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La filmographie de DiCaprio : une longue marche vers l’Oscar

Leonardo DiCaprio : le Roi qui voulait juste sa couronne

 

L’une des premières pensées à nous venir quand nous entendons mentionner les Oscars en même temps que l’un des memes les plus populaires sur le net est l’incapacité légendaire de Leonardo DiCaprio a obtenir un oscar, d’autant plus flagrante qu’il n’y a peut-être pas d’acteur plus connu ni plus généralement admiré au monde.

Un jeu flash, Red Carpet Rampage vient d’ailleurs d’être créé pour plaisanter de cette situation, permettant de faire courir l’acteur sur le tapis rouge de l’Académie après une statuette, en évitant les autres acteurs nominés cette année, les photographes et les attaques d’une statuette géante, en récupérant au passage tous les autres prix d’interprétation, et en remportant plusieurs mini-jeux, comme « Act harder », cette course étant infinie : DiCaprio ne peut atteindre l’oscar.

Il s’agirait donc de déterminer, au lendemain de la sortie de The Revenant en France et quelques jours avant la cérémonie qui le consacrera peut-être enfin, comment l’Académie des Oscars a pu si longtemps s’opposer au monde entier, restant aveugle aux mérites que public et critiques trouvent éclatants depuis une vingtaine d’années, et si elle a réellement commis et répété une injustice, en observant les principales performances de l’acteur et en les comparant à la concurrence qui empêcha DiCaprio d’être à chaque fois récompensé, voire simplement nominé, à l’instar de Peter O’Toole, Brad Pitt, Tom Cruise, Johnny Depp et Samuel L. Jackson !

De nombreux critiques estiment que si l’acteur n’a jamais eu l’oscar, c’est qu’il n’a pas serré assez de mains. Cela peut paraître cynique, mais comme pour le système électoral, les festivals de cinéma américains exigent officieusement des personnalités nominées qu’elles participent autant que possible aux présentations du film, aux émissions télévisées, aux soirées spéciales, le sourire pouvant apparaître comme aussi important que le talent, ce qui explique que les gros studios, donc mieux capables de payer ce genre de tournées à leurs employés, voient plus souvent leurs films récompensés…

Mais enfin, avant d’accuser le jury de l’Académie et la Fortune, il s’agirait déjà de voir si DiCaprio a réellement fait les bons choix de carrière, ou s’il n’est pas finalement l’acteur le plus surestimé de sa génération !

 

 

Les années d’apprentissage magistrales

 

Ce qu’il y a de singulier avec les débuts cinématographiques de DiCpario, c’est qu’il fut nominé aux Oscars pour l’un de ses tous premiers rôles, celui d’Arnie Grape, frère du personnage éponyme Gilbert Grape, incarné par Johnny Depp. L’injustice des hiérarchies de casting fait qu’il fut nominé comme meilleur second rôle, alors qu’il apparaît à peine moins que Depp, que son personnage est nettement le centre névralgique du film, et que son interprétation est autrement plus remarquable, mais sa jeunesse, son peu de dialogues et son influence seulement indirecte sur les événements de l’intrigue ne lui auraient pas permis d’être nominé comme meilleur acteur, cette injustice le servant finalement bien. Arnie Grape appartient à ces rôles de composition que l’académie apprécie, puisqu’il souffre d’un handicap tant physique que mental, nécessitant un effort de tous les instants dans la démarche, l’expression, et bien entendu les paroles, sur un film d’une heure 50. S’il est évident que Lesse Hallström est un bon directeur d’acteurs, l’investissement de DiCaprio qui sonne juste malgré la complexité de la performance demandée force l’admiration. Il était cependant en compétition avec John Malkovich, Ralph Fiennes et Tommy Lee Jones (qui l’obtint finalement pour Le Fugitif), trois acteurs si passionnants et expérimentés qu’il paraît évident que la nomination de DiCaprio est une reconnaissance par ses pairs et vaut un prix du meilleur espoir, sans avoir été pensée assez sérieusement pour qu’il soit réellement un rival de ces acteurs.

