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Test – Ancestors : The Humankind Odyssey : le grand jeu de l’évolution

Ancestors : The Humankind Odyssey : le grand jeu de l’évolution

Directeur créatif des trois premiers Assassin’s Creed, Patrice Désilets avait fondé il y a cinq ans le studio indépendant Panache Digital Games, dont le premier jeu vient d’être édité par Private Division (Take 2), le 27 août 2019 sur l’Epic Game Store et le 6 décembre sur PS4 et XBox One : Ancestors  : The Humankind Odyssey. Le concept en est assez saisissant, puisqu’il s’agit d’incarner les premiers hominidés et de leur faire vivre les premières évolutions distinguant le primate de l’homo sapiens ! Deux rédacteurs de Vonguru se sont précipités sur le titre et vous livrent leur avis.

 

 

L’avis de Dariusz « Finghin » Walczak :

 

Le concept de Ancestors : The Humankind Odyssey est étonnant, mais plaisant. Nous prenons en main les premiers hominidés, et suivons leurs traces au fur et à mesure des années, des générations et des évolutions. Dans un genre de survival, on prend donc le contrôle d’un membre d’un clan de ces dits hominidés, et on va devoir diriger son clan à travers les dangers de la faune et de la flore, et la guider vers son glorieux avenir. Voici donc un petit bilan de ce que mes quelques heures de jeu ont pu déceler !

 

Un gameplay exigeant mais plaisant :

 

 

Le jeu prend donc place dans un style de jeu de survie. Nous allons devoir gérer le sommeil, la soif et la faim du personnage que l’on joue, afin qu’il puisse explorer avec plus de facilité. En effet, garder ces éléments au bon niveau permet d’avoir une énergie vitale (le rond vert sur l’image) plus importante et donc de perdre moins vite son endurance lors des déplacements dans la jungle : on pense ici entre autres à la grimpette, la course, les sauts, l’analyse de l’environnement.

Cette dernière d’ailleurs se divise en plusieurs parties :

  • L’intelligence : permet de déceler certains éléments visibles autour de soi.
  • L’odorat : qui permet de déceler et analyser des choses qui ne sont pas visibles.
  • L’ouïe : qui permet en particulier d’entendre les prédateurs à proximité.

Ces différents éléments peuvent être identifiés s’ils ont été au préalable découverts une première fois entre les mains de votre personnage. Par ailleurs, votre hominidé sera également, au fur et à mesure de vos tests et explorations, capable de créer des outils, différentes constructions, voire même des armes pour se défendre de la faune sauvage, et ainsi tuer un prédateur qui paraissait pourtant incroyablement menaçant. Quelle fierté la première fois qu’on se débarrasse d’un phacochère, ou d’un serpent !

Néanmoins, il faudra beaucoup avancer à tâtons, guidé par un discret signe sonore indiquant une action réussie, pour découvrir les différentes recettes, les différentes combinaisons d’objets permettant de construire tous ces éléments, et proposer à votre clan une véritable évolution ! De même qu’il ne sera pas chose aisée de tuer les prédateurs, en particulier au début où ils feront certainement de nombreuses victimes au sein de votre clan !

La difficulté du jeu pourra même en rebuter plus d’un au premier abord. Le jeu est exigeant, même lorsque le didacticiel est activé, et mettra donc à l’épreuve les plus fragiles. J’ai dû moi-même reprendre une partie au début après un commencement catastrophique où la moitié de mon clan avait été décimée !

Une fois qu’on arrive à saisir les mécaniques, le tout se fait néanmoins beaucoup plus naturellement, et l’enchaînement des tâches devient moins usant et agaçant.

Tous les éléments de gameplay d’Ancestors peuvent être d’ailleurs améliorés et développés au sein d’un arbre d’évolution. Les neurones de nos hominidés se développent en effet au fur et à mesure de nos actions, et peuvent être débloqués grâce à de l’énergie cognitive, qui s’accumule au cours de notre exploration. Ainsi, notre temps de réaction aux agressions peut être amélioré, tout comme la manière dont on communique avec le clan, la distance avec laquelle on peut observer des éléments. Chaque petite chose nous facilitera la vie et diminuera le risque de décès de nos primates adorés.

