Bärenpark : Les Grizzlys arrivent, l’extension qui prend de la hauteur

 

Il y a un an, on vous présentait le Bärenpark de Phil-Walker Harding (Imhotep : Le DuelGingerbread House), dont le thème familial (la construction d’un parc à ursidés) dissimulait un jeu de dominos d’une étonnante fraîcheur tactique et visuelle. L’éditeur Lookout Games (FoothillsAgricolaPatchworkCaverna, Isle of Skye) en avait fait paraître une extension, Les Grizzlys arrivent, que Funforge (Tokaido, MonumentalNamiji, Évolution) a récemment localisée. Toujours très joliment illustrée par l’incontournable Klemens Franz (qui illustre à peu près tous les jeux de Lookout), elle promet l’accueil de grizzlys, avec la contrainte d’aménager les très vastes espaces dont ils ont besoin, et… un monorail tridimensionnel pour les surplomber. Deux modules praticables séparément ou ensemble pour augmenter la rejouabilité, et évidemment la tacticité, du jeu de base. Une boîte donc pleine à ras bord de nouvelles pièces pour seulement 18 euros, et toujours accessible à 2 à 4 joueurs de 8 ans et plus pour des parties d’environ 45 minutes !

Notez qu’on ne reviendra pas ici sur les principes de Bärenpark, pour lesquels on vous renvoie vers l’article consacré au jeu de base !

 

 

Les grizzlys

Le premier module exposé est logiquement celui des grizzlys éponymes.

Les règles de mise en place commencent par préciser quelles animaleries et statues d’ours il faut ajouter pour jouer à deux, trois ou quatre. On notera en effet l’inclusion de statues d’ours valant entre 17 et 20, plus une animalerie de chaque type de valeur 8.

Les 12 zones Grizzlys sont étalées à côté du plateau Approvisionnement, tandis que les 4 nouvelles sections de parc avec une sortie sont empilées à côté des sections du jeu de base ou empilées si on manque de place. Les règles suggèrent de les étaler si on a de la place, ce n’est cependant pas très utile, autant optimiser la surface de jeu afin que chacun voie et aie accès à tout ce qui importe.

Dans Bärenpark, les joueurs étaient limités à quatre sections de zoo. En recouvrant un ouvrier de la quatrième section, ils peuvent désormais en construire une cinquième, parmi les sections contenant une sortie encore disponibles. La disposition des éléments n’y est pas exactement la même, mais à moins de repérer le polyomino parfait, il n’y a aucune raison de chercher à tout prix à être le premier à choisir. Comme on peut s’en douter, la sortie doit être tournée vers l’extérieur du parc, et pas vers une autre section (on n’enferme pas les visiteurs, tout de même !).

Au début ou à la fin de chaque tour, il est possible de défausser un espace vert et une animalerie afin de récupérer une zone grizzly au choix parmi celles disponibles. Si on a réalisé l’action en début de tour, on peut la poser ce tour-ci comme on poserait normalement une tuile, sinon on la conserve jusqu’au tour où on la trouvera opportune. C’est donc très coûteux, mais aussi très bénéfique si la forme immense parvient en effet à recouvrir une vaste surface du parc, à la fois pour occuper plus de place plus vite et pour la quantité de points que valent ces tuiles, entre 6 et 10 !

Au lieu de s’achever quand un joueur a rempli quatre sections de son parc, la partie s’achève donc quand un joueur en a rempli cinq, exactement de la même manière.

Les Grizzlys permet donc de faire durer les parties sensiblement plus longtemps sans autre altération des règles que la possibilité d’obtenir des grizzlys. Il s’agit donc d’un module très léger, surtout là pour apporter de la variété et un peu de course (pour les zones grizzlys) à peu de frais au jeu de base, et cela fonctionne très bien !

 

 

 

Le monorail

Contrairement à ce que le titre Les Grizzlys arrivent pourrait laisser croire, c’est bien le monorail qui constitue le module central justifiant l’acquisition de l’extension. Bien sûr, Le Monorail arrive, ou un monorail sans ours en couverture, c’était moins attirant…

La mise en place diffère à peine de celle du jeu de base. On se contente en effet de placer à proximité 7 stations monorail par joueur, à assembler préalablement en petites tours, et d’y ajouter les tuiles Wagon monorail indiquées dans les règles (2 de chaque valeur à deux joueurs, 3 à trois, 4 à quatre, facile).

