Accueil Lifestyle Culture Geek Hansa Teutonica : Big Box, l’occasion rêvée d’intégrer la ligue hanséatique !

Hansa Teutonica : Big Box, l’occasion rêvée d’intégrer la ligue hanséatique !

Hansa Teutonica Big Box

Hansa Teutonica : Big Box, l’occasion rêvée d’intégrer la ligue hanséatique !

Il y a des jeux de société qu’il est impossible de dissocier de joueuses et joueurs les défendant si ardemment qu’elles pourrait en être créditées comme autrices. Quand je pense à Hansa Teutonica – et quand une grande partie des ludistes francophones pense à Hansa Teutonica – difficile de ne pas songer à la blogueuse Ludidice, qui proclame depuis des années qu’il s’agit de son jeu absolument préféré, au point qu’il paraîtrait malhonnête de ne pas vous renvoyer d’emblée vers son article, où elle développe cette adoration et compare la nouvelle version du jeu (la Hansa Teutonica : Big Box, dont il sera question dans cet article) à son édition précédente.

Est-il seulement utile d’écrire encore sur le jeu après cela ? Je vous laisse en juger, il faut pour ma part bien que fasse ma part du travail en échange du service presse du jeu… et avec d’autant plus d’intérêt et de plaisir que j’ai envie de défendre le vraiment remarquable Hansa Teutonica : Big Box, aussi effrayante que puisse paraître la perspective d’acquérir une boîte à la couverture aussi… allemande (et encore, quand vous aurez comparé avec la couverture originale, vous croirez avoir basculé dans le party game), et directement en Big Box, c’est-à-dire avec ses extensions, donc pour acheter davantage de contenu quand vous ne savez même pas ce qu’est le jeu de base (mais enfin c’est ce que vous faites sur KS plusieurs fois par mois, si vous croyez que ça ne se sait pas…).

Le thème fait rêver : au XIIème siècle, vous incarnez des commerçants cherchant à relier les villes de la Basse Allemagne (c’est-à-dire du Nord de l’Allemagne, la région de Hambourg, Lübeck, Halle, Dortmund, Münster) afin de renforcer la Ligue hanséatique (Deutsche Hanse ou Hansa Teutonica), une puissante alliance commerciale… qui s’étendra (au moins ludiquement) à la Grande-Bretagne et à l’Europe de l’Est avec les deux extensions comprises dans Hansa Teutonica : Big Box, correspondant à deux nouveaux plateaux, auxquels on ajoutera deux modules (des missions et des faveurs impériales), comme vous allez le lire.

Hansa Teutonica : Big Box est un jeu d’Andreas Steding (FirenzeGugongStroganov), illustré par Dennis Lohausen (Les Charlatans de Belcastel, Rajas of the GangesDominionGaia ProjectMarco Polo, La Couronne d’EmaraRune Stones… bref, un dessinateur culte), édité par Pegasus Spiele et localisé par Matagot (ParksWingspanCairn, Sagrada, Scythe, Istanbul : Big Box, Rapa Nui, L’Île au trésor…). Initialement publié en 2009, il est encore considéré comme le 140ème meilleur jeu de tous les temps et 97ème meilleur jeu stratégique sur l’agrégateur de référence BGG.

Vendu 48 euros 90 (42 euros 54 avec l’abonnement Ludum), il s’adresse à 3 à 5 marchandes et marchands de 12 ans et plus (idéalement 3 ou 4). Notez que sa version d’origine proposait des parties en duel, assez unanimement rejetées, de sorte qu’il est tout à l’honneur de Pegasus que d’avoir osé retirer cette configuration de la boîte (comme Iello avec The Crew, ou la Nouvelle édition de 7 Wonders) alors même qu’ils se privaient ainsi d’une clientèle potentielle.

Les jolies photos de cet article sont prises par Henk Rolleman, très bon photographe de jeux qui les poste régulièrement sur BGG, les autres de moi.

 

Hansa Teutonica Big Box

 

Négocier et construisez votre réseau de comptoirs !

La mise en place de Hansa Teutonica est étonnamment simple, quel que soit le plateau central choisi : on place l’un des trois jetons bonus de départ au hasard sur chacune des trois tavernes, le marqueur Villes complètes est placé sur le 0 de sa piste, chaque joueur place un négociant sur le 0 de la piste de prestige.

