WandaVision, la série Marvel par excellence ?
L’avis de Matthieu « Matthes » Laurent : tout ça pour ça ?
Je préfère être clair avec vous dès les premières lignes de cette critique : je n’aime au départ que très peu Marvel. Si je n’ai jamais ouvert un Comics de ma vie, j’ai une certaine connaissance du domaine grâce aux divers animés de mon enfance (principalement X-men et Spiderman) mais ai eu beaucoup de mal à accrocher aux différents films du MCU. Étant toujours dérangé par le manque de prise de risques de ces films, mon point de vue a fortement changé après le visionnage de Avengers : Infinity War. Un Marvel construit d’une manière originale avec un grand méchant loin du manichéisme habituel à la série, j’ai adoré… Tellement que j’ai depuis rattrapé le visionnage de tous les films du MCU… Sans jamais retrouver, à mes yeux, un film du niveau d’Infinity War. En présentant WandaVision, Marvel (et donc Disney) nous promettait une série originale, intense et jouant un rôle charnière dans l’ouverture de la nouvelle phase du MCU : oui, j’avais hâte (il va sans dire qu’avant de lire ces quelques lignes, vous ne craignez pas le divulgâchage et avez déjà vu la série) !
Les premiers épisodes de la série m’ont fortement impressionné par la prise de risque des scénaristes. L’intrigue se met en place très doucement (surtout pour une série proposant un ou deux épisodes par semaine) et réussit à créer une ambiance et un suspens très intelligemment amenés. Trembler à la fin d’un épisode tellement la tension est grande et faire le tour de Reddit pour y lire des théories sont des sentiments que les fans de série n’avaient pas connus depuis longtemps… Game of Thrones certainement. N’étant que très peu spectateur de série, mais un grand fan de manga (One Piece principalement), c’est un contexte que je connais et apprécie beaucoup. Marvel m’a impressionné par la confiance qu’ils ont en « leur bébé ». Oui, les premiers épisodes de WandaVision sont longs et passée la surprise de « quelle est la série parodiée ? », on a l’impression de tourner en rond, mais ce principe permet de mettre en place une ambiance et une tension rarement vue dans des productions Marvel.
Malheureusement, à mes yeux, Marvel ne va pas assez loin dans ses idées. Est-ce dû à l’influence de Disney ? Est-ce dû à un trop-plein d’ambitions (les théories des fans de Marvel allaient tellement loin que les conclusions de la série furent finalement décevantes) ? Est-ce dû à des promesses trop grandes (Elizabeth Olsen ayant promis un « énorme Cameo » que nous attendons toujours) ? Toujours est-il qu’à la fin du dernier épisode, je n’ai pas pu cacher mon impression de « tout ça pour ça »… Malgré tout, la série a des qualités indéniables.
Un vrai hommage
Si elle est, d’après moi, finalement assez mal explicitée (nous y reviendrons par la suite), l’idée de créer des épisodes entiers autour de parodie de séries de différentes décennies passées est sympathique et surtout parfaitement mise en forme. La production de ces épisodes va au-delà du simple hommage. Les décors, le jeu d’acteur, les effets spéciaux, tout est, dans chaque épisode, fait d’une manière très intelligente et on a vraiment l’impression d’être devant un épisode de Ma Sorcière Bien Aimée, Malcom, etc. La réalisation suit la même qualité, des changements de ratio d’écran faits sans cut et permettant de différencier la « vraie vie » du monde de Wanda aux ajustements techniques apportés afin de rendre un plus bel hommage (vous les avez senties les couleurs qui bavent dans les épisodes « Malcolm » et qui rappellent nos bonnes vieilles télés cathodiques ?), les idées de réalisation sont originales et parfaitement maîtrisées.
Les acteurs sont d’ailleurs dans l’ensemble excellents. Si Paul Bettany (Vision) joue toujours aussi bien l’entité sans émotions, la plupart des autres acteurs impressionnent par leur capacité d’adaptation. Leur jeu est totalement différent suivant l’épisode (et donc la décennie dans laquelle ils se trouvent) sans tomber dans la caricature. Elizabeth Olsen (Wanda) est impressionnante tant on a l’impression qu’elle a joué plusieurs rôles au fil de la série tout en gardant de la crédibilité tout au long du show. Mention spéciale pour Kathryn Hahn (Agatha) qui est excellente du début à la fin et réussit à elle-seule à tenir l’ambiance de la série. Certaines de ses scènes promettent de rester cultes (la fin de l’épisode 7 particulièrement marquante verra sa musique numéro 1 du Itunes US pendant une semaine suite à la diffusion de l’épisode).
Une prise de risque tant appréciable…
Comme expliqué rapidement au-dessus, la série WandaVision marque une grosse prise de risques de la part de Marvel. Oui, dans le contexte général, les premiers épisodes ont leur place mais quelle patience a été demandée aux fans ! Les spectateurs habitués au MCU classique (un grand méchant veux conquérir le monde, mais les gentils-gentils qui ont eu du mal au début l’ont finalement détruit au terme d’un combat plein d’effets spéciaux) ont dû être au mieux surpris. J’ai, pour ma part, fortement apprécié ce choix. L’ambiance est tellement bien mise en place qu’on s’étonne à chercher des indices dans tous les nombreux détails de la série (et nul doute que nous en trouverons encore beaucoup à l’avenir).
