Crash Bandicoot N. Sane Trilogy : un remastering plus difficile que l’original ?

 

Ah ce fameux Crash Bandicoot ! Le marsupial bien connu pour être la tête de gondole de Sony lors de la Playstation première du nom est de retour sur PS4 avec sa trilogie originale sortie entre 1996 et 1998. Moins populaire que Sonic de Sega ou que Mario de Nintendo, notre héros orange a tout de même lancé le phénomène de la Playstation avec brio puisque ces trois jeux ont eu énormément de succès. D’ailleurs, tous les jeux sur Playstation étaient très bons puisque les Crash Team Racing et Crash Bash (calqués sur Mario Kart et Mario Party, on va pas se mentir) ont également bien marché.

Néanmoins, le passage sur les consoles next generation a été beaucoup plus compliqué. D’ailleurs, je refuse de mentionner les noms de ces machins ici. Il est triste de voir qu’il est arrivé exactement la même chose à Spyro le Dragon qui n’a jamais pu prendre son envol sur Playstation 2 malgré une très bonne trilogie sur Playstation 1. Oui oui Spyro le… Skylander désormais.

Bref, Sony est donc bien content de dépoussiérer ces vieux succès en ce début d’été (Final Fantasy XII est également sorti sur PS4 il y a peu). Voyons voir si Crash Bandicoot a encore quelque chose dans le ventre.

 

Crash Bandicoot continue de faire le pitre
Pas de panique, Crash a toujours une tête de parfait abruti

 

À la différence de Square Enix avec Final Fantasy, le code source des épisodes de Crash Bandicoot n’était pas accessible pour Vicarious Visions. La filiale de Activision (qui s’est faite racheter en 2005) a donc dû recréer les jeux de Naughty Dog depuis zéro. Et ça se ressent assez rapidement…

 

Une bonne claque visuelle pour notre héros marsupial

 

Avec des jeux de mots en prime

 

À première vue, les jeux sont tous très réussis. Visuellement, c’est beau et coloré mais le matériau de base était déjà très bon. En effet, la saga Crash Bandicoot a toujours su varier ses environnements et en mettre plein la vue niveau décor avec de la neige, de la savane, de la jungle, du désert ou encore des temples. Vicarious Visions a réussi son pari de redynamiser tout ça et en gardant fidèlement beaucoup de petits détails qui ne mangent pas de pain.

Par contre la gestion de l’animation de l’eau est désastreuse à un tel niveau de puissance disponible. Que ce soit l’eau glacée avec l’ours monté, la jungle tropicale ou le niveau en jet-ski avec Coco. Par contre, les niveaux en jet-ski et en « skate aquatique tropical » (ainsi que la moto d’ailleurs) n’ont pas été modifiés et il est toujours aussi difficile de les contrôler tant ces véhicules sont rigides. Mis à part cela, difficile de trouver quelque chose à redire sur le level design de ce jeu. Les niveaux sont beaux et rendent bien l’esprit de Crash Bandicoot avec un design de 2017.

 

Et dire que j’ai dû me suicider pour vous montrer cette eau, ahem…

 

En arrivant sur cette fameuse plage du premier épisode, on ne peut que sourire en entendant cette fameuse musique emblématique de la série. C’est un autre point fort du jeu puisque tous les bruitages et musiques ont également été refaits. Il est d’ailleurs amusant de noter que le studio s’est appliqué à refaire à la lettre les répliques des scènes cinématiques. Mêmes intonations, mêmes bégaiements sur les mêmes syllabes et exactement les mêmes dialogues… Avec des voix différentes puisque le jeu a tout de même vingt ans.

 

Crash « Souls » Bandicoot

 

Parlons maintenant des changements, qui, s’ils ne sont pas tout de suite visibles, changent pas mal de choses à notre marsupial adoré. Tout d’abord, le gameplay du jeu.

Vicarious Visions vient de l’avouer : ce remastering est plus difficile que l’original. Et on n’a pas vraiment besoin de cette précision pour s’en rendre compte si l’on connaît un tant soit peu Crash Bandicoot. De mon expérience, Crash Bandicoot premier du nom a toujours été très dur. Il faut dire que c’était mon premier jeu de plates-formes (mon père me confisquant régulièrement ma Megadrive et Sonic pour son plaisir personnel) et que j’avais 5 ans à sa sortie. Le premier opus était donc assez infaisable pour un gosse impatient comme moi, même si j’ai pu avancer assez loin dans le jeu en y repensant.
Mais franchement, choper les diamants (que Vicarious Visions a rebaptisé « gemmes » pour les épisodes) en explosant toutes les caisses d’un niveau sans mourir ?! À cinq ans ? Pas étonnant que je sois devenu un psychopathe.

 

Même en ayant fini un niveau, le jeu continue de vous taper dessus et vous récompense même pour ça…

 

Cessons de digresser et revenons à nos Wumpas. J’avais quelques souvenirs du premier épisode mais ce dont je me souviens très bien, c’est que j’avais poncé le deuxième épisode pendant de longues années. Je connaissais les premiers niveaux par cœur et enchaînant les « 1-up », cristaux et diamants facilement. Et là non. Le jeu ne m’a tout simplement pas respecté. Crash Bandicoot ne saute pas aussi loin. Cet idiot. Déjà qu’il est débile dans le jeu, cet imbécile n’a plus les mêmes repères dans sa propre aventure. Il devient assez difficile de reprendre ses marques dans un jeu qui a marqué son enfance. On redécouvre le jeu et on se met à valider les checkpoints avec impatience et fébrilité.

