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Protocol 223 : le premier laser game en réalité virtuelle à Montpellier !

Le premier laser game en réalité virtuelle débarque à Montpellier !

 

Le 10 janvier 2019, la start-up montpelliéraine Bigger Inside ouvrait sa salle The Cluster au 465 avenue Jean Mermoz, dans le Centre commercial Parc à Ballons, à trois minutes de l’arrêt de tram Jean Mermoz. On peut y expérimenter Protocol 223, une proposition de laser game en réalité virtuelle (la « réalité mixte ») se pratiquant en trois manches, pour un total de 20 minutes, et se déclinant dans trois modes différents avec quatre avatars aux pouvoirs spécifiques. Voilà qui ne pouvait manquer d’intriguer Vonguru, qui y dépêcha alors deux de ses rédacteurs, l’un bon connaisseur de VR et l’autre complètement néophyte en la matière mais grand amateur de laser game, pour s’immerger dans l’univers science-fictionner de Protocol 223 et interroger ses créateurs.

 

Overwatch en VR

Pour profiter de Protocol 223, il faut débourser 20 € par personne en semaine, 25 € par personne le week-end. Un tarif qui paraît assez peu élevé compte tenu du caractère inédit de l’expérience high-tech promise.

« S’il est vrai que l’expérience proposée est unique en son genre et utilise du matériel coûteux et une technologie de pointe, à un euro la minute, cela revient quand même vite cher pour le client. D’autant plus qu’une partie ne dure pas longtemps et que le temps passe donc très vite une fois à l’intérieur de la salle. À ce prix là, peu de personnes vont pouvoir se permettre d’y rejouer souvent. Heureusement, un système d’abonnement va bientôt être mis en place pour fidéliser les joueurs, nous y reviendrons après. » – Joris Renaud

On choisit alors un mode de jeu. Dans le premier, « Corruption », une équipe doit localiser des shards et les uploader dans le cluster (récupérer des cristaux et les apporter dans sa base) tandis que l’autre doit les en empêcher. Dans le deuxième, « Combat en équipe », il faut tenter de faire le plus de frags possible. Dans le troisième, « Couronne corrompue », un joueur est couronné et gagne des points à chaque seconde, les autres devant s’allier pour l’éliminer… Mais celui qui lui porte le coup fatal est couronné à son tour et voit ainsi tous les autres se liguer contre lui, à la « Capture de soleil » dans Mario Kart ! En l’occurrence, on nous a proposé de tester « Corruption » en trois contre trois, sachant qu’on peut pratiquer Protocol 223 du un contre un au quatre contre quatre. Comme The Cluster ne dispose que d’une salle, il n’est évidemment pas possible d’y aller en groupe de moins de huit personnes et d’interdire l’accès à la partie aux autres joueurs en attente d’un groupe auquel se greffer… À moins de réserver le créneau pour huit. On nous fait alors pénétrer dans un hub pour nous présenter rapidement l’univers cyberpunk, les objectifs des deux équipes et les quatre « mods » que l’on appellera « avatars » pour ne pas les confondre avec les « modes » de jeu, même s’il ne s’agit bien entendu pas de la même chose.

 

 

Siegfried « Moyocoyani » avait opté pour Ymir, un personnage capable de charger son tir avec la main droite et de déployer un bouclier dont la taille varie avec sa vitesse de déplacement depuis la main gauche. Joris « Kiki Koko » Renaud avait quant à lui opté pour Tyr, un personnage résolument plus offensif dont une capacité permet de drainer la « sync » (vie) des ennemis et une autre de rendre de la santé à ses alliés.

Quand elle est stationnaire, Kara peut effectuer un tir multiple, tandis qu’en déplacement elle lance un tir rebondissant. Par ailleurs, en approchant la main gauche de son oreille, elle peut voir les adversaires qui émettent des sons à travers les murs, ce qui est tout de même particulièrement classe ! Enfin, Hel, qu’on nous a décrit comme le mod le plus technique du roster, possède un tir incapacitant et la possibilité de poser des mines explosant au passage des ennemis.

On choisit donc son avatar, son pseudonyme, son équipe, et on entre dans la pièce suivante pour enfiler sa combinaison.

 

 

Comme on s’en doute, ce n’est pas l’étape la plus simple, et on est soigneusement guidé pour mettre sur le dos son ordinateur HP de quatre kilos, ce qu’il faut de capteurs sur les genoux, coudes, doigts pour assurer un véritable full body tracking, le casque VR (un HP Reverb) et un casque audio Corsair doté d’un micro permettant de communiquer avec ses alliés uniquement.

