The Last of Us: Part II – Un voyage à Seattle
Après 7 ans d’attente, Naughty Dogs nous offre enfin la suite à un des jeux phares de la décennie. The Last of Us: Part II nous propose de découvrir une nouvelle aventure. Pour vous resituer le contexte, nous avions laissé Ellie & Joel dans une voiture fuyant l’hôpital des Fireflies. Tout ça après une éradication de masse de tout leur corps militaire. Si l’on découvre au début du jeu une ville de Jackson des plus paisibles, tout va très vite changer. Pour notre plus grand plaisir, l’intrigue principale est tenue par Ellie. Une seconde protagoniste viendra également étayer le récit que nous content les développeurs. Si ce dernier a mis du temps à pointer le bout de son nez, peut on y voir pour autant de l’amélioration ?
4 ans d’attente après ce trailer
Un gameplay que l’on reprend très vite en main
S’il y a bien une chose qui ne s’oublie pas, c’est le gameplay d’un jeu. En arrivant sur The Last of Us : Part II, on retrouve très vite nos anciens réflexes. Les développeurs n’ont changé que très peu le mode de fonctionnement. Que ce soit le système d’accès aux armes ou aux améliorations, le pavé directionnel et le pad tactile sont exploités de la même façon qu’autrefois. En ce qui concerne la progression, on retrouve également la possibilité de s’orienter vers une spécialisation particulière. Pour se faire, vous devez retrouver des manuels dissimulés dans Seattle. Pour ma part par exemple, j’ai pris un malin plaisir à développer les explosifs. De quoi jouer tout en finesse.
Un gain de difficulté et une IA intéressante
En ce qui concerne la difficulté, on est sur un autre calibre. Si le premier jeu se résumait à tuer beaucoup d’infectés, votre pire ennemi ici est l’Homme. On passe du zombie décérébré au militaire surentraîné en un claquement de doigts. Ce qui a pour résultat de vous donner un jeu où la discrétion ou la brutalité rapide seront récompensées. Pour l’exemple, de nombreux ennemis sont accompagnés de chiens pisteurs. Ces animaux fidèles vous feront vivre un calvaire. En effet, ils sont codés pour vous jeter au sol ou vous immobiliser dès qu’ils vous attrapent. Si leur maître est toujours en vie, c’est souvent une morte certaine qui vous attend.
Puisque nous parlons d’ennemis, on découvre également la stratégie de l’homme de paille. Nous sommes plusieurs années après le premier Last of Us. En toute logique, les claqueurs sont plus nombreux que jamais. Cependant, il ne s’agit pas de notre cible principale et ces derniers vont nous être utiles. En effet, ils sont souvent présents en même temps que des soldats que vous devez éviter. Votre mission sera donc d’attirer ces aveugles accro au sang sur vos cibles. De quoi vous offrir de grands moments de distraction dans un monde rongé par la peine.
On notera par contre que l’intelligence artificielle des ennemis peut parfois se reposer et ne pas vous repérer en face à face. Le chapitre d’après par contre, cette dernière va se retrouver doter d’un « ultra-instinct » et vous repérer derrière un mur de plomb. Il aura été difficile de se prononcer sur cela d’ailleurs à cause de ce point si intriguant. Les infectés quant à eux restent extrêmement dociles et ne réagissent réellement qu’au bruit.
Le gain de difficulté quant à lui va se faire surtout vis à vis des cartes plutôt ouvertes. Par rapport au premier volet où c’était relativement linéaire, on se retrouve cette fois à bifurquer dans des bâtiments. Les ennemis étant régulièrement postés sur les toits vous pouvez vous faire repérer sans crier garde.
Naughty Dogs, raconte moi une histoire
La partie ci-dessous peut comporter des spoilers. Nous avons cependant évité au maximum de vous donner des détails sur le déroulement des événements.
Cela étant dit, il faut avouer qu’on ne joue pas à The Last of Us pour la qualité de son gameplay. On cherchera surtout l’histoire et le message raconté par les développeurs. Et c’est d’ailleurs ce qui va nous intéresser maintenant. Si comme moi vous n’avez que survolé les trailers pour garder une part de mystère, le début de cette dernière aura su vous choquer. Et pourtant, il s’agissait de mon point de vue la meilleure chose à faire. Afin de se focaliser sur Ellie, il fallait donner de la profondeur à sa quête et la solution fut toute trouvée par les scénaristes.