Cependant, ce n’est pas tout, afin de faire perdurer ces connaissances et son clan, il est indispensable de se reproduire. En effet, les connaissances débloquées disparaissent si elles ne sont pas renforcées pour perdurer au fil des générations, et chaque bébé permet d’ajouter un renforcement !  Par ailleurs, et c’est aussi là l’objectif principal d’Ancestors, il est possible également de faire de grands bonds dans le temps et tenter d’améliorer les estimations qu’ont eu les scientifiques sur le développement, en fonction d’un certain nombre de challenges décrits dans la zone prévue à cet effet, avec entre autres, une bonne exploration, une bonne utilisation des outils…

Une bonne gestion de toutes ces données permettra de faire évoluer vos hominidés, les rendant plus résistants, plus forts, ou plus habiles pour enfin être en haut de l’échelle alimentaire !

 

 

Une ambiance fidèle mais perturbée par une une maniabilité un peu approximative :

C’est avec un plaisir non dissimulé qu’on découvre la jungle africaine ainsi que les différents territoires tels qu’ils nous les sont présentés dans Ancestors. L’ambiance musicale, changeante mais toujours adaptée aux situations, est un véritable ravissement. L’ensemble des musiques ainsi que des sons se marie parfaitement bien avec les différents éléments météorologiques, qui permettent donc à une immersion très agréable.

Le tout est sublimé par des graphismes très réussis, et qui rendent justice à ce qu’on s’imagine de la jungle luxuriante, ou de la savane, voire certains aspects montagneux ! On explore, on découvre et on adhère à cette flore et à cette faune imaginée par les créateurs. On se sent tour à tour, dans ce monde ouvert, oppressé par l’omniprésence des éléments, des dangers et des prédateurs, puis en confiance, lorsqu’enfin nous maîtrisons les éléments qui nous entourent. Quelques limites sont à noter avec un aliasing qui se remarque, et un léger flou entretenu, afin de limiter les potentielles chutes de framerate. Les limites des consoles toujours… Mais cela reste tout de même très appréciable !

 

Le tout est néanmoins parfois perturbé par une caméra un peu capricieuse qui par exemple, alors que l’on est en train d’analyser un élément pour voir s’il est bien adapté à la consommation, préférera nous montrer des feuilles, en gros plan. Ou bien encore lorsque l’on se fait attaquer par un prédateur dont on ne voit pas la provenance du tout. Je pourrais également citer les nombreuses chutes, causée par une caméra bien trop proche pour bien voir où l’on va atterrir. Sachant que la saisie des feuillages permettant de voler d’arbre en arbre n’est pas toujours très efficace et n’aide donc pas forcément !

L’interface du jeu peut également paraître parfois un peu barbare, au vu de la multitude de choses qui apparaissent à l’écran, mais elle peut être simplifiée, pour faciliter l’immersion, au prix d’une concentration plus importante de la part du joueur pour mieux déceler les éléments importants.

 

Ces quelques défauts sont tout à fait mineurs, mais empêchent parfois le bon déroulement d’une partie, tant la mort est punitive (faisant perdre beaucoup d’années d’évolution), et du coup se retrouver blessé accidentellement juste avant la rencontre face à un prédateur peut parfois s’avérer douloureusement fatal !

 

Bilan :

Ancestors est une incroyable expérience. Bien que l’exigence de son début de partie pourra en rebuter plus d’un, il serait dommage de passer au travers de ce titre sans en explorer toutes les possibilités. Moi-même encore en pleine découverte de nombreux éléments, je prends un plaisir fou à découvrir un jeu de survie, alors que j’ai longtemps été plutôt hermétique à ce genre de style. Diriger son clan vers la prospérité à travers l’histoire a quelque chose de particulièrement grisant. Tout comme conquérir et dompter les territoires hostiles environnants. La durée de vie du jeu est conséquente, on peut tabler sur une cinquantaine d’heures de jeu facile, on aura de quoi s’occuper ! Et tandis que notre âme de conquérant nous donnera envie d’aller plus loin, plus vite, et voir à quel point l’on peut défier les prédictions, et rendre sa lignée bien plus avancée qu’elle n’aurait dû l’être !