Puis chacun se munit d’un plateau personnel (son écritoire), y place 3 de ses marchands (disques) sur les cases 3, 4 et 5 de son Livre du Savoir et ses 15 négociants (cubes) sur toutes les cases de ses trois capacités à l’exception de la première, bloquant pour l’instant leurs cases les plus puissantes. On n’a plus qu’à conserver dans sa réserve personnelle le marchand restant et un nombre de négociants croissant avec sa position dans le tour… et l’installation est achevée ! Assez impressionnant pour un jeu dit à l’allemande, d’autant que les plateaux centraux sont tout à fait jolis dans leur abstraction presque naïve, bref que Hansa Teutonica parvient assez formidablement bien à rassurer.

 

Hansa Teutonica Big Box

 

Le tour d’un joueur consistera ensuite à réaliser deux actions parmi cinq possibles (y compris deux fois la même), représentées sur le plateau pour mieux les avoir à l’esprit.

On pourra recruter 3 commerçants (terme qui désigne à la fois les marchands et les commerçants) de la réserve générale pour les placer dans notre réserve personnelle.

On pourra placer un commerçant de notre réserve personnelle sur n’importe quelle case libre de n’importe quelle route.

On pourra retirer un commerçant adverse d’une route pour y placer l’un des nôtres, mais en défaussant un commerçant si l’on a retiré un négociant, ou deux si l’on a retiré un marchand. En outre, l’adversaire ne se contente pas de récupérer le commerçant retiré pour le placer dans sa réserve personnelle, il reçoit autant de commerçants que le joueur en aura défaussés, puis place tous les commerçants récupérés sur des cases libres de routes adjacentes. Bref, vous devez vraiment tenir à la route dont vous l’écartez ! A contrario, vous sentez bien que placer des marchands sur une route la protègera davantage des remplacements par des pions adverses, un paramètre à prendre en compte dans votre gestion de votre réserve de commerçants !

On pourra déplacer 2 de ses commerçants sur le plateau vers de nouvelles cases libres.

On pourra enfin créer une route commerciale, l’action-reine de Hansa Teutonica, si toutes les cases d’une route sont occupées par nos commerçants – il ne suffit donc pas d’occuper toutes les cases de la route pour qu’elle soit créée, de quoi vous forcer à conserver cette action pour la fin si vous voulez éviter de mauvaises surprises pendant les tours adverses. Les joueurs possédant le plus de comptoirs (ou les comptoirs les plus forts) dans les deux villes aux extrémités de cette route gagnent 1 point de prestige.

 

Hansa Teutonica Big Box

 

Puis on récupère l’éventuel jeton Bonus de cette route, utilisable une seule fois pour :

  • échanger la position de deux comptoirs adjacents d’une même ville (afin de placer le sien à droite des autres, dans la position la plus forte).
  • gagner 3 ou 4 actions supplémentaires.
  • établir un comptoir supplémentaire si on peut déjà établir un comptoir suite à la création d’une route (un comptoir bonus qui comptera comme le comptoir le plus faible d’une ville, mais en ajoute un à nos couleurs).
  • déplacer trois commerçants.
  • développer une capacité en retirant le commerçant le plus à gauche de l’une des capacités de son écritoire pour le mettre dans sa réserve personnelle. Cela découvre une nouvelle case, plus puissante que la précédente, et que l’on appliquera à la place, pour réaliser davantage d’actions par tour (jusqu’à 5 !), recruter davantage de commerçants de la réserve (jusqu’à 7), déplacer davantage de commerçants (jusqu’à 5), pouvoir placer des comptoirs sur les cases oranges, roses et noires des villes (plus seulement les blanches) ou gagner plus de points à la fin de la partie (jusqu’à 4 par comptoir de notre plus grand réseau au lieu d’1 normalement). Un jeton Bonus à rechercher activement en début de partie !
  • imaginer vos propres règles grâce aux deux jetons Bonus vierges !

Un autre jeton Bonus est alors placé sur le plateau.

 

Hansa Teutonica Big Box

Puis on peut choisir l’une de ces trois options, qui souvent n’en sont qu’une, ne vous inquiétez pas, puisque deux sont relatives à des routes précises, généralement construites précisément pour leur option spécifique, quand l’autre est l’action rentable par excellente de Hansa Teutonica :