Si le premier acte nous fait poser un bon nombre de questions, on trouve très vite la réponse de nous même. En effet, vos différentes missions sont entrecoupées par des flashback nous donnant rapidement des indices sur le pourquoi du comment. Arrivé au moment du dénouement, on se rend très vite compte qu’on le savait déjà, ce qui malheureusement dénature un peu le suspens que l’on recherche. On se rabat très vite sur la quête spirituelle et la transformation d’Ellie. Passant de la petite adolescente fragile que l’on connaissait à une guerrière inflexible et déterminée. On en revient très vite à s’attacher au personnage qu’elle incarne.
Une nouvelle façon de voir les choses
S’il avait fallu attendre un DLC pour obtenir plus d’informations dans le premier opus, Naughty Dogs a cette fois-ci pris les devants. Une fois votre voyage achevé, le jeu vous fait redécouvrir les événements mais au travers des yeux de votre ennemi. De quoi vous donner une idée plus globale de la situation (et même de prendre partie). Si pour ma part, j’ai trouvé le personnage au combien détestable tant en matière de gameplay qu’au niveau de sa psyché, l’exercice reste intéressant. On découvre l’organisation poussée à l’extrême d’une communauté vouée à la survie.
Pour la référence, on retrouve un peu l’équivalent dans le film « Land of the Dead » où des milices sont rattachées à des secteurs pour le ravitaillement. On y découvre également toute la violence d’un monde où la survie est primordiale. Comme je vous l’écrivais plus haut, votre pire ennemi ici, c’est l’Homme. Si la survie du plus grand nombre est primordiale, chaque communauté considère tout de même que ceux qui ne sont pas avec eux sont contre eux. Parmi ces allumés de la gâchette, on va retrouver également des fanatiques religieux. De quoi donner encore plus de folie dans un monde déjà ravagé.
Que penser de The Last of Us: Part II ?
On ne peut pas dire que le jeu est moins bon que le précédent. Le sentiment de nouveauté ayant disparu, il y aura forcément un manque par rapport à ce que nous avons pu découvrir en 2013. Cependant, on reste dans la lignée du premier volet de la saga. Le jeu se veut identique en terme de gameplay avec entre autre l’ajout du tir à l’arc au combien jouissif. Le jeu se déguste petit à petit en arpentant les rues d’un Seattle détruit par la Fedra puis par la guerre civile. Donnant place à une réelle zone post apocalyptique là où le premier montrait encore bon nombre de villes encore « entières ». Le jeu nous fait également beaucoup réfléchir sur la psyché humaine. Jusqu’où seriez-vous prêt à aller pour arriver à vos fins ? Qui sacrifieriez-vous ? Des questions qui nous laissent penseur.
#TheLastofUsPartll pic.twitter.com/JZCKtK79hz
— SunhiLegend (@SunhiLegend) June 29, 2020
On a clairement pas joué au même jeu
Avis de Matthieu « Matthes » Laurent
Lorsqu’il y a sept ans, je posais les mains sur The Last of Us suite aux critiques dithyrambiques qu’avait reçu le jeu, j’étais très sceptique. En effet, gamer depuis près de 30 années, j’ai une vision très critique du AAA moderne dans lequel les séances de gameplay généralement répétitives ne sont qu’éléments permettant de patienter jusqu’à la prochaine superbe cinématique. Oui, je m’amuse plus à casser des briques dans Tetris qu’à attendre 30 minutes qu’un Uncharted me permette de jouer après sa cinématique.
Malgré tout, je me souviens très bien avoir eu beaucoup de mal à lâcher la manette après avoir terminé la scène d’introduction particulièrement marquante du jeu. Oui, The Last of Us est doté d’un gameplay très répétitif ; oui, son schéma cinématique/séance de loot/arène de combat est on ne peut plus classique. Malgré ces nombreux défauts, le jeu a réussi à créer une ambiance et un suspens rarement vu dans le dixième art. Sa suite, je l’attendais donc avec une impatience rare. Après un Final Fantasy VII Remake magistral, la suite des aventures d’Ellie et Joël allait-elle me réconcilier avec les AAA ?
