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Yozu – Plutôt le tigre, le panda, la libellule ou la carpe koï ?

Yozu

Yozu – Plutôt le tigre, le panda, la libellule ou la carpe koï ?

 

Avec Attrape Rêves, je découvrais le travail de l’illustratrice Maud Chalmel, fabuleuse pour retranscrire l’apparence et même le toucher cotonneux des doudous, et qui s’était déjà fait remarquer sur SiggilNoxfordGobiPanic Diner…  En voyant le Yozu conçu par Arnaud Ladagnous (auteur du scénario Les Pièges du Nautilus d’Unlock! Mystery Adventures), édité par Capsicum ,sur les tables de Don’t Panic Games/MAD Distribution au dernier Festival International des Jeux de Cannes, j’ai immédiatement reconnu sa délicatesse poétique, et malgré l’apparent minimalisme du titre, cela m’a irrésistiblement attiré comme beaucoup d’autres manifestement.

Vendu 11 eurosYozu s’adresse à 3 à 6 joueurs de 8 ans et plus pour des parties d’une vingtaine de minutes.

 

Réunir la paix, l’abondance, la grâce et la force

 

Rien de plus court que la mise en place de Yozu : on empile les 32 cartes de la boîte face cachée et chacun en prend une qu’il pose devant lui face visible, rien de plus.

Une carte représente toujours un animal (le tigre, le panda, la libellule ou la carpe) dans une saison (printemps, été, automne, hiver), chaque combinaison existant deux fois.

Un joueur est désigné comme l’oracle, et pioche deux cartes non identiques.

Le joueur à sa gauche nomme une combinaison (animal plus saison).

Si l’une des deux cartes dans la main de l’oracle correspond exactement à cette combinaison, il la remet au joueur l’ayant devinée, qui peut soit la poser devant lui, soit l’échanger contre une carte face visible de l’un de ses adversaires, qu’il pose donc également devant lui. L’oracle conserve la seconde carte face visible devant lui.

C’est évidemment assez improbable dès la première personne après l’oracle, sans être impossible, laissant toujours un peu d’espace pour la chance (et des rires), tout en favorisant tout de même ceux qui s’expriment après.

 

 

Si aucune des deux cartes ne correspond à la combinaison énoncée mais qu’au moins l’une des deux porte la saison ou l’animal de la proposition, l’oracle doit en effet le dire. C’est au tour du joueur suivant de faire une proposition, sans avoir le droit de citer la saison ou l’animal dont l’oracle vient d’admettre qu’il avait.

Si aucune des deux cartes ne correspond à la combinaison énoncée, même partiellement, c’est au tour du joueur suivant de faire une proposition.

Dans ces deux derniers cas, on poursuit le tour de table jusqu’à rencontrer le premier cas (l’une des deux cartes est devinée exactement).

Plus le tour avance, plus il devient naturellement aisé de deviner quelles cartes l’oracle a en main… même si cela peut demander un peu de gymnastique mentale. Vous ne pouvez en effet pas vous focaliser sur une seule carte, rien ne vous permettant d’établir que le tigre et l’hiver avoués par l’oracle sont une seule ou deux cartes par exemple. Yozu peut être comparé en cela à la 13 Indices, la possession par l’oracle de deux cartes à la fois augmente les chances d’énoncer un élément se trouvant sur l’une et diminue celles de trouver une bonne combinaison.

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Ça paraît tout bête, mais c’est une course qui se joue, relativement légère (il n’y a après tout que quatre animaux et quatre saisons) et pourtant très tendue puisque la moindre proposition irréfléchie peut laisser un avantage déterminant aux autres. Or leur laisser une victoire ne signifie pas seulement qu’ils obtiendront une carte de plus, qu’il s’agira de rattraper plus tard, mais qu’ils pourront se saisir de l’une des nôtres, et donc progresser d’un grand pas vers la victoire.

Le joueur après l’oracle devient le nouvel oracle, il pioche deux nouvelles cartes et on recommence.

 

 

La partie s’achève quand un joueur a réalisé un yozuka (les quatre animaux différents de la même saison) ou un yozumi (le même animal dans les quatre saisons).

Vous aurez bien entendu noté qu’en dehors de la main de l’oracle, aucun joueur ne possède de carte face cachée. Autrement dit, il est extrêmement aisé de voir ce qu’un adversaire peut espérer pour triompher, et donc de le ralentir.

On pourrait alors redouter un prolongement infini de la partie, un peu à la 7 Familles quand on y permet de demander des gardes tout juste obtenues par son voisin, puisqu’à force de récupérer les cartes des autres on empêcherait systématiquement quelqu’un de finir, sauf à gagner vraiment plus que ses adversaires…

Ce serait oublier que l’oracle conserve toujours une carte de chaque main, de sorte que la partie progresse sans cesse, l’addition continuelle de nouvelles cartes sur la table accélérant la possibilité d’un yozuka ou d’un yozumi et limitant l’intérêt des blocages, pour une conclusion toujours plus inéluctable.

 

Yozu, la poésie japonisante des 7 familles

 

Yozu a quelque chose des 7 Familles dans son idée de rassembler toutes les occurrences d’un animal ou d’une saison en demandant à un joueur s’il a la carte nommée dans sa main. À la différence qu’un seul joueur possède deux cartes cachées que tous les autres cherchent à deviner, remplaçant complètement le chaos par une course à la déduction étonnamment tendue tant la moindre distraction peut se solder par la perte d’une carte au profit d’un adversaire.

Or, non seulement il suffit de rassembler les quatre bonnes cartes pour remporter la partie, mais nommer une carte de la main de l’oracle permet de prendre l’une des cartes face visible devant un adversaire, conférant une motivation supplémentaire à deviner avant les autres !

Si ce petit jeu sans prétentions, mais tout de même malin et fort agréable, est parvenu à attirer mon attention et probablement la vôtre, c’est avant tout grâce à ses illustrations sublimes de Maud Chalmel, à la fois détaillées aux limites du photoréalisme et pourtant poétiquement éthérées. Rarement quatre illustrations uniques à peine, même avec des variations climatiques, auront à ce point suffi à séduire et recommander un titre !

 

 

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