« L’installation est il est vrai un peu longue mais nécessaire pour enfiler tout l’attirail. Bien fichu et finalement pas si encombrant alors qu’il semble pourtant impressionnant, on l’oublie très vite après quelques minutes de jeu. La gestuelle n’est jamais gênée par le matériel pendant la durée de la partie et le casque tient bien sur la tête. Et il est vrai qu’il est plutôt cool de porter sur soit une ExoSuit en termes d’immersion. Même super cool en fait. Du beau travail là-dessus. » – JR

 

 

 

Une fois équipé de son ExoSuit, on a le plaisir de voir les cloisons blanches autour de soi se muer en véritable univers à la Tron, un espace minimaliste noir avec des barres de leds très colorées, et deux « baies vitrées » montrant d’impressionnants panoramas futuristes. On s’aperçoit alors aussi que l’on apparaît soi-même comme un personnage de cet univers, avec de séduisantes spécificités graphiques.

 

 

On appréciera naturellement que la taille de cet avatar corresponde à la taille réelle du joueur, de même qu’il est assez fascinant pour quelqu’un qui n’a jamais touché à la VR de voir apparaître les pseudonymes des autres joueurs et leur barre de vie au-dessus de leur tête, et d’avoir accès au-dessus de son poignet à sa barre de sync et à sa barre de capacité/mana. Les deux se rechargeront toutes seules assez vite pour ne pas engendrer de frustration, et juste assez lentement pour ne pas nous permettre d’en abuser.

Si les explications initiales étaient évasives sur le fonctionnement concret de son avatar, c’est parce que l’on a ensuite accès à un véritable tutoriel, avec une ligne de flèches jaunes nous indiquant où nous rendre selon notre équipe pour faire face à un drone. Des lignes de texte nous expliquent comment fonctionnent nos capacités, d’abord pour détruire le drone, puis pour ouvrir et sceller les portes et se recharger.

Point d’armes à feu dans Protocol 223, on tire directement avec ses poings, ce qui renforce évidemment l’impression de puissance. Ainsi, Moyocoyani serrait le poing gauche et le plaçait stratégiquement devant lui pour contrer les attaques ennemies, quand il brandissait le poing droit fermé pour charger une attaque, le relâchant dans une direction pour lancer une grosse boule d’énergie juste assez lente pour qu’un adversaire lointain la voyant arriver puisse l’éviter. Une attaque qui pouvait avoir tendance à partir toute seule, baissant son score de précision et le dynamisme de ses attaques. Enfin il pouvait presque toujours se déplacer tout en poursuivant la charge, un sentiment assez délicieux.

« Les créateurs ont fait le choix de se démarquer par la non-utilisation d’armes factices.Tout passe par les gants et les pouvoirs se déclenchent via des mouvements de bras et de mains assez simples, ce qui est très intéressant, car intuitif et accessible. Un choix malin pour découvrir des sensations différentes de celles d’un laser game et qui ajoute un plus certain à l’immersion. En ce qui concerne mon personnage, il peut tirer de la main droite en ouvrant et en fermant simplement le poing, et charger une orbe de soin pour lui et ses coéquipiers en gardant la main droite posée sur l’avant bras gauche. Les deux actions ne sont donc pas possibles à faire en même temps, il va judicieusement falloir faire des choix. » – JR

Si le terrain de 200 m² était en fait assez petit, les joueurs tombant toujours les uns sur les autres sans avoir besoin de se chercher, les créateurs de Protocol 223 ont eu l’excellente idée de créer un peu partout des murs de lasers, dont la traversée occasionne des dégâts et fait perdre le shard que l’on pouvait porter (le shard tombant alors devant la porte). Un panneau de commandes permet alors de réaliser une manipulation simple (faire glisser sa main, toucher deux boutons dans un ordre aléatoirement défini) pour ouvrir le portail… Ou le refermer derrière soi, manipulation simple exigeant naturellement juste assez de secondes pour nous rendre vulnérable. La fluidité de déplacement devient ainsi un enjeu tactique essentiel, compensant un espace assez confiné.