Certains plans mis en place dans la série proposent une subtilité d’écriture inhabituelle à mes yeux pour Marvel et permettent une analyse très intéressante. Arrêtons-nous par exemple sur le plan présentant le missile Stark menaçant Wanda et Pietro sur fond de série américaine. Si on passe sur le fait que les télévisions et lecteurs DVD sokoviens sont particulièrement résistants, on lit dans ce plan une critique de la société américaine particulièrement intéressante. La fascination qu’ont Wanda et sa famille pour l’idéalisme américain présenté dans la série est alors largement mis en opposition avec le côté militaire, oppression, et violence des États-Unis également très développé dans ces pays. Les deux visions du pays sont alors confrontés en un seul plan. On ne criera pas au génie de la mise en scène, mais c’est typiquement le genre de messages intéressants à propos desquels Marvel n’était, jusqu’alors, pas coutumier.
Autre sujet sur lequel Marvel fait preuve d’originalité est dans sa gestion du quatrième mur. Mieux encore, en créant un show interne à la série, WandaVision créé une espèce de « cinquième mur » (les officiers du SWORD voyant la série de Wanda via le quatrième mur pendant que nous les suivons tous derrière notre cinquième mur) qui nous fait nous poser de nombreuses questions. Lorsque Wanda parle à la caméra comme un épisode de Modern Family, que se passe-t-il vraiment ? La série nous force à revoir beaucoup de nos acquis sur le média et nous oblige à nous poser beaucoup de questions, quel exploit pour une production Marvel !
…Finalement gâchée par un manque d’ambition final ?
WandaVision introduit tellement de mystères faisant monter la tension au fur et à mesure de ses épisodes qu’on en arrive à se demander s’ils n’ont pas ouvert trop de porte. En effet, les derniers épisodes m’ont fortement déçu devant le semblant d’explication sur la plupart de ses mystères. La série ayant tellement fait parler et fait surgir de théories qu’il était difficile de faire un final non décevant. Marvel s’est-il fait avoir à son propre jeu ? Cela aurait pu être acceptable à mes yeux, malheureusement ce n’est pas la seule explication.
Je ne reviendrai pas sur la promesse de Cameo d’Elizabeth Olsen que nous attendons toujours pour m’arrêter sur un exemple de point qui, à mes yeux, met parfaitement en exergue ce manque de contrôle du scénario : « Fietro » ! Un faux frère de Wanda est introduit dans la série. Nous nous posons beaucoup de questions sur son sujet. Il est finalement contrôlé par Agatha, très bien. Il n’est au final qu’un habitant Lambda de Westview, pourquoi pas ?… Mais alors, POURQUOI avoir choisi l’acteur ayant joué le rôle de Vif-Argent dans les films X-Men ?!? Alors que l’introduction aux Multivers eut été parfaitement faite grâce à ce personnage, non, la série semble nous expliquer que c’est un hasard… Absolument incompréhensible (je ne parlerai même pas du White-Vision disparu on ne sait-où… Sans que Vision ou Wanda n’en discute… « Ma chérie, je vais disparaître, mais le White-Vision que nous avons croisé possède dorénavant toute ma mémoire » aurait pu être une information pratique pour ta femme M. Vision !) !
À terme, au delà des fortes déceptions devant le manque d’ouverture scénaristiques qu’ont créé tous les mystères de la série, j’en suis arrivé à me demander le vrai but de cette série dans le MCU. Devant introduire la nouvelle phase de l’univers, en quoi avons-nous avancé scénaristiquement ? Des nouveaux personnages introduits, aucun ne m’a marqué au point que j’ai envie de les revoir. Si je ne veux pas être trop dur avec le jeu d’acteur des enfants, le moins que je puisse dire est que je n’ai pas hâte de les retrouver. Même chose pour Monica, personnage bourré d’incohérence.
Et des incohérences grossières ?
WandaVision présente en effet de nombreuses incohérences qui à mes yeux gâchent fortement la série. Je me trouverais pointilleux si WandaVision n’était pas une série si ambitieuse et devant introduire la nouvelle phase de l’un des plus gros succès de l’histoire du cinéma. Je ne listerai pas tous les points que j’ai trouvé discutables sur la série, mais par exemple, pour revenir à Monica, comment peut-elle encore éprouver de la compassion pour Wanda ? Cette dernière a essayé de tuer Monica et les deux femmes n’ont au départ aucune accointance ? Monica n’a aucune raison d’agir comme elle le fait mis à part simplement pour devenir une héroïne du MCU… Un peu facile pour introduire Spectrum…
Comme rapidement présenté en introduction, toute l’intrigue autour des épisodes parodiques semble, à mes yeux, au final également bancale. Si Wanda s’enferme dans cette ville pour recréer différentes séries et vivre une vie paisible, comment se fait-il que lorsque le SWORD s’est connecté, ils sont arrivés pile au moment du début du premier épisode ?… Quel heureux hasard ! À croire que Wanda attendait son public pour débuter sa série.
