The Outer Worlds – Meurtre sur Éridan : Agatha Christie contre les larves mutantes de l’espace

En mars, je vous présentais The Outer Worlds, un Falloutlike ne dissimulant d’ailleurs pas beaucoup cette parenté puisqu’Obsidian avait pour la peine recruté plusieurs des concepteurs ayant quitté Bethesda. Cet actionRPG solide avait d’ailleurs su très bien jouer avec les forces de son aîné en termes d’ambiance décalée dans un futur plutôt sombre, avec d’innombrables personnages hauts en couleurs et de quêtes nous menant dans les environnements les plus variés pour exploiter nos armes les plus destructrices et bizarres.

Plutôt satisfait par le DLC Péril sur Gorgone, j’étais donc curieux de revenir à ce jeu grâce au deuxième et dernier DLC Meurtre sur Éridan, d’autant qu’il annonçait nous placer dans la peau d’un enquêteur chargé de résoudre un meurtre improbable. Comme le jeu de base The Outer WorldsMeurtre sur Éridan est ainsi testé sur Nintendo Switch (bien qu’également disponible sur Windows, Playstation et Xbox), où il a été porté par Virtuos (grand spécialiste singapourien de la modélisation, ayant travaillé sur quantité de AAA).

Meurtre sur Éridan est vendu 14 euros 99, ou 24 euros 99 dans le pack contenant les deux DLC.

 

 

Un hôtel, des jolies fleurs, des vers mutants et un meurtre mystérieux

Comme cela est judicieusement rappelé sur l’écran-titre, il vous faudra compléter les quêtes sur Monarque pour que l’intelligence artificielle de votre vaisseau vous fasse parvenir la curieuse proposition d’enquêter sur la planète Éridan. Si l’on vous recommande d’y plonger une fois le niveau 30 atteint… n’ayez pas peur de vous lancer bien plus tôt. On va le redire, mais Meurtre sur Éridan est nettement moins agressif que Péril sur Gorgone, et pourrait même être l’occasion de monter quelques niveaux assez facilement.

Éridan est une planète gazeuse, dont vous explorerez seulement les « plateformes », gigantesques îlots maintenus dans les airs à l’aide de propulseurs géants, reliés entre eux par de longues passerelles métalliques. Dans un jeu complet, on imagine bien que je ne sais quel criminel ou camp bien intentionné éteindrait l’un de ces propulseurs ou couperait l’un de ces ponts, mais rien de tel ici, où il s’agit juste de créer un cadre original, contrastant agréablement avec ce que l’on avait déjà pu voir dans The Outer Worlds ou Péril sur Gorgone par cette dimension nébuleuse, et constamment diurne.

 

The Outer Worlds Meurtre sur Éridan

 

Vous êtes accueillis dans un grand hôtel pour inspecter la scène de crime d’Helen Halcyon, petite actrice extrêmement populaire, qui allait être l’égérie d’une marque d’alcool possédée par une corporation ténébreuse. Or non seulement rien ne permet d’expliquer ce meurtre, mais tout le monde semble avoir un mobile, de sorte qu’il faudra interroger les suspects en fouillant tous les recoins de cet univers pour découvrir la vérité, après quelques twists efficaces.

Évoquons tout de suite le sujet qui fâche : on retrouve bien sûr le problème le plus fâcheux du portage de The Outer Worlds sur Nintendo Switch, son downgrade assez brutal. Encore une fois, je n’ai pas trouvé cela si gênant, parce que cela permet une expérience parfaitement fluide, sans le moindre début de lag, et avec un clipping moins marqué que sur le jeu de base, peut-être parce que l’environnement est plus petit et dissimule mieux les éléments non générés encore. Il faudra donc accepter que des textures complètement archaïques perturbent la DA sinon tout à fait correcte de Meurtre sur Éridan.

