Le post-apocalyptique : les grandes figures du genre
Le genre n’est pas nouveau et pourtant, nous le retrouvons de plus en plus de nos jours. Le post-apocalyptiqueest aujourd’hui l’un des sujets les plus plébiscités par le public, qu’il s’agisse d’œuvres littéraires, cinématographiques ou encore vidéoludiques. Les exemples sont donc nombreux, tant et si bien qu’il serait impossible de les citer tous, et pourtant, si le genre du post-apocalyptique rencontre aujourd’hui un si net succès, c’est sans doute parce qu’il répond à des questions, des attentes et à un réel intérêt de la part des spectateurs.
Tour à tour violent, humaniste, politique, horrifique ou parfois encore philosophique, le genre post-apocalyptique (appelé aussi communément post-apo) brouille les frontières de nos valeurs pour nous proposer des intrigues complexes et pour le moins originales, sur la base d’une refonte totale (ou presque) du monde tel qu’on le connaît. Films, livres, séries, et jeux vidéo possèdent donc chacun leurs opus de référence en matière de post-apocalyptique et c’est tout naturellement que Cleek se tourne une nouvelle fois vers ce genre si particulier. Après avoir traversé hier les terres arides de Mad Max : Fury Road, nous vous présentons aujourd’hui les personnalités symboliques de l’univers post-apo, et plus particulièrement au travers des personnages proposés dans de nombreuses œuvres du genre, et plus particulièrement dans la série The Walking Dead.
[divider]La survie comme trame scénaristique[/divider]
Quand on parle de post-apocalyptique, c’est en général vers des scénarii orientés autour d’une épidémie, ou encore de zombies auxquels nous pensons en premier lieu. Les références du genre ne manquent pas, et World War Z, Je suis une Légende, 28 jours plus tard, 28 semaines plus tard, ou encore The Walking Dead sont autant de noms d’œuvres incontournables de l’univers post-apocalyptique. Si en regardant ces longs-métrages, nous nous attendons souvent à beaucoup d’action, le genre du film de zombies s’est diversifié avec le temps, jusqu’à devenir parfois même un peu plus « lent » récemment. L’action est toujours présente, bien que distillée avec plus de parcimonie, et l’on se tourne davantage aujourd’hui vers un réel intérêt quant aux protagonistes qui habitent le récit, tout cela dans le but de répondre à la sempiternelle question : « Et moi, qu’est-ce que j’aurais fait ? ». Et puisqu’il s’agit ici de survie, notre regard se porte non pas sur le personnage en lui-même, mais sur l’archétype qu’il représente de par son évolution tout au long de l’œuvre. Retour donc sur les grandes figures récurrentes du genre, comme particules de cet élément majeur de narration qu’est la survie.
[divider]Le héros[/divider]
Il s’agit de Rick Grimes (The Walking Dead), Alice Abernathy (Resident Evil), Gerry Lane (World War Z), Jim (28 jours plus tard), de vous, de moi. Le héros du film est ce personnage qui découvre (souvent de manière soudaine) le nouvel univers auquel il est confronté (suite à un coma, ou à un cataclysme de son quotidien actuel). Vous vous en doutez, l’entrée en matière est loin d’être glorieuse, car face à tant de bouleversements (sans compter les éventuelles angoisses du deuil), notre héros tente d’abord de survivre tant bien que mal.
Il s’agit de la situation initiale dont nous parlions dans le premier volet de cette série d’article. Si notre personnage principal n’est alors pas en mesure de nous éblouir par ses exploits, ses découvertes, aussi surprenantes qu’utiles, servent alors à prendre connaissance des codes et des nouvelles règles qui régissent cet univers. Certaines sont à présent bien connues, et en cas d’attaque de zombies, vous savez désormais, pour la plupart d’entre vous, que le bruit vous mettra en danger, et qu’une balle de pistolet est toujours plus utile dans la tête d’un zombie que partout ailleurs. Cette situation initiale met donc en jeu ce nouveau héros, comme archétype de la personne lambda et des ses premières réactions face à l’élément perturbateur. Désœuvré mais de bonne volonté, nous suivons donc l’évolution de ce personnage, sa capacité d’adaptation dans ce nouveau monde, jusqu’à ce qu’il devienne cette figure du héros intrépide, de l’anti-héros, ou bien encore du leader charismatique de la bande.
[divider]Le bon gars[/divider]
Ce personnage est en général une des premières personnes que rencontre notre héros. Cet « autre » survivant, qui survient en général comme une solution à une situation de danger, se présente souvent comme étant profondément altruiste, prêt à risquer sa propre vie pour sauver le personnage principal. L’exemple le plus évident de ce type de personnage serait bien sûr Glenn, personnage secondaire (dans le sens où il n’est pas LE héros) mais ô combien apprécié de The Walking Dead. Avec le bon gars, il n’y aura pas d’altercations, et s’il y en a, elles seront toujours justes, ayant pour but d’avertir, d’alerter ou de conseiller notre protagoniste principal. Si l’évolution de ce personnage reste assez linéaire, il reste cependant à noter que certaines personnalités, à première vue assez fermées, se révèlent être avec le temps des « bons gars » : nous pourrions alors évoquer le parcours de Daryl, figure symbolique de The Walking Dead, à la fois loyale et solitaire. Souvent très humaniste, ce personnage prend parfois vie sous la forme d’un protagoniste âgé, dont l’expérience et les enseignements de vie apportent à nos survivants quelques précieux conseils qui, à défaut d’être pratiques dans un cadre de la survie, leur permettent de ne pas oublier les valeurs propres à cet ancien univers qui était le leur. Le bon gars réunit donc une palette de nuances mettant en scène des valeurs telles que le courage, l’intégrité, et l’altruisme dans une personnalité toutefois assez fragile, proche de l’idéal vers lequel on pourrait tendre dans ce genre d’univers.
