Don’t Look Up : critiques à 4 mains 

L’avis de Lucile « Macky » Deloume : anti fake news et grosse distribution, pour vous servir

Parmi tous les films et séries que j’ai pu me faire pendant les fêtes de fin d’année, Don’t Look Up fait partie de ceux que j’ai lancés sans trop de conviction, en me disant que je le regarderai très probablement en plusieurs fois. Disponible depuis le 5 décembre dernier sur la plateforme de streaming en ligne Netflix, et du haut de ses 2h25, je n’étais réellement pas sûre d’avoir autant de temps à allouer à un film d’une traite. Et pourtant.

Voici donc, si jamais vous ne l’avez pas vu, le trailer ainsi que le synopsis :

« Persuadés qu’une météorite s’apprête à détruire la Terre, deux astronomes peu crédibles aux yeux de la population se lancent dans une tournée médiatique pour prévenir l’humanité de la probable et inévitable fin du monde. »

Au départ, je dois bien avouer n’avoir pas tant été attirée par l’histoire en elle-même, mais bien par l’énorme distribution ! On retrouve notamment Leonardo DiCaprio, Jennifer Lawrence, Cate Blanchett, Timothée Chalamet (<3), Ariana Grande, ou encore Meryl Streep, Chris Evans, Mark Rylance, Jonah Hill, mais aussi Kid Cudi, bref, de très gros acteurs très connus à la filmographie interminable. En effet, voir une bande de riches (oui, ces acteurs ne font pas partie de la classe moyenne), essayer de me faire comprendre que « OULALALA, le monde part en sucette, regardez, la banquise fond ! », alors qu’ils se baladent en jet privé et font la promotion d’une Fiat électrique (coucou Léo), j’étais très moyennement emballée.

Don’t Look Up : Déni cosmique de son nom français est très en adéquation avec notre époque et les problèmes auxquels notre monde fait face. Entre pandémie, complotismes, fin du monde, changement climatique, urgences, gouvernements incompétents à la dérive, cas de conscience, sans oublier la guerre des médias et la pléthore de fake news dont il faut se méfier, tout le temps partout, Don’t Look Up avait du pain sur la planche. Je ne saurais pas vous dire si le pari est réussi car entre sujets sérieux et humour, c’était assez casse-gueule, si bien que je n’ai pas trop su sur quels pieds danser tout au long du film. Une chose est sûre, Meryl Streep en Trump, c’est tout simplement jouissif.

L’astéroïde ici qui menace la planète Terre n’est rien d’autre qu’une métaphore, pour moi en tout cas, de l’urgence climatique. Si nous avons encore, peut-être, les moyens d’éviter le pire, nous ne faisons rien, pensant qu’il s’agit d’une conspiration, d’un mensonge, ou à défaut, d’un problème pour plus tard, pour les générations futures. On se moque de ceux qui essaient, forts, comme Greta Thunberg. On pense que cela ne nous concerne pas, on préfère s’écharper sur d’autres sujets futiles, inutiles. Pendant ce temps-là, on fonce droit vers notre perte, et avec le sourire ! On roule dans nos gros SUV pour aller acheter notre poulet surgelé et autres légumes pesticidés, bouffe dans nos assiettes en plastique à Noël parce que « flemme de faire la vaisselle », tout en voyant passer sur CNews un bandeau parlant du dernier rapport du GIEC. Et on le lit ce bandeau, mais on préfère écouter – indique ici ton politique/journaliste/polémiste/écrivain/essayiste le plus détestable – Zemmour cracher sa haine.

Ce film est donc assez habile, plein de bon sens, mais ne parlera pas aux plus réfractaires, à ceux qui ne veulent rien changer, ni à ceux qui sont dans le déni. On pourra se montrer tatillons quant à l’approche humoristique d’un tel sujet, mais peut-être, que au point où on en est, faut-il en rire qu’en pleurer ?

