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Death Note – le long-métrage… enfin ?

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Death Note – le long-métrage… enfin ?

 

Après des années de gestation dans les cartons et les cerveaux (mais pas encore les porte-feuilles) de plusieurs studios, un film « occidental » Death Note a enfin été diffusé sur Netflix le 25 août dernier. Plusieurs rédacteurs de VonGuru ont immédiatement tenu à partager leurs impressions et analyses passionnées !

 

 

L’avis (sans spoilers) de Moyocoyani : Death Note pour ceux que Netflix imagine être des pré-ados

 

Light, un adolescent surdoué, découvre par hasard un carnet lui permettant de faire mourir et de définir les circonstances de la mort de toute personne dont il connaît le nom. Alors qu’il cherche à employer le Death Note pour le plus grand bien, il doit également se protéger des gouvernements qui n’approuvent pas sa vision de la justice, tout en se demandant s’il peut bien faire confiance au Dieu de la Mort à qui il appartient.

Dès le synopsis, Death Note captive par son potentiel tant psychologique que dramatique, relationnel et réflexif, et pendant son premier cycle au moins, le manga puis sa superbe adaptation en animé étaient si fidèles à tout ce qu’on pouvait en espérer que la série est à juste titre devenue culte. Elle m’intéressait aussi à titre personnel/professionnel puisque j’écris une thèse sur les tenants et aboutissants idéologiques de la toute-puissance super-héroïque, sur l’ambition et la complexité morale et politique des comics mettant en scène Superman, Dr. Manhattan et d’autres personnages capables de modeler l’univers à leur façon, et il va de soi que sans s’inscrire dans le genre super-héroïque, Death Note en reprend certains des questionnements les plus passionnants en même temps que certains des codes : pouvoir surhumain ressenti tantôt comme une bénédiction et tantôt comme une malédiction, consistant dans une violence excessive dont on tente d’user pour rendre le monde meilleur, rivalité avec les institutions gouvernementales qui poursuivent le même objectif mais refusent le vigilantisme, stratégies de dissimulation auprès de ses proches tant pour se protéger que pour les protéger, volonté de faire adhérer la masse populaire à son objectif et à ses moyens…

Le projet d’adapter Death Note au cinéma était si ancien qu’il semblait qu’il ne se réaliserait jamais. Il faut dire que le Japon l’avait tenté, et que cela ne fonctionnait pas très bien, refroidissant des fans qui avaient fini par se raisonner, en se contentant de l’animé et en admettant qu’on ne pouvait décemment faire un film de treize ou de huit mangas. Or si le format sériel aurait en effet paru plus adapté, je crois au cinéma et à sa capacité à synthétiser une histoire longue de manière satisfaisante. Un film standard dure tout de même entre 90 et 120 minutes, et du moment que le réalisateur sait ne pas perdre son temps, porter sur le petit écran le premier cycle de Death Note en un seul long-métrage me paraissait tout à fait possible, surtout quand le projet était finalement tombé entre les mains de Netflix, studio capable de résultats mitigés certes mais sachant aussi donner à ses productions l’ambition requise pour satisfaire ses spectateurs.

Dès les deux synopsis proposés par Netflix de la série on peut cependant commencer à redouter le pire : « Quand Light Turner utilise son carnet surnaturel pour faire justice lui-même, il attire l’attention d’un détective, d’un démon et d’une fille de sa classe. » « Grâce à un carnet démoniaque, un étudiant peut tuer les vilains. Mais il se fait prendre pour un méchant aussi ». Le style, le vocabulaire, les raccourcis : tout indique que Netflix cherche à s’adresser à un public adolescent/pré-adolescent en s’abaissant supposément à son niveau lexical et mental. Et l’idée d’embaucher Adam Wingard poursuit parfaitement cette logique de dénigrement du public, le bonhomme ayant commis l’horrible remake-qui-n’en-est-pas-un de Blair Witch l’an dernier, et on lui avait tellement reconnu de talent pour faire des films de commande pour les gros studios sans y mettre aucune personnalité qu’on lui avait ensuite confié Godzilla vs. Kong, la suite du déjà bien assez plat Kong : Skull Island

