Le volume 2 fait-il de la mini-franchise de James Gunn les gardiens de la galaxie Marvel ?
À sa diffusion en août 2014, le premier volume des Gardiens de la Galaxie avait été un coup de tonnerre dans le Marvel Cinematic Universe. Le risque pris par Disney d’investir 170 millions de dollars dans une épopée spatiale racontant en mode mineur les déboires et délires d’une équipe de super-héros inconnue du grand public avait largement payé, principalement parce que le film donnait une impression de renouveau dans un univers étendu frôlant l’essoufflement, et était si inattendu dans ses personnages et son ton qu’il lui insufflait une vraie fraîcheur.
Trois ans après, l’inévitable suite tente de reproduire le même phénomène dans des circonstances relativement similaires : les derniers films Marvel n’ont pas vraiment rassuré, dans leur standardisation, sur l’avenir créatif des franchises, et la réponse apportée à cette lassitude réunit l’équipe déjà derrière le premier volet, le réalisateur James Gunn étant toujours épaulé du compositeur (et guitariste de Marilyn Manson) Tyler Bates et des monteurs Craig Wood et Fred Raskin (Django Unchained, Les Huit salopards…).
Pour la peine, ce sont deux rédacteurs de VonGuru qui vous livrent leur avis sur Les Gardiens de la Galaxie, vol. 2, sorti le 26 avril !
Siegfried « Moyocoyani » Würtz : le Star Wars 7 des Gardiens de la Galaxie
Ce que j’avais aimé avec le premier Gardiens de la Galaxie, c’est qu’il s’agissait d’un buddy-movie refusant absolument de se prendre au sérieux et doté de moyens financiers considérables – un peu comme les derniers Fast and Furious, mais dans l’espace, donc avec des bébés arbres qui parlent et des lasers. À une époque où les films Marvel parviennent de plus en plus rarement à satisfaire sur le plan comique et sur le plan dramatique, une bonne dose de lâcher-prise cosmique est plus que bienvenue, surtout quand elle profite d’un talent d’écriture indéniable et d’une volonté de créer des visuels jouissifs.
Bon, le 2 ne commence pas si bien avec une séquence pré-générique d’une pauvreté extrême nous montrant le bonheur des parents de Peter Quill, curieux rappel de l’ouverture médiocre du premier film sur le cancer de sa mère. Dans les deux cas, cette platitude première est vite occultée par le véritable commencement des Gardiens de la Galaxie, ici dans un magnifique plan-séquence (complètement truqué bien sûr) où l’on voit Bébé Groot danser tandis qu’à l’arrière-plan on devine par bribes le combat dantesque des autres Gardiens contre un monstre redoutable venu d’une autre dimension. Toutes les qualités attendues du film sont ici synthétisées : usage flamboyant du numérique pour créer un visuel inspiré, humour produit par le décalage, audace amusée de supposer le premier combat du film en hors-champ, et densité narrative, chaque rapide apparition d’un personnage posant en quelques secondes ses caractéristiques essentielles.
Curieusement, James Gunn semble ne pas tenir compte de ses propres intuitions en proposant juste après une course-poursuite dans un champ d’astéroïdes très premier degré entre des centaines de vaisseaux quelconques et les Gardiens, comme si le spectateur pourrait ressentir la moindre tension dans une bataille initiale sans aucun enjeu. Ce paradoxe méritait qu’on s’y attarde parce qu’il traduit le problème récurrent du film à se positionner, comme si l’homogénéité comique du premier opus, ponctué de quelques faux drames, ne pouvait plus faire recette dans le second, qui se prend souvent extrêmement au sérieux.
