Valérian et la cité des mille planètes, le nouveau Star Wars ? Critique à quatre mains sans spoiler
Moyocoyani : Valérian, un indispensable film mineur
Luc Besson est un réalisateur insaisissable. Comment l’homme derrière les Taxi et les Transporteur, le réalisateur des Arthur et les Minimoys, le criminel qui nous a infligés Adèle Blanc-Sec et Malavita, bref un être qui nous donne sur un plateau d’argent toutes les raisons de le mépriser comme le plus infâme des faiseurs derrière ce que la comédie ou le faux film d’action à l’américaine ont fait de plus vulgaire, a-t-il pu par ailleurs se risquer à un Jeanne d’Arc et à un biopic sur la résistante birmane Aung San Suu Kyi, à côté du beau Grand Bleu et du visionnaire Cinquième élément ? On peut penser du mal du mégalomane qui a construit avec l’argent de l’État (et donc le nôtre) la gigantesque Cité du cinéma pour y sanctuariser le financement des pires horreurs à sortir sur nos écrans, par ailleurs c’est grâce à lui que nous avons en France des studios capables de rivaliser avec les plus grands, en plus d’une bonne école de cinéma. Un homme qui semble souvent n’avoir aucun goût, et qui paraît paradoxalement mû par la passion la plus sincère, l’authenticité la plus naïve, que l’on pourrait presque plaindre de l’échec cuisant de l’ignoble Angel-A quand il défend l’audace de ses intentions créatives, alors qu’on n’a envie que de le vomir pour Lucy…
S’il y a ainsi deux qualités que l’on ne peut pas lui enlever, c’est son ambition et sa passion. Voilà un réalisateur, scénariste et producteur qui rêve depuis ses débuts de donner au cinéma français les moyens de concurrencer le modèle américain, jusqu’à se lancer enfin dans le film le plus cher jamais produit en Europe (!), et qui est capable de réfléchir pendant dix ans à l’adaptation d’une bande dessinée qui a marqué sa jeunesse, enthousiasmant même ses auteurs, malgré les risques considérables qu’il peut y avoir à porter sur le grand écran une œuvre à la notoriété internationale si faible, pour ne pas dire nulle, avec dans les rôles titres des acteurs pas tout à fait bankables, quand n’importe quel faiseur aurait embauché Scarlett Johansson et Michael Fassbender sans même se poser de questions – d’autant que ces deux acteurs ressemblent davantage aux personnages de Christin et Mézières que les deux jeunes acteurs auxquels Besson veut donner leur chance ! Et après une si belle dernière bande-annonce (sur un remix orchestral de « Gangsta’s Paradise », il fallait oser), l’espoir semble permis sur la veine dans laquelle s’inscrire Valérian… Si sa filmographie donne l’impression qu’il y a deux Luc Besson, le jeu pourrait être de savoir lequel est derrière Valérian et la cité des mille planètes, et le constat est en fait assez facile : les deux, l’un après l’autre.
Le premier Besson, visionnaire et efficace
On ne peut en effet dire assez de bien des deux premières scènes, qui à elles seules justifient franchement le visionnage du film, qu’importe ce qui suit. La première nous montre, sur un style documentaire, des images de la rencontre et de la coopération entre Apollo et Soyouz en 1975, moment important de la guerre des étoiles entre les deux blocs, et donc de la pacification de la Guerre froide. À cette association s’ajoute celle des Chinois, puis en se projetant dans le futur proche, celle des Indiens, d’un pays arabe, puis des premiers extra-terrestres, chaque nationalité et chaque espèce ajoutant à la station spatiale initiale sa technologie et ses habitats, au point de constituer au bout de quelques décennies une immense cité-monde, Alpha, produit magnifique de la collaboration pacifique entre les êtres vivants et de leur perpétuel dynamisme. À cet émouvant et efficace moment d’humanisme succède une scène bien plus singulière encore, où pendant dix minutes on suit le parcours de quelques Pearls, une race vivant en autarcie sur leur planète, avec leur culture et leur langue, dans une scène où leur peu de parole n’est d’abord même pas sous-titrée, laissant vraiment planer émerveillement et mystère, avant que leur monde ne soit détruit par l’irruption brutale de débris de vaisseaux, superbe métaphore de l’annihilation des peuplades autochtones par la main des pays prétendument civilisés.
