Désenchantée ou Disenchantment, la série à ne manquer sous aucun prétexte
Il y a quelques temps, Vonguru a décidé de lancer une nouvelle série d’articles, avec pour thème les séries d’animation pour adultes. Nous vous parlons aujourd’hui en guise de sixième article de la série Désenchantée ou Disenchantment en anglais, dont le papa n’est autre que le célèbre et génialissime Matt Groening, et qui se dote de la note de 7,4/10 sur IMDb. Avant de commencer notre analyse, retrouvez nos cinq précédents articles sur ces séries d’animation pour adultes avec Archer, Rick and Morty, South Park, The Simpsons et Bob’s Burger.
Cette série s’est dévoilée aux yeux du grand public pour la première fois le 17 août de cette année sur Netflix. À l’origine de cette série, Matt Groening, qu’on ne présente plus tant son talent est immense. La série ne compte pour le moment qu’une saison de 10 épisodes, d’une trentaine de minutes chacun.
Désenchantée : synopsis et forces de la série
Bean est jeune princesse mal dans sa peau et alcoolique. Elle vit dans un royaume fantastique du nom de Dreamland. Elle est forcée par son père, le roi Zög, à se marier à Guysberg, un prince d’un autre royaume, dans le but de créer une alliance entre les deux royaumes. Juste avant la cérémonie, Bean trouve un paquet contenant son démon personnel, Luci, qui l’incite à boire, mais surtout à faire ressortir toutes ses pires facettes. Elle se présente ainsi soûle à la cérémonie, causant un accident fatal pour le prince.
Entre-temps chez les elfes, l’un d’entre eux, Elfo, refuse de vivre dans le bonheur constant en chantant des chansons et en mangeant des bonbons. Il décide de quitter son village pour connaître la misère du monde. Pendant son périple, il se fraie avec entrain un chemin dans une bataille entre des nains et des ogres. Une fois cette bataille terminée, il se rend sans le savoir à la cérémonie du mariage de Bean. C’est ainsi que commencent les aventures de nos trois compères, pour notre plus grand bonheur. Nous ne rentrerons pas davantage dans le résumé, afin de ne pas vous gâcher l’expérience et de vous permettre de l’apprécier à sa juste valeur, si des fois vous n’avez pas encore terminé la série.
Mais alors, pourquoi faut-il regarder cette série à tout prix ? Nous développerons ensuite les personnages, mais côté réalisation, nous sommes très bien servis ! C’est une série très classy, les dessins sont très beaux, la BO pas mal du tout (l’opening est même devenu ma nouvelle sonnerie !). Les personnages sont rafraîchissants et les histoires aussi drôles les unes que les autres. La seconde saison a d’ailleurs déjà été signée et devrait paraître au cours de l’été 2019. Ces informations sont cependant à prendre avec des pincettes.
Personnages principaux et psychologie
Commençons par le personnage principal, Princesse Tiabeanie, aussi appelée « Bean ». Il s’agit de la princesse de Dreamland, cheveux blancs et dents de devant très longues, mais aussi fille du roi Zög et de la reine Dagmar qui a tragiquement disparu quand elle était petite. Elle aime s’amuser, sortir, boire à outrance et a même des tendances à l’exhibitionnisme. Oui, l’alcool désinhibe. Détestant sa vie ennuyeuse au château de son père et refusant de se marier pour des raisons d’alliances entre royaumes, elle désire vivre de grandes aventures. Bean est anti-conformiste ! Son vœu s’exauce dès lors qu’elle fait la rencontre de Luci, son démon personnel qu’elle tient pour un ami et qui la pousse sans cesse au vice, et d’Elfo, un petit elfe qu’elle apprécie énormément. Les relations entre Bean et son père, le roi Zög, sont ambiguës. Bien qu’ils s’insupportent les trois quarts du temps, les deux personnages s’apprécient finalement et on se rend vite compte qu’il y a surtout de gros malentendus entre eux. Elle se montre souvent gentille avec les autres, malgré son fort caractère et sa maladresse naturelle.
Luci maintenant, qui n’est autre que le démon personnel envoyé par de mystérieux conspirateurs de l’ombre, dont Luci ne semble pas du tout connaître plans. Mais ce petit démon (que tout le monde prend pour un chaton « moche mais sexy ?! ») qui a été offert mystérieusement à Bean ne se cache pas d’une chose : il est là pour la pousser au vice, et au diable la morale ! Luci est donc un compagnon qui mène à bon nombre d’ennuis, faisant boire Bean plus que de raison, et menant l’équipe dans des situations incongrues et dangereuses. Malgré cela, il se montre également et souvent d’une grande aide. Grand buveur d’alcool, il semble aussi apprécier les drogues douces (et pas très douces). S’il semble apprécier Bean dès le début, il se montre parfois plus cruel avec Elfo bien qu’il l’apprécie sans jamais l’avouer (un peu jaloux, notre Luci ?). Au final, malgré tous ses mauvais penchants et sa tendance à sortir des piques cyniques à tout bout de champ, Luci est un fidèle compagnon, toujours prêt à rigoler (et à vous faire rigoler !) et à donner un coup de main, que ce soit pour aider ou pour monter un sale coup.
