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Galèrapagos – coopérez pour échapper à l’île… tant que c’est dans votre intérêt !

Galèrapagos Gigamic

Galèrapagos – coopérez pour échapper à l’île… tant que c’est dans votre intérêt !

 

Naufragés, vous devez échapper à l’île sur laquelle vous avez échoué avant qu’un dangereux ouragan ne réduise à néant toutes vos chances de survie. Vous pouvez heureusement compter sur les autres naufragés, mais une fois le radeau construit, qu’est-ce qui garantit que chacun ne pensera plus qu’à sa peau ?

Le thème du Galèrapagos de Laurence et Philippe Gamelin, illustré par Jonathan Aucomte (When I DreamKontour) et édité par Gigamic (SquadroCosmic FactoryMission CalaverasFlamme rouge), promet un genre que j’apprécie beaucoup, ce type particulier de semi-coopératif où l’on peut être parfait coopératif ou trahir soudain les autres pour garantir ses chances de succès (comme Cerbère ou l’excellent TerriStories). Galèrapagos a de surcroît l’avantage d’être jouable de 3 à 12 dans des parties de vingt minutes et disponible pour à peine 20 euros. A-t-on trouvé le parfait jeu d’ambiance pour perdre tous ses amis ?

 

Galèrapagos Gigamic

L’île déserte

Dès l’ouverture de la boîte, on est frappé de la joliesse matérielle de ce Galèrapagos : elle contient ainsi six boules de bois, une noire et cinq blanches, portant des symboles de poisson, et que l’on place dans un sac tressé. Puis les cartes Épave sont distribuées aux joueurs (quatre cartes à 3 à 8, trois de 9 à 12), le reste étant disposé dans un très joli porte-cartes tridimensionnel donnant l’impression que ces cartes sont des caisses sortant du ventre ouvert d’un navire échoué.

Les pions nourriture (en forme de poisson) et eau (en forme de goutte d’eau) sont placés sur la piste en fonction du nombre de joueurs, 5 nourriture et 6 eau à trois, jusqu’à 20 et 24 à 12.

Enfin, on mélange cinq des douze cartes météo avec la carte ouragan, pour placer cette pile sous le paquet météo, face cachée sur le plateau.

Le joueur « qui ressemble le plus à un naufragé » récupère la carte premier joueur et commence la partie.

 

Galèrapagos Gigamic

Se nourrir et fuir l’île

Au début d’un tour de jeu (sauf au début du premier tour), la carte premier joueur est passée au joueur suivant. Une étape à ne pas oublier tant ce titre est déterminant, comme on va le voir.

Une nouvelle journée commence, et avec elle une nouvelle météo : on tire une carte météo du paquet, face précipitations visible.

Puis chaque joueur va réaliser une action dans l’ordre des aiguilles d’une montre.

Première action possible, la pêche, pour laquelle on se contente de piocher l’une des boules du sac de toile pour gagner autant de poissons qu’on en compte sur la boule, entre un et trois. Remarquez que Galèrapagos étant jouable à trois minimum, il faut avoir beaucoup de chance pour atteindre l’auto-suffisance en une seule pioche, tandis qu’il peut s’avérer très risqué de réaliser deux pêches au détriment des autres actions…

La collecte de l’eau est tout aussi simple, puisqu’on en gagne en fonction de l’importance des précipitations. Si on peut en gagner trois les jours de pluie battante, les jours de grand soleil pas une seule goutte d’eau ne tombe. Contrairement au poisson, il faut donc envisager à chaque tour la possibilité qu’au suivant, peut-être même aux deux suivants, on ne puisse pas du tout collecter d’eau…

Galèrapagos Gigamic

Pour construire le radeau, il faut du bois que l’on récupère dans une forêt… infestée de serpents venimeux ! Si l’on se contente d’une planche de bois, tout va bien. Si l’on en souhaite davantage, on annonce à l’avance combien on vise, puis on pioche en une seule fois autant de boules du sac. Si toutes les boules sont blanches, on avance d’autant de cases, et une fois la case 6 atteinte, un radeau est construit. Si une seule boule est noire, le joueur n’avance pas et est empoisonné : il ne pourra plus jouer avant la fin du tour suivant, ni poser de cartes de sa main, ni voter, ni réaliser l’action du prochain tour ! Or on n’aime pas trop les bouches inutiles chez les naufragés…

La quatrième action est un luxe, puisqu’elle permet de piocher une carte de l’épave. Ces cartes peuvent s’avérer inutiles (un ticket de loto gagnant, une clé de voiture de luxe…), salutaires pour le groupe… ou pour soi ! Le baromètre permet par exemple de voir les deux prochaines cartes météo, la gourde permet de récolter deux fois plus d’eau à chaque tour, la canne à pêche est également permanente et permet de piocher deux boules au lieu d’une… Autant dire qu’avec des cartes pareilles, vous aurez l’ascendant sur tout le groupe ! Mais si l’on cumule un revolver et une cartouche, on peut abattre une bouche inutile ou un rival désagréable…

Comme dans City of Horror, l’un de mes jeux préférés, les cartes peuvent être données, échangées, négociées à tout moment de la partie. Si quelqu’un devait mourir de faim, on pourrait par exemple lui donner un sandwich en échange d’une faveur la prochaine fois que vous auriez besoin de lui, ou contre une carte bien plus intéressante. Les denrées sont précieuses, et vous pourriez le garder pour vous, il est donc normal de faire payer un aussi grand sacrifice ! Et comme dans City of Horror, rien ne vous oblige à tenir vos promesses, mais un comportement trop égoïste ou abusif peut vous faire très mal voir…