La violence engendre la violence
L’atmosphère particulièrement violente du premier jeu est on ne peut plus présente dans cette suite. En effet, The Last of Us: Part II conserve et accentue même les qualités de son prédécesseur au niveau de son ambiance. La notion de bien et de mal n’a pas vraiment sa place dans un monde apocalyptique et rares sont les œuvres culturelles ayant réussi à dépeindre cette ambiance avec tant de brio que Naughty Dog n’a pu le faire avec cette suite. Les scènes durant lesquelles vous resterez bouche bée sont légion et il est très rare pour un jeu vidéo de réussir à tant émouvoir le joueur. Les choix scénaristiques des développeurs aidant beaucoup à mettre en place ces émotions, il ne pouvait rien en être sans un effort sur la direction artistique.
L’esthétique de The Last of Us: Part II est tout simplement exceptionnelle. Naughty Dog nous montre à nouveau son talent pour mettre en scène un jeu autour de graphismes hallucinants de réalisme. Les expressions des visages sont criantes de vérité (et je ne parle pas que des personnages principaux). Chaque paysage est un hommage à la Playstation 4 en sa dernière année de vie. Les musiques sont parfaitement adaptées à l’ambiance du titre et savent se montrer discrètes lorsque c’est nécessaire. Mieux encore, le son est un élément important du gameplay en vous donnant des indications importantes lors de phase d’infiltration. Il était temps pour les consoles de changer de génération, car il est difficile d’imaginer un titre offrant une meilleure direction artistique que The Last of Us: Part II sur la génération actuelle.
Oui, c’est beau et émouvant… Mais qu’en est-il du fait de jouer ?
Le gameplay proposé par les développeurs californiens a su se renouveler en partie, même s’il reste assez répétitif à mes yeux (surtout dans les modes de jeu les plus faciles). Les arènes de combat bien plus verticales qu’il y a sept ans permettent une approche plus stratégique de l’infiltration. L’IA des ennemis fortement améliorée vous forcera d’ailleurs à d’autant plus utiliser la discrétion plutôt que la force (les ennemis ne resteront plus immobiles devant vous si vous leur foncez dessus, mieux encore, ils tenteront de vous encercler s’ils vous repèrent).
Les quelques idées visant à moderniser le gameplay (le changement d’armes rapide ou encore l’esquive par exemple) sont par ailleurs très bienvenues. On se retrouve malgré tout souvent dans des situations ridicules surtout vers la fin du jeu où Naughty Dog a choisi d’accumuler un grand nombre d’ennemis. On se retrouve donc à attendre ces derniers dans un coin pour faire un tas de corps…
Si les ennemis humains ont eu droit à un power-up, les infectés ne sont pas en reste. En effet, en plus des classiques « coureurs » et « claqueurs », le bestiaire du jeu s’agrandit et accueille de nouveaux zombies qui risquent de vous surprendre. Malgré tout, on se retrouve tout de même face à des ennemis dont les patterns sont faciles à analyser et passée la surprise initiale, on comprendra vite qu’une nouvelle fois, les infectés ne seront pas le danger premier.
Certaines arènes de combat vous proposeront en outre d’affronter infectés et humains. J’ai trouvé l’idée très intéressante et très bien utilisée. Qu’il est satisfaisant de rester caché et exciter les claqueurs afin que ces derniers ne se jettent sur vos ennemis ! D’autres ajouts améliorent grandement l’expérience. En effet, les chiens qui flaireront votre odeur vous empêcheront de rester caché au même endroit ou encore les ennemis utilisant cocktails Molotov ou autres grenades risquent de vous surprendre !
The Last of Us: Part II – Ma conclusion
Si le jeu se perd quelque peu en longueur dans ses quelques dernières heures, The Last of Us: Part II est le genre de titre pour lequel il est très difficile de lâcher la manette. Oui, le jeu a gardé certains des défauts de son prédécesseur, il a même accentué encore les défauts de la plupart des jeux actuels (QTE intempestifs et inutiles, temps de chargement dissimulé à tous les coins de couloir, IA parfois aux fraises), mais je mets au défi n’importe quel joueur de ne pas être marqué par l’expérience procurée par le jeu.
Les arguments techniques et artistiques sont légion pour critiquer une œuvre, mais je pense qu’il n’y a pas de meilleur marqueur de qualité que la trace que peut laisser cette dernière dans l’esprit du consommateur… Et oui, je ressens comme un vide depuis que j’ai vu les crédits finaux du jeu… Merci et bravo Naughty Dog !
- Une histoire prenante
- Durée de vie plus importante que le premier volet
- Un gameplay rodé
- On peut caresser les chiens amicaux
- Des retournements de situation prévisible
- Un focus sur certains points trop secondaires
- L'IA qui oscille entre aveugle et omnisciente
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