 

 

Un parfait néophyte en réalité virtuelle, qui n’aurait jamais porté le moindre masque, redoute bien sûr deux défauts souvent pointés du doigt par ses détracteurs, la motion sickness et la latence… Étonnamment inexistants dans Protocol 223, alors même que la prise en compte des déplacements et mouvements en temps réel pourrait légitimement faire redouter le pire. Alors oui, les doigts peuvent réagir bizarrement, ce qui est juste amusant sans nuire du tout au gameplay, il est même arrivé à Joris que les jambes de son avatar commencent à valser, mais encore une fois, rien que l’on puisse sérieusement opposer au fait de se déplacer physiquement, librement et de façon très fluide dans une pièce avec quelques cloisons et avoir pleinement l’impression d’interagir avec des éléments qui ne sont pas réellement là.

On déplorera davantage quelques bugs, requérant l’assistance des gérants de la salle. Ceux-ci surveillent heureusement l’expérience en permanence, et aussitôt qu’ils constatent qu’un joueur ne peut plus avancer, voir, tirer, ils stoppent la partie et réparent rapidement l’incident.  Les autres ont alors pour consigne de ne pas se déplacer le temps de l’intervention (forcément, ils ne verraient pas les gérants, qui ne sont pas équipés d’ExoSuits, et risqueraient de les percuter), mais continuent d’être plongés dans le monde virtuel, de sorte que l’interruption ne brise pas l’immersion.

« Rien à redire du côté de la latence, quasi nulle, ce qui est déjà un atout indéniable, et rien à signaler non plus du côté du motion sickness, ce qui prouve la qualité de l’ensemble. Il reste néanmoins encore pas mal d’ajustements à faire pour que l’expérience soit totalement aboutie. Même si les bugs font partie intégrante de tout jeu vidéo et que la technologie de la réalité virtuelle est encore jeune et perfectible, la technique a connu des ratés lors de notre passage, avec notamment des déconnexions inopinées. Si cela n’a pas entaché mon plaisir de jeu, nul doute que des joueurs exigeants y trouveront logiquement à redire et pourront pester sur une main virtuelle un peu récalcitrante ou sur le rythme d’une partie haché par des déconnexions impromptues. Mais nul doute non plus que ces problèmes seront réglés à terme, et qu’il faut bien prendre en compte que les soucis techniques sont malheureusement inhérents à ce genre de divertissement et peuvent survenir à n’importe quel moment, peu importe la technologie employée. » – JR 

Avouons que lors de la première manche de 6 minutes, on tentera plutôt de domestiquer le gameplay que de se plonger dans la compétition. Les contrôles sont extrêmement simples, mais prendre l’habitude de se cacher derrière les murs, de tirer au moment le plus opportun, d’ouvrir les portes, et a fortiori de récupérer les shards et de les uploader, peut naturellement requérir quelques minutes. Après les trois manches, et avoir donc tâté des deux rôles, on quitte sa combinaison et on regarde son score. À la manière d’un laser game « classique », il se décline en nombreuses sous-catégories que l’on comparera avec amusement, la « précision », le nombre d’éliminations, le nombre de shards récupérés et uploadés

 

Le futur très excitant de Protocol 223

Protocol 223 a cet avantage considérable de proposer quatre mods, quatre avatars aux pouvoirs très distincts, dans trois modes de jeu, autant d’arguments pour inspirer le désir de retenter la salle en faisant d’autres choix et dans d’autres configurations.

Entre la relative petitesse de la salle et la monotonie de l’environnement, simplifié à l’extrême pour être lisible même par les joueurs non habitués aux jeux vidéo, une impression de répétitivité peut vite naître. Le concept est tellement formidable et on parvient si vite à oublier qu’on est dans une simulation pour croire à notre existence dans un jeu vidéo, qu’on en vient assez vite à espérer des améliorations. Après tout, on trouve désormais des salles de laser game thématisées et variées, avec des étages, des murets, des miroirs, des pièges, des meurtrières ; une telle diversité fait d’autant plus rêver qu’avec la réalité virtuelle, on peut espérer l’apparition de nouveaux thèmes…

 

« En l’état, Protocole 223 se veut accessible et vise une clientèle large et assez grand public. Pour découvrir la VR, et surtout la VR en mouvement, en taille réelle et dans un vrai environnement au sein duquel on peut se déplacer. Ce qui n’est pas rien. Donc même si l’ensemble est finalement assez simple dans sa mécanique, il faut un certain temps d’adaptation pour maîtriser son personnage, notamment pour les gens qui n’ont pas l’habitude des jeux vidéo (surtout en seulement 20 minutes). C’est peut-être là où The Cluster a du mal pour le moment à trouver son identité, avec d’un côté le public familial qui risque de galérer un peu à appréhender cette nouvelle technologie, et de l’autre les gamers qui vont vite prendre le pli et en tirer toutes les possibilités assez rapidement, au risque de tourner un peu en rond au bout d’un moment. L’équipe en place devra donc veiller à bien jongler entre ces deux types de public, et avec une seule salle ça ne sera pas forcément facile. Mais au final ce sont les joueurs qui feront la partie et je conseille donc d’y aller en groupe de même niveau et avec les mêmes attentes. Des joueurs aguerris qui se connaissent pourront vraiment s’éclater en combinant les capacités de leurs personnages pour faire des tactiques adaptées, et avec du niveau dans les deux camps, certaines parties risquent d’être bien tendues. » – JR