On ne peut pas reprocher aux Gardiens de la Galaxie 2 un ventre mou, il serait de mauvaise foi de ne pas apprécier la démarche consistant à approfondir les relations entre les personnages et à leur autoriser plus de dialogues… Et d’un autre côté il me paraît difficile d’apprécier pleinement un milieu de film très dramatique, entre la mort de personnages anonymes mais ressentis comme positifs et une succession à n’en plus finir de scènes intimistes entre divers couples, principalement parce qu’il ne me semble pas que le spectateur y gagne beaucoup plus qu’une impression d’artificialité tandis que le film cherche à donner à chaque personnage son moment, sa crise, plutôt que de privilégier comme dans le premier la synergie. Civil War avait pourtant constitué un bon modèle de film gorgé de super-héros prenant assez naturellement en compte les spécificités de chacun pour créer des dynamiques intéressantes. Et oublier Groot dans ce mauvais travail d’approfondissement psychologique tient carrément de la faute, l’arbre étant relégué au rang d’animal de compagnie, de sidekick kawai, hilarant dans une « scène du cachot » parfaitement rythmée, mais plus ressenti comme un membre à part entière des Gardiens…
Ce défaut de caractérisation est lié à une faiblesse que l’on n’aurait pas cru retrouver dans un Gardiens de la Galaxie, son écriture paresseuse. Non seulement les dialogues « sérieux » accumulent les clichés sans distanciation satirique, non seulement les réactions de certains personnages manquent clairement de naturel, au point que l’on se demande si des phrases ou des scènes n’ont pas été coupées pour expliquer tel revirement psychologique, ou telle réponse agressive que rien ne paraissait motiver (il est souvent évident que les personnages réagissent comme le script leur dit de réagir, et pas comme la situation exigerait qu’ils réagissent), un grand nombre de blagues sont convenues quand elles ne sont pas simplement puériles – alors que les six ans ne sont pas le public cible du film…
Un exemple marquant de cette tendance aux raccourcis faciles serait (sans trop spoiler) le grand méchant du film. Globalement, il est digne d’admiration : vrai travail de background qui sait être vague tout en restant agréablement mystérieux, interprétation par un acteur que l’on est si content de retrouver et qui suscite à merveille les émotions voulues, profondeur psychologique qui l’éloigne vite du manichéisme qu’on pourrait trop vite lui prêter… Et soudain, parce que le film a perdu trop de temps dans son « ventre sérieux », le personnage devient juste un super-vilain de plus, menaçant l’ordre cosmique sans que cela soit exigé par ce qui précédait, seulement pour faire gonfler grossièrement des enjeux qui se suffisaient largement à eux-mêmes, et soudain incapable de manifester l’intelligence psychologique qui le caractérisait…
Pourtant… pourtant, Les Gardiens de la Galaxie vol.2 possède une qualité qui le rend à mon avis très regardable : quand James Gunn est inspiré et qu’il se lâche, on a droit à des morceaux de bravoure comme le MCU en compte trop peu. On enclenche le walkman, et le charme désuet de ces chansons des années 1970 et 1980 s’allie avec un délire festif d’effets spéciaux ne se souciant plus d’aucune contrainte technique ou dramatique… et enfin pendant quelques minutes on s’amuse et on admire la bataille contre un monstre géant ou une évasion spectaculaire. Quelques minutes de bonheur qui sont plus que ce que beaucoup de blockbusters – Power Rangers, Gost in the Shell, Kong… vous avez le choix ! – savent nous offrir…
Ce n’est donc pas que la magie du premier opus se soit évanouie ou qu’il n’ait joui que de la surprise qu’il provoquait : il y avait dans Les Gardiens de la Galaxie 2 de quoi rivaliser avec le premier opus, mais comme pour Star Wars VII, il ne suffit pas d’ajouter un sidekick kawai pour s’attirer la ferveur populaire, de créer une énième menace cosmique pour donner l’illusion d’enjeux importants, et dans l’ensemble de réutiliser paresseusement les ficelles d’un opus précédent pour croire que cela justifie de bâcler l’écriture.
Et sérieusement, même si l’on regrette l’absence de Thanos, du Collectionneur ou de Hulk (ce qui aurait pu faire un jubilatoire lien avec Thor 3), comment manquer un soap opera avec la première apparition des Gardiens, Kurt Russell et Sylvester Stallone (que l’on veut vraiment revoir) ?
David « Niks » Chaillou : Le retour de la suite
Déçu, très déçu.
Comme beaucoup de monde, j’ai été frappé par la qualité du premier opus des Gardiens de la Galaxie qui était sorti dans un certain anonymat comparé à ses frères de chez Marvel Studios. Surpris et charmé, à tel point que je considérais cette perle comme l’un de mes films de super-héros préférés (avec Spider-Man 1 et les deux premiers Batman de Nolan). D’autant plus que le Doctor Strange du Marvel Cinematic Universe sorti l’année dernière avait été très décevant.
J’avais énormément d’attente pour cette suite, même si la bande-annonce m’avait pas mal refroidi, j’espérais tout de même quelque chose d’honorable et de captivant.
Quelle déception.
Pour le bien de cette chronique, j’ai attendu vingt-quatre heures avant de prendre mon clavier et y déverser ma bile habituelle. Ce film est une suite et c’est très triste car ce n’est pas un compliment.