  • établir un comptoir, en replaçant dans la réserve tous les commerçants de la route achevée sauf un, qui occupe la Comptoir la plus à gauche de l’une des deux villes à l’extrémité de la route – à condition que l’on ait accès à la couleur de cette case (en ayant débloqué la capacité correspondante) et que l’on place bien un marchand sur un emplacement rond ou un négociant sur un emplacement de comptoir carré. Contrairement à un Aventuriers du rail notamment, la route est ainsi libérée afin de pouvoir être à nouveau complétée et d’octroyer à nouveau ces récompenses ! Certaines villes du plateau Ligue hanséatique (celui du jeu de base) octroient immédiatement 1 point de prestige. En outre, relier Arnheim et Stendal par une ligne continue de comptoirs rapportera entre 2 et 7 points selon que l’on est le premier, deuxième ou troisième à les joindre. Si le dernier emplacement d’une ville est occupé, elle est complète, et on avance le marqueur Villes complètes d’une case. Deux villes complètes n’empêchent d’ailleurs pas de remplir à nouveau le route qui les sépare afin de gagner des points de prestige.
  • développer une capacité si l’une des villes reliées affiche une icône de cette capacité, après avoir défaussé tous les commerçants de la route.
  • placer un marchand sur l’un des 4 emplacements de personnage de la route entre Coellen à Warburg si c’est la route complétée, toujours en défaussant ses autres commerçants.

 

Hansa Teutonica Big Box

 

Les règles suggèrent judicieusement de compter ses actions à voix haute. Chacune est heureusement assez courte, mais lors d’une première partie, si vous découvrez toutes les subtilités de la création d’une route, vous pourriez perdre le compte, surtout quand vous pourrez accomplir jusqu’à cinq actions par tour ! Heureusement vos adversaires sont là pour vous empêcher de tricher involontairement, une bonne manière de les faire participer même quand ils ne sont pas impliqués – mais comme vous l’aurez vu, on est souvent impliqué pendant le tour des autres, et donc toujours invité à prêter attention au plateau.

Une fois ses actions accomplies, c’est au tour du joueur suivant.

La partie s’achève quand un joueur atteint les 20 points de prestige, que l’on doit piocher un jeton Bonus dans une réserve vide ou que le marqueur Villes complétées atteint sa dixième case. Un jeu multipliant les manières d’y mettre fin peut souvent faire craindre un oubli d’une condition ou de l’autre, mais ces trois manières sont très visuelles dans Hansa Teutonica, puisque deux sont liées à des pistes dont l’achèvement marque la conclusion de la partie, et une autre à une réserve où l’on voit bien que l’on ne peut plus puiser.

 

Hansa Teutonica Big Box

 

C’est alors que survient une petite salade de points, sans doute ce qui empêche le plus Hansa Teutonica d’être recommandable à 10 ans parce qu’on se rend alors compte de toute la projection qui peut résulter d’un système de règles sinon accessible.

On ajoute en effet aux points de la piste de prestige les points octroyés par son plus grand réseau (le nombre de nos comptoirs dans un groupe de villes adjacentes multiplié par la valeur de la capacité Clés de la ville de notre écritoire – de quoi donner encore plus de sens à la multiplication de nos comptoirs dans une même ville !), 4 points par capacité pleinement développée (sauf les Clés de la ville), 1 à 21 points selon que l’on a collecté 1 à 10 et plus jetons Bonus (y compris en les ayant utilisés), les points des personnages de Coellen, et 2 points par ville que l’on contrôle (où l’on possède le plus de comptoirs/les plus forts).

Vous le voyez, atteindre les 20 points de prestige mettant fin à la partie plus vite que les autres est loin de garantir la victoire face à des joueurs préférant marquer des points plus discrètement, même si cela permettra tout de même un bon score final. Je l’ai déjà dit et répété, j’aime en outre beaucoup les jeux permettant de contrôler le rythme de la partie (je pense par exemple au récent Maracaibo qui poussait cette logique très loin), parce que cela force l’attention constante des joueurs et va profondément altérer la dynamique des parties, une partie où un joueur court vers les 20 points ne ressemblant absolument pas à une autre où l’on s’arrange pour ne pas les offrir trop vite, ou bien où tous cherchent à s’imposer plus progressivement.

 

Hansa Teutonica Big Box

 

La Hansa Teutonica s’enrichit

Hansa Teutonica : Big Box comporte deux modules pour étendre le plateau Ligue hanséatique, d’ailleurs combinables.

La première consiste en cartes Mission dont 1 est donnée à chacun en début de partie. Elle représente trois villes, et octroiera à la fin 1 point par ville où l’on possède au moins un comptoir, plus 5 points si l’on a la majorité dans les trois.

