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Explorers of the Woodlands – KS d’un gros petit dungeon crawler !

Explorers of the Woodlands – campagne Kickstarter d’un petit dungeon crawler qui en a dans le ventre !

Quel plaisir de revenir chroniquer un jeu de société sur VonGuru après une pause aussi longue – sans même avoir trouvé le temps de poster la troisième partie de mon top 2021, c’est dire ! Mais j’ai été motivé par la proposition de Geoffrey Wood (auteur de Monster Slaughter : Underground) de chroniquer le prototype de Explorers of the Woodlands, par sympathie personnelle étant donné que j’avais beaucoup apprécié notre contact à Essen 2019 quand il m’avait longuement présenté Arkeis – il était alors responsable KS pour Ankama – et par curiosité ludique.

Les illustrations attirent déjà immanquablement l’œil – Jiahui Eva Gao (Draftosaurus, Roguebook) semble avoir mêlé l’influence de Root à celle de Miyazaki, pour de l’animal anthropomorphe coloré, mais nimbé d’un relatif mystère, l’accoutrement de la grenouille (Bethras) suggérant à lui seul un background un peu plus fouillé qu’un habituel archétype de fantasy, quand Klethor ressemble à un scarabée, espèce inattendue à côté d’autres plus « classiques », mais tous les personnages appartenant à des ordres assez distincts pour que leur complémentarité ait quelque chose d’assez fort, une manière subtile de représenter également leur complémentarité en termes de pouvoirs.

 

Explorers of the Woodlands

 

En outre, Explorers of the Woodlands se présente comme un dungeon-crawler 10+, promettant une expérience asymétrique forte dans un habillage accessible, le genre de tension qui me parle pas mal, en solo et jusqu’à quatre héroïnes ou héros.

Petite présentation du prototype d’Explorers of the Woodlands, conçu et édité par Geoffrey Wood (via sa structure From the Woods), distribué par Matagot, et rapide analyse de sa campagne Kickstarter, qui se déroule ici jusqu’au 10 mai 2022 !

Comme indiqué, le matériel d’Explorers of the Woodlands exposé ici est issu soit de photos personnelles d’un prototype de qualité, donc assez représentatives du matériel final mais à prendre avec d’évidentes pincettes, soit d’images de la campagne KS, la différence étant normalement assez flagrante.

 

 

L’orée du bois

Joueuses et joueurs commencent par choisir un avatar, prenant le meeple, le plateau et la carte Pouvoir correspondants, et marquant la possession initiale de 5 points de santé et d’un orbe.

La tuile de départ est ensuite placée au centre de la table, les autres tuiles Forêt formant une pile voisine, avec la tuile Boss parmi les trois dernières tuiles.

Il ne reste qu’à former des réserves avec les cartes Butin, Évènement et Boss, ainsi qu’avec les tuiles Monstre et les dés… et la partie peut déjà commencer !

 

 

Les règles sont à peine plus longues à expliquer : au début d’une manche, chacune et chacun dévoilent une tuile Forêt et la placent au centre de la table, de manière bien sûr à prolonger le monde, puis dans le sens horaire, on lance les 4 dés (avec la possibilité d’en relancer 1 à 3), on les assigne à nos actions et on les accomplit.

Voilà toute la base du jeu, qui se corse à peine quand on rentre dans le détail des actions – donc définies par le placement des dés. Il serait vain d’être exhaustif, mais il faut dire que chaque action à sa contrainte. On ne peut ainsi placer que des 1, 2 ou 3 sur le mouvement, 4 ou + sur le gain d’orbes en fin de tour, 5 ou + sur la première action unique du héros, 6 sur la deuxième, tandis que n’importe quels deux dés permettent d’invoquer un dé spécial.

 

 

Le mouvement permet… de se mouvoir. On peut aller plus vite que la musique, et se déplacer vers une zone qui n’a pas encore été découverte – on pioche alors une nouvelle tuile et on y place son meeple – mais c’est à ses risques et périls.