 

L’avis de Siegfried « Moyocoyani » Würtz :

 

Ancestors – The Humankind Odyssey se présente comme l’anti-Far Cry – Primal. Tandis que ce dernier se targuait de nous plonger dans un très rare univers préhistorique, et de le rendre aussi ludique (et semblable aux autres Far Cry) que possible au prix d’innombrables libertés, Ancestors ose aller plus loin encore dans le temps, nous immergeant dans le Néogène africain, alors que les futurs hominidés n’étaient encore que des primates, destinés ou non à évoluer en homo sapiens, plusieurs centaines de milliers d’années plus tard.

Et surtout, Ancestors revendique une scientificité qui captive autant qu’elle effraye. Il est facile de cracher sur Far Cry, ses recettes rebattues, sa Préhistoire de « jeu vidéo » au sens le plus péjoratif du terme, il n’empêche que l’on aime aussi être en terrain connu en termes de gameplay pour découvrir un terrain inconnu en termes d’univers.

Or dans un souci de rigueur et d’immersion, Ancestors exige que le joueur s’adapte à son système comme ses avatars s’adaptent à leur environnement. Plus précisément, on peut jouer sans interface ou avec, avec la promesse dans un carton initial que nous serions peu aidés dans tous les cas. Naturellement, j’avais donc choisi l’interface, à défaut de didacticiel, je ne voulais pas consacrer plusieurs heures à l’apprentissage des notions les plus simples, ayant déjà l’intuition que malgré cela le titre aurait des difficultés à m’opposer.

Après quelques heures de jeu, j’ai regretté mon choix. C’est que, interface ou non, j’acquérais difficilement les réflexes nécessaires pour jouer intuitivement, et continuais de m’arrêter régulièrement pour voir apparaître les touches et réaliser les actions. Est-ce que cela aurait été plus facile sans aucune aide ? J’essayerais dans quelques mois de relancer une partie vierge de toute information, nous verrons bien. Il est en tout cas certain que, dans un cas et dans l’autre, on se sent assez frustré que Panache n’ait pas opté pour un entre-deux, une interface fluide pour un gameplay fluide. Ce n’est pas comme si Ancestors nous faisait par ailleurs des cadeaux.

 

 

 

Ancestors est un vrai jeu de survie. Non seulement vous avez entre vos mains un tamagotchi qu’il faut faire manger, boire et dormir, mais tout est à identifier manuellement dans ce qui vous entoure, chaque caillou, fruit ou plante, et leur découverte ne vous permettra que d’en reconnaître plus tard les représentants un peu plus rapidement. On passe ainsi beaucoup de temps à rester sur place pour capter sensoriellement les objets inconnus pour les scanner l’un après l’autre…

On arrive évidemment dans la peau d’un primate tout imbu de nos savoirs d’homo sapiens du 21ème siècle. Dès que l’on voit deux cailloux, on veut faire du feu. De chaque branche on veut faire une lance. Puis on s’aperçoit que cela ne va pas de soi quand on ne sait même pas prendre un objet dans chaque main puis les coordonner pour faire interagir les deux éléments sans les détruire. Et on comprend que ce que l’on sait, il faut le réapprendre lentement, en commençant du début.

Et c’est probablement la part la plus stimulante, la plus géniale (ne mâchons pas nos mots) du jeu, ce retour aux bases. Beaucoup de joueurs (dont je fais partie) adorent commencer très faiblement un parcours pour collecteur équipement et expérience et finir redouté des créatures les plus puissantes de notre monde vidéoludique. Or on n’a jamais commencé aussi bas, au point que la progression la plus ridicule peut nous paraître spectaculaire.

Bien sûr, l’apprentissage se fait dans la douleur. Au cours de ma première partie, j’avais cru comprendre qu’en laissant mon avatar mourir pour faire un bond dans le temps, je pérenniserais mes acquis. Mais je me retrouvais ensuite dans la peau d’un enfant, vite terrifié et éliminé pendant sa progression, puis dans celle d’un adulte incapable d’augmenter son expérience (pardon, son « énergie neuronale »). J’oubliais que l’on pouvait en une pression passer d’un avatar à l’autre dans son clan, à condition qu’ils soient côte à côte, et qu’un adulte devait porter un enfant pendant ses pérégrinations pour transmettre ses connaissances. Sans langage, pas d’éducation, sinon celle de la vie, par l’expérience directe. Bien, plus qu’à recommencer une partie pour ne pas trop subir les conséquences des premières erreurs, inutile de s’ajouter un handicap.