 

Si les créateurs de Protocol 223 sont bien sûr les premiers à fantasmer bien des améliorations, dans l’immédiat leurs projets sont assez différents… Et bien plus passionnants encore que ce que l’on pourrait prévoir. Bien entendu, il s’agirait déjà de renforcer la dimension narrative du titre. C’est que, bien que l’on accepte sans aucun problème l’immersion vidéo ludique, on ne croit pas vraiment à l’univers que l’on nous propose, car la neutralité des environnements ne nous plonge pas réellement dans une histoire. Et nous bombarder de termes étranges avant de nous faire jouer risque plus de déboussoler les néophytes que de passionner les habitués. Toujours dans l’idée d’un Overwatch, proposer sur le site de Protocol 223 des intrigues liées à chaque mod, pas forcément dans des vidéos de la qualité de celles de Blizzard mais pourquoi pas avec quelques illustrations voire du webcomic, pourrait mieux prouver qu’on nous a concocté un véritable univers.

 

« Il reste encore du travail pour convaincre les joueurs experts à vouloir s’investir dans le projet. La map devra se montrer plus originale et plus tactique pour offrir des parties toujours plus intenses. Je suis d’accord avec Moyo pour dire que l’univers du jeu se doit d’être plus étendu et plus fourni pour une immersion toujours plus grande, avec notamment un lore détaillé des personnages qui y trouveraient une vraie identité, et sur lesquels les joueurs pourraient se projeter et s’identifier plus facilement. Créer petit à petit une vraie mythologie derrière l’expérience constituerait un atout indéniable à l’adhésion et à la pérennité du projet. Mais là encore, je pense que les idées ne manquent pas et que tout cela prendra forme avec le temps et avec la passion de la communauté à venir. » – JR

 

Surtout, le grand projet de Bigger Inside est de faire de Protocol 223 une véritable compétition en saisons. Pour cela, ils mettront prochainement en place un système de fidélisation, avec des cartes (y compris une au tarif étudiant) ayant un coût mensuel et permettant d’accéder à la salle pour un tarif réduit, normalement intéressant dès 2 à 3 parties. En revenant, on pourra améliorer sa maîtrise du jeu, son score… Et débloquer des skins, purement cosmétiques (il ne s’agit surtout pas de faire du pay to win) mais évidemment très motivants pour des joueurs incarnant plus physiquement que jamais leurs avatars ! Par ailleurs, la salle d’attente du Cluster se dote progressivement d’un bar, pour devenir un espace d’échanges plus vivant que la bête salle d’attente habituelle, et qui contiendra très bientôt des écrans à chaque table pour voir la partie en cours, donc en temps réel, une intelligence artificielle déterminant sur quels moments elle doit se focaliser pour présenter les séquences les plus intéressantes. Mais aussi pour revoir leurs parties tout juste terminées, afin de comprendre où ils ont pu se montrer moins efficaces que prévu et optimiser leur tactique. Les joueurs abonnés pourront même avoir accès à ces replays depuis chez eux.

Un concept qui est donc assez extraordinaire à l’échelle d’une salle, et qui pourrait vite devenir incontournable quand divers partenaires se proposeront d’importer Protocol 223 dans d’autres salles françaises (ou plus encore). En tout cas, quand on sort de cette expérience assez magique, perfectible sur certains points mais justement amenée à être perfectionnée progressivement, on imagine assez bien que d’autres personnes pourront aussi y voir un véritable concept d’avenir !

 

« The Cluster a une vision à long terme ambitieuse qui pour le moment n’en est qu’à ses balbutiements, mais néanmoins pleine de belles promesses pour la suite, qu’il faudra arriver à tenir ! Car le potentiel est immense, et le projet pourrait devenir énorme et lancer un tout nouveau divertissement, apte à fédérer une grande communauté de joueurs. C’est tout ce qu’on leur souhaite ! » – JR

 

 

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