J’ai personnellement abandonné ma première partie au tout début parce que j’avais osé une telle « exploration risquée », tombant sur l’un des monstres tout de même très fréquents avec un héros incapable de le vaincre (vous comprendrez plus tard pourquoi). Je l’avais donc fuit, subissant au passage une pénalité (chaque tour où l’on fuit ou ne vainc pas un monstre sur la même tuile que nous, il nous attaque), tentant de me réfugier sur une nouvelle tuile mystérieuse… avec un nouveau monstre qu’à nouveau je ne pouvais pas encore vaincre. La défaite n’était pas certaine, mais la partie était bien trop mal entamée pour continuer après des imprudences aussi cruellement punies.

 

 

Chaque monstre possède en effet une valeur de défense, c’est-à-dire la valeur à atteindre ou dépasser pour obtenir un succès, en plus d’un nombre de points de vie, c’est-à-dire le nombre de succès à obtenir dans la même manche. Or on ne dispose que d’un dé de combat gratuit, donc arriver face à un monstre possédant 2 de défense avec un seul dé de combat nous condamne d’emblée à la fuite, sans même avoir à considérer ses faiblesses, résistances ou immunités (donc sa réaction selon le héros qui le confronte).

La plupart des monstres ayant une défense de 2, et la plupart des tuiles Forêt renfermant un monstre, il est évident qu’il ne faut pas tenter une exploration risquée sans avoir invoqué un dé de combat supplémentaire, sans disposer d’au moins un orbe pour relancer les dés de combat, sans avoir bien vérifié si certaines de ses actions spéciales ne pouvaient pas l’aider (avec des 6, Sha’vi peut geler un ennemi pour ne pas subir ses malus pendant un tour, Bethras peut bénéficier d’un dé supplémentaire…) voire sans être accompagné d’un héros allié, qui ajoute ses dés au lancer du héros actif et ne peut subir qu’1 dégât en cas d’issue défavorable. On comprend mieux pourquoi il est recommandé d’incarner deux héros en solo !

Vaincre un monstre rapporte souvent la pioche d’une carte Butin (des objets à usage unique, permanents ou utilisables une fois par tour pour affecter les combats ou le déplacement), la pioche d’une carte Évènement (qui peut aussi bien déclencher l’apparition de nouveaux monstres que la gain de butins) et surtout des orbes.

 

 

Comme on l’a dit, les orbes peuvent être défaussés pour relancer des dés de combat. En tombant sur une tuile Forêt avec une icône de marchand, ils permettent également d’y acheter des cartes Butin. Jusqu’au milieu de la partie, ils seront cependant surtout utiles pour débloquer ses pouvoirs uniques, le premier étant gagné en dépensant 3 orbes, le second en en dépensant 5. La première capacité de Sha’vi permet par exemple d’utiliser deux fois par tour une carte normalement utilisable une fois par tour, quand la seconde place à chaque tour un dé sur la face de son choix…

On voit ainsi bien à quel point l’asymétrie d’Explorers in the Woodlands est forte, et offre des synergies méritant réflexion, puisqu’elle se manifeste « nativement » par les pouvoirs de base de chaque héroïne/héros et par sa carte Pouvoir, puis en cours de partie par les butins qu’iel obtient.

 

 

Et il faudra savoir jouer très habilement de ces synergies pour ne pas se jeter trop souvent dans la gueule du loup, et triompher des boss assez exigeants ! Une fois sa tanière découverte, on peut en effet l’affronter à condition de se sentir prêt, mais sans perdre trop de temps, puisque sa jauge de menace va alors avancer à chaque tour et manche jusqu’à nous faire perdre la partie !

Au début d’un combat de boss, on lance un dé pour déterminer sa spécificité pour ce combat : monstre supplémentaire, invulnérabilité à une couleur de dé, infliction de ronces, utilisation d’un équipement sans bénéficier de son pouvoir… Puis il faudra le vaincre traditionnellement, sachant qu’il dispose de 4 ou 6 points de défense et de 3 ou 4 points de vie. Et bien sûr, au dévoilement de la tanière, on pioche une carte Boss au hasard, donc impossible de savoir exactement à quoi l’on s’attaque pour s’y préparer spécifiquement au cours de la partie.