Pendant ses voyages de plus en plus lointains hors de son campement, on a tôt fait de paniquer face à l’inconnu, de se faire assaillir par un animal avec un système d’esquive rudimentaire, de s’empoisonner avec un aliment nocif ou de tomber de haut parce que la caméra ne nous permettait pas bien de saisir qu’il n’y avait aucune branche et aucun tronc ou s’agripper devant nous. Et il faut être franc, la mort engendre beaucoup de frustration, parce qu’on n’a pas toujours l’impression de l’avoir méritée, et qu’elle s’avère extrêmement punitive.

Tout de même on apprend… quand il y a un enseignement à tirer de la situation. Voyager dans le noir est une très mauvaise idée, on ne voit déjà pas très bien de jour, alors quand il fait nuit et que la panique et les rencontres hostiles assombrissent encore l’écran, c’est assez désespérant. Donc dormir jusqu’au tout début du jour, immédiatement manger et boire à proximité, idéalement armer ses congénères dès qu’on le peut avant de partir, pour éviter de les retrouver éliminés à son retour. Ne pas hésiter à faire de nombreux repérages dans les alentours, afin de se souvenir de certaines zones précises. On évolue dans un open world, mais qui ne bouge pas malgré les millions d’années. Autant en profiter pour comprendre le monde et ses points d’intérêt. Toujours avoir un enfant avec soi, surtout au début, quand il est crucial de commencer à améliorer son arbre de compétences…

 

 

Quand on comprend comment survivre, on se sent vraiment récompensé par Ancestors, surtout quand cela nous a coûté des premières heures vite désagréables. On s’habitue très petit à petit aux défauts du jeu, sa répétitivité, ses graphismes peu en phase avec notre époque, ses injustices, pour apprécier enfin les petites choses qui en font malgré tout un titre abouti, extraordinairement immersif, et à contre-courant de toute une tradition vidéoludique. Ainsi conçoit-on vite qu’il ne s’agit pas de remplir des objectifs extérieurs au nauseam (allez là, livrer ci à untel, tuez telle bête, trouvez tel fruit, fois mille) mais seulement d’évoluer, de faire de son propre développement en tant qu’espèce un objectif en soi.

C’est que la démarche est passionnante dans sa ludification de données scientifiques, qui ne cherche même pas tant réellement la pédagogie qu’une sorte de louable exactitude, une pleine remédiation (au sens de transformation du contenu d’un média dans un autre) de vérités biologiques.

Au fond, on a tôt fait de se dire que le jeu aurait pu être extraordinaire pris en charge par un grand studio, qui aurait eu plus de moyens à investir dans son développement pour le polir. En l’état, il a l’ambition d’un grand jeu, devrait être complet et beau comme un grand jeu, mais ne l’est pas. Généralement, un jeu plus limité revendique un plus grand minimalisme pour ne pas afficher ses limites. Au contraire, Ancestors – The Humankind Odyssey ose les afficher. Il est facile de rêver à ce qu’un grand studio aurait pu faire, il n’empêche qu’aucun grand studio ne l’a fait, et qu’heureusement Panache était là, avec ce premier jeu absolument passionnant. À nous d’être là pour applaudir le travail, pour pointer du doigt (idéalement de façon constructive) ce qui peut ne pas aller, pour attendre et soutenir les suites déjà annoncées à mi-mot.

Et je ne voudrais pas conclure sans saluer la belle leçon d’humanisme que constitue le jeu. Enfin incarner une espèce au lieu d’un héros individuel et individualiste, se contraindre à penser à la transmission, à l’avenir ; et en tant que sapiens sapiens nous rappeler tout le chemin pour en arriver là dans un monde nous invitant plutôt au cynisme, cela fait du bien…

 

 

 

L'avis de Finghin
7 Le testeur
La communauté 0 (0 Votes)
Pour
  • Des graphismes et une ambiance musicale très immersifs
  • Un gameplay exigeant mais gratifiant
  • Une exploration et une curiosité du joueur récompensée
  • Ce sentiment de conquête et d'amélioration grisant
  • Contre
  • Une caméra capricieuse
  • Une maniabilité pas des plus aisées
  • En quelques mots...
    Un jeu vraiment qui nous permet vraiment de revenir aux fondements du jeu de survie, très gratifiant surtout au vu des difficultés qui sont proposées. Un grand oui de notre part !
    Graphisme
    Scénario
    Gameplay
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