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Parks : Nightfall – campez dans l’extension du plus beau jeu de 2020 !

Parks : Nightfall – campez dans l’extension du plus beau jeu de 2020 !

Parks était de l’avis (presque) universel le plus beau jeu de 2020, et une excellente œuvre familiale, dont l’absence de nomination aux As d’or est à mon avis davantage motivée par l’incapacité du jury à le faire rentrer dans ses trois catégories (impossible de le nominer en expert, mais trop complexe pour la catégorie familiale très orientée ambiance) que par son scepticisme à l’égard d’une sortie assez importante. On ne pouvait à mon avis lui adresser que trois éventuels reproches, des objectifs annuels alourdissant un peu le jeu sans représenter le moindre intérêt, que chaque manche soit plus longue que la précédente (accentuant désagréablement l’impression de répétitivité), et quelque chose d’un peu automatique dans le choix des tuiles où poser nos randonneurs, l’apparence de tacticité étant plus importante que la tacticité elle-même.

Des faux défauts bien sûr (sauf pour les cartes Année peut-être) : il fallait qu’il reste « familial », et la longueur croissante était largement compensée par l’accumulation d’équipement qui nous rendait aussi plus efficace. Mais cela laissait quelque chose à creuser, l’espace pour une extension…  Nightfall remplira-t-il cet office aussi bien qu’espéré ?

Cette fois conçu par Mattox Shuler (Henry Audubon se contentant de participer à son développement), Nightfall est toujours illustré par une galerie d’artistes impressionnante, chacune et chacun réalisant l’illustration d’un unique parc, toujours édité par Keymaster Games (Caper, Campy Creatures, Space Park) et localisé par Matagot (Wingspan, Sagrada, IstanbulKemetInisRapa NuiL’Île au trésor…).

Vendu 23 euros 50 (20 euros 92 avec l’abonnement Ludum), le jeu s’adresse d’ailleurs toujours à 1 à 5 randonneuses et randonneurs, ne commettant pas l’erreur d’une sixième personne, addition trop facile de nombreuses extensions – et rarement pertinente. Par où Nightfall se distingue-t-il alors ? C’est ce que nous allons voir, en n’évoquant bien entendu que ses apports, sans revenir aux règles du jeu de base pour lesquelles nous renvoyons à l’article dédié.

Parks Nightfall

Randonnée nocturne

Bien entendu, la nouveauté la plus flagrante de Nightfall consiste dans l’addition de 24 nouveaux parcs, donc de 24 nouvelles cartes postales à contempler. Cela aurait pu n’être que cosmétique, des parcs redondants avec les précédents et présents surtout parce que l’on ne peut concevoir d’extension à Parks sans parcs. Or ces 24 cartes ont la particularité de proposer une action immédiate, accomplie aussitôt le parc visité. En décidant de ne pas profiter de l’action à ce moment, on la perd définitivement. Il pourra s’agir de transformer une ressource en photographie, de récupérer un animal sauvage, une carte Équipement ou Année, de réserver un parc…

La majorité de ces nouveaux parcs ont pour coût une valeur dans un carré marron en plus du coût en ressources : cela indique que l’on peut dépenser n’importe quelle combinaison de ressources, mais sans bénéficier des réductions octroyées par nos équipements. Si on peut regretter que ces équipements deviennent alors moins intéressants que par le passé, et qu’il soit un peu moins important de chercher absolument la bonne tuile pour acquérir la bonne ressource, il s’agit sans doute aussi d’être moins punitif, de ne plus bloquer l’accès aux parcs simplement parce que tous exigent une combinaison trop coûteuse de ressources trop variées. Ces nouvelles cartes ne coûtent en effet plus que deux ressources précises en plus de ce coût libre, même si cela les rend plus coûteuses en quantité totale de ressources exigées.

Les règles de Nightfall suggèrent judicieusement de mêler ces 24 cartes à 24 cartes aléatoires du jeu de base plutôt que de simplement les mélanger, afin que la « correction » ou au moins la différence qu’elles apportent ne soit pas une denrée rare, aussitôt apparue aussitôt achetée par le chanceux se précipitant dessus le premier.

