Hier, AMD a dévoilé une toute nouvelle gamme de cartes graphiques Radeon : les R9 3X et les Fury X, Fury et Fury Nano. Si les trois dernières citées sont effectivement des nouvelles cartes, les R9 3X ne sont une fois de plus qu’un simple rennomage des R9 2X qui ont maintenant 2 ans d’existence.
R9 3X : la coupe est pleine
En 2013, les R9 2X reprenaient déjà une partie de la série HD 7X pour proposer au consommateur des « nouveaux produits ». Si le simple renommage avait déjà été pointé du doigt et critiqué par la presse, cette fois-ci, AMD semble se moquer de tout le monde en renommant ses R9 2X en R9 300 series. Bien sûr sans oublier de mentionner que cette gamme factice est « le futur du jeu video »… Cruel désespoir pour nous, mais aveu de faiblesse pour AMD qui, en plus de ses difficultés financières, se retrouve à devoir jouer sur l’argument du prix pour imposer ses cartes sur le marché, quand Nvidia, pourtant elle aussi critiquée pour ses renommages, développait il y a quelque mois sa gamme Maxwell en innovant et en inondant le marché de ses GTX 900 disponibles à grande échelle et sur toutes les tranches de prix. Pour terminer, le caméléon osait montrer sa TITAN X, aussi puissante que chère, et essayait de faire passer la pilule avec sa GTX 980Ti, simple TITAN X amputée d’une partie des unités de calcul de son GPU GM200. AMD se devait de répondre sur le haut de gamme.
AMD FURY : chant du signe ou coup de poker sur l’avenir ?
Et ainsi naquirent les Fury X, Fury et Fury Nano, des cartes toutes nouvelles garanties 100% non renommées et à base de la fameuse mémoire HBM (High Memory Bandwith) qui promettent d’envoyer du pâté, et pas que. La Fury X et son GPU Fidji XT est le mastodonte de la nouvelle gamme, près de 9 milliards (!) de transistors accouplés à 4Go de mémoire HBM sur une interface 4096 bits, de quoi proposer une bande passante 60% supérieure à la GDDR5 actuelle, avec en prime un refroidissement liquide sur l’ensemble de la carte (pas comme cette horreur de R9 295X2 et son petit ventilateur strident pour refroidir les VRM…beurk) Fury, c’est une sorte de GTX 980Ti pour AMD, un GPU Fidji XT tronqué pour donner le Fidji Pro, un prix moins salé et un refroidissement classique à air. La petite dernière, Fury Nano, se présente comme une carte 1/2 : la moitié du prix pour la moitié de la puissance et un encombrement divisé par 2.
Alors ces nouvelles cartes sont elles aussi alléchantes que leurs fiches techniques ?
Pour un gamer avide des dernières technologies jouant sur un moniteur 4K qui lui déjà coûte bonbon, et, il faut le dire, pété de thunes, alors la réponse est oui, 100 fois oui, les Fury sont pour lui comme un messie. Pour un gamer un poil plus répandu, c’est à dire celui qui ne gouverne pas un émirat et qui a une salle de bain qui n’est pas plaquée or et doté d’un « vulgaire » moniteur 1080p, la réponse est clairement négative.
Et c’est là qu’AMD aurait dû étendre son offensive au lieu de rebadger sa gamme existante : le segment du milieu de gamme, l’équivalent des GTX 960 et 750Ti de Nvidia. Cette contre attaque à haute fréquence est belle en soi pour les amoureux du hardware que nous sommes, et certains craqueront sur la Fury X, mais en étirant sa gamme aux deux extrêmes avec des R9 3X basées sur des GPU affamés d’électrons, chauffant comme des théières dopées aux hormones, AMD prouve ici tout le paradoxe de sa situation ;
Oui, AMD est encore capable de développer des produits innovants, mais manque de réalisme sur l’état actuel du marché, et surtout sur ce que les consommateurs attendent. Nvidia l’a compris, Intel aussi et AMD n’a plus qu’à se forcer à le comprendre pour éviter de chuter comme 3D FX ou matrox (:P). La prise de risque est belle, mais démesurée.