Si le boss est vaincu, la partie est immédiatement gagnée, tandis que l’on perd si sa jauge de menace est au maximum, ou si tous les personnages sont couchés. Il est possible de ressusciter un héros, en atteignant sa case et en dépensant autant d’orbes que de joueuses/joueurs +1, mais la dépense est conséquente, et ne lui octroie guère qu’1 PV, de sorte que si l’on n’a pas de potions ou de capacités de soins en appoint, ce secours sera assez symbolique.

3 modules pour des forêts encore plus riches

À ce stade, trois modules ont été annoncés pour varier les parties d’Explorers of the Woodlands, et sont donc directement intégrés à la boîte de base.

La carte Monstres enragés… enrage chacun des cinq types de monstre, lui octroyant une capacité supplémentaire assez agressive : empoisonnement de toutes les héroïnes/tous les héros participant au combat, attaque au début du combat plutôt qu’à la fin… Aïe, mais une jolie manière d’octroyer à chaque espèce sa personnalité.

Avec le module Tanières, une personne sur une tanière peut décider de l’explorer, et dévoile alors une carte Tanière A et une carte Tanière B. Elle doit lancer un dé et effectuer l’évènement correspondant de la carte A, puis lancer successivement deux autres dés pour les évènements de la carte B. Si elle surmonte les trois évènements, elle obtient une récompense assez généreuses que l’échec s’avère punitif (perte de butin, emprisonnement…).

Enfin, Explorers of the Woodlands promet une campagne de 5 missions, également jouables indépendamment les uns des autres, avec des scénarios gratuits à venir, permettant de garder des butins d’une partie sur l’autre, teintant bien entendu les parties d’une légère couche narrative pour donner du sens à notre progression, et imposant comme il se doit des règles spéciales, des mises en place spécifiques et un système de quêtes. Ce module ne faisait pas partie du prototype, mais la proposition est séduisante, et confère assurément une autre dimension au jeu !

 

 

La campagne Kickstarter d’Explorers of the Woodlands

Explorers of the Woodlands est donc en financement participatif sur Kickstarter jusqu’au 10 mai 2022.

Au moment où j’écris ces mots, le jeu est déjà largement financé, avec 17 000 euros récoltés auprès de 700 contributeurs.

Pas d’offres en cascade, de multiples versions et d’add-ons : Explorers of the Woodlands se présente sous une seule forme, et se décline en seulement deux offres, dépendant du mode de livraison et non du contenu. L’une est sans doute représentative du prix que le jeu coûtera en boutiques, puisqu’il demande 29 euros plus les frais de port, basique. L’autre est plus originale et intéressante, puisqu’elle propose de payer 15 euros immédiatement, puis de se faire livrer directement en boutique française pour y régler l’autre moitié, bénéficiant ainsi des frais de port offerts, tout en aidant les boutiques. Un geste très apprécié !

La livraison est actuellement prévue pour avril 2023, ce qui ressemble à une estimation large pour pallier d’éventuelles difficultés, avec la quasi-certitude que le jeu sera prêt un peu plus tôt, et qu’on pourra bel et bien l’espérer en boutiques vers mai 2023.

On notera que la campagne ne promet aucun KS Exclusive, seulement des stretch goals débloquant du contenu pour l’unique boîte finale. SG d’ailleurs assez attendus, bien entendu agréables en ce qu’avoir plus de contenu dans un tel jeu est toujours intéressant, mais ne justifiant pas (pour le moment en tout cas) d’attendre que d’autres paliers soient débloqués pour décider de backer ou non, les éléments déjà annoncés suffisant amplement à déterminer à quel point Explorers of the Woodlands semble taillé pour soi.