Vous vous dites sans doute que cette idée louable pose problème en raison des cartes Année exigeant qu’une ressource précise soit très représentée sur l’ensemble de nos parcs. Heureusement… toutes les cartes Année du jeu de base sont désormais remplacées par des cartes Année beaucoup plus convaincantes, offrant par exemple 1 point par lot de 4 photographies, 2 points par lot de 3 parcs coûtant au moins une goutte, 1 point par lot de 2 soleils sur les équipements…

Pour le coup, il faut parler de correction : ces nouvelles carte Année rapportent beaucoup plus de points, exigeant moins pour rapporter plus et ayant le bon sens d’offrir une récompense proportionnelle plutôt que fixe, de sorte qu’on ne peut simplement plus les dédaigner pendant l’ensemble de la partie comme les anciens, mais qu’ils feront partie de notre élaboration tactique. Notons également que des cartes Année peuvent être obtenues en cours de partie grâce à l’action immédiate des parcs ou aux campings, ce qui participe à leur donner un sens tout différent ! Et bien sûr, comme chaque pile de cartes doit avoir son plateau, un tout petit plateau Camping est ajouté pour accueillir les cartes Année et donner le schéma de mise en place des campings selon le nombre de joueurs.

De campings ? C’est en effet l’addition la plus substantielle de Nightfall  : à la mise en place, on avait disposé trois des six tuiles Camping sous le parcours, en plus de poser trois à quatre figurines de tente sur des tuiles dudit parcours.

En arrivant sur une tuile, la randonneuse ou le randonneur a désormais le choix de réaliser normalement l’action de la tuile ou de camper, donc de poser la tente sur le plateau Camping ou sur une tuile Camping, à condition que le lieu soit inoccupé. Et camper sera généralement très intéressant : on pourra échanger une montagne contre cinq soleils, piocher une gourde et une pluie, vider toutes ses gourdes, défausser une carte Équipement ou Année et en repiocher une, payer deux soleils pour renouveler les équipements et en prendre un, gagner un soleil, réserver un parc et rallumer son feu de camp…

Vous le constatez, ces pouvoirs sont particulièrement désirables à condition de pouvoir en profiter, intensifiant la course entre les joueurs et la nécessité de bien planifier ses déplacements. Une tension qui est paradoxalement (et assez finement) compensée par le fait… qu’il y ait juste assez d’emplacements de camping pour tout le monde, même en prenant systématiquement la tente, mais à condition de ne pas laisser toutes les tuiles proposant une tente à la même personne bien entendu !

On notera par ailleurs avec le plus grand intérêt que ces tuiles Camping sont retournées aux saisons 2 et 4 pour un pouvoir très différent, afin d’éviter un sentiment de répétition sans pour autant refaire de la mise en place en les échangeant avec celles de la boîte.

ParksNightfall, encore plus beau de nuit que de jour ?

Si l’extension Nightfall propose de nouveaux parcs, de nouveaux animaux sauvages et un nouvel insert, elle ne se contente pas de prolonger un peu paresseusement l’admiration visuelle et matérielle procurée par le jeu de base mais renouvelle assez joliment les parties par des refontes (les cartes Année) et des additions plus ou moins conséquentes (les effets immédiats des parcs, le camping) aux règles du jeu de base.

Je ne joue pas systématiquement avec les campings, qui ajoutent d’excitants pouvoirs sans rallonger les parties, mais peuvent ajouter juste assez de règles (même très simples) pour ne plus être toujours adaptées au plaisir recherché par celles et ceux avec qui je pratique Parks – il faut d’ailleurs dire que le néophyte peut être frustré de mal les exploiter face à des connaisseurs les maîtrisant assez bien pour vite creuser l’écart.

Néanmoins, le remplacement des cartes Année de la boîte de base par celles de l’extension me paraît indispensable, et je n’envisage simplement plus de revenir aux anciennes, de même que je mêle désormais systématiquement les nouveaux parcs aux anciens, parce que la nouvelle manière d’envisager leurs coûts et les effets immédiats qu’ils proposent leur confèrent (pour le coup à très peu de frais) une désirabilité différente, d’autres raisons de se porter vers les uns plutôt que vers les autres, quelque chose d’un peu plus satisfaisant.

Ainsi, Nightfall prolonge, enrichit et corrige l’expérience proposée par Parks à un point qui la rend indispensable à qui aura aimé le jeu de base, et même à ceux qui se seront contentés d’émettre de timides réserves à son égard. Si vous avez aimé randonner dans les parcs naturels états-uniens, attendez-vous à adorer vous y promener à la nuit tombée !

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