Et de fait, le Death Note de Netflix confirme dans ses vingt premières minutes toutes nos hypothèses : le début est moche, dans une colorimétrie incohérente qui alterne grisaille terne et gros néons, la composition des plans est très mal travaillée, laissant apercevoir des bâtiments hideux derrière des pom-pom girls dont on est sans doute supposés admirer la chorégraphie, soudain des plans en diagonale, tordus, viennent sans vraie raison faire croire que le chef op’ (pourtant celui qui avait travaillé sur la prélogie Star Wars) a des idées de cinéma alors qu’ils confirmeraient plutôt le contraire… Entre inconsistance et fadeur, l’image nuit ainsi beaucoup à l’expressivité du commencement de ce Death Note, qui avait pourtant bien besoin d’être rehaussé esthétiquement tant il est grotesque, entre la chute du Death Note pendant une averse à laquelle on ne croit pas une seconde et la réaction plausible, mais jouée d’une manière parfaitement clownesque, du héros Light quand il est confronté pour la première fois au dieu de la mort Ryuk…

 

 

(le thème de L dans l’animé suffit à rendre exigeant vis-à-vis de toute réadaptation future, dans sa beauté comme dans l’image qu’elle donne d’une personnalité et d’un monde complexe)

 

C’est que les scénaristes ont commis leur plus grande erreur dans l’écriture du personnage de Light, dont ils ont tenté de faire un adolescent ordinaire, entre sa fascination pour la jolie pom-pom girl, son harcèlement par les cadors du lycée, sa famille relativement dysfonctionnelle (enfant unique, mère assassinée, crise d’ado contre le père)… Difficile de ne pas comprendre la logique de favoriser l’identification du spectateur avec ce personnage, en créant d’emblée de la sympathie pour un ado dont l’acquittement de l’assassinat de la mère motive le premier désir de réprimer l’injustice. Mais toute la spécificité du manga Death Note venait justement de l’intelligence excessive, vraiment surhumaine, du personnage principal, et du fait que sa moralité était mise à l’épreuve par le carnet alors même qu’il vivait de la manière la plus accomplie, excellent sportif, parfait frère et fils, admirant son père qu’il n’aspirait qu’à aider dans son métier de policier… En faire un nerd est une trahison gênante parce qu’elle banalise un personnage dont la fascination venait de son charisme exceptionnel, et qu’elle affadit l’idée centrale du livre, celle de l’adolescent parfait, qui n’a besoin d’aucun traumatisme pour agir avec toute la lucidité possible pour le plus grand bien. De Superman on fait Batman, et d’une allégorie sujette à réflexion on fait un simple stéréotype dramatique dont on va suivre les aventures pour savoir ce qui lui arrive, certainement plus pour se poser des questions…

Mais peut-être faut-il se réjouir de cette liberté quand on voit ce que le film fait quand il cherche à rester fidèle, par exemple avec l’amour de L (le rival de Light) pour les sucreries, son côté autiste et son intelligence extraordinaire… qui du coup tranchent tellement avec un Light beaucoup trop ordinaire qu’on n’a jamais droit au magnifique face-à-face qui s’éternisait merveilleusement dans les mangas, où chacun tentait de manipuler l’autre pour parvenir à s’en débarrasser ! Au contraire, L découvre sans aucun suspense et très vite que Light est le justicier secret, et pour ne pas achever l’histoire d’un coup de plume il faut soudain que Light ait des éclairs de génie qui ne correspondent vraiment pas au personnage pour lui échapper…

 

(l’animé était capable de scènes épiques créant de la tension, impeccables d’intelligence, et enrichissant la relation entre les deux personnages principaux, sans avoir besoin de plus de cinq minutes)

 