Commençons par les points forts (et oui il y en a) qui vont vous en mettre plein la vue. Cinéma de campagne oblige, j’ai du m’infliger la 3D ainsi que la Version Française, choses que je n’apprécie pas particulièrement en règle générale. S’il va sans dire que les voix françaises ne sont pas à la hauteur des originales, force est de constater que la 3D vous en colle plein les mirettes. Niveau budget (les chiffres n’ont pas été divulgués, mais il a été annoncé qu’ils seraient au minimum supérieurs aux 170 millions de dollars du premier film), on ressent tout de suite la qualité des graphismes de l’opus, tout comme nous le prouve l’excellent générique qui laissait sous les meilleurs auspices pour la suite.
Car après, c’est le néant.
Mais nous y reviendrons, les points forts d’abord ! La Bande Originale est très bonne, le fil rouge de « The Awesome Mix vol. 2 » fait son effet et on est gentiment bercé à coup de Sam Cooke, George Harrison ou de Electric Light Orchestra. Du côté décors et costumes, on va pas se mentir, on prend une méchante claque également, l’univers est très beau, et là encore, la 3D aide bien à nous y immerger.
Et c’est à peu près tout.
Car le scénario vient gâcher la force graphique du film en étant très lent à se mettre en place, tirant sur les longueurs des histoires de chaque héros. Plus étonnant encore, les blagues tombent à plat pour la plupart alors que c’était un gros point fort du premier film. Bien sûr, on est presque obligé de rire à plusieurs vannes très bien senties et on est toujours attendri par les échanges entre Rocket et son compère Groot. C’est d’ailleurs là que le bât blesse : Groot n’est relégué qu’à un simple chat mignon en arrière plan. Vraiment ? Groot et sa répartie légendaire (d’ailleurs, je ne comprends toujours cette traduction qui date du premier film du « I am Groot » en « Je s’appelle Groot » qu’on peut facilement trouver infantilisant) ne serait qu’un vulgaire BB-8 de Star Wars bon à vendre des goodies et donner des idées de cadeaux aux sales gosses à Noël ? C’est ça que tu me dis, film ?
Non, je refuse. Tout comme je refuse tous ces dialogues dignes d’un malaise.tv entre Drax et Mantis (le rôle de l’asiatique de service jouée par la française Pom Klementieff) à coup de rires forcés, de blagues cacas et de regards ébahis. Non et non. Heureusement, Chris Pratt est égal à lui-même dans son interprétation de Star-Lord. Et on le voit torse-nu, un fan service à peine caché qui nous fait prendre conscience que le film cible beaucoup plus un public plus jeune avec toutes ses blagues puériles et les gros plans des abdos sur le beau Chris. Mentions spéciales pour Zoe Saldana et Karen Gillan qui nous offrent un affrontement fraternel qui ne penche pas dans la vulgarité et les boobs, toujours ça de pris.
Puis finalement, au bout d’une heure et demie de film poussif, les mecs se sont dit « Eh oh Gégé, il faudrait quand même veiller à balancer le film pour qu’on enchaîne avec la suite du MCU quand même ! » et d’accélérer le tempo du film pour voir enfin un peu d’action. Exit donc les gros méchants tellement débiles qu’on ne saurait les départager entre les Souverains hautains (avec pourtant une idée intéressante de course-poursuite de vaisseaux) menés par la magnifique Elisabeth Debicki (ne vous inquiétez pas, son rôle aussi est nul) et les Ravageurs qui passent pour des gros blaireaux tout juste bons à se curer le nez et dormir en laissant les héros s’échapper (véridique). Place à la suite de l’histoire et au dénouement final qui ne sera pas non plus haletant, mais qui aura comme mérite de respecter les différentes histoires annexes et les faire converger dans une fin intéressante et magnifique visuellement parlant.
Ouf, c’est fini et je préfère en rester là car je ne voudrais pas non plus empêcher les gens d’aller voir ce film qui a eu de très bonnes notes sur les différents sites spécialisés, que ce soit les spectateurs ou la presse. Ça me dépasse. Tellement déçu et énervé que je n’ai pas tenu l’ensemble des scènes post-générique, déjà désemparé par la teneur et tout ce qu’impliquait la première.
En résumé, les Gardiens de la Galaxie nous balance un deuxième opus très joli et qui doit se voir au cinéma. On ne retiendra pas le scénario (ce n’était pas l’objectif premier du film de toute façon) ou les gags (ce qui est tout de même beaucoup plus dommageable) de cette écriture qui nous semble forcée sur bien des points. Les GG2 vous permettront tout de même de faire une bonne sortie familiale et de vous faire rire, peut-être même à plusieurs reprises.