[divider]Celui qui a mal tourné[/divider]
Pour le coup, les exemples ne manquent pas, puisqu’il s’agit de chaque protagoniste qui pourrait vouloir nuire à nos valeureux héros. Qu’il s’agisse de vandales, de rivaux, ou parfois même d’un personnage interne au groupe de survivant, cet archétype de personnage évoque la psychologie d’un protagoniste souvent bon au commencement. Néanmoins, que ce soit par la peur, la corruption, ou la folie, ce même personnage fera, tout au long de l’œuvre des choix opportunistes, visant le plus souvent à survivre, quoiqu’il en coûte. Avoir un peu de sang sur les mains devient alors un sacrifice secondaire, tant que la survie reste de mise. Notez cependant que ce personnage, bien qu’étant souvent un élément récurrent de la narration, meurt souvent assez vite. L’archétype de ce personnage (Merle ou Shane dans The Walking Dead, toujours) nous présente donc l’exemple égocentrique à ne pas suivre, opposé à la solidarité d’un groupe comme facteur capital de réussite. « Celui qui a mal tourné » n’en reste pas moins un personnage profondément humain, qu’il est parfois difficile de condamner. Serions-nous braves dans de pareils cas, ou laisserions-nous notre jugement s’altérer par le doute et la peur ?
[divider]La figure du couple et la parentalité[/divider]
Si nos survivants sont parfois confrontés, dès les premiers instants, au deuil, ou à une situation d’ignorance vis-à-vis de la survie de leurs proches, ils n’en restent pas moins humains, et c’est bien plus tard dans l’aventure que des liens uniront certains protagonistes. Deux survivants tombent amoureux et forment alors un couple terrible (vraiment, ou ironiquement). Car dans ces cas précis, l’amour est, vous vous en doutez, autant une force qu’une faiblesse. Le fait d’être en binôme vous apporte ce soutien constant, cette force et cette rage de vivre aux côtés de votre moitié, et ça, c’est un point non négligeable. Pour autant, les couples des univers post-apocalyptiques n’en demeurent pas moins vulnérables. Dans le cas où le couple est en danger, le binôme se fragilise alors, laissant apparaître une personnalité ébranlée face à la perte éventuelle de l’Autre. Cet archétype fait, là encore, écho à nos propres interrogations. Serions-nous, dans le cas d’un deuil, prêts à refaire notre vie dans un monde pareil, et si oui, l’amour serait-il une bonne raison de vivre, un risque à prendre ?
Enfin, dans certains aspects plus aboutis, la question de la parentalité se pose parfois. Est-il raisonnable de songer à faire un enfant dans de pareilles conditions, mettant de fait le vie de la mère et de l’enfant en danger (en premier lieu) ainsi que la survie de tout le groupe, par extension. Dans d’autres cas, le personnage peut encore être père ou mère avant la situation initiale, et dans cette situation, les personnages concernés deviennent alors des protagonistes dont les responsabilités sont aussi colossales qu’essentielles. Le père ou la mère se porte alors garant de la survie de l’enfant, mais au-delà de cette préoccupation évidente, le parent doit également devenir le gardien des valeurs d’antan comme vestiges du passé et de celles plus actuelles, comme des enseignements propres à la survie. La figure parentale devient alors un archétype de personnage, déchiré entre ses doutes, ses peurs, et sa volonté d’inculquer à l’enfant toutes les notions élémentaires à son adaptation dans le nouveau monde. On se souviendra notamment des figures de Rick et Lori (The Walking Dead) ou encore de la figure du père dans le film La Route.
[divider]Les nouveaux espoirs[/divider]
Et puisque nous parlions juste au-dessus de parentalité, il y a bien sûr les enfants du monde en devenir, ces nouveaux espoirs tels que Carl, Judith, Beth (The Walking Dead) ou encore les enfants rencontrés dans La Route ou Je suis une Légende. Si un personnage en bas âge présente, à première vue, une menace implicite au sein d’un groupe de survivants (pleurs de bébé, peur panique, ou tout simplement, un attachement si profond des parents que cela pourrait mettre en danger le reste d’un groupe), sa survie devient alors aussi essentielle qu’utile. En effet, la capacité d’adaptation étant plus accrue chez une jeune personne, l’enfant ainsi éduqué aux «normes » de cet ancien monde, tout en bénéficiant des enseignements des valeurs passées deviendra alors une sorte d’humain nouvelle génération, efficace et polyvalent.
[divider]En bref[/divider]
Si dans des œuvres post-apocalyptiques, nos affinités convergent naturellement vers tel ou tel personnage, il n’en reste pas moins qu’il est difficile de tout détester chez un protagoniste en particulier, car si des séries telles que Lost ou The Walking Dead ont rencontré un si vif succès, c’est principalement de par leur galerie de personnages, aussi variée que réaliste. Nous nous retrouvons donc tous un peu dans chaque personnage, et tout protagoniste devient alors un modèle sur lequel réfléchir. Ces fables initiatiques modernes nous offrent donc de nouvelles visions sur le monde et l’humanité, nous permettant ainsi de nous situer (de manière très arbitraire néanmoins) et de définir quel type de personnage nous pourrions/souhaiterions devenir.
Et vous, quel survivant êtes-vous ?