C’est ainsi de buildup que le réalisateur et ses trois scénaristes s’avèrent tout à fait incapables : en précipitant les intrigues et sous-intrigues de l’histoire originale et en élaguant généreusement toute la partie sur la collaboration de Light et L pour trouver l’assassin, ils empêchent aussi bien identification qu’admiration, ou même que compréhension des personnages, ceux-ci n’ayant souvent aucune interaction riche, et devenant surprenants (ce qui est une qualité) précisément parce qu’on les a si peu construits qu’on ne les connaît pas du tout (ce qui est un défaut). Deux petits moments seulement m’ont sincèrement plu au cours de mon visionnage, c’est peu et pourtant c’est peut-être deux de plus que ce que je m’attendais à voir après avoir lu d’autres critiques : le premier, c’est la réconciliation entre Light et son père après une dispute, celui-ci venant lui exprimer sa joie et son amour d’apprendre que l’assassin de son épouse est mort, sans savoir naturellement que Light en est responsable, ce qui est naturellement assez judicieux puisque cette bulle de bonheur lui donne l’impression que son père soutient implicitement son projet de purger le monde. Pour le deuxième, je ne vous spoilerai pas, mais il montre que les auteurs ont tenté de représenter l’admiration que le peuple a pour l’action de Light, ce qu’on ne voit bien sûr pas assez dans un film d’une heure trente alors que toute la réflexion du manga et de l’animé vient de là…

En somme, c’est regardable ou mieux vaudrait écrire son nom dans le Death Note que de s’infliger ça ?

Et c’est franchement dommage, parce que s’il n’y avait pas le manga, le film Death Note serait finalement un film à concept un peu faible, mais avec assez de perversité pour tenir la route. Il faut évidemment survivre à la première vingtaine de minutes, pardonner les effets gratuitement gores d’un réalisateur qui puise évidemment dans son expérience pour proposer quelque chose de plus Destination finale que de Conjuring, accepter de ne pas s’intéresser aux personnages, même pas à Ryuk dont le doublage par le génial Willem Dafoe ne fait jamais oublier l’attirail tout en 3D, et en faisant toutes ces concessions, on se retrouve assez vite à suivre une histoire pas si exécrable, bénéficiant d’un travail d’ambiance correctement fichu et d’une bande originale écoutable (tout de même composée par Atticus Ross et son frère), où même l’acteur principal s’avère convaincant dès qu’on ne lui demande plus de jouer des émotions extrêmes… Mais enfin, vingt minutes de plus n’auraient tué personne, on serait resté sous la barre des deux heures et cela aurait largement pu suffire pour que même ces scénaristes-là nous intéressent un peu plus à leur vision terriblement appauvrie de l’univers des Death Note…

 

 

 

L’avis de Cloud025 : hommage ou massacre d’une œuvre culte ?

Comment pourrais-je parler du film Death Note Netflix sans avoir préalablement mentionné son origine manga ? Débutons par un rapide résumé de l’œuvre originelle. Death Note est un seinen/shōnen de Tsugumi Ōba et Takeshi Obata. Il s’agit également de leur création la plus connue, bien qu’ils en aient fait d’autres comme Bakuman, déjà mentionné dans Les Échos Manga, ou encore Platinum End.

 

Synopsis de l’histoire du manga

Ce manga relate la vie de Light YAGAMI après et un peu avant qu’il ne trouve un bien étrange carnet noir tombé de nulle part. Comme vous vous en doutez, ce mystérieux livre n’est autre qu’un Death Note. Cet objet recèle un immense pouvoir. Et pas des moindres, il peut tuer n’importe qui comme bon lui semble, mais en respectant certaines conditions et règles. Pour faire court, il faut visualiser le visage de la personne visée en écrivant ses nom et prénom sur une feuille du Death Note. Si les circonstances de la mort ne sont pas inscrites, la personne décédera d’une crise cardiaque.

Beaucoup auraient pu être effrayés par ce pouvoir de Shinigami (Dieu de la mort), mais pas Light. Son père étant un inspecteur haut placé, il a accès aux informations confidentielles des enquêtes et donc des criminels. Il faut savoir que le protagoniste principal a perdu foi en la justice car de nombreux et dangereux criminels n’ont pas eu la sentence qu’ils méritaient pour leur crime. C’est pourquoi Light Yagami saisit cette opportunité pour devenir le bras vengeur de sa propre conception de la justice. Et cela, en tuant implacablement les criminels sous le pseudo de Kira, qui signifie « tueur » en japonais et « lumière » en celte et russe. S’ensuit une confrontation palpitante et acharnée entre Kira et le plus grand détective du monde, L. Ces deux-là devront user des plus brillants stratagèmes pour pouvoir mettre hors d’état de nuire l’autre.

