Test spectateur de The Walking Dead (le jeu)

 

Le retour de la mythique série The Walking Dead avec sa saison 6 sur nos écrans est l’occasion de se replonger dans l’univers des zombies, par un (re)visionnage méthodique des précédentes saisons, ou par la découverte des autres éléments complétant cet univers, tel que le spinoff Fear The Walking Dead. À cette occasion, il est de tout aussi bon ton de s’intéresser aux jeux vidéo associés, et notamment à la licence The Walking Dead, proposée par Telltale Games, qui aime à s’inspirer des séries ou jeux existants pour en proposer de nouvelles versions vidéo-ludiques. À l’image de Metal Gear Solid V, je n’ai pas pu y jouer moi-même, mais je me suis contentée d’être une spectatrice et backseat gamer sans faille. C’est pourquoi je vous propose une nouvelle critique en mode spectateur du jeu Telltale games – The Walking Dead Saison 1 sur Xbox One.

 

[divider]The Walker Texas Ranger ?[/divider]

 

Reprenons par le commencement. Le premier épisode de la saison 1 du jeu The Walking Dead, développée par Telltale Games que l’on connaît aussi pour ses jeux inspirés de Game of Thrones ou de Borderlands, est sorti en avril 2012. Je parle en effet de saisons et d’épisodes, car à l’instar de la série télévisée, le jeu se décompose en saisons (3, à l’heure actuelle). Avec à son actif cinq épisodes, chacun à la sortie différée, ce jeu en point and click vous propose de suivre les péripéties de Lee et Clementine dans un monde ravagé par les zombies. Si le choix de gameplay peut laisser craindre une certaine lenteur du jeu lors des premières minutes (surtout lorsque l’on constate une certaine maladresse du personnage principal), cela est vite contrebalancé par des séquences d’actions plus conséquentes, et vos réflexions seront à de nombreux moments mis à l’épreuve. Si le joueur cherche, interagit et clique longuement à droite et à gauche afin de faire avancer l’histoire et le jeu, il faut pourtant reconnaître que les nombreuses cinématiques (toutes très intéressantes et esthétiques, au demeurant) viennent parfois ralentir la progression globale, de façon bien paradoxale, puisque ce sont les cinématiques qui permettent de faire avancer la narration suite à vos choix. Mais nous y reviendrons.

 

 

Comme vous pouvez le constater, le jeu s’illustre tout d’abord par un choix graphique typique de la série Telltale games : le cel shading. Cela peut paraître bizarre ou malvenu au premier abord, mais ce choix esthétique montre ses atouts au fil du jeu : on se retrouve ainsi par moments face à des paysages splendides, les zombies n’en sont pas moins convaincants, et le rendu de la 3D et de l’animation n’est pas en reste. Ce graphisme permet par ailleurs de donner un soupçon de légèreté au jeu, que l’histoire vient aussitôt nuancer voire détruire. La fresque, tant picturale que scénaristique, mais nous y reviendrons, est très soignée, et fait souvent penser à des images cinématographiques.

Le point principal à retenir est qu’il s’agit d’une histoire à choix multiples : elle évolue au fil des décisions du joueur, décisions qui peuvent retourner du tout au tout le cours du jeu. Bien sûr, certains éléments sont fixes, peu importe la décision prise. Les relations aux autres personnages évoluent notamment par le biais de ces décisions, relations qui vont avoir à leur tour un rôle à jouer sur l’intrigue de l’histoire. C’est ce que vous indiquera l’IA (si tant est que vous ayez choisi d’afficher les conseils de l’IA) lors de certaines décisions. Choix au début du jeu d’affichage de l’IA ou non : cela affiche simplement les conséquences (de façon vague) d’un choix, mais n’influence pas le choix en lui-même. Il s’agit donc de suivre son instinct, mais surtout de penser stratégie.