Sur ces belles paroles, et avant de laisser mon collègue s’exprimer et vous donner son avis sur le film, je vous laisse avec la musique « Baise le monde » du dernier album de Orelsan, Civilisation.

L’avis de Siegfried « Moyocoyani » Würtz

Je ne suis pas un immense amateur du cinéma d’Adam McKay, alors même que son engagement politique connu et actif (en faveur de Bernie notamment) pourrait sembler délicieux et salvateur en irriguant des comédies au casting cinq étoiles réalisées avec une indéniable compétence.

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Passé la fraîcheur des Anchorman (notamment le second, assez réjouissant), ses œuvres plus directement engagées ont en effet complètement échoué à m’investir – pire, j’en ai trouvé le message excessivement, platement moralisateur, et alors même que je le partage complètement, presque anti-cinématographique tant il préfère créer des situations simples que de s’attaquer à la complexité du réel, pour dérouler un didactisme éthique et factuel, parfois même plus si divertissant que cela, plutôt que d’étonner et saisir. Et je ne parle même pas du défaut principale de Vice (à mon avis), tellement obsédé par la forme qu’il en oubliait ce qu’il voulait dire initialement, et aboutissait pratiquement à dire l’inverse, comme je l’expliquais là.

Bref, un peu comme Macky, j’ai regardé Don’t Look Up sans enthousiasme, surtout curieux des nombreux retours positifs que je lisais sur les murs de mes contacts Facebook, et que je comprends très bien : le film est en fait pratiquement un documentaire tant les situations qu’il décrit ressemblent à ce que l’on imaginerait du monde réel, et même à ce que l’on voit quotidiennement – puisqu’en tant que métaphore du réchauffement climatique, même s’il accélère la crise pour des besoins dramatiques, il décrit bien notre monde, capable de s’émouvoir davantage des ruptures de 24 heures de stars de téléréalité que de la catastrophe écologique de notre temps.

Cette justesse… est, quelque part, aussi un frein à mon appréciation du film, en ce qu’il cherche à être à la fois burlesque et crédible, mais ne fait du coup plus si rire que cela, et raconte par ailleurs des comportements si évidents ou connus qu’ils ne choquent même plus vraiment – ou plutôt, ils ne choquent que parce qu’ils rappellent des choses qui nous choquent et devraient nous choquer dans le monde réel, ce qui est bien différent de nous frapper en tant que spectateurs.

Un sentiment accentué par la très grande prévisibilité de l’intrigue : on sait d’emblée où l’on prétend nous mener, et ce plan se déroule sans surprises, avec quelques fantaisies, mais pas beaucoup plus que ce que l’on attendait d’un déroulement automatique de ses prémices. On en viendrait presque à prêter plus d’attention aux amourettes de DiCaprio et Lawrence qu’à l’hypocrisie des puissants – au moins, les premières peuvent nous surprendre. Peut-être que mettre davantage en scène la société civile plutôt que les seules élites médiatiques et politiques aurait ainsi pu servir tant la profondeur du propos que la vitalité du récit.

Reste une satire sociale efficace, avec de grands acteurs qui s’amusent beaucoup et que l’on s’amuse de voir tant s’amuser, devant laquelle j’ai donc passé un moment tout à fait agréable, mais que je n’irais ni déconseiller ni recommander particulièrement. Il me semble qu’il aurait pu être bien plus grinçant, plus amusant, plus percutant ou plus riche, et peine à rivaliser en efficacité avec les documentaires cinématographiques de Herzog ou Fricke, ou avec une comédie gaucho Netflix jazzy à stars aussi formidable que le récent The Laundromat par exemple (qui pourtant pastiche assez évidemment The Big Short).

 

 

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2 Commentaires

  1. ca m étonne qu a moitié que Lucile « Macky » Deloume écoute civilisation niveau rap ou musique 0!! Zéro oui l auto tune je ne supporte plus mais placé Zemmour dans une critique de film Netwokefix ca c est a chialé ,que vraiment on s en sortira pas!!!