La suite immédiate ne démérite même pas, Valérian et Laureline partant en mission dans une zone désertique où les touristes mettent des lunettes pour visiter une autre dimension où se tient un immense marché, toute la séquence se jouant entre ces deux espaces, dans le passage de l’un à l’autre ou un mélange relativement ingénieux et amusant des deux. Bref, Valérian et la cité des mille planètes commence comme un film à l’action astucieuse et bien rythmée, au message fort, et surtout aux environnements magnifiques, le design des lieux et surtout des extra-terrestres étant simplement somptueux, notamment grâce à l’excellente idée de Besson de faire travailler plusieurs artistes de par le monde à l’invention de nouvelles races, sans leur permettre de se communiquer les idées les uns aux autres. Le résultat est assez digne de l’inventivité déployée par Moebius et Jodorowsky dans leur tentative de porter Dune au cinéma, à la nuance près que Besson peine beaucoup à faire quelque chose de cette inventivité.
Le deuxième Besson, grossier et lourd
Exactement à la manière de Zootopie, le vaisseau de Valérian fait aux deux agents un récapitulatif de l’état d’Alpha, exposition très grossière d’éléments qui devraient être évidemment connus de deux personnes travaillant pour son gouvernement, mentionnant la coexistence de milliers de races… pour en présenter longuement une seule par point cardinal, sans aucune raison particulière ! On sent évidemment que Besson voulait épater la galerie (ce qui est largement réussi) et n’a pas trouvé le moyen de le faire dans son intrigue, ce qui est assez dommageable à la consistance de son film, d’autant que cette incapacité à la finesse sera caractéristique du reste du scénario…
Ce n’est même pas spoiler que de dire que le pauvre alien « primitif » est gentil et que l’humain qui a une tête, une allure et un costume de méchant est le méchant (Avatar n’est vraiment pas loin). Certes, un autre personnage humain pourrait s’avérer moins digne de confiance encore, dans ce qui ne serait même pas un twist tant ce serait tout aussi stéréotypé. Pourtant, à un moment dans le film on suggère un retournement bien plus intéressant en suggérant que la planète Mül ait pu être inhabitée malgré les revendications de ces prétendus habitants… La seconde d’après, on comprend qu’on avait tort d’espérer.
Il y a ainsi une incroyable naïveté et un indigne manichéisme dans ce que Besson doit considérer comme de l’humanisme, et cela s’illustre exemplairement dans la relation entre les deux personnages. S’il n’y a pas grand sens à comparer la bande dessinée à un film s’adressant principalement à un public chinois et américain n’en ayant aucune connaissance, rappelons que dans l’œuvre originale Valérian et Laureline étaient dans un rapport de séduction moqueuse réciproque et constante. L’évidence de leur attirance l’un pour l’autre créait une dynamique humoristique et une alchimie reposant précisément sur le peu d’intérêt qu’il y avait à les voir conclure. Besson n’hésite pas à remplir son film de grands discours sur l’amour et des propositions de mariage de Valérian, qui se sentirait le besoin de s’engager, de passer au stade supérieur. Et si la grande tirade d’Anne Hathaway dans Interstellar vous avait déjà insupporté, on touche ici à quelque chose qui dans l’idée comme dans sa réalisation n’aurait jamais dû exister.