The Outer Worlds Meurtre sur Éridan

 

Dès le début de l’enquête, on nous confie un Amplificateur d’anomalies, supposé nous aider à mettre en avant des indices pour fouiller des scènes. On pense bien sûr immédiatement aux Arkham… en principe. Parce que dans les faits, l’Amplificateur nous prévient quand on est dans une zone où il faut chercher un indice, cet indice se résume la quasi-totalité des fois à retrouver des traces de pas pour nous donner le chemin à suivre, ou parfois à générer trois lignes de dialogue (avec l’appareil !). Bref il sera plus fastidieux qu’autre chose de tenter de retrouver puis viser exactement la zone voulue pour une interaction aussi faible. Une bonne idée, bien trop gadget au bout du compte, et d’ailleurs complètement oubliée dans la deuxième moitié du DLC, comme quoi…

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The Outer Worlds Meurtre sur Éridan

 

Bien sûr, aller d’un suspect à un autre, puis mener les quêtes secondaires, ne sera pas absolument de tout repos. Vous serez surtout amené à rencontrer des clients de l’hôtel zombifiés, des vers géants et de pénibles essaims de bestioles volantes, quelques drones à un moment, mais il sera toujours assez aisé de les contourner, ou simplement de les vaincre, puisqu’ils vous attaqueront essentiellement au corps-à-corps, et en nombre très limité, dans des zones assez déterminées. Avant le boss final, plutôt chouette, le combat n’est ainsi pas le point fort de Meurtre sur Éridan, et peut-être tant mieux, puisqu’il était bien davantage mis en avant déjà dans Péril sur Gorgone.

Au contraire, Meurtre sur Éridan mise plutôt sur son histoire. Vous voyagerez ainsi beaucoup dans des espaces plutôt compartimentés, y compris de grandes zones à traverser de façon assez linéaires, en étant surtout invités à apprécier la diversité des environnements (notons surtout des champs fleuris, l’hôtel, un labyrinthe parmi les plus mémorables) et surtout les personnalités bizarres que vous y croiserez, parfois carrément farfelues (comme cette inquiétante mascotte), toutes vraiment bien écrites.

 

The Outer Worlds Meurtre sur Éridan

 

L’écriture était après tout l’une des principales qualités de The Outer Worlds, et Meurtre sur Éridan vous rappellera pourquoi vous aimiez autant explorer l’univers avec ce jeu alors même qu’il en existe mille autres beaucoup plus jolis, au sentiment d’exploration plus grisant ou au système de combat plus nerveux.

C’est bien simple, tous les personnages seront relativement mémorables, et chaque quête secondaire est assez unique, sans jamais donner l’impression de se livrer à des quêtes Fedex interchangeables, qu’il s’agisse de comprendre ce qu’il se passe dans cette piscine, de retrouver ce sportif célèbre, de dénicher quelque objet dans le labyrinthe en décidant auquel des chasseurs vous le confierez, ou de collectionner les différents types d’alcool… En outre, vous aurez très régulièrement l’occasion de mettre vos talents de persuasion ou vos compétences scientifiques à l’épreuve au cours des dialogues, une bonne occasion de vous y investir.

Ce n’est jamais difficile : même les bouteilles sont indiquées sur votre map. Mais j’ai trouvé énormément de plaisir à me laisser un peu porter par ces histoires intriquées, tout en essayant bien sûr de comprendre qui tire les ficelles (si seulement quelqu’un tire les ficelles – suspense !).

 

The Outer Worlds Meurtre sur Éridan

 

Meurtre sur Éridan est ainsi assez remarquablement complémentaire de Péril sur Gorgone, qui était plus sinueux, donnait davantage d’importance à l’exploration et au combat. Vous aurez compris que j’ai à titre personnel préféré ce second DLC, mais il est tout à fait possible que je l’aie aussi apprécié parce que je venais de traverser Péril sur Gorgone. Peut-être fallait-il cela pour savourer pleinement ce répit et cette atmosphère si distinctes ?

Meurtre sur Éridan est ainsi un DLC savoureux, où vous retrouverez les qualités et les défauts de The Outer Worlds poussés assez loin, donc absolument incontournable si vous aviez aimé le jeu de base, et aviez été sensibles à ses efforts d’écriture, tant dans les scénarios que des personnages. C’est bien simple, après cette petite dizaine d’heures, on regrette que The Outer Worlds s’achève là, et on attend avec impatience l’opus suivant !

 

Argent Award Vonguru