Star Wars : Le Réveil de la Force – Critique

 

Après plus de 30 ans d’attente et l’épisode du Retour du Jedi en 1983 (non désolé, Jar Jar Binks et Hayden Christensen n’ont jamais existé), Star Wars épisode VII est sorti ce mercredi 16 décembre dans les salles du monde entier. Il était de toute façon impossible d’échapper à l’engouement médiatique et au tapage omniprésent sur les réseaux sociaux du nouveau-né de Disney qui compte bien amortir les quelques 4.4 milliards de dollars investis pour racheter les droits à Lucasfilm et installer J. J. Abrams aux commandes.

Sans doute à cause des sommes astronomiques en jeu, l’avant-première du film pour la presse a créé un buzz supplémentaire la veille de la sortie puisque les conditions de la clause de confidentialité ont alimenté un drama mondial. En effet, outre les précautions habituelles de ne dévoiler les critiques du film que le jour de la sortie (à 9h01 pour être précis), Disney a cru bon de protéger son business de façon quelque peu exagérée puisque selon l’accord dûment signé par quiconque visionnant l’avant-première :

 

« toute révélation de [leur] part concernant ce film à des personnes n’ayant pas assisté à la projection, constituerait un préjudice pour Disney/Lucasfilm donnant lieu à réparation »

 

De plus, la sécurité était de très haut niveau puisque l’heure et le lieu des visionnages étaient tenus secrets jusqu’à la veille, sans oublier les agents équipés de lunette infra-rouge présents dans la salle… Et non, ce n’est pas le pitch d’un mauvais film d’espionnage mais bel et bien celui de l’avant-première d’un film, oui mais, pas n’importe quel film… (Si vous voulez davantage d’informations, Le Monde a condensé cette séance de cinéma loufoque ici.)

Chez Cleek, nous ne sommes pas encore connus comme Lemonde.fr, aussi, on a décidé d’ignorer cet affront ultime de la liberté de la presse et d’aller se renseigner directement en allant voir le film dès le jour de sa sortie. Votre chevalier servant a donc sacrifié son amour-propre et douze balles pour votre plus grand plaisir (et le sien aussi, accessoirement). Rengainons nos sabres-laser et blasters et voyons voir ce que ce film a dans le bide.

 

Synopsis de Star Wars épisode VII : Le Réveil de la Force

Malgré le revers infligé par les rebelles sur l’Empire lors de la bataille d’Endor il y a plus de trente ans, le côté obscur n’a pas été éradiqué puisque le Seigneur Snoke a rallié les hommes de l’ancien Empire sous un nouvel emblème, « le Premier Ordre ». La force d’opposition des « résistants », dirigée par la princesse Leïa, espère trouver un nouveau souffle en recontactant Luke Skywalker, disparu depuis longtemps, afin de contrer la puissance des Storm Troopers dirigés par un jeune guerrier Sith Kylo Ren. Les deux camps vont ainsi partir à la recherche du héros en tentant de mettre la main sur une carte cryptée informant de la position du Chevalier Jedi…

 

 

[divider]Place à la jeunesse… et au politiquement correct[/divider]

 

Dès les premières secondes du film, des sourires d’enfants se dessinent sur les visages des spectateurs : la fameuse introduction de Star Wars ! Avec la vraie musique ! Ô joie.

Difficile de rester purement objectif devant une saga qui a bercé nos jeunesses et nous a fait rêver pendant des décennies. Les fans de Star Wars peuvent donc partager ce trait avec ceux de Tolkien : ce sont des fanatiques (non mais franchement, Le Hobbit quoi, eh oh, Le Hobbit, en trois épisodes de trois heures chacun…). Aussi, il sera sans doute impossible de trouver une critique fiable sur les Internets si on a déjà vu les épisodes précédents. Tentons néanmoins.

La première chose qui choque avec ce nouvel épisode, c’est la similarité qu’il partage avec les épisodes I et IV. À croire que tous les héros bouseux en devenir doivent se taper une planète pourrie avec seulement du sable et des habitants avec des sales gueules dessus. Rey (on ne connaît pas son nom et c’est une fille, oui) habite donc un désert paumé sur Jakku tout comme Luke et Anakin devaient se farcir Tatooine, peuplée d’hommes des sables, d’assassins et de tout un tas d’individus peu fréquentables. Retenez bien ce parallèle avec les premiers épisodes des deux précédentes trilogies car ce sera notre fil rouge tout au long de cette critique.

