comportant notamment Nick Fury et Captain Marvel pour L’Ascension de Thanos) à 4 euros 99, et l’ensemble (les deux jeux et les deux packs de cartes) à 89 euros 99 !
Un matériel cosmique ?
L’une des grandes difficultés quand on pense à l’adaptation d’un film comme Infinity War est matérielle, puisqu’il faut rendre la bataille épique de très nombreux héros à travers la galaxie pour empêcher un super-vilain redoutable de trouver des artefacts. Globalement, L’Ascension de Thanos s’en sort très bien, dès la boîte, à l’illustration superbe de Rick Hutchinson – bien qu’un peu effrayante pour le public visé peut-être.
Ce qui frappe dès son ouverture, c’est la grande statuette de Thanos, sur laquelle on ne manquera pas d’être partagé, entre des finitions très imparfaites et l’agréable surprise qu’un jeu de société n’ayant absolument aucun besoin d’une telle figurine ait la générosité de l’intégrer pour le seul plaisir de l’immersion. Les héros n’étant représentés que par des cartes, leur face-à-face avec un Titan qui ne démérite pas cette appellation est assez impressionnant.
Avant toute chose, on dispose le plateau Gant de l’infini aux six extrémités duquel on pose les six gemmes d’Infinité (en plastique transparent coloré, fort joli). Les huit dés de pouvoir, le dé de Thanos, le dé de gemmes de l’Infini et les compteurs de dégâts sont placés à portée des joueurs. Puis on met en place la zone de déploiement au centre de laquelle trône la statue du Titan fou. Les joueurs choisissent (ou se font attribuer aléatoirement) une base qui correspond au camp avec lequel ils se battront : le Wakanda (sous la direction de Black Panther), le Sanctum Sanctorum (Doctor Strange), Knowhere (Gamora) ou le complexe des Avengers (Captain America).
Une fois les chefs de groupe récupérés par leurs propriétaires, on mélange le deck contenant les autres héros et les dix sbires de Thanos. On en pioche les neuf premières pour les déployer tout autour de Thanos. Après quelques minutes d’installation, il ne reste plus qu’à découvrir quel est le dernier joueur à avoir vu un film du MCU et à le désigner comme premier joueur.
Sauver l’univers, mode d’emploi
L’Ascension de Thanos est un jeu familial. Cela n’exclut pas du challenge, mais rassure normalement sur la longueur des règles, en l’occurrence quatre pages à peine, dont la moitié est occupée par des illustrations, des exemples et un résumé : comme pour Hogwarts Battle, on ne peut nier un certain talent à USAopoly pour concilier accessibilité et jeux intéressants, tant thématiquement que mécaniquement.
La zone de déploiement autour de Thanos est composée de trois secteurs, chacune correspondant donc à trois cartes. Le joueur actif prend d’abord son jeton d’équipe et le pose sur l’un des trois secteurs de son choix, ce qui lui permettra d’interagir avec les trois héros ou méchants présents dans ledit secteur.
Il lance alors le dés de gemmes, et pose un cube de la couleur du résultat sur la gemme correspondante. Si à la fin du tour, il y en a cinq sur la même gemme, Thanos la récupère et l’insère sur son gant, ce qui lui octroiera un pouvoir supplémentaire, typiquement celui d’infliger ou de soigner des dommages. Il faut donc espérer que le nombre de cubes progressera de façon à peu près égale, chaque gemme obtenue par Thanos rendant naturellement la partie plus difficile.
Au super-vilain de lancer le dé Thanos, avec quatre résultats possibles : sa statuette peut être amenée à tourner vers le secteur suivant dans le sens des aiguilles d’une montre ; dans le sens contraire des aiguilles d’une montre ; tous les pouvoirs des sbires dans les secteurs où Thanos n’est pas présent sont activés ; on relance le dé de gemmes. Après avoir appliqué l’effet du dé, il attaque tous les héros de son secteur, et si le joueur actif a posé son jeton d’équipe dans le même secteur, il attaque également tous les membres de cette équipe, dans quelque secteur qu’ils soient.
L’attaque consiste à infliger un dégât à chaque héros, chacun ayant un nombre de Points de Vie différent, entre 4 (Rocket) et 7 (Hulk). Et s’il y avait dans ce secteur des sbires de Thanos, ceux-ci attaquent également en appliquant leur pouvoir, de l’addition d’un dégât à un nouveau lancer de dé.