Le module est modeste, et ne m’a pas nécessairement convaincu à titre personnel parce qu’il ajoute une information secrète à la Aventuriers du rail dans un jeu dont j’aime plutôt la franchise. Cependant, cela peut donner aux joueurs une bonne incitation initiale à s’attaquer à certaines routes plutôt qu’à d’autres, quand on est souvent un peu perdu au tout début, et à laisser le jeu choisir pour nous si l’on commencera directement en taquinant nos adversaires sur leurs routes ou si l’on sera d’abord sage en construisant dans notre coin.

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Hansa Teutonica Big Box

 

Le module Faveurs impériales propose de renoncer à toutes ses actions d’un tour et de sacrifier deux jetons Bonus inutilisés prendre l’une des tuiles Faveur impériale – ces deux jetons Bonus compteront tout de même lors du décompte final, mais leur pouvoir est perdu, ce qui en fait un renoncement assez coûteux, à moins de viser précisément les jetons Bonus les moins pertinents avec votre partie et les moins convoités, précisément pour y renoncer ainsi ?

Ces tuiles Faveur impériale permettent de poser nos marchands remplacés sur n’importe quelle route, de bénéficier d’une action supplémentaire, de placer dans sa réserve personnelle un commerçant de la réserve générale à chaque fois qu’un adversaire recrute, de recevoir deux commerçants de la réserve quand un de nos négociants est remplacé, et en fin de partie de marquer 4 points au lieu de 2 par ville où l’on a la majorité de comptoirs et 7 points au lieu de 4 par capacité complètement développée.

Un module plus technique, étant donné que le renoncement à un tour et à deux jetons Bonus est extrêmement coûteux, bien que le bénéfice soit considérable, obligeant à bien réfléchir au moment le plus opportun pour récupérer une faveur impériale (et à bien réfléchir à la faveur qui sera la plus pertinente à ce stade de la partie).

Hansa Teutonica y perd en élégance (soudain il faut se rappeler que l’on dispose de pouvoirs uniques, et prendre garde à ceux des adversaires), mais c’est après tout l’objectif du module que d’ajouter son grain de sel au jeu, une petite complexité nouvelle pour en varier davantage les parties – d’autant que les faveurs impériales ne seront pas nécessairement les mêmes de partie en partie, étant donné qu’on n’en mettra en place qu’autant que de joueurs parmi les 6 proposées dans la boîte.

 

Hansa Teutonica Big Box

 

La ligue hanséatique vogue vers l’Est

Le plateau Ligue hanséatique orientale se distingue d’abord du plateau de base par ses routes maritimes : en les complétant, avec ses marchands uniquement, on gagne un jeton Bonus permanent uniquement utilisable à la fin de l’action pour

  • déplacer 2 commerçants au choix.
  • développer la capacité Privilège (celle qui permet d’occuper des cases jaunes, oranges ou noires).
  • de placer deux commerçants de sa route commerciale maritime vers deux autres cases au lieu de les replacer dans la réserve.
  • d’établir un comptoir dans une ville indépendante, c’est-à-dire une ville refusant d’appartenir à la Ligue hanséatique. C’est, avec le jeton Bonus Comptoir supplémentaire et la complétion de l’une des routes menant à la ville indépendante de Waren, le seul moyen d’y établir un comptoir.

Ces jetons sont en fait assez mal nommés : représentés directement sur le plateau, ils constituent un bonus à usage unique récompensant immédiatement celui qui complète la route maritime, sans être récupérés physiquement (sans compter comme des jetons Bonus dans le décompte final) et sans être remplacés par d’autres jetons Bonus. Si leur effet permet de les comparer aux jetons Bonus, ils sont donc d’une nature toute différente – et pas même des jetons -, de sorte que les appeler autrement, voire leur donner une autre forme, aurait semblé judicieux, quand la maladresse surprend dans un jeu par ailleurs si soucieux d’intuitivité. Sans même mentionner qu’en entendant jeton Bonus permanent, j’entends davantage Bonus permanent sous forme de jeton que jeton permanent octroyant un bonus…

Outre ces jetons, les routes maritimes sont le moyen le plus rapide de relier Lübeck et Danzig, qui remplacent Stendal et Arnheim pour la connexion Est-Ouest, incitant donc à leur consacrer ses précieux marchands.

 

Hansa Teutonica Big Box

 

Et compléter l’une des routes connectées à Waren peut aussi permettre de développer son trésor ou (surtout) ses actions au lieu d’établir un comptoir sur une ville indépendante. Voilà donc une ville qui sera à la confluence des désirs de tous les joueurs, et d’autant plus intéressante que trois routes y mènent, pour plus d’équité au lieu d’une compétition ne menant à la victoire que d’un joueur et à la frustration des autres. Allez-vous tous choisir une action supplémentaire, généralement l’option la plus désirée ? Mais occuper une ville indépendante s’avérera aussi extrêmement fructueux, et en points cette fois !