Elfo pour finir, qui au départ était un elfe vivant avec ses compatriotes dans un royaume parallèle, Elfo ne s’était jusqu’alors jamais senti à sa place. Désirant quitter son monde trop parfait pour avoir un aperçu de la tristesse et du malheur et pour chercher un sens à son existence, il s’exclut de lui-même du pays des Elfes et commence à explorer le monde extérieur. C’est lui qui, arrivant de manière impromptue au mariage de Bean avec Merkimer, permet à cette dernière de s’échapper de cette situation, tant tous les invités voulaient le capturer. Pour cela, Elfo est très apprécié par Bean, qui le tient pour son meilleur ami, voire plus… ? Enjoué, naturellement gentil, naïf mais parfois vif d’esprit et prêt à la bagarre quand ses amis sont mal en point, Elfo entretient une relation ambiguë avec Bean, n’osant révéler ses sentiments pour elle. Avec Luci, Elfo peut avoir des mots, voire se battre, mais il l’apprécie grandement et c’est réciproque. Si Elfo peut rester au château de Dreamland, c’est grâce à son sang : il aurait des vertus magiques qui pourraient permettre au roi Zög de devenir immortel. C’est un personnage, là aussi, très attachant et très drôle.
Avis de Moyocoyani : à peine une bonne introduction au monde des séries d’animation pour-adultes-mais-pas-trop-quand-même
Avec Désenchantée, Matt Groening propose quelque chose d’étonnamment premier degré dans le second degré. Alors qu’on pouvait en attendre la finesse et la causticité qui en auraient fait l’héritière spirituelle la plus contemporaine des Simpson et de Futurama, comme une réponse de leur génial créateur au succès de Rick and Morty et au regain récent d’intérêt pour les séries d’animation résolument pas pour les enfants (Bojack Horseman, Archer, voire Big Mouth, Paradise Police, F is for Family…), on se retrouve finalement face à quelque chose de de singulièrement plan-plan (dans les personnages, les scénarios, le second degré, la mise en scène), à l’humour presque désuet, puisqu’à l’époque des couches et des surcouches d’humour, de satire et d’auto-parodie, Désenchantée se contente essentiellement de détourner les codes de l’heroic fantasy, avec un ton presque bien-pensant quand on est habitués (et de la part de Groening lui-même) à tellement pire.
Bien sûr, l’écart entre les attentes et la réalité n’est pas une faute que l’on peut imputer à la série, mais au seul spectateur qui en attendait à tort autre chose. Désenchantée m’apparaît alors comme une très correcte introduction à la « série d’animation pour « adultes » » pour les générations que la jeunesse aurait empêché de se familiariser avec les South Park, Simpson, Rick and Morty et autres Futurama, ou qui n’oseraient pas encore franchir le pas de séries aux saisons interminables et/ou à la vulgarité connue et/ou dont le degré de référentialité/d’autoréférentialité pourrait sembler insurmontable. À ceux-là, Désenchantée offrira la quantité désirée d’intrigues innocemment mauvais enfant, et d’humour noir tout à fait charmant.
Avis de Reanoo : une série sympathique, mais sans plus
Disenchantment m’a fait l’effet de Stranger Things : une série (animée ou non) correcte, mais dont on survend les mérites. J’aimais beaucoup jusque-là les productions de Matt Groening, mais les premières campagnes publicitaires pour cette nouvelle série d’animation m’avaient fait craindre le pire, à juste titre. Entendons-nous bien. La série se regarde facilement, et elle est divertissante. Mais elle n’est clairement pas aussi révolutionnaire qu’annoncé, et le surplus de communication autour de la série avant même sa diffusion en était un indice selon moi. Ici, tout a tourné autour du nom de son créateur, comme si cela était un gage de garantie absolu.
La chose que je retiens le plus de cette série concerne sans nul doute les choix graphiques. La majeure partie de la série repose sur du 2D à la Simpson, avec un style reconnaissable, mais j’apprécie les tentatives d’intégrer par moment un fond en 3D, donnant un dynamisme et un charme particuliers. Ce contraste, bien que relativement peu exploité puisque consistant principalement en des scènes éloignées de paysages en guise de transition, à l’exception d’une ou deux scènes intégrant cette 3D à l’action, est davantage renforcé par le personnage de Luci, point fort de la série selon moi, dont le dessin en un unique aplat noir tire sur le minimalisme (voire le cubisme, me faisant penser de façon irrationnelle au tableau Guernica de Picasso) sans pour autant y perdre en communicativité. Le personnage est très expressif et attachant, plus sans doute que les autres puisque sa nature même de démon se voit affectée par certains de ses choix.
Car sur le plan du scénario ou de la psychologie des personnages, je trouve l’ensemble relativement faible ou du moins attendu. À trop chercher quelque chose qui serait politiquement incorrect, on se retrouve avec des schémas somme toute assez prévisibles. La démarche me semble ici inaboutie, et je le regrette, même si cela ne m’empêchera pas, je le reconnais, d’attendre la saison 2 avec une once d’impatience, pour voir dans quelle mesure cette démarche et l’histoire elle-même évoluent.
Conclusion de Macky
Matt Groening ne m’a jamais déçue. J’attendais donc cette série avec impatience et j’ai apprécié chaque seconde de cette série, bien que j’aie tout tenté pour ne pas la rusher, à raison d’un épisode par soir. Personnages attachants, drôles et originaux, scénarios et aventures plus que sympas, sans oublier une réalisation au poil, je ne peux que vous conseiller de vous laisser porter par Disenchantment, en VO si possible.
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