Naturellement, l’absoluité de l’amour est une constante du cinéma de Besson, de Léon à Angel-A, ou plus implicitement dans Le Grand Bleu, mais même dans Le Cinquième Élément il avait eu le bon goût d’en faire un ressort dramatique important, ce qui lui conférait une légitimité qu’il n’a à aucune seconde dans Valérian. La relation amoureuse indispensable entre les deux héros hétérosexuels blancs travaillant en équipe, surtout avec un mâle coureur de jupons, est un cliché sexiste qu’il ne faut pas nécessairement rejeter mais prendre avec toutes les pincettes du monde pour l’élever ; en faire un MacGuffin le dévalorise aussi bien comme thème de l’intrigue que comme composante psychologique des personnages… Ce dont ils n’avaient pas forcément besoin, la bande dessinée comme le film assumant leur relative absence de background, et les deux personnages se résumant à quelques traits rapidement identifiés. Et si Cara Delevingne fait son possible, Dane DeHaan n’est pas toujours aussi impliqué qu’il le faudrait, et subit une écriture assez appauvrissante : volontairement insupportable par des démonstrations d’ego, il a la gâchette trop facile (au point de tirer des missiles… en peine zone urbaine d’Alpha !) et manque trop de l’empathie naturelle la plus élémentaire pour être un tant soit peu aimable…
D’autres grossièretés sont habituelles au genre du blockbuster (preuve que Besson en a compris les pires cordes) : résumé univoque en trois minutes finales de tout le mystère de l’intrigue… que le spectateur avait déjà compris à la moitié du film, personnages secondaires disparaissant dès qu’ils n’ont plus de fonction dans le récit avec une brutalité qui fait peine pour leurs interprètes (dites-vous qu’à côté de Rihanna, Kassovitz, Alain Chabat et Ethan Hawke ont leur petit rôle et John Goodman son petit doublage !), des rapides flash-backs au cas où on aurait oublié ce qui se passait une demi-heure avant dans le film, petit pistolet invincible du héros face aux mitraillettes sophistiquées de ses adversaires, volonté maladive de tout expliquer, géographie absurde prétexte à une débauche d’effets spéciaux (des hippopotames géants immergés et des collines et ravins dans une station spatiale ? des zones habitées connues à côté d’une zone supposément radioactive dont personne ne peut approcher ?)… Il faut y ajouter quelques originalités, comme une intrigue qui se perd complètement en route, avec des digressions éternelles sur le sauvetage de Valérian par Laureline puis de Laureline par Valérian qui n’ont aucun lien avec leur quête, des combats un peu mollassons… Heureusement que la magnificence des effets spéciaux, des designs et des couleurs compense la laideur des cadrages, et que l’insignifiance de la musique d’Alexandre Desplat (qui a quitté Rogue One pour Valérian !) est rattrapée par l’utilisation cool de quelques tubes rétro.
Un film visionnaire débile, est-ce un film à voir ?
Et pourtant, vous l’aurez compris, ces défauts ne suffisent pas à nuire aux qualités graphiques impressionnantes de Valérian et la Cité des mille planètes. Certes, le film manque gravement d’inventivité dans tous les autres domaines, mais il se laisse regarder comme un divertissement qui n’a rien de honteux en regard de la production américaine contemporaine, jouant finalement sur les mêmes poncifs, s’autorisant comme eux deux ou trois absurdes incohérences, avec une intrigue qui, si elle n’est pas solide, a dû moins le mérite d’entretenir un peu de curiosité et de se dérouler dans un univers que l’on aurait envie d’explorer plus avant (ce que Luc Besson a évidemment prévu). Et un moment correct, à peine désagréable, passé à regarder le film français qui s’impose en termes de visuels comme le Star Wars II et l’Avatar de ces dernières années, cela mérite bien deux heures de notre temps.
Mes notes : Inventivité visuelle et effets spéciaux : 10/10
Écriture : 4,5/10
Personnages, psychologie et interprétation : 6/10
Musique : 6/10
Mise en scène (photographie, montage, mixage…) : 6,5/10
soit une moyenne de 6,6/10, et une recommandation personnelle.
David « Niks » Chaillou : Valérian, la gifle visuelle aux mille stéréotypes
Il y a quelques mois, en visualisant les différentes bandes-annonces avant le début du film, j’étais finalement tombé sur le trailer de Valérian. « Wahou » m’étais-je dit « les planètes ont franchement de la gueule, dommage que ce soit Besson qui va réussir à flinguer le truc ». Car oui, si Besson a réussi à remplir mon enfance de bons souvenirs avec le Cinquième Élément, il a quand même réussi à me faire visualiser l’un de mes pires souvenirs du cinéma : Lucy. Et j’adore Scarlett Johansson. Tout m’était navrant, que ce soit au niveau du postulat de base (allez admettons, il faut bien commencer une histoire quelque part), des dialogues atterrants, du jeu des acteurs ou du « scénario ». Seules les quelques bonnes idées de design et de technologies m’avaient tenu éveillé.