 

 

Et ça tombe bien, puisque de l’action va arriver sur la planète de notre jeune pilleuse d’épaves. Il se trouve que le meilleur pilote de la résistance est venu chercher à Jakku une carte permettant de localiser le Jedi Luke Skywalker, introuvable depuis plusieurs années et qui serait un atout non-négligeable face aux méchants du Premier Ordre. Malheureusement, le rebelle se fait coincer par des Storm Troopers et doit cacher la carte… dans un droïde. Vous êtes sûrs que JJ a déjà maté La Guerre des Étoiles hein ?

On en profite pour découvrir le deuxième héros de notre série : le Storm Trooper FN-2187, ou Finn, plus simplement. Ce passage est par ailleurs assez intéressant puisque c’est la première fois qu’on se rend compte que les méchants blancs sont humains. Se rendant compte de cela, Finn décide d’arrêter d’être un méchant et de tuer des gens en aidant le pilote à s’échapper pour faire évoluer l’intrigue dans une optique un peu plus optimiste.

Le couple de héros ainsi créé a le mérite d’être rafraîchissant puisqu’il rassemble deux acteurs très jeunes :  Daisy Ridley et John Boyega (23 ans) et largement inconnus avant le tournage de Star Wars. De plus, leur complicité et complémentarité apparaissent très vite à l’écran, nous confortant dans notre bonne impression de cette paire de jeunots. Bon point pour JJ donc qui aurait pu assurer le casting avec des acteurs plus connus et expérimentés, quand on pense aux sommes d’argent mises en jeu dans l’affaire.

Mais revenons à l’intrigue car le film continue dans le même temps : notre couple de héros est finalement réuni et doit ramener le droïde porteur d’espoir à la rébellion au plus vite afin d’exploiter la fameuse carte. Passons maintenant au petit droïde qui va sans doute peupler les Noëls de bon nombre d’enfants cette année (à 170 euros le joujou, c’est franchement donné). Version miniature du mythique R2-D2, BB-8 (oui oui BB comme bébé ou baby, foutez-moi le mec qui a eu cette idée dehors) roule et fait plein de bruits trop mignons en suivant les héros. Sorte de chat mignon des Internets, il sera essentiellement présent pour faire rire le spectateur et assurer la promotion du jouet associé (bon sang, 170 euros).

 

 

Inutile d’aller plus loin, pour le spoiler, nous verrons plus bas, il est temps d’analyser quelque peu tout cela. Tout d’abord, on ressent une véritable intention de rajeunir la saga sans dépendre trop du trio d’acteurs des trois premiers épisodes. Et c’est une bonne chose en 2015 parce que voir Harisson Ford courir et foutre des droites à 73 ans, ça installe un certain malaise.

Et il en va de même pour le côté obscur, sans compter le grand manitou Snoke joué par Andy Serkis qui est âgé de 52 ans (et qui commence à avoir l’habitude de se faire morpher la tronche dans les sagas fantastiques puisqu’il « joue » également César dans la nouvelle série de La Planète des Singes ainsi que Gollum dans la Saga de Tolkien). Les deux autres personnages importants sont joués par Domhall Gleeson et Adam Driver, tous les deux âgés de 32 ans et assez peu connus.

Dernier petit aparté sur les acteurs avec les doublures de la version française : il est amusant de noter que ce sont deux immenses doubleurs français qui s’occupent des voix de Yan Solo (Richard Darbois) et de Snoke (Féodor Atkine) et qu’ils partageaient déjà l’affiche il y a plus de vingt ans avec le doublage d’Aladdin (respectivement le Génie et Jafar).

Un autre point important change par rapport aux trois premiers épisodes des années 80 : la place de la femme dans la saga. Là où seule la Princesse Leïa tenait un rôle vraiment important dans l’histoire, les femmes apparaissent en force dans cet opus. Tout d’abord, le personnage principal est tenu par une jeune femme de 23 ans, ce qui n’est pas sans rappeler une certaine constance avec les derniers blockblusters (Mad Max et Hunger Games pour ne citer qu’eux). Ensuite, il est amusant de voir que les femmes apparaissent enfin dans le côté obscur… Enfin, pas en tant que méchante principale, n’exagérons rien. En effet, on a vu pour la première fois le visage d’un Storm Trooper mais on a aussi pu s’apercevoir que l’un des capitaines d’escouade était une femme ! Ce qui est totalement aberrant quand on pense que ce sont des soldats lobotomisés et conçus spécialement pour être des roxxors de la guerre, et c’est beaucoup plus dur de l’être quand on est déjà désavantagé musculairement mais passons, je ne veux pas m’attirer l’ire de certaines. Dernier personnage féminin notable : Maz Kanata. Sorte de Yoda du pauvre avec la force et les phrases inversées en moins, elle sera une alliée de choix et aidera nos héros dans leur périple.