 

La gravité, le pire ennemi de Crash Bandicoot

 

Car, Vicarious Visions a basé le gameplay de Crash Bandicoot sur le troisième opus et calqué ses mouvements sur les deux premiers. Et ça change beaucoup de choses. Évidemment, les jeux gardent leurs mouvements spéciaux (dans le premier épisode, vous ne pouvez que sauter et tournoyer tandis que le deuxième vous autorise à glisser et faire un superslam) pour rester fidèle. Néanmoins, les deux premiers épisodes s’en retrouvent beaucoup plus durs puisqu’on n’a pas l’habitude de tomber dans un ravin à chaque saut un peu court.

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Néanmoins, le jeu reste dur. Très dur. On ne m’enlèvera pas l’idée que Crash est surtout beaucoup plus pataud avec une inertie très étrange qui vous force à être vigilant à chaque saut, même facile. Il faut donc être très précis et la tâche s’avère très ardue quand vous devez viser une planche ou deux pendant un niveau entier. Accumuler les vies est donc presque impossible et on revient très souvent à la page de fin de partie. Et on repart, la bave aux lèvres avec cinq petites chances et la peur du vide.

 

Ce genre de saut se révèle compliqué

 

Ce changement de gameplay vous oblige à collecter sans relâche les pommes pour arriver à cent et décrocher le Saint-Graal qui est une vie supplémentaire. Seuls les sauts importent d’ailleurs, car les monstres n’ont pas changé de difficulté et il est toujours aussi facile de s’en débarrasser… Quand on a bien calculé son saut.

À partir du deuxième opus, le jeu devient plus facile car on a la possibilité de glisser avant un saut afin de l’allonger. Même si ça peut paraître de l’overkill pour un simple saut, cette sécurité vous économisera de précieuses vies et de fronts éclatés dans les murs parce qu’on n’a pas été assez patient pour une plate-forme.

 

De bons petits ajouts

 

Passons à d’autres nouveautés et des bonnes ! Coco (la sœur de Crash) est disponible à la place de Crash sur les trois épisodes après quelques niveaux. C’est une bonne idée qui ne vient pas modifier le gameplay. Elle ne demeure par contre pas tout le temps disponible pour quelques niveaux exclusifs à Crash dans le troisième épisode (courses de moto) tandis que Crash n’est pas jouable pour certains niveaux (avec Pura par exemple). Une fois déverrouillée, une simple pression de R2 suffit à la rendre accessible. Et c’est quand même mieux de ne pas voir tout le temps la tronche d’attardé de Crash Bandicoot.

 

 

Vous en aviez rêvé, le studio l’a fait ! Ajouter de la difficulté en ajoutant des time attack aux deux premiers épisodes ! Joie n’est-ce pas ? Il est désormais possible de récolter des reliques de temps (argent, or et platine) dans les trois jeux pour améliorer le contenu et la durée de vie. Si les reliques d’argent sont relativement faisables (et encore, le jeu tolère moyennement les sorties de piste), il vous faudra cravacher pour obtenir les meilleurs temps et la relique en platine.

Pour ce faire, le mieux est donc de glitcher comme un dératé afin d’améliorer son temps de précieuses secondes. Mais surtout, de connaître l’emplacement des caisses par cœur et ne pas mourir, bien sûr. Bref, du bon vieux time attack comme on l’aime. De plus, l’auto-save propre à la next gen a été inclus dans ce jeu. C’est toujours agréable et pourtant totalement normal de nos jours pour un jeu vidéo.

 

28 secondes ? Et ce n’est même pas la relique platine

 

Dernière chose, même si les temps de chargement sont un poil longs, des conseils ont été ajoutés afin de se préparer aux obstacles et surtout de faciliter l’accès aux gemmes cachées et aux zones secrètes. Car dans le temps, acheter des magazines de jeux vidéo était le seul moyen de finir des jeux. Car NON, sauter dans des nitros ou foncer dans un panneau en moto n’est pas réellement intuitif.

 

Ne prendre AUCUNE caisse dans un niveau sur trente ? Logique.

 

Découverte d’un jeu frustrant avec un fond de nostalgie

 

Ce Crash Bandicoot N. Sane Trilogy me laisse un goût étrange. Avec nostalgie, je suis très heureux de pouvoir rejouer à cette série avec des graphismes améliorés. Pourtant, il m’est impossible de passer outre ses défauts. Le fait d’avoir calqué le gameplay du troisième épisode sur les deux premiers n’est PAS une bonne idée. On se retrouve avec des pulsions meurtrières pour des sauts ridicules qui étaient et qui devraient rester simples pour un remastering.

 

The floor is lava

 

Crash a donc du mal à finir sa propre aventure et on ne lui donne vraiment pas les bons éléments pour la compléter. Certains niveaux du premier opus sont ridicules. En effet, il m’est arrivé de recommencer le niveau de high road (le pont de corde dans le vide) des dizaines de fois sans même arriver à passer le premier enchaînement de planches pourries tellement j’étais énervé. Arrivé au deuxième niveau du pont idiot, j’ai simplement de décider de gruger le jeu en m’aidant de la corde tout le niveau.

C’est dommage d’en arriver à cette extrémité pour un jeu qui nous a apporté autant de bonheur. D’autant plus que le remastering en soi est réussi graphiquement et que les ajouts de reliques et la possibilité de jouer Coco sont satisfaisants. Seulement, ça ne parvient pas vraiment à contrebalancer les principaux défauts du jeu. Dommage. Une N. Sane Trilogy donc, au sens premier du terme. Et en bonus, Sony sort un DLC (gratuit jusqu’au 19 août) avec un niveau caché, réputé comme le plus dur du jeu.