Le jeu laisse beaucoup de liberté au joueur : si la progression du joueur dans l’histoire est quelque peu guidée, la route ne lui est pas complètement indiquée. Au joueur de trouver comment résoudre les énigmes qui permettront de passer les principaux objectifs que vous fixe le jeu pour chaque épisode. Le joueur n’est cependant pas complètement laissé à lui-même, puisque certains éléments de résolution sont régulièrement suggérés par les autres personnages. Il est appréciable de noter que cette aide ne prend pas une place majeure, par le biais de l’IA qui vous dirait de faire telle ou telle chose, par exemple, et que le joueur n’est pas simplement tenu par la main de bout en bout : cela retirerait le peu d’intérêt que revêtirait le jeu en tant que jeu-vidéo et pas comme simple série animée. Seules les grandes lignes sont données, donc, et à vous de comprendre les indices (parfois fort peu subtils, il faut le reconnaître).

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« Old MacDonald had a farm… »

 

Comprendre, voilà quelque chose qui ne sera pas forcément aisé si vous ne vous en référez qu’aux sous-titrages. En effet, le jeu est en anglais, et tous les dialogues sont donc sous-titrés en fraçais pour ceux que l’anglais rebuterait. Cela se révèle être LA plus grande faiblesse du jeu puisque la traduction est par moment un massacre digne de Google Trad (peut-être que les deux se sont-ils rencontrés au détour d’un bar…). De la traduction littérale qui n’a aucun sens dans le contexte donné, aux fautes de français des plus désespérantes, la faiblesse de ce travail-là interroge sur l’importance qui lui a été accordé, surtout quand on voit le travail effectué sur l’histoire elle-même.

Les personnages sont en effet relativement bien travaillés (bien que certains traits soient parfois poussés à l’extrême, ce qui peut sembler rédhibitoire au début, mais qui prend tout son charme par la suite) et l’on s’attache tout aussi rapidement à certains protagonistes que l’on apprend à en détester d’autres. Autant vous prévenir, il n’est pas forcément bon de s’attacher aux personnages puisque leur présence dans le reste du jeu n’est jamais garanti.

Cela reste en effet The Walking Dead le jeu. Pas de licornes en vue ni de petits chatons : c’est la fin du monde, et le jeu se montre parfois dur, cru et injuste. La menace est réelle, qu’il s’agisse des zombies ou non, et l’histoire est digne de celle de la série mondialement connue du même nom.

 

« I’m sexy and I know it »

 

Il est cependant à noter que l’histoire du jeu ne suit pas celle de la série télévisée. Peu de chances donc de vous faire spoiler, bien que certains éléments soient communs : ceux-ci sont parfois révélés à des moments différents et donc parfois mal opportuns (que le visionnage de la série spoil le jeu ou que le jeu spoil certains éléments de la série – le jeu étant cependant plus difficilement spoilable par la série que la série par le jeu pour les raisons de modularité évoquées précédement). Des références à la série apparaissent donc à mainte reprises au cours du jeu, à l’image de certains personnages (comme Glenn, immédiatement reconnaissable).

A l’image d’une série, on peut souligner le soin apporté à l’intrigue et à la mise en scène : en effet, peu importe la direction que vous donnez à votre partie, certains outils scénaristiques et artistiques sont utilisés pour toujours plus vous surprendre. Qu’il s’agisse de quelques jumpscare (utilisés avec partimonie) ou de gros retournements de situation, tout est fait pour vous garder sur les talons.

Pourtant, la gravité n’est pas l’unique composante de ce jeu, qui n’est pas dénué d’un certain aspect comique (sans doute bien involontaire parfois), notamment par le biais des interactions entre les personnages (lorsque ceux-ci ne sont plus censés interagir avant la prochaine étape) ou par le biais de quelques bugs au demeurant sympathiques et relativement limités (du moins pour la version française du jeu sur Xbox One, et je pense notamment aux discussions partagées par Doug et Lee sur le perron du magasin, moments pour lesquels je ne suis malheureusement pas parvenue à trouver d’illustrations, je le crains).

Enfin, notons les deux derniers atouts que le jeu a à offrir. Tout d’abord, il est proposé à chaque fin d’épisode une sorte de sondage pour donner au joueur une idée du pourcentage de joueurs ayant fait tel ou tel choix majeur, permettant ainsi de vous citer parmi les autres. Ensuite, le jeu, qui peut paraître bien court avec ces 6 épisodes ne proposant chacun guère plus d’une heure à tout casser, est en réalité bien plus riche puisqu’il peut être rejouer à de nombreuses reprises en étant à chaque fois différent, grâce au système des choix multiples qui permet d’offrir à chaque fois une nouvelle histoire.