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Tout ça pour dire que les efforts sur ces points-là sont très louables et que le film prend des risques sur le casting en tentant de valoriser le personnage féminin dans Star Wars, ce qui est assez normal quand on pense aux tout premiers épisodes. Pour finir sur le politiquement correct, on peut également souligner que Finn est afro-américain et que le couple ainsi formé avec Rey est très atypique. Ridicule quand on pense que certaines personnes aux États-Unis ont appelé à boycotter ce film car il faisait trop de diversité… Preuve ici.

 

[divider]Un public visé large mais qui contentera les fans de la saga[/divider]

 

Du simple « I have a baaaaaaaaad feeling about this » à tous les autres clins d’œil à la série, difficile de ne pas se sentir agressé par le fan service dans ce film. C’est d’ailleurs un des sentiments qui prédominent en sortant de la salle : le film a été fait pour satisfaire le fan de Star Wars. Et il serait malhonnête de dire que Star Wars épisode VII ne réussit pas haut à la main à remplir tous les critères. La musique tout d’abord : on ne présente plus John Williams qui s’était déjà occupé des six premiers épisodes et qui réalise encore une belle performance avec cet opus. On est transporté dans le thème bien connu de Star Wars, de l’introduction aux séquences de combats aériens, jusqu’au générique de fin. Efficace donc, puisque nous ne sommes pas désorientés dans l’univers très bien respecté de la saga.

Un problème se pose néanmoins par rapport aux ressemblances avec les épisodes précédents : le but est-il simplement artistique ou J. J. Abrams a-t-il choisi de ne pas brusquer le spectateur lambda en casant dès qu’il le pouvait des private jokes et similitudes aux autres séries ? Dans les deux cas, c’est triste de toute manière car le film en devient très prévisible et l’on est rarement surpris par l’intrigue, le déroulement de l’action voire des dialogues.

Les personnages tout d’abord paraissent très stéréotypés. Rey, à l’instar de Luke et Anakin vit sur une planète paumée et, sans parler de la force innée qu’elle possède, est une experte en vaisseau spatial et fait la nique à tout le monde sur ce point. Passons rapidement sur la ressemblance physique voulue par le scénario entre Darth Vader et Kylo Ren mais on peut difficilement passer outre le rapprochement entre Dark Sidious et Snoke. Idem pour les deux droïdes R2-D2 et BB-8 où la ressemblance sonore en devient vraiment risible (et ne venez même pas me parler de série de robots ou je ne sais quoi, quand les mecs sont capables de faire des sabres laser, d’excéder la vitesse de la lumière et d’éclater des planètes avec une arme, on est en droit de demander plus de trois bruitages pour un droïde). Parlons enfin de Maz, petit personnage rigolo qui ressemble totalement à Yoda en mode « Je suis un nain immortel avec des grands yeux qui va servir dans l’intrigue ».

 

 

[alert type=red ]SPOILER : Pour la suite de l’argumentation, il est nécessaire de parler du déroulement de l’intrigue, aussi il est déconseillé de lire la suite si vous n’avez pas vu le film. Cleek aimerait ne pas être tenu responsable de toute information susceptible de nuire à votre plaisir audio-visuel et ne pas être traîné en justice par Disney.[/alert]

 

Notre fil rouge nous amène désormais à l’intrigue où nous allons pouvoir spoiler en toute tranquillité. Inutile de reparler de Jakku et de Tatooine déjà mentionnés avant, mais nous pouvons toujours nous attarder sur le bar appartenant à Maz Kanata. Impossible de ne pas repenser à la fameuse scène de l’épisode IV où l’on pourra trouver énormément de ressemblances : ambiance, musique, instruments et joueurs de musique ainsi qu’un repère de truands et contrebandiers notoires. On peut également remarquer une sorte de personnage rappelant étrangement Jabba the Hutt.

