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Pour une analyse démographique de Game of Thrones

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J – 10 avant le retour de Game of Thrones

 

Cet article est le fruit du travail fourni par deux démographes et statisticiens, Romane Beaufort et Lucas Melissent qui travaillent depuis 1 an sur Game of Thrones. 

 

L’aventure a commencé il y a 13 mois. En M2 de démographie, les étudiants de l’Institut de Démographie de l’Université Paris 1 doivent analyser les facteurs de mortalité en mobilisant des outils statistiques pointus. Rien de bien original pour des apprentis démographes. Sauf que Romane Beaufort et Lucas Melissent, désormais diplômés (promotion 2017-2018), ont travaillé sur… Game of Thrones ! Aujourd’hui, leurs résultats sont présentés en ligne sur le site demographie-got.com.

 

Pourquoi analyser GoT ? Une série riche en données et en débats

De par son succès, Game of Thrones est un phénomène sociologique. La série dit quelque chose de la société par et pour laquelle elle est produite. Il est donc important de l’étudier. De plus, Game of Thrones est une oeuvre très riche. George R. R. Martin et les scénaristes à sa suite ont créé un univers à part entière avec des personnages d’une grande profondeur (dont on connaît beaucoup de caractéristiques socio-démographiques). La série se prête donc à l’analyse.

Enfin, les analyses de la série sont jusqu’à présent restées qualitatives. Ned ou Robb Stark meurent ? Qu’à cela ne tienne, on proclame que tous les personnages risquent de mourir dans GoT. Pourtant, force est de constater que depuis les Pluies de Castamere (les Noces Pourpres) la série peine à faire disparaître pour de bon des personnages centraux.

 

Le rapport entre démographie et GoT ? La mort !

Bref, il est difficile de dresser une description fidèle de ce que l’on voit dans la série sans recourir aux statistiques. Celles-ci permettent de tenir compte de toutes les informations que les spectateurs voient. Et quoi de mieux que la démographie pour étudier une série dans laquelle 52% des personnages nommés décèdent ? En travaillant sur un sujet ludique mais pas futile pour autant, les auteurs entendent faire connaître la démographie, une science humaine et sociale peu connue du grand public.

 

Infographie Game of Thrones
Pour en savoir plus : https://www.demographie-got.com/un_monde_violent.html

 

Certains personnages sont immunisés contre la mort

À partir des caractéristiques des personnages décédés, le modèle statistique dresse le portrait-robot du personnage type qui décède au cours des 7 premières saisons. Il est dès lors capable d’identifier les caractéristiques qui exposent à la mort ainsi que celles qui protègent.

Romane Beaufort et Lucas Melissent montrent ainsi qu’au cours des 7 premières saisons, les personnages principaux qui apparaissent dans plus de 30 épisodes ont 250 fois moins de risque de décéder que les personnages qui apparaissent 3 à 4 fois. Ainsi, les personnages véritablement incontournables semblent quasiment intouchables. Parmi les 18 personnages apparaissant dans plus de 30 épisodes, seul Petyr Baelish décède. Les deux démographes démontent ainsi l’idée reçue selon laquelle aucun personnage ne serait à l’abri (l’idée selon laquelle George R.R. Martin joue à pile ou face le destin de ses personnages a même circulé : que nenni ! Il y a des logiques à la mort dans cette série !). Romane et Lucas montrent aussi que les personnages qui se prostituent ont moins de risque de mourir que ceux qui ne se prostituent pas (toutes choses égales par ailleurs). De même, les personnages handicapés semblent plus épargnés.

À l’inverse, ils montrent que les personnages qui combattent ont 8 fois plus de risque de mourir que ceux qui ne combattent pas. Il en va de même pour les personnages nobles qui ont plus de risque de mourir que les personnages non nobles. Quoi de plus logique dans un univers où les luttes pour le pouvoir sont quotidiennes et où les nobles guerroient pour prendre l’ascendant ? Une fois ces facteurs de mortalité identifiés et le portrait-robot type du personnage mort dressé, le modèle compare simplement chaque personnage encore vivant au portrait-robot. Plus les deux se ressemblent, plus la probabilité de décéder est élevée.

 

Euron Greyjoy et Gendry : déjà condamnés ?

Mais avant de vous livrer les résultats finaux de l’étude, un petit avertissement s’impose. Ce modèle fonctionne très bien sur les 7 premières saisons. Mais les probabilités calculées ne s’appliquent à la 8ème saison que si les logiques de la mortalité restent les mêmes. Or, les scénaristes peuvent faire ce qu’ils veulent des personnages principaux jusqu’alors épargnés dans la mesure où il s’agira de l’ultime saison ! Vous voilà prévenus.

Toujours est-il qu’Euron Greyjoy et Gendry ont de très gros risques de décéder (65%). Il s’agit en effet de deux personnages qui montent en puissance mais qui ne sont pas incontournables ni même idolâtrés. Melisandre a aussi du souci à se faire avec ses 45% de risque de décéder… Pas sûr qu’elle arrive à se faire revenir elle-même à la vie. Tormund a beau savoir combattre, à force de parcourir les champs de bataille, il risque de passer l’arme à gauche (25%).

 

Daenerys en danger, Tyrion immunisé

Parmi les personnages principaux, Daenerys est celle qui a le plus de chance de mourir d’après le modèle (16%). Elle paie le fait de prendre part au combat avec ses dragons. De nombreuses théories circulent aussi sur sa mort qui serait nécessaire pour triompher de l’hiver. Sansa et Cersei sont ensuite à 11% de risque de mourir, de fait, elles ne combattent mais occupent quand même un rôle de pouvoir. Jon Snow, Jaime Lannister et Tyrion Lannister semblent quant à eux quasi-intouchables (au regard des logiques des 7 premières saisons !).

Vous voilà informés. On ne sait pas vous, mais nous on a hâte d’être au 14 avril.

 

 

 

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