Comme dans le film, Thanos a l’initiative, et le fait sentir. Heureusement, il est temps de riposter en lançant les dés indiqués sur sa base. Le Wakanda permet par exemple le lenacer de trois dés rouges et un dé bleu, sachant que le nombre et la couleur des dés peut varier en fonction des pouvoirs des personnages : en l’occurrence, Black Panther permet par exemple le lancer d’un dé bleu ou vert supplémentaire si son propriétaire possède un autre héros de sa faction dans son camp. Ces dés permettent soit d’attaquer des ennemis, soit de recruter des alliés.
Plus précisément, le joueur choisit une seule des trois cartes du secteur, voit quels symboles elle exige, et attribue des dés si les résultats le permettent. Si aucun de ses dés ne correspond aux demandes des cartes, il le retire de la partie pour ce tour-ci. Dans tous les cas, il relance les dés restants et tente de les attribuer à leur tour, que ce soit à la même carte ou à une autre, et ainsi de suite jusqu’à ce qu’il ne possède plus de dé.
Si tous les dés exigés par un héros lui ont été attribués, le héros est recruté dans l’équipe du joueur, même s’il appartient à une faction (une couleur) différente, ce qui le soigne également de toutes ses blessures. Rocket demande par exemple deux faces Combat, une face Technologie et une face Cosmique. Si toutes les exigences en dés d’un sbire de Thanos ont été remplies, il subit une blessure et le joueur reçoit un jeton bonus pour tout ennemi qu’il aura réussi à blesser ce tour-ci. Ces jetons bonus à usage unique peuvent être utilisés pendant n’importe quel tour, et correspondent à un symbole pour le recrutement ou le combat, ajoutent un dé ou ôtent des marqueurs.
Et le tour est fini, il n’y a plus qu’à récupérer son jeton d’équipe, à remplacer les ennemis vaincus et les héros recrutés par de nouvelles cartes et à passer la main au joueur suivant.
Les joueurs perdent la partie quand Thanos a récupéré les six gemmes, tué dix héros ou tous les huit héros d’une même équipe, mais la remportent quand il sont parvenus à vaincre le nombre d’ennemis fixés à l’avance, sept pour une première partie « facile », jusqu’à dix pour plus de challenge, sachant qu’on peut également augmenter la difficulté en octroyant à Thanos un peu d’avance dans sa collecte des gemmes en début de partie, avant qu’enfin les héros puissent intervenir.
Cette conclusion est à vrai dire presque décevante, il aurait été plus agréable et immersif d’avoir un décompte d’ennemis à tuer avant de gagner (une réglette par exemple), ou on aurait pu imaginer qu’après la mort d’un certain nombre de sbires, il faudrait vaincre Thanos lui-même… Mais on peut aussi se rappeler que L’Ascension de Thanos n’adapte jamais que Infinity War, et que la victoire n’est donc qu’une survie prolongée, quand un deuxième jeu pourrait nous faire vivre la conclusion du combat !
L’Ascension de Thanos, le poids de la destinée
L’Ascension de Thanos se présente essentiellement comme un jeu de hasard : hasard des dés, hasard des cartes déployées… ce qui est au fond le choix le plus judicieux pour rendre tout à fait rejouable ce jeu assumant sa dimension familiale. Mais le résumer à cet aspect serait négliger ce qui fait sa force, la montée en puissance des Avengers au fur et à mesure de la partie.
Chaque héros recruté permet de lancer et relancer des dés, soigner, piocher des jetons bonus, illustrant parfaitement l’adage selon lequel l’union fait la force – qui n’a naturellement jamais été aussi vrai qu’à ce stade de la saga des Avengers. Esclaves de la fatalité arbitraire et inéluctable, on apprend ainsi à la maîtriser, à créer de la tactique où le Titan fou n’avait suscité que le chaos, puisqu’après des débuts difficiles où ils ne maîtrisent rien et se font écraser, les Vengeurs prennent petit à petit le contrôle de leur destinée, tentant de transformer le hasard en opportunités, et chaque incident en chance.
En quoi le jeu imite admirablement le sens même du film, et d’une façon d’autant plus satisfaisante que le matériel est très séduisant, les dés gravés, les cartes à l’effigie photoréaliste des acteurs, le gant et ses gemmes… – exception faite peut-être d’une figurine centrale imposante, d’autant plus luxueuse qu’elle ne remplit aucune fonction mécanique, mais étonnamment mal finie, surtout quand on la compare à un Dark Vador bien plus irréprochable.
Rendez-vous sur le site des Lucky Duck Games jusqu’au 12 juin 22 heures pour le précommander, seule occasion d’acquérir un pack d’une petite dizaine de cartes supplémentaires tant pour L’Ascension de Thanos que pour L’Ascension du côté obscur !
Et retrouvez nos photos de L’Ascension de Thanos sur notre instagram dédié aux jeux de société !