Même chose pour cet hélicoptère rouge que Wanda trouve à la fin du premier épisode. Première interrogation de la série, ce drone transformé en jouet introduit le côté « étrange » de la série… Pourtant, par la suite, on voit que tout objet rentrant dans le Hex est transformé par Wanda… Mais alors, pourquoi cet hélicoptère est-il en couleur ?! Vous pourrez me trouver pointilleux, mais je trouve que c’est le genre de détails qui gâchent les bonnes idées de la série (surtout quand c’est le premier élément « important » de la série toute entière).
Alors, on aime ?
Vous l’aurez compris, je pourrais encore écrire des heures sur WandaVision et c’est certainement l’un des principaux points forts de la série à mes yeux. Si cette dernière est loin d’être sans défaut et qu’elle perdra certainement certains des fans du MCU les plus impatients, elle prend énormément de risque et pousse à la réflexion. Intelligemment créé dans l’ensemble, WandaVision est à mes yeux une série extrêmement intéressante mais qui pêche au final par l’attente trop grande qui a été créée autour d’elle. Que ce soient par les teasings des différents acteurs, les promesses faites quant à son placement dans le MCU ou les nombreuses théories qui ont fleuries durant sa diffusion, WandaVision n’arrive pas à aller au bout de ses propres idées. Malgré tout, WandaVision nous a tous tenus en haleine durant plusieurs semaines, n’est-ce pas tout simplement là, le signe d’une série marquante ?
L’avis de Lucile « Macky » Deloume : un sans-faute ?
Contrairement à mon camarade, j’ai toujours beaucoup aimé Marvel, et je crois d’ailleurs n’avoir raté aucune sortie ciné concernant les films du MCU. S’il est évident que je ne vous parlerais pas de mon expérience concernant tous l’univers Marvel, je dois cependant reprendre quelque peu Avengers : Endgame, qui est de loin le film du MCU que j’ai trouvé le plus abouti, le plus dark et le plus frustrant, et qui ouvre, sans surprise, sur notre sujet du jour, à savoir WandaVision.
Ma partie sera beaucoup plus courte, puisque je rejoins Matthieu sur pas mal de points déjà. Attention, spoilers (mais que faites-vous là si vous n’avez pas vu Endgame ??) on se retrouve donc avec une Wanda de retour après le reverse snap, et un Vision de retour d’entre les morts, sans explications pendant un bon bout de temps. Qu’à cela ne tienne, j’ai adoré, évidemment, le côté sitcom, mais surtout le fait de se centrer sur ces deux personnages que je n’ai pas trouvé assez développé dans le MCU. La scène la plus touchante d’Infinity War par exemple est le moment où Wanda détruit la pierre d’âme, tuant ainsi Vision. Une scène déchirante qui m’arrache toujours une petite larme. Alors qu’elle commet le sacrifice ultime en tuant celui qu’elle aime, Thanos utilise la pierre du temps fraîchement donné par Dr Strange, remonte le temps et récupère la pierre d’âme. Au final, Wanda aura tué Vision, pour rien, et le voit mourir une seconde fois, impuissante. Et Wanda n’a jamais eu la vie facile. Alors que ses parents sont morts suite à des bombardements, elle se retrouve orpheline et ne peut compter que sur elle-même et sur son frère Pietro. Ce dernier meurt en sauvant Hawkeye (mais je vous invite à regarder Age of Ultron !) et alors qu’elle se retrouve seule, elle trouve Vision, et le fardeau du deuil semble un tout petit plus léger.
C’est pour cela que j’ai pris ses moments de bonheur, à travers ces diverses sitcoms comme ils venaient. Je savais que les réponses viendraient et qu’elles ne me plairont pas toutes, mais tant pis. Un souffle d’air frais pour Wanda qui a eu assez de peines pour toute une vie.
BREF, Wanda disparaît pendant 5 ans et à son réveil, Vision n’est pas là, et sa peine est incommensurable. Et comme nous allons le voir, Wanda est sans doute l’Avenger la plus puissante qui soit… Et qui n’a jamais rêvé de ramener à la vie un être cher ? Qu’importe le prix ? WandaVision est une belle métaphore du deuil. Un deuil douloureux et long et comme nous le verrons lors de la scène de fin, l’acceptation, qui n’est autre que la dernière étape du deuil, n’est pas encore à l’ordre du jour.
Certaines personnes n’arrivent pas à faire leur deuil. Peut-être est-ce le cas de Wanda.
Alors, on aime ?
Évidemment, bien que quelques incohérences soulevées par Matthieu ne font pas de WandaVision la série parfaite, on est tout de même face à un projet extrêmement bien pensé et abouti, ce qui nous amène également à la nouvelle série Marvel, Falcon et le Soldat de l’Hiver, dont nous vous parlerons dès la fin de sa diffusion fin avril. WandaVision m’a fait reprendre tous les films du MCU, rien que ça, alors il est évident que je recommande la série à tous les fans de Marvel.