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À chaque fois qu’un joueur placera un espace vert (toilettes, terrains de jeu, boutiques ou cours d’eau), il pourra prendre une station monorail et la placer sur une des cases dudit espace vert. Il n’est pas obligé de le faire, mais il ne lui sera plus permis ensuite de prendre une station pour la placer sur un espace vert construit à un autre tour.

Après la première station, dont le placement est libre, les autres stations ne pourront être posées qu’à trois cases exactement d’une station déjà construite, donc avec deux cases entre les deux stations, quoi qu’elles contiennent (y compris rien ou un trou). Aussitôt, on prend le monorail valant le plus de points (entre 3 et 10) pour lier les deux stations.

Si l’on occupe tous les emplacements orthogonalement distants de trois cases de ses stations monorail autrement qu’avec des stations, on ne pourra plus continuer sa ligne, et il est impossible d’en construire une deuxième. Il faut donc faire attention à ne pas se bloquer cette opportunité trop vite, tout en respectant l’autre règle de pose : un wagon ne peut pas être dans la continuité directe d’un autre, formant une seule rangée verticale ou horizontale, mais chacun doit être placé perpendiculairement au précédent. La ligne de monorail ne pouvant pas faire de boucle, elle sera de plus en plus sinueuse au fur et à mesure qu’elle se construira.

Malgré l’apparente modestie du module, il ajoute une véritable couche tactique à Bärenpark avec le nouveau dilemme de miser sur le monorail, donc sur les espaces verts au détriment des ours, ou de jouer « normalement », sachant que l’entre-deux n’est pas réellement possible : si vous ignorez le monorail pendant quelques tours, vous ne pourrez simplement plus le poursuivre. Naturellement, Walker-Harding a astucieusement pensé les bonus apportés par le monorail de façon à ce qu’il ne soit pas si facile de l’ignorer. Et bien sûr, l’extension apporte un sacré cachet au jeu, avec ces éléments tridimensionnels, jolis et très lisibles…

 

D’autres additions arrivent !

8 nouvelles tuiles de toilettes ont été judicieusement ajoutées pour le module Grizzlys (et la combinaison des deux modules) afin de recouvrir les cases impossibles à combler du fait de la complication des formes.

Surtout, la boîte de l’extension comporte 18 nouveaux objectifs, utilisables avec le jeu de base ou avec les modules. Un peu à la Welcome, le choix (ou la pioche aléatoire) des objectifs peut considérablement modifier la manière de jouer, de sorte que cette addition assez massive peut apporter un vrai renouveau.

Ces 18 objectifs sont de six sortes différentes. «Gel des constructions » impose de placer un enclos ne recouvrant aucune icône. « Toilettes séparées » impose d’avoir deux toilettes séparées de 11 cases (même s’il y a des toilettes entre elles). « Cours d’eau en coin » impose un cours d’eau dans le coin de trois sections. « Planification des enclos » impose de recouvrir deux pelleteuses d’un seul coup (et donc de gagner deux enclos en une fois). « Connexion par les boutiques » impose de connecter une section à trois sections adjacentes par des boutiques (donc à cheval entre la section centrale et l’autre section). « Terrains de jeux et statues d’ours » impose enfin d’avoir trois terrains de jeux adjacents à une statue d’ours (pas à un trou, ce serait trop facile). De quoi bien renouveler vos parties !

 

Comment construire un parc à ours sans grizzlys ?

Les Grizzlys arrivent n’est pas une extension incontournable ni une sortie majeure pour Funforge, dont les nombreuses annonces formidables ont de quoi faire frémir n’importe quel joueur. Cependant, Bärenpark était un jeu de polyominos frais et réussi, parvenant à concilier une tacticité tout à fait satisfaisante à des règles relativement accessibles et à une thématisation très sympathique. Or pour qui posséderait Bärenpark, il me paraîtrait fort curieux de ne pas se pencher sur Les Grizzlys arrivent. Bien loin de remodeler le jeu de base pour le transformer, voire le trahir, l’extension se présente en modules (les grizzlys, le monorail, les nouveaux objectifs), n’ajoutant guère à chaque fois qu’un point de règles aux anciens, sans en réécrire aucun. Ces additions sont donc aisément assimilables et très appréciables dans ce qu’elles proposent, une rejouabilité nettement accrue, une plus grande variété dans les parties, et un petit effet waouh quand on érige le monorail tridimensionnel.