 

Retombée de l’œuvre

Ce manga est très connu pour son intrigue et surtout sur le message exposé, mais je reviendrai sur ce point plus tard. Au vu de son succès, il est normal qu’il soit repris. Les goodies du manga, surtout du « carnet de la Mort », sont nombreux. Mais dans le cas présent, il s’agit du film Death Note de Netflix, sorti le 25 août 2017, qui nous intéresse. Ce film a eu pour réalisateur Adam Wingard, qui avait déjà occupé ce poste pour plusieurs films et courts métrages comme Little Sister Gone ou encore You’re Next, suivi par les scénaristes Vlas Parlapanides, Charley Parlapanides, Jeremy Slater et toute leur équipe. La conception du projet a commencé en 2009, pour qu’il soit enfin diffusé sur Netflix huit ans plus tard.

Mais quel en est le résultat ? Il est très fréquent qu’une adaptation en film apporte des changements. Surtout dans ce genre de cas. Death Note est d’origine japonaise, or, Netflix est américain. On trouve difficilement plus différent. Y aura-t-il beaucoup de différences ? L’essence même de l’histoire sera-t-elle préservée ou altérée ? Si c’est le cas, par quoi aura-t-elle été remplacée ? Et est-ce que ce film pourra plaire à tout le monde, connaisseur ou pas du manga aujourd’hui devenu culte ? Beaucoup de questions qui, aujourd’hui, ont une réponse.

 

Synopsis de l’histoire du film

Light TURNER trouve un bien étrange carnet noir tombé de nulle part. Pendant qu’il faisait les devoirs de maths de ses camarades pour de l’argent. Et en regardent les cheerleaders de son lycée à Seattle. Je vais m’arrêter là pour l’instant. Je pense que vous avez remarqué les quelques légers problèmes du film avec ces trois petites phrases. On remarque d’emblée l’américanisation de l’oeuvre. On commence mal.

Et si seulement il n’y avait que ça…

Je suis entièrement d’accord pour dire qu’adapter une oeuvre, ce n’est jamais facile. Mais là… En plus d’avoir américanisé l’histoire, ils ont complètement changé les personnages et les événements, mais surtout, le message profond qui fait toute la grandeur de Death Note ! Et même la rapide référence au Japon, d’à peine deux minutes, ne vous suffira pas pour avoir la clémence des fans du manga !

Parlons un peu plus des protagonistes. Light TURNER (désolée, je ne m’y fais pas…) a perdu sa mère qui a été assassinée. L’homme à l’origine de ce crime finit par être libéré sans réelle condamnation. C’est un peu là que Light perd foi en la justice. Malgré le fait que son père ait un bon job, ils vivent dans une maison à coté d’une voie de chemin de fer. De plus, les producteurs et scénaristes ont effacé certains personnages, comme Sayu YAGAMI, la petite sœur inexistante dans le film. Et ce n’est pas la seule, puisque beaucoup sont passés à la trappe.

 

Retour sur Light

Dans le film, il est beaucoup moins sûr et déterminé qu’il ne l’est dans le manga. Première raison, dans le manga, seule sa mission de purification du monde compte. Peu importe qui est sur son chemin, il s’en débarrasse sans pitié. Il va même jusqu’à manipuler machiavéliquement et intelligemment ses victimes pour pouvoir se débarrasser d’encore plus d’opposants. Et ce pendant tout le manga. Sauf que là, ce n’est pas trop le cas, peut-être à la fin, et encore…

De plus, élément super important du personnage : son intelligence. Quand je vous dis que pour garder son identité secrète et donc ne pas être arrêté, il a dû user des plus brillants stratagèmes, ce n’est pas une blague. Light YAGAMI est un génie qui utilise 100% de ses capacités, celles des autres et celles du Death Note pour s’en sortir. Et c’est uniquement possible car il en a dans la caboche ! Grâce à ça, il a acquis une assurance et un calme impressionnants. Mais dans le film, quand il rencontre pour la première fois Ryuk (le « u » se prononce « ou » en japonais), il prend peur et tente de s’enfuir, tandis que dans le manga, il l’accueille presque.

 

 

Qui est ce Ryuk ?