 

Édit du 24 avril : des KS Exclusives ont soudain été ajoutés à la campagne, 60 sleeves et 1 carte pour enrager les boss pour l’ensemble des backers uniquement, une fois que mille personnes auront contribué au projet. Inutile de dire que ce chiffre sera largement atteint, a fortiori avec une vraie incitation cette fois à ne pas simplement attendre la version retail.

 

 

Explorers of the Woodlands, un KS à backer ?

Explorers of the Woodlands prend le risque d’arriver sur un marché déjà bien occupé, les propositions de dungeon/land crawlers « minimalistes » s’étant tout de même multipliées récemment, de Karak et One Deck Dungeon à Mini Rogue et au faux minimaliste Tiny Epic Dungeons, sans même mentionner les plus gros jeux s’inscrivant dans ce genre, mais revendiquant tout de même une très grande simplicité de règles pour accéder très aisément à un système et/ou une narration très riches (DestiniesForgotten WatersGloomhaven : Les Mâchoires du Lion…).

Sans dire qu’il affiche dans ce contexte une singularité à toute épreuve, il sait affirmer une personnalité qui peut tout à fait légitimement intriguer. Tout d’abord par sa direction artistique, croisement assez réussi de Miyazaki et Root ; éventuellement par son prix doux, 29 euros avec la livraison en boutiques comprise ; ensuite par sa rejouabilité, garantie par quatre avatars très asymétriques, dans une certaine mesure par la génération aléatoire du monde, par la pioche des précieux butins, et bien entendu par les lancers de dé eux-mêmes, dont le hasard définit tout de même en partie les actions que l’on va effectuer, la réaction des boss, nos interactions avec les ronces et tanières… Jeu de société moderne oblige, l’aléa peut être nuancé de multiples façons, générant de la tension, un peu de frustration, mais aussi beaucoup de plaisir quand on est parvenu à le contrôler pour obtenir un résultat idéal.

C’est aussi pourquoi il me paraît difficile de définir clairement l’âge le plus bas auquel le recommander. Au fond, avec sa mise en place instantanée et des principes que l’on expose en 30 secondes, outre sa DA familiale, rien n’empêche de le sortir dès 8 ans. Explorers of the Woodlands s’avère cependant très punitif envers l’excessive témérité des personnes se lançant dans une exploration ou un combat sans planification appropriée, et cette nécessité d’optimiser son personnage et ses actions pour ne pas subir tout ce que le jeu peut nous infliger le rend bien moins « léger » – et bien plus intéressant pour un public davantage joueur, qui saura profiter de la concision des parties pour affiner rapidement son approche. Ce qui est donc une très bonne chose, à condition d’y être préparé.

Reste ZE question : pourquoi backer Explorers of the Woodlands ? D’une part, pour l’avoir sensiblement plus tôt. D’autre part, pour bénéficier d’une légère réduction, le jeu étant prévu pour être vendu environ 32 euros en boutiques. Naturellement, pour débloquer des SG, pour le moment assez symboliques, mais dont on sera loin de se plaindre, pour ajouter avec l’ensemble des backers quelques cartes pour l’ensemble des boîtes. Des arguments qui ne sont pas essentiels, convenons-en, même s’ils restent agréables à une époque où l’explosion des coût de port et de la TVA rendent souvent les KS nettement plus coûteux que les mêmes jeux en boutiques, imposant de succomber à quantité d’add-ons exclusifs pour avoir le vague sentiment d’y avoir gagné quelque chose.

Enfin, des KS Exclusives ont été ajoutés en cours de campagne, de quoi ajouter une jolie motivation à backer plutôt qu’à l’attendre en boutiques, d’autant qu’ils sont déjà assez intéressants, comportant à la fois une variante pour enrager les boss et 60 sleeves, le tout étant offert à tous les backers. Une manière habile de titiller le backer sans pour autant amputer la version boutiques d’un contenu essentiel. Leur addition assez tardive invite d’ailleurs à garder un œil sur la campagne, parce qu’une première surprise de cette importance pourrait très bien ouvrir la voie à d’autres.

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