Les Dissociés, le film de Suricate, est sorti ce mardi sur Youtube
Cela faisait maintenant quelques semaines que le collectif Suricate présentait son premier long métrage en avant première à travers la France, mais depuis mardi, tout le monde peut le regarder via internet. Étant moi même friand de l’humour de ce trio, je l’ai regardé dès sa sortie et je vous offre donc une critique d’un film qui va faire parler de lui à travers le monde. Alors bien entendu, je risque de vous spoiler quelques twists du films pour mieux vous faire comprendre mon point de vue, donc si vous ne l’avez pas vu et que vous voulez le voir, je vous invite à ne pas lire la suite à part la conclusion. Et pour ceux qui se demandent où il faut trouver le film, c’est simple, c’est juste en dessous.
[divider]Dissociation de l’âme ou plongée dans l’inconnu ![/divider]
Suricate est un trio d’humoristes français de la génération Youtube consitué de Julien Josselin, Raphaël Descraques et Vincent Tirel. Le tout premier sketch crédité Suricate est When the Earth stopped masturbating qui a lancé le collectif sur Golden Moustache (c’était initialement un sketch de Raphaël Descraques mais Golden Moustache l’a considéré comme le produit de Suricate puisque les deux autres membres y participaient). Il est facile de retrouver le trio dans le film car ils incarnent les personnages principaux, mais ce ne sont pas le même type de personnages dans lesquels ils évoluent habituellement. En effet, Raphaël Descraques avait habitué le public à incarner le personnage déjanté dans les sketch tandis que Vincent Tirel jouait quasiment tout le temps la contrepartie plutôt classe. Dans cette production, Vincent Tirel nous offre une interprétation de petite fille de cinq ans et demi à couper le souffle. La scène qui en donne le plus l’impression est sans nul doute celle où l’acteur boit du lait et que le liquide coule dans sa barbe. Avec en prime un Raphaël Descraques qui joue la femme sérieuse, les rôles sont inversés et ils nous offrent une nouvelle vision de leur talent.
Parlons plus spécifiquement du film en lui-même. Les Dissociés met en scène des échangeurs de corps qui doivent arrêter l’un des plus puissants d’entre eux. La seule personne qui en est capable est Magalie, l’enfant de cinq et demi incarnée par Vincent Tirel. Le spectateur peut alors assister à des situations très cocasses où les personnages se retrouvent bloqués dans des corps très différents de celui dont ils viennent, comme par exemple une femme bloquée dans un corps d’homme et l’inverse. Le scénario joue d’ailleurs sur cela en mettant en scène des désirs très personnels que les femmes ont envie de tester dans des corps d’hommes, mais bien sûr de façon discrète et suggérée. Les spectateurs rentrent donc dans une spirale d’événements et de situations inédits qui les plongent dans l’univers du film et les accrochent.
[divider]Un humour neuf[/divider]
Les Dissociés en propose une version nouvelle et fraîche. En effet, contrairement à l’humour théâtre dont les films humoristiques sont fans, Suricate a décidé de continuer dans la veine de leurs vidéos et de celles qui sont mises en avant sur l’« Internet ». En proposant des gags sur le changement de sexe, la grossesse, le sexe et le tout sans tabou ni surjeu, le spectateur va assister à une simplicité toute naturelle. Les personnes qui verront le film se sentiront donc très proches des personnages du film et, un peu comme lorsque l’on écoute GieDRé, ils découvriront et réaliseront que eux aussi auraient fait pareil. Quelle femme dans un corps d’homme n’aurait pas essayé de se masturber ? Quel homme dans un corps de femme ne testerait pas les limites de sa poitrine ? Beaucoup d’autres situations tout aussi cocasses sont présentées dans ce film et apportent une liberté d’écriture qui rend compte de la fraîcheur humoristique.
L’autre brin de nouveauté apporté par ce film est incarné par les easter eggs qui sont présents en grand nombre dans un style proche de ceux présents dans les jeux vidéo : cela montre toujours plus leur attachement à Internet. Le plus flagrant et le mieux fait est sans nul doute la véritable identité de Serge le Dissocié. Dès le début du film, il est possible d’apprendre que ça aurait été l’anniversaire d’un certain chanteur, et que Serge était un chanteur avant qu’il change de corps et que son précédent corps ne meure avec son ami à l’intérieur. Je vous laisse deviner son identité. Cette profusion de clin d’œils offre un complexité et une profondeur au film qui se démarque des films français traditionnels.
[divider]Un point négatif , un point positif ?[/divider]
Eh bien, même si le film est génial, il n’est pas non plus parfait. Vous ne le savez peut-être pas, mais la majorité de l’argent qui a permis de produire le film vient de placements produits. Ces derniers sont donc extrêmement présents et cela peut nuire au visionnage de certaines personnes. Bien entendu, cela ancre le film plus encore dans la réalité. C’est donc le plus gros point négatif du film. Les autres choses dont souffre le film sont par moment des blagues qui ne sont peut-être pas compréhensibles par tous et cela peut le desservir auprès du tout public.
Côté positif, il est possible de retrouver des acteurs au talent encore latent mais qui offrent une prestation très impressionnante. Si l’on doit remarquer une personne par son jeu d’acteur, c’est Éléonore Costes. Son attitude dans le film est parfaite pour le personnage qu’elle joue : son insatiable envie d’essayer tous les corps d’hommes possibles et son ouverture d’esprit la placent en rôle de mentor des personnages principaux, mais surtout en tant que guide pour les spectateurs.
Une dernière chose à noter, qui est à la fois positive et négative, est la hiérarchisation des pouvoirs des dissociés en niveaux, comme dans un jeu de rôle. Cela va toucher une certaine communauté mais va également en rebuter une autre.
Ce film est donc un renouveau et également un ovni dans l’univers du film français. S’il est autant mis en avant que les précédentes vidéos de Suricate, le buzz mondiale est possible. Je vous conseille de le regarder tant il apporte du neuf et est prenant.