Ainsi, mon avis est sans doute biaisé à cause de cette douloureuse expérience qu’a été ce film. On ne partait sans doute pas du bon pied, Valérian, Laureline et moi, mais je n’ai pourtant pas hésité à entrer dans la salle sombre car les effets spéciaux me faisaient vraiment envie. Et malheureusement, la déception a de nouveau été grande.
Le retard de Besson sur le matériau de base
Je m’intéresse de plus en plus à la place de la femme dans les films à cause/grâce aux scandales qui éclatent dans le monde avec le sexisme et toutes ces histoires de « genders ». Et cela faisait bien longtemps que je n’avais pas vu un film aussi sexiste dans une actualité qui en veut tout l’inverse et où les réalisateurs font très attention à ces détails (en témoignent les récents Wonder Woman ou Mad Max si on ne regarde que les blockbusters). Et il n’aura fallu que dix minutes au film et la première scène entre Valérian et Laureline pour me faire sentir mal à l’aise devant la VF de mon cinéma de campagne. On peut y voir Cara Delevingne en sous-vêtements enchaîner les positions lascives. C’est d’autant plus dommage que Luc Besson éprouve le besoin d’officialiser cette relation par un mariage comme un Américain puritain moyen, comme si c’était le film qui avait quarante ans de retard sur la bande dessinée.
Et que dire du rôle de Rihanna qui n’est là que pour utiliser ses formes lors d’un lap dance interminable et toujours aussi gênant. Car bien vite, la chanteuse est remplacée par la CGI et n’apparaîtra plus au moment de jouer le rôle de l’alien qui peut se changer en n’importe quelle autre forme de vie. Belle performance pour Rihanna donc qui voit l’espèce de Metamorph bleu lui voler son rôle et avoir sans doute un meilleur jeu d’acteur qu’elle de toute façon. Un personnage qui n’apporte absolument rien à l’intrigue principale. Une fois « utilisé », il ne sert qu’à faire avancer la belle idylle amoureuse entre nos deux personnages. Eh oui.
Un scénario toujours aussi stéréotypé et prévisible
Passons également rapidement sur le scénario qui m’aurait fait facepalm pendant tout le film tant tout est évident. À bien des niveaux, Besson semble ne pas vouloir évoluer et s’en tient aux stéréotypes lourdingues du cinéma hollywoodien. Il nous ressert ainsi un Pocahontas en HD (ce qui avait déjà été fait pour Avatar, faut-il le rappeler ?) à base d’Américains/humains trop méchants qui cassent tout en polluant le maximum possible face aux Amérindiens/Pearls sages et respectueux de la nature. Et encore ce besoin de mettre des explosifs partout. Et aussi des comptes à rebours. Sérieusement, on devrait interdire ce procédé du siècle dernier tant il ne crée plus aucune tension… Et à la fin, les gentils sont les gentils et le méchant au bout d’un twist vertigineux (!) se révèle être le méchant, incroyable.
Alors que les spectateurs crient à l’aide et tentent de forcer les portes du cinéma pour sortir, le bon vieux Luc se permet de nous sortir une tirade aussi navrante que nauséeuse sur le pouvoir de l’amour (je n’exagère même pas) et comment que c’est plus fort que la guerre, les méchants, les pas beaux et la bureaucratie ! Mais pas de panique, les autres dialogues ne valent pas mieux. C’en est même presque une performance à ce niveau-là, Luc Besson (qui a écrit le scénario aussi !) arrive à rater toutes les réparties de ses personnages. Laureline et Valérian donnent l’impression d’être un couple d’ados de quinze ans à se répliquer des « non c’est toi qui l’es ».