Réponse très simple : le vrai possesseur du Death Note. Il s’agit donc d’un Shinigami. Chose qui n’a pas changé, Ryuk a volontairement laissé tomber son livre pour se distraire en observant les humains s’entretuer avec. La voix française du manga et du film en VF est également la même (Emmanuel Karsen ). Mais les ressemblances s’arrêtent là. Dans le manga, on pourrait dire que Ryuk est le personnage le plus drôle, avec son amour des pommes qui va même permettre à Kira de se servir de lui à certains moments, alors qu’il est censé être un personnage neutre. De plus, malgré son character design, il ne fait absolument pas peur, et je vous le mets dans le mille, même ça ils l’ont changé !

Dans le film, il n’est jamais montré directement, toujours dans l’ombre. Sauf à un moment où on le voit plus éclairé, mais ce que l’on arrive à en distinguer ne donne pas envie de rester avec lui. C’est probablement pour accentuer le fait que c’est un Dieu de la Mort sadique qui est la cause du tumulte qui secoue la planète et ses habitants. De plus, c’est lui qui incite Light à utiliser son carnet la première fois. Comme le Diable qui attire une pauvre âme égarée en enfer.

Dans le manga, les choses sont différentes, Light a consciemment choisi cette voie. Et le coté comique de Ryuk permet vraiment de montrer que c’est Kira le monstre assassin. Beaucoup d’autres choses ont encore été changées, mais je vais terminer sur l’une d’elles en particulier.

 

 

Le message

Imaginez que les criminels encore en liberté se mettent à mourir un par un. Imaginez que la personne qui a fait de votre vie un enfer meure. Imaginez que vous échappiez à une prise d’otage car votre agresseur meurt. Que ressentiriez-vous ? De la joie ? Du soulagement ? De la satisfaction ? De l’admiration pour celui qui a permis cela ? Ou plutôt de la tristesse ? De la frustration ? Du dégoût ? Ou encore de la crainte ?

Le manga expose parfaitement cette réalité car la population se divise en deux. Certains prônent l’arrêt de Kira et sa condamnation pour meurtre. Tandis que les autres le vénèrent et le prennent déjà pour Dieu. Death Note pose une question. Si vous étiez dans cette situation, de quel coté seriez-vous ? Je trouve vraiment dommage que cette partie soit mise sous silence dans le film, car c’est vraiment une très bonne réflexion sur notre monde et sur nous-même. Bien que l’on retrouve de petits éléments, le film montre surtout ceux qui sont du coté de Kira et très peu les autres. Peut-être est-ce une critique de notre monde contemporain qui tend de plus en plus vers les idées de Kira plutôt que celles de L.

Cependant, je veux bien reconnaître quelque chose. La fin est polysémique et profonde. Sans spoiler, l’un des protagonistes a la possibilité inespérée de tuer son adversaire en utilisant le Death Note. Mais en le faisant, il renie ses valeurs. On ne connaîtra jamais la réponse à ce dilemme. Un peu comme le combat entre le bien et le mal. On ne sait pas qui l’emportera, ou si quelqu’un l’emportera d’ailleurs. Je finirai par cette dernière note (désolée, jeu de mot non voulu). Le film en soi est bien. Le montage est plus que correct, avec des actions prenantes, des acteurs impliqués et une bonne BO (sauf à la fin, la musique est horrible).

Donc à part pour les fans puristes comme moi, vous pouvez passer un bon moment en regardant ce film. Mais si vous ne connaissez pas Death Note, je vous conseille vraiment de lire les mangas ou de regarder l’animé. Je tiens aussi à le préciser clairement, j’ai écrit cet article selon mon opinion. Il vaut mieux vous vous fassiez votre avis plutôt que de vous appuyer uniquement sur le mien.

 

 

L’avis de Caduce :

 

Une adaptation de Death Note, dans un film occidental. L’idée était aussi tentante que saugrenue. Comme beaucoup adepte de l’anime et des ses 37 magnifiques épisodes, je n’attendais que peu de chose du long-métrage : la curiosité, la joie de retrouver un univers qui m’a autrefois fait cogité, rêver… sans perdre de vue qu’il serait humainement impossible de retranscrire la complexité d’un scénario tel que celui de Death Note, en 1h40 de film. Inévitablement, il y aurait des ellipses, des personnages manquants, des psychologies bâclées. Je m’y attendais d’emblée, me demandant donc sur quels points Death Note pourrait en marquer (ou plus certainement, en perdre).