Le plateau est passionnant, ne serait-ce que parce qu’en reconfigurant la disposition des villes, les connexions à établir ne sont plus du tout les mêmes, et les parties s’en trouvent déjà renouvelées. Bien entendu, la Ligue hanséatique orientale est loin de se limiter à être un nouveau plateau et offre un nouveau regard sur les mécaniques du jeu de base, avec une course repensée (par les voies maritimes) pour la connexion Est-Ouest, accordant aussi plus d’importance encore aux marchands, et en facilitant l’accès à l’amélioration des actions ou du recrutement. La tension y est ainsi un peu plus grande et surtout l’expérience s’en trouve bien changée pour un tout nouveau plaisir !

 

Hansa Teutonica Big Box

 

Hansa britannica

La dernière extension comprise dans cette big box de Hansa Teutonica est le plateau Britannia, représentant l’Angleterre et le Pays de Galles sur sa face pour 3 joueurs, en plus de l’Écosse sur sa face pour 4 et 5 joueurs, chaque pays possédant des routes d’une couleur distincte, importante : vous ne pourrez par exemple placer les jetons Bonus que sur les routes terrestres anglaises.

Plus technique, on ne peut placer de commerçant ou remplacer de commerçant adverse par l’un des nôtres au Pays de Galles et en Écosse qu’en ayant le comptoir de plus forte valeur à Cardiff (pour le Pays de Galles), à Carlisle (pour l’Écosse) ou à Londres (pour le Pays de Galles et l’Écosse), et plus qu’une fois par tour et par capitale. Une jolie manière de souligner l’impérialisme anglais tout en générant une tension considérable autour de ces capitales.

Naturellement, le Pays de Galles et l’Écosse représentent bien moins de villes et de routes que l’Angleterre sur la carte, de sorte qu’il ne sera pas non plus punitif d’y laisser la place à un adversaire, mais renoncer aux deux contrées pourrait s’avérer très coûteux, et courir vers celui que paraissent d’abord délaisser les adversaires ne peut être qu’à votre avantage. Et puis difficile de résister aux charmes tactiques de l’Île de Man, qui appartient à la fois au Pays de Galles et à l’Écosse…

 

Hansa Teutonica Big Box

 

Quant à l’action de déplacer ses commerçants, elle est restreinte au pays de départ du commerçant : un commerçant gallois ne pourra être déplacé qu’au Pays de Galles ou en Angleterre ; un commerçant écossais qu’en Écosse ou en Angleterre ; un commerçant anglais qu’en Angleterre. Soudain les commerçants anglais paraissent plus limités, mais ce n’est que justice, compte tenu de la difficulté déjà de posséder des commerçants gallois et écossais !

Les médaillons permanents Bonus des routes maritimes permettent cette fois de déplacer deux commerçants au choix (même adverses, et surtout même l’un des siens et un adverse) au sein de la même région, quand celui qui place deux commerçants depuis la réserve ne vise que les routes galloises et écossaises.

Toutes ces spécificités aboutissent à un calcul de score valorisant évidemment ces deux contrées – il aurait été décourageant sinon de lutter autant pour des comptoirs ordinaires. Le joueur possédant le plus de villes du Pays de Galles marque en effet 7 points de prestige, le deuxième 4 et le troisième 2, puis on procède de même pour l’Écosse.

La dernière particularité du plateau est de mettre fin à la partie après 8 villes complétées, pour des parties plus rapides et bien moins permissives.

 

Hansa Teutonica Big Box

 

Britannia est une extension remarquable à Hansa Teutonica, plus radicale que la Ligue hanséatique orientale par laquelle il pourra paraître judicieux de passer pour une montée en complexité progressive. La distinction entre les trois régions la constituant amène son lot de petits points techniques, rendus plus lisibles par un plateau tentant de nous aider tant que possible, pour une tension exacerbée, et dans des parties encore plus rapides et interactives, carrément belliqueuses même tant le gain d’actions est complexifié et le remplacement des pions adverses y devient monnaie courante – alors que l’on tâche de se modérer sur les deux autres plateaux pour que l’adversaire remplacé ne profite pas trop de la généreuse compensation du jeu.