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Galèrapagos Gigamic

Or c’est justement à la fin du tour que l’on abreuve puis nourrit les naufragés en réduisant les portions d’eau puis de poissons. S’il n’y en a pas assez pour tout le monde, malgré les éventuelles cartes des joueurs, le premier joueur compte jusqu’à trois et tout le monde désigne un naufragé, qui sera sacrifié. On poursuit les votes jusqu’à ce que tous aient pu boire et manger… C’est aussi le moment des pires tractations : on peut encore donner à un joueur « sacrifié » une carte tout juste « découverte » dans sa main. Faut-il préciser qu’à ce stade le joueur acceptera n’importe quoi pour rester dans le jeu ? Et si c’est vous qui êtes sacrifié, vous pouvez jouer une carte de votre main pour vous sauver, auquel cas on ne pourra plus voter contre vous ce tour-ci pour cette même ressource. Un bon moyen d’économiser ses cartes pour ne les utiliser qu’en dernier recours, et d’apprendre qui veut voter contre vous, toujours au risque que cela vous rendre impopulaire…

À la fin de n’importe quel tour, les joueurs peuvent décider de quitter l’île. Pour cela, il faut qu’ils aient chacun consommé une portion d’eau et de nourriture ce tour-ci, qu’ils aient une portion de chaque en réserve par joueur, et un radeau pour chacun. Sinon ils continuent de jouer jusqu’à l’hécatombe ou l’ouragan ! Une fois la carte météo ouragan retournée (on sait seulement qu’elle est dans les six dernières, sans connaître son emplacement exact), il sera impératif de quitter l’île à la fin du tour, sinon la partie est perdue. Les conditions sont les mêmes que pour quitter l’île de son plein gré, à cette différence près qu’on peut désormais voter pour sacrifier les bouches inutiles et ainsi réduire la quantité de portions supplémentaires. Les cannes à pêche et autres gourdes ne vous avantageront plus, c’est le moment de sortir le pistolet pour vous assurer de ne pas être laissé sur l’île…

Galèrapagos Gigamic

Quelques variantes

Le livret de règles propose quelques variantes, notamment de jouer en tournoi, donc en enchaînant les parties. En tournoi solidaire, les vainqueurs marquent autant de points que de joueurs rescapés. En tournoi solitaire, les vainqueurs marquent autant de points qu’il y a de joueurs – 1 par autre rescapé !

L’autre variante, « la voix des morts », consiste à autoriser le vote des joueurs décédés, une manière de les garder dans la partie qui est tout à fait amusante tant les votes sont fréquents et décisifs, et qui a même un impact sur la stratégie des joueurs, puisqu’il faut désormais faire attention à ne pas se rendre impopulaire auprès d’un joueur sacrifié !

Le site galerapagos.com propose enfin 15 variantes supplémentaires. Par exemple, « survivre avec Wilson » permet de jouer à deux avec un troisième joueur fictif (Wilson), que l’on contrôle à tour de rôle. On ne peut naturellement échanger de cartes avec lui, et ce sera aux naufragés de décider s’ils seront impitoyables au point de sacrifier le ballon, ou s’ils feront tout pour quitter l’île avec lui (quitte à sacrifier l’autre joueur d’ailleurs). #WilsonTeam

« Qu’emporteriez-vous sur une île déserte ? » comporte une phase de draft des cartes épave en début de partie. « Ouragan fatal » tue instantanément tous les joueurs quand l’ouragan est révélé, de sorte qu’à partir du sixième tour ils peuvent envisager de quitter l’île en réalisant d’éventuels sacrifices. Horrible, puisque le sacrifice paraît ainsi bien moins justifié qu’avec les règles normales ! « Mon p’tit coin de radeau rien qu’à moi » implique qu’un joueur achevant la construction d’un radeau le garde, et peut donc éventuellement les cumuler, avec la possibilité de les offrir, de les échanger, ou non. D’autant plus plaisant qu’on prendra beaucoup plus de risques dans la forêt pour ne pas laisser les autres profiter de notre avancée à leur tour…

Une autre variante permet de jouer seul une autre d’élire le chef, bref vous aurez largement de quoi faire, et la plupart sont vraiment plaisantes !

Galèrapagos, jeu d’amitié et d’enfoirés

Ce qu’il y a de délicieux avec Galèrapagos, c’est qu’il invite à la coopération permanente et à la prise de décisions solidaire avec la peur permanente d’y passer, et donc le réveil des instincts égoïstes. Pour un party-game aussi court et simple, on se surprend à se sentir vraiment comme un naufragé, épiant du coin de l’œil ses amis-rivaux en espérant qu’ils feront le petit pas qui les rendra plus sacrifiables que soi, observant avec la plus grande crainte les mouvements de la piste de ressources, priant pour que chaque caisse récupérée contienne un sandwich plutôt qu’un ticket de loto gagnant, espérant sans trop y croire que tout le monde s’en sortira… La qualité d’édition du jeu, l’humour déployé dans des cartes épave variées (on peut même y trouver le jeu qui ne sert à rien génial Quoridor du même éditeur) , ajoutent à ces sensations originales et stimulantes pour faire de Galèrapagos l’un de mes coups de cœur dans le genre du party-game. Vivement l’extension !

 

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