Essen (2) : Matagot, Bragelonne, Snowdale, Gigamic, Artipia
Retrouvez ici la première partie de mon compte-rendu des Internationale Spieltage d’Essen, avec mes rencontres de Libellud, Days of Wonder et Lucky Duck Games notamment !
On poursuit ici ma première journée avant de passer demain à la deuxième et dernière !
Matagot
Après avoir bien couru à droite à gauche dans les couloirs d’Essen, il est temps de passer à la suite de mon programme (il me reste quand même quatre entretiens) avec Magali de Matagot, un éditeur que l’on aurait pu croire en crise en voyant les désaffections qu’il a subies, et qui donne l’impression de se porter mieux que jamais, multipliant les sorties intéressantes. On vous parlera ainsi bientôt de Cairn et Paris: New Eden, mais le 1er novembre c’est le Tapestry de Jamey Stegmaier qui sera sur toutes les lèvres (et qui l’est en fait déjà depuis des semaines), puis le 22 novembre Wingspan, grâce à son extension (que l’on sentait venir) sur les oiseaux européens. On me montre aussi Rapa Nui, un remake des Géants de L’Île de Pâques dont l’auteur (Fabrice Besson) s’est accompagné de Guillaume Montiage (Kemet) !
Et justement, on peut s’attendre à du lourd pour Kemet, dont la publication récente d’une version remaniée des règles n’est que la plus modeste preuve que Matagot n’a aucune intention de laisser le titre mourir… Un autre nom qui n’est pas prêt de mourir est celui d’Aeon’s End, dont la variante legacy (très attendue, y compris par moi) connaîtra bien sûr sa localisation !
Magali m’annonce aussi la sortie de jeux pour enfants, un public un peu délaissé par Matagot cette dernière année, dont le premier serait Monster Soup. Décidément, avec Loki et Space Cow, il se passe quelque chose de très excitant dans l’industrie pour ce public avec des œuvres toujours mieux éditées !
Rencontrer enfin de visu quelqu’un de chez Matagot était l’occasion de mieux comprendre les relations avec Kolossal Games, Grail Games et Surfin Meeple, et donc de parler de Western Legends (dont la grosse extension Ante Up sera bien localisée), de Papillon, de Terrors of London ou encore de Mezo, précisément en livraison en ce moment, qui m’attire terriblement grâce à son thème et au soin matériel consenti pour le mettre en valeur, en plus de ses promesses mécaniques bien entendu. On notera avec intérêt le commencement très prochain de la campagne KickStarter du nouveau Kolossal, Almanac : The Dragon Road, puis en janvier du Reload par les auteurs de Room 25 avec un synopsis très Edge of Tomorrow vraiment prometteur.
De façon plus anecdotique à première vue, Matagot devrait bientôt publier le petit jeu de collection Vintage de Bruno Faidutti et localiser le Boomerang de Grail Games, un « draft and write » qui fait très Welcome… et donne bien envie. On se réjouira assurément que la gamme de petits jeux malins et inventifs de l’éditeur continue de s’étendre !
Enfin, nous n’avons évoqué que trop rapidement un mystérieux Renation, prévu pour le premier trimestre Q1, dont je ne sais rien d’autre que cette formidable phrase d’accroche de Magali, « Gengis Khan rencontre Mad Max », quand même ! Et nous avons conclu cette discussion par la découverte des « Game Up », des petites boîtes de goodies que Matagot souhaite produire pour pimper ses jeux. À l’occasion du test prochain de L’Île au trésor je vous présenterai le Game up associé. Bref, encore un éditeur dont l’année 2020 s’annonce extraordinaire !
Bragelonne
Un rapide passage par Bragelonne m’a permis de croiser Gaëlle, et d’en apprendre que Devil Pig Games leur avait cédé la licence Age of Towers pour se recentrer sur les Heroes et Shadows over Normandie, d’où la présence de Drakatak dans leur catalogue (et l’espoir prochain d’une bonne distribution des extensions de ce très bon tower defense) !
Après une vague de localisations (Culte, La Vallée des marchands, Cthulhu : L’Avènement…), l’éditeur se lance dans une vague de petits jeux originaux, accompagnées d’une plus grosse sortie qui m’intéresse assez, Magnum Opus, prévu pour février 2020. L’auteur, Lionel Borg, a eu la gentillesse de m’en exposer les règles et d’en jouer la première manche avec moi, et il tenait toutes ses promesses de jeu de draft et de majorité malin, fluide, très interactif (et fourbe), en plus d’être tout à fait joli (Arnaud Demaegd et Prague, aimable combo).
Snowdale Design
Puisque l’un de mes plus gros coups de cœur socioludiques était le trop méconnu Dawn of Peacemakers, je tenais absolument à traverser les halles d’Essen pour féliciter Sami de Snowdale Design, qui en est l’auteur, illustrateur et éditeur (et d’ailleurs auteur, illustrateur et éditeur de La Vallée des marchands, tout est lié). Il n’est malheureusement toujours pas question de sa localisation, en négociations mais représentant un gros travail, et La Vallée des Marchands 3 pourrait ne pas être proposé en financement participatif avant 2021, parce que Sami doit consacrer trop de temps… à Lands of Galzyr !
En KS en été 2020 et évidemment situé à Daimyria, l’univers auquel appartiennent tous les jeux de l’auteur, il tentera de simuler un open world très narratif avec ses 600 cartes et sa dimension évolutive (une partie aura des répercussions sur le scénario suivant, qui lui sera directement consécutif) mais rejouable. Sami accueillait ainsi les visiteurs avec une brochure touristique de Galzyr, rédigée par un célèbre guide local et présentant ses villes, montagnes et forêts, une amusante introduction à ce nouveau pan géographique d’un monde déjà effleuré. Est-il utile de préciser qu’on en parlera avec énormément de plaisir aussitôt qu’on aura plus de détails ? Vous pouvez comme moi vous inscrire à la newsletter ici.