 

Hansa Teutonica Big Box

Hansa Teutonica, Les Aventuriers du rail en eurogameland ?

Hansa Teutonica a des allures d’Aventuriers du rail : on y pose des pions de notre couleur sur des routes pour s’en emparer, la plus grande route est récompensée, le module Missions ajoute même des trajets à réaliser entre des villes précises pour davantage de points…

Sa première qualité et originalité est cependant d’être plus franchement interactif, étant donné qu’on y est en constante opposition tactique avec nos adversaires, bien loin de la gêne presque toujours involontaire du jeu d’Alan R. Moon. Pas de hasard ainsi dans Hansa Teutonica, et pas d’autre imprévisibilité que le facteur humain, bien entendu plus ou moins guidé par vos propres décisions et la manière dont vous transformerez toutes et tous ensemble le plateau.

On place ainsi nos commerçants progressivement sur les routes plutôt que de s’en emparer d’un coup, ce qui rend nos convoitises plus visibles par nos adversaires et leur permet même… de nous déloger – mais avec un système de compensation qui est bien loin de rendre ce remplacement injuste, si important même que l’on pourra chercher à se faire déloger pour mieux se placer encore !

En outre, après avoir occupé toutes les cases d’une route, il faut réaliser l’action distincte de créer une route commerciale, octroyant des points aux joueurs possédant les villes reliées par la route… avant de défausser ces commerçants, la route étant à nouveau disponible !

C’est que l’objectif n’est pas d’occuper les routes, mais de connecter des villes, la complétion des unes permettant de construire des comptoirs dans les secondes, lesdits comptoirs étant à nouveau en compétition, parce que seul celui qui en possèdera le plus dans une ville, ou qui possèdera le plus fort, marquera des points quand des routes y seront connectées… On ne cesse donc jamais de surveiller ce que font les autres et de lutter, faisant de Hansa Teutonica une exception flagrante à la réputation d’interaction polaire des jeux à l’allemande.

Et si encore il n’y avait que cela, mais certaines villes permettent de développer une capacité au lieu d’établir un comptoir, de sorte que l’on peut choisir de disposer de davantage d’actions à chaque tour, de pouvoir récupérer davantage de commerçants de la réserve, ou d’en poser plus depuis notre réserve personnelle sur les plateaux. Un dilemme qui n’en sera pas un au tout début des parties (disposer d’une action supplémentaire ou deux sera essentiel), mais le deviendra progressivement, particulièrement quand ces améliorations rapporteront des points de prestige aux joueurs contrôlant les villes associées…

Hansa Teutonica est ainsi un jeu surprenant : sa couverture et les 14+ arborés par la boîte laissent croire à un vrai jeu à l’allemande, fluide mais complexe et sec, quand son peu de matériel (les plateaux, les commerçants et quelques jetons Bonus, c’est tout !), ses trois-quatre pages de règles, la lisibilité de ses élégants et jolis plateaux centraux et son système mécanique lui donnent pratiquement l’allure d’un jeu familial. Et c’est une grande force justement que de proposer autant de tension et de choix techniques avec si peu, et sous une apparence aussi rassurante, pour un 10/12+ très malicieux.

Et sa Big Box est une excellente opportunité d’acquérir Hansa Teutonica avec deux petits modules et surtout ses deux extensions Ligue hanséatique orientale et Britannia, qui en fait d’extensions sont des jeux autonomes utilisant simplement les mêmes jetons, à la manière des Aventuriers du rail toujours.

Le changement de plateau suffit à faire perdre ses repères, en altérant complètement la désirabilité des routes et des villes, mais les deux plateaux apportent en outre leurs plus ou moins petites spécificités. Ligue hanséatique orientale est principalement là afin de poursuivre les logiques de Hansa Teutonica et renouveler légèrement le jeu pour ceux qui chercheraient des sensations à peine différentes, quand Britannia apporte avec sa distinction entre Angleterre, Pays de Galles et Écosse un enrichissement tactique considérable par rapport au jeu de base.

Après la Big Box d’Istanbul, celle de Hansa Teutonica est une nouvelle occasion d’apprécier un format qui sait ne pas trop en faire, et ne pas nous submerger sous un contenu gargantuesque dont on sait qu’on n’en sortira jamais la moitié, seulement là pour gonfler son prix. Au contraire, pour un prix nettement plus doux que celui des trois boîtes acquises séparément, il sait offrir juste ce qu’il faut pour être irrésistible, abordable mais varié, avec la certitude que l’on ne tardera pas à vouloir tout en savourer.

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