Accueil Lifestyle Culture Geek Patchwork Express : le chef-d’oeuvre de Rosenberg en dix minutes ?

Patchwork Express : le chef-d’oeuvre de Rosenberg en dix minutes ?

Patchwork Express : le chef-d’oeuvre de Rosenberg en dix minutes ?

 

Vous l’aurez compris au titre de ce court article, j’adore Patchwork, accomplissement du « petit » jeu à l’allemande au même titre qu’Isle of Skye. J’avais donc été enthousiasmé et curieux d’apprendre que son auteur, Uwe Rosenberg (Caverna, Agricola), en avait conçu deux variations, Patchwork Doodle que j’ai sincèrement hâte d’essayer, et Patchwork Express, toujours illustré par Klemens Franz (BärenparkGingerbread House), dont il sera question aujourd’hui. Comme un article assez complet avait déjà été consacré à Patchwork, on reviendra assez peu sur les qualités du  jeu original pour se concentrer sur les nouveautés de cette version, n’hésitez donc pas à aller jeter un oeil au test précédent (et à vous laisser séduire par ce bijou du jeu à 2 !). Disponible pour 17 euros 90, Patchwork Express s’adresse évidemment toujours à deux joueurs, cette fois à partir de six ans et pour des parties de dix minutes – c’est du moins ce que dit la boîte. Alors, ce Patchwork Express représente-t-il une intéressante alternative à Patchwork ?

 

Patchwork Express

La même chose en plus petit ?

Qui dit « express » dit naturellement pièces moins nombreuses et moins grandes. De fait, chaque joueur dispose pour son patchwork d’un plateau individuel de 49 cases au lieu de 81, d’un plateau central d’une trentaine de cases au lieu d’une cinquantaine, de 23 pièces de tissu au lieu de 33, de 31 tuiles Bouton (la monnaie du jeu) au lieu de 50.

Cela a donc d’abord un impact sur la mise en place du jeu, le temps d’installation des pièces de tissu en cercle autour du plateau central étant fatalement un peu plus courte que lorsqu’elles étaient plus nombreuses dans la version de base.

Cela a ensuite un impact sur la durée de la partie. Pour rappel, celle-ci s’achève quand les pions des deux joueurs ont atteint la dernière case du plateau central. Or leur progression dépend de deux facteurs, le coût en temps propre à chaque pièce de tissu (qui font avancer d’autant de cases), ou le désir de gagner des boutons en plaçant son pion juste devant celui de son adversaire, et en en récupérant donc autant que de cases ainsi parcourues – au détriment de la constitution de son patchwork et de son tour de jeu, puisque comme dans Tokaido, c’est toujours le joueur le plus en arrière qui joue, et cela tant qu’il reste derrière.

La conclusion arrive donc bien plus vite, ce qui a été adouci par la décision de Rosenberg de diminuer le coût des pièces de tissu : dans Patchwork Express, aucune ne coûte désormais plus de quatre unités de temps, alors que les pièces en coûtant 6 étaient légion dans Patchwork. Autrement dit, on réduit la taille du plateau pour des parties plus courtes, et on réduit le prix des pièces pour des parties plus longues. Cela pourrait sembler paradoxal si Patchwork Express se voulait vraiment « express ».

 

 

Les parties sont bien sensiblement plus courtes, mais pas de façon aussi spectaculaire qu’escompté, on ne passe pas réellement de 30 minutes à 10. « Express » est plutôt une manière ouverte de dire « kids », et toutes les décisions créatives font sens de ce point de vue, à commencer par la réduction du prix en temps et en boutons de toutes les pièces : l’objectif est que les joueurs manient des valeurs moins grandes, plus aisées à calculer immédiatement. Cela se répercute également à la fin de la partie, où l’on perd toujours deux points par case vide sur notre patchwork et où l’on en gagne toujours un par bouton restant : avec un plateau presque deux fois moins grand et une quantité de boutons réduite, un enfant n’aura pas trop de peine à calculer son score.

Assez naturellement, Rosenberg a fait le choix de renoncer au bonus pour le premier joueur parvenant à constituer un carré sans trou de 7 par 7 (sur un plateau de 9 par 9), ce qui permet aux joueurs de se focaliser sur la seule complétion de leur patchwork, mais il ajoute une règle dans Patchwork Express qui ne manquera pas d’étonner, puisqu’elle ajoute un peu de complexité et de temps à la mise en place. La boîte comporte cette fois 8 pièces de tissu bleues, qu’il faut mettre de côté en début de partie, et ajouter aux autres tuiles quand il n’en reste que cinq.

Je ne suis personnellement pas convaincu par cette addition, parce qu’elle impose de songer à quelque chose de plus sans que rien sur aucun plateau ne nous rappelle de le faire. Pour un jeu aussi merveilleusement intuitif que Patchwork, on aurait pu s’attendre à ce qu’une nouvelle règle de ce genre soit mentionnée au moins par un petit dessin quelque part sur les pièces que l’on a constamment sous les yeux, au lieu de perturber la simplicité de la partie par la constante pensée qu’il va bientôt falloir rajouter des tuiles.

Mais bien sûr l’idée se justifie en soi très bien : avec moins de tuiles de tissu autour du plateau, le cercle qu’elles constituent est plus concentré, plus aisé à embrasser du regard. Par ailleurs, les pièces bleues ont des formes plus simples encore, et sont parfaitement adaptées à la complétion finale des trous restants dans le patchwork, de même que le nombre paradoxalement plus grand de pièces de cuir augmente les occasions de les obtenir et facilite également la complétion. Enfin, la partie gagne soudain en imprévisibilité, puisque rien ne permet aux joueurs d’anticiper l’ordre dans lequel les pièces vont être posées. Et comme on ne peut jamais s’emparer que de l’une des trois pièces situées devant le pion neutre, Rosenberg imagine ainsi une amusante manière de bouleverser quelque peu les stratégies es joueurs, un peu trop faciles à ce stade de la partie.

 

Patchwork Express, aussi culte que son aîné ?

Patchwork n’avait pas réellement besoin d’une version plus rapide, et comme on l’a dit, la différence de longueur avec les parties de Patchwork Express n’est pas si notable. Cependant, Patchwork Express est surtout une version simplifiée de Patchwork, s’adressant aux enfants qui pourront même jouer seuls à partir de 6 ans, grâce au design mignon assez séduisant, à la réduction de la taille et du nombre des pièces, et donc à l’appréhension tactique et aux calculs simplifiés. Je ne suis pas certain qu’il s’avère indispensable quand on possède déjà Patchwork, par contre, quand on souhaite pratiquer le chef-d’oeuvre de Rosenberg avec des enfants voire l’offrir à des enfants, ou simplement à un public non joueur qui pourrait être sensible à la joliesse de ses couleurs et dessins, la question peut se poser tout à fait légitimement. D’autant que pour moins de 20 euros, il fait un cadeau accessible et louable !

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