Un blockbuster à la Hollywood avec de bons côtés
C’est d’autant plus dommage que Cara Delevingne surprend presque dans son rôle alors qu’elle enchaîne avec un deuxième blockbuster désastreux. Son personnage étant tout de même plus intéressant que l’enchanteresse de Suicide Squad, Laureline parvient à jouer efficacement de son charme en enchaînant quelques bonnes saillies quand ses dialogues ne l’obligent pas à mélanger eau de rose et guimauve. Et une mention spéciale pour la voix de doublage de la chanteuse Soko, qui pour un premier film parvient à remplacer Cara Delevingne très efficacement. Avec son ton suave et légèrement traînant, la voix colle parfaitement au jeu de l’actrice et au personnage de Laureline.
Ce n’est pas non plus le seul bon point du film. Comme nous le laissaient espérer les trailers, les effets spéciaux et la beauté de l’univers de Valérian sont au rendez-vous. Mül est paradisiaque et coloré, Alpha est incroyablement diversifié et le Big Market regorge de bonnes idées (d’autant plus amusant que Jean-Claude Mézières, le dessinateur de la BD avait travaillé avec Besson sur le Cinquième Élément, et qu’on lui doit notamment le fameux taxi volant de Corben Dallas). Ce ne sont pas mille planètes, mais ces créations font déjà bien l’affaire et justifieront sans problème la 3D. On se doit également de rendre hommage à la création des aliens qui sont toujours aussi bien foutus et colorés et la scène d’introduction avec ce passage du 4:3 au 16/9e sur la station spatiale est géniale. Rageant vraiment.
Alors, envie de voir Valérian et la Cité des mille planètes ou découragé ? Donnez-nous votre opinion sur le film si c’est déjà fait !
- Les effets spéciaux
- L'inventivité visuelle
- La première demi-heure du film
- Un peu de Cara Delevingne
- Le scénario regorgeant de clichés et ultra-prévisible
- Des acteurs secondaires complètement sous-exploités (même quand ils sont célèbres)
- Le manichéisme et le pouvoir de l'amour
- Une mise en scène rarement à la hauteur des visuels
- Une intrigue qui se perd en route
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Pour le trailer au niveau de la musique je pense que la référence musicale est plutôt à Pastime Paradise de Stevie Wonder, que Gansta Paradise de Coolio…
Sinon le coup de l’amour plus fort que les méchants et tout le toutim, ben on a jsute l’impression de revoir le 5eme élément, cela m’avait géné à l’époque depuis on s’y fait et on comprends que finalement c’est un axe important pour Luc Besson, alors être surprise par ça aujourd’hui c’est un peu chercher la petite bête je trouve.
Bonjour, et merci pour votre commentaire !
En ce qui concerne votre première remarque, je ne sais pas si on peut dire que « la référence musicale est plutôt à Pastime Paradise », étant entendu que « Gangsta’s Paradise » en reprend la musique. Difficile ensuite de dire auquel Besson a pensé pour accompagner sa bande-annonce, vous avez bien raison, il m’a simplement semblé que la chanson de Coolio était aujourd’hui plus populaire, et que le spectateur la reconnaîtrait plus facilement que celle de Wonder qui en a été le modèle, mais je peux évidemment me tromper.
Ensuite, nous ne disons pas être surpris par « le pouvoir de l’amour », plutôt déçus que Besson n’ait pas dépassé ce cliché – ou au moins ne l’exprime pas avec plus de subtilité. Comme nous le disons dans notre critique, du temps d’Angel-A ou du Cinquième Élément (voire de Léon), l’amour servait au moins de ressort dramatique puissant, puisqu’il était une motivation fondamentale des personnages et participait à la fois à l’élaboration et à la résolution de l’intrigue. Ici, c’est simplement un plus, tout à fait dispensable, auquel l’excuse de se situer dans la continuité des précédents films de Besson ne suffit pas, puisqu’il appauvrit de façon relativement sexiste la relation entre les personnages sans leur ajouter une seule once de psychologie, alors qu’il aurait été autrement plus judicieux (et pas du tout plus compliqué) de suggérer leur affection réciproque sans l’expliciter si grossièrement… Mais tant mieux, vraiment, si vous avez l’impression qu’avec le temps on s’y est fait, personnellement (et cela concerne aussi le co-rédacteur de l’article je crois), c’est plutôt le contraire puisque cela m’insupporte de plus en plus, et qu’au contraire d’un progrès je constate une dégradation pénible de ce thème bessonien.