Comme le mentionnaient d’autres rédacteurs, l’idée d’occidentaliser le contexte de Death Note fait perdre beaucoup de saveur au film. L’américanisation fait perdre pas mal de saveur à l’univers et au message profond qu’il est censé renvoyer. Plus proche d’archétypes un peu brouillon que de réels héros/némésis, Light et L n’ont en aucun cas le charisme que l’on serait en droit d’attendre, même si finalement, les acteurs ne se débrouillent pas trop mal. Difficile cependant de donner une réelle consistance à des psychologies qui, dans l’original, s’enrichissent sur une si longue période (tant dans la durée de l’œuvre, que dans son histoire). Le fait de sexualiser Light et sa copine (copine ?? Du genre où il serait vraiment intéressé par cela ?? WTF) brouille également le tableau en humanisant davantage les héros. Par contre, un L un peu plus humain était étonnamment agréable à découvrir à mon sens (mention spéciale à la fin du film que mentionne Cloud).

 

 

Cela étant, et sans vouloir tomber dans la critique destructrice d’une tentative déjà vaine au départ (comment égaler un tel chef d’œuvre ?), je vous conseillerais de regarder Death Note en occultant, si possible, les souvenirs que vous avez de l’excellent manga/anime : non il n’y aura pas de twist vertigineusement géniaux, point de mindgame non plus, non il n’y aura pas de contexte et de message profond sur la société et la moralité, et non vous ne retrouverez pas la classe, la sobriété qui aura fait le renom de la licence. Ici, de l’américain, du pitch racoleur, des jeux rarement justes, souvent surjoués, quelques clins d’œil, un peu de fan-service, pour un divertissement somme toute assez correct s’il en avait été l’œuvre première. Mais en tentative d’adaptation, le Death Note de Netflix n’arrive pas au petit orteil de son œuvre originale. Peut-être qu’en prenant la liberté d’en faire délibérément une adaptation plus sérieuse et plus sombre, le film aurait gagné en authenticité, en prenant le risque de perdre une majeure partie de l’audience visée.

Allez, ne soyons pas trop vaches : regardez-le, et dans le pire des cas, cela vous donnera envie de vous ruer sur l’anime ou le manga, histoire de retrouver avec délectation les diaboliques énigmes de Death Note.

 

L’avis de Psycho :

J’ai vomi.

2 Commentaires

  1. « Ryu », un adolescent surdoué, découvre par hasard un carnet
    vous êtes bien sûr là ?

    j’ai l’impression qu l’auteur ne connais pas bien le mangas.
    Tout ce baratin pour dire « à vomir », je suis d’accord avec cette conclusion mais toute la dissertation est purement de la masturbation de cerveau. ce film est nul, il ne respecte quasiment aucun des codes du manga, passez votre chemin vous gagnerez 1h40 de votre vie.

    • Effectivement on n’est jamais à l’abri d’un lapsus, surtout quand on écrit la critique juste après le visionnage express du film, merci pour la correction ! Je ne sais pas par contre si vous avez compris que le « J’ai vomi. » n’est pas la conclusion de l’article, mais simplement l’avis lapidaire et amusant de l’un de nos rédacteurs, les autres cherchant à expliquer pourquoi ils ne condamnent pas autant le film qu’on aurait pu l’attendre, surtout de la part des grands amateurs du manga et de l’animé que nous sommes tous ! Il nous semblait intéressant, dans l’ensemble, de proposer une troisième voie entre la détestation instinctive de la quasi-totalité des spectateurs et la défense inattendue proposée par exemple par MJ et l’Ermite moderne (VoxMakers), ne serait-ce que pour comprendre comment Netflix a pu céder 50 millions à ce film et l’approuver quand sa réputation comme studio de production est remise en cause comme elle a pu l’être à Cannes ; bref nous avons cherché à justifier notre avis pour laisser le spectateur se faire le sien, plutôt que de le déconseiller sans argumentation, ce qui ne l’aurait pas avancé à grand chose.

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