Plus loin dans l’intrigue, nous arrivons également dans la base rebelle alliée, pardon on parle de résistance et pas de rébellion dans cet épisode, où, comme vu il y a quelques années, on a le droit au branle-bas de combat et au briefing de mission avec hologrammes et réunion au sommet. Et ce, pour aller péter une arme à destruction massive… comme l’Étoile de la Mort. Il s’ensuit une attaque de X-wings contre les chasseurs TIE des vilains pas beaux avec pour mission de casser un machin qui fait de l’énergie pour éradiquer le mal dans ce monde. Et comment qu’on doit désactiver les boucliers à votre avis ? Eh oui tout juste, sur la terre ferme dans un endroit reculé entouré de forêts.

Dans le même temps, une mission sauvetage s’organise dans un vaisseau de l’Empire, pardon du Premier Ordre, tout comme dans l’épisode IV : impossible de ne pas voir la ressemblance frappante à base d’infiltration et de dégommage de Storm Troopers. Mais on arrive bientôt au dénouement de ce premier épisode !

À ce moment du film, il est très aisé de comprendre ce qu’il va se passer cinq minutes avant tant le script semble calqué sur les épisodes I et IV (veuillez rayer les mentions inutiles) :

Le mentor du héros (Qui-Gon Jinn/Obiwan Kenobi/Han Solo) va rencontrer le chevalier Sith méchant (Dark Maul/Darth Vader/Rylo Ken) dans un final à couper le souffle (ou pas) et dans la base méchante. Face à face intense où le gentil se fera découper par le méchant grâce à son arme maléfique rouge (double épée/sabre laser/glaive) sous l’œil larmoyant de l’apprenti (Obiwan Kenobi/Luke Skywalker/Rey).

Étant dans l’incapacité de se transformer en Super Saiyan pour péter la gueule dudit méchant, Luke/Rey va donc aller voir un Maître Jedi (Yoda/Luke Skywalker) pour aller s’entraîner pendant que ses potes se font trucider par les méchants pendant un épisode entier. Tristesse et fin de l’épisode I/IV/VII.

Et non finalement, pas tristesse…

Pas tristesse parce que le combat final pète sa race quand même, il faut le dire. Et que c’est cool, et pas seulement que parce que c’est Star Wars. Mais voyons voir cette conclusion maintenant.

 

[alert type=red ]Fin des spoilers[/alert]

 

[divider]Un pari réussi pour J. J. Abrams[/divider]

 

Sans être comblée, la salle de cinéma a été plutôt contente de ce film. Pareil pour nous.

La pression a dû être énorme pour J.J Abrams, qui a dû se charger du scénario et de la réalisation. De plus, il faut aussi savoir qu’il ne s’occupe que de Star Wars épisode VII et qu’il ne sera que producteur délégué de l’épisode VIII qui sortira en 2017. L’humour est présent et Star Wars possède de toute façon une aura suffisamment grande pour s’auto-gérer : il suffit juste de rajouter des sabres laser et la musique correspondante pour créer le buzz. Blague à part, l’univers n’a pas été saccagé par Disney et c’est déjà un grand soulagement pour tous les fans, tant les critiques étaient acerbes et sarcastiques au moment de l’annonce du rachat par l’entreprise.

On retrouve la joie de voir se bastonner des X-Wings et le Falcon Millenium en HD et en 3D s’il vous plaît. Même si l’on est pas trop fan des lunettes dans les salles, il faut reconnaître que les combats spatiaux ont vraiment de la gueule, bien que pour le reste, on aurait vraiment pu s’en passer, mais bon… Business is business. Plaisir aussi de retrouver tous les personnages atypiques de cet univers remarquable où les Storm Troopers ne savent toujours pas viser.

J. J. Abrams a eu les balls de sortir un casting neuf tout en prenant bien soin de ne pas froisser son public. Le fan service est bel et bien là et les références sont sans doute trop nombreuses, mais il est difficile de ne pas sombrer dans cette facilité quand on a affaire à un univers si vaste et fort de six épisodes étalés sur vingt ans. Le point noir demeure le scénario où l’on a vraiment l’impression de voir une version remastérisée de l’épisode IV.

Cependant, on a pas le temps de s’ennuyer devant ce film et même si il est très prévisible, on est content d’en suivre l’histoire. À la différence du Hobbit, Abrams nous sert ici un long-métrage de 2h15 (contre 2h50 pour le Hobbit) ce qui reste très satisfaisant et cohérent. Un bon rythme en somme, même si l’on s’arrête parfois un peu trop longuement sur l’univers. Le film parvient à nous ouvrir l’appétit sur la trilogie et il sera difficile d’attendre deux ans pour avoir la suite. Un dernier conseil, courez avant de vous faire spoiler !