En attendant ce projet, simplement celui qui m’excite le plus en 2020, une critique de son Dale of Merchants Collection ne devrait pas trop tarder !
Essen in Essen
16 heures 45, enfin j’avais le temps de manger ! S’il est tout à fait possible de prendre ses sandwichs, ses tupperwares, que sais-je, j’avais fait au plus basique en calant des barres de céréales dans mon sac, juste au cas où je n’en pourrais plus. À ce stade de faim, j’avais plutôt envie de quelque chose de chaud, et à force de passer dans les corridors emplis des trucks les plus divers (crêpes, churros, falafels, burritos, burgers, frites, smoothies…), je me suis laissé tenter par ces excellentes frites saupoudrées de curry dont les Allemands accompagnent généralement les Currywurst, sur un stand particulièrement recommandable (et bien sûr la portion junior est tout à fait suffisante). Ouf, j’ai échappé aux minuscules burritos à 8 euros et aux boissons à 3 euros, et récupéré assez de forces pour tenir les deux dernières heures.
Gigamic
Deux heures pour deux rencontres assez détendues d’ailleurs, pratiquement plus de courtoisie que proprement informatives. À l’occasion du rachat de Blackrock par le groupe Hachette, Mathilde de Gigamic me confirme que cela ne changera pas grand chose ni pour Blackrock (qui du coup distribue la concurrence) ni pour Gigamic (qui n’est pourtant plus le seul distributeur du groupe). Hachette importe ainsi dans le monde du jeu des stratégies du monde de l’édition, y compris une philosophie de non-interventionnisme appréciable. C’est pour cela que la maison-mère avait permis/accueilli/acquis Bragelonne (maison d’édition de livres et de jeux), Gigamic, Studio H et FunnyFox, malgré une certaine redondance, renforcée par le fait que Studio H et Funnyfox publient en même temps un jeu sur le thé (Alubari et Ceylan, bientôt en test) !
Pour l’heure, après les sorties remarquées de L’Aube des tribus (très bientôt en test) et Undo, Gigamic met surtout en avant son très stimulant jeu dans sa gamme de titres tactiques et accessibles en bois (Squadro, Quoridor), Quantik, son jeu de communication Premier contact (localisation d’un Cosmodrome Games), annonce pour bientôt le très remarqué Champ d’honneur et en février New Frontiers, le nouveau Tom Lehmann dans l’univers de Race for the Galaxy !
Artipia
Le festival international de jeux de société d’Essen est bien entendu aussi l’occasion de rencontrer des éditeurs étrangers, ceux dont on ne peut pas visiter les studios à Paris ou Nancy. Après un Finnois, profitons du Spiel pour parler à Konstantinos d’Artipia Games, un éditeur dont on a surtout parlé en France quand Geek Attitude Games avait localisé Kitchen Rush, un Overcooked en jeu de plateau complètement survitaminé, Super Meeple The Pursuit of Happiness ou Boom Boom Games Dice City. On leur devait aussi le plus discret 13 Ghosts chez Matagot, et il semblerait qu’ils ne cessent de prendre de l’importance ! À mon arrivée, on m’a ainsi fait attendre parce que deux auteurs étaient là pour pitcher leur jeu, preuve qu’Artipia s’ouvre à la production de jeux non-grecs…
Par ailleurs, qui suit un peu les actualités socioludiques sait que leur A Thief’s Fortune est déjà annoncé en français chez Super Meeple, décidément très actifs en ce qui concerne les localisations de titres récents. Il est très probable que je vous présente avant la parution de la version française ce titre que je ne pouvais pas attendre, portant sur le voleur d’un trésor oriental découvrant un mystérieux sablier. Les joueurs incarnent alors… autant de futurs possibles du voleur, des visions émises par le sablier de ce qui pourrait lui arriver tandis qu’il fuit les gardes du palais !
Leur grosse sortie du moment, c’est le Rush MD de David Turczi (Kitchen Rush, Teotihuacan, Anachrony), autour duquel ils proposaient même une animation de médecins accourant au chevet d’un mannequin pour l’opérer in extremis. Il le même principe que Kitchen Rush, donc dans un thème hospitalier : les joueurs posent des sabliers, représentant les différents rôles de l’hôpital, sur différents lieux pour leur assigner des tâches, et doivent donc se coordonner pour aider le plus de patients possibles dans un temps très limité. Plutôt qu’une rethématisation du même jeu, Konstantinos insiste sur le fait qu’il s’agit d’une espèce de « suite », avec plus de profondeur ludique, plus d’immersion thématique (grâce à des tâches plus distinctes donnant lieu à des mini-jeux et l’addition pour certaines d’une composante de dextérité) et plus de délire. La localisation est en cours de négociations, on en attend des nouvelles avec beaucoup de curiosité… et on vous le présentera dans quelques semaines !
Artipia travaille enfin sur quatre projets encore secrets, dont deux sont très avancés, Ceres et Wordcraft, sans qu’aucun autre détail n’ait fuité pour le moment sinon ces noms de code.
Autres jeux à Essen, autres photos
J’aurais pu prendre et partager des centaines de photos à Essen, mais ne trouvais pas utile de les multiplier, d’autant que je n’avais de toute manière pas le temps de traquer tous les indispensables du salon. Quand j’en avais l’occasion, j’en prenais quelques-unes qui me paraissaient intéressantes, mais qui n’ont aucune prétention d’importance ou d’exhaustivité ! Petite galerie de curiosités.
À demain pour le compte-rendu de mon deuxième jour à Essen et mon coup de cœur ludique !