Cette première nomination lui permit-elle de prendre conscience de l’importance de la performance pour se distinguer des autres acteurs ou était-il déjà porté vers l’exigence ? Si les dix films qui suivirent entre 1993 et 1998 ne lui permirent pas de briller autant, il est évident qu’il chercha à se faire remarquer, multipliant les rôles les plus divers à l’écran, mais en les sélectionnant avec choix. Refusant en effet la facilité, il joue le personnage principal dans deux films adaptés d’autobiographies, This Boy’s Life (avec Robert de Niro) et The Basketball Diaries, portant respectivement sur les violences paternelles et l’addiction à la drogue. Il n’accepte alors que deux rôles populaires : The Quick and the Dead, un western de Sam Raimi réalisé juste après les Evil Dead, avec Gene Hackman et Sharon Stone (et un Russell Crowe à ses débuts), et The Man in the Iron Mask, réalisé par le scénariste de Braveheart et Pearl Harbor, avec Jeremy Irons, John Malkovich, Gérard Depardieu, Gabriel Byrne… Deux films dont on aurait peine à lui reprocher la place dans sa filmographie, puisqu’ils lui permettent d’exceptionnelles rencontres, mais qui participent à lui donner une image d’ange blond qui lui collera ensuite à la peau. Il faut d’ailleurs noter sa participation, pour des rôles très secondaires, à des « films à acteurs », Les Cent et une nuits de Simon Cinéma en 1995, film d’Agnès Varda avec Mastroianni, Piccoli, Belmondo, Bonnaire, Aimée, Ardant, Delon, De Niro, Depardieu, Harrison Ford, entre autres, et le Celebrity de Woody Allen en 1998 – le moins qu’on puisse dire, c’est que pour un acteur qui n’aime pas serrer les mains, il sait trouver des occasions de rencontres !

 

La platitude de Total Eclipse ne permet pas à l’acteur de briller dans son interprétation d’Arthur Rimbaud, mais il ne renonce heureusement pas aux performances « littéraires » puisqu’il accepte peu après de jouer dans Romeo + Juliet. Baz Luhrmann n’avait auparavant réalisé que le prévisible Ballroom Dancing, pourtant remarqué par sa mise en scène sophistiquée au festival de Cannes comme aux BAFTA. On voit ce qui peut intéresser le jeune DiCaprio dans ce film, un rôle de jeune premier certes, mais THE rôle de jeune premier dans LE couple tragique de la littérature mondiale, dirigé de surcroît par un réalisateur ambitieux, qui a décidé de transposer la pièce à Los Angeles tout en respectant scrupuleusement le texte de Shakespeare, seulement raccourci. DiCaprio y brille singulièrement, malgré quelques scènes trop exaltées, par la maturité de son jeu.  Tout y contribue, le contraste volontaire des scènes tragiques avec les fêtes exubérantes au ridicule, le texte évidemment sublime, un réalisateur particulièrement inspiré… L’acteur avait toujours été remarquable même dans les films les plus convenus, mais il trouve une présence et une crédibilité dans ce rôle difficile qui sont assez nouvelles dans sa filmographie, et qu’il peinera même à retrouver dans ce qui est le film qui lancera le plus évidemment sa carrière.

En 1997, Titanic de James Cameron lancera la « DiCaprio-mania ». Alors qu’il n’y a rien de plus commun, dans les dialogues et les situations, que la relation des personnages de Jack et Rose, Cameron parvient à lui conférer des proportions mythiques par son sujet, ses audaces visuelles, son travail d’ambiance, et le choix inspiré de James Horner à la musique. L’Académie des Oscars boudera cependant singulièrement l’interprétation de DiCaprio, puisque, le film recevant pas moins de onze oscars, l’acteur ne sera pas même nominé – il le fut aux Golden Globes, mais pas aux BAFA, recevant pour seule récompense le MTV Movie Award de la révélation masculine. C’est apparemment à ce moment qu’il chercha, avec Tobey Maguire, à empêcher la diffusion d’un film indépendant en noir et blanc dans lequel ils avaient tous deux joué, Don’s Plum, rompant le contrat qui les liait au producteur. Celui-ci dût accepter que le film ne serait jamais diffusé aux États-Unis et au Canada, interdiction qui court toujours, et DiCaprio a récemment déclaré qu’il ne voulait pas que ce film soit vu. Peu d’acteurs vont jusqu’à renier une œuvre de leur filmographie – tous en ont de toute manière d’assez inavouables – et cela est très révélateur dans le cas de DiCaprio d’une revendication d’exigence. Il ne pouvait accepter après Romeo + Juliet et Titanic qu’un film donnant de lui une si mauvaise image l’empêche de poursuivre une carrière de plus en plus cohérente et calibrée. Il y était non seulement plus jeune, mais n’était clairement pas bien dirigé, et surtout il y jouait un personnage misogyne, intolérant, vulgaire, qui n’était pas si éloigné de la vraie personnalité de celui qui avait créé un club de jeunes trublions d’Hollywood…

 

La transfiguration de l’an 2000

 

Avec ses derniers succès, il était évident que Leonardo DiCaprio ne serait pas seulement une étoile filante, mais on ne se serait pas attendu à ce qu’il se détourne de la facilité au point de refuser définitivement les rôles de jeune premier après Titanic. The Beach est certes l’un des derniers films à insister sur la jeunesse de son interprète de 26 ans, et donc à proposer une relation de séduction assez naïve avec un love interest, mais c’est la première fois que l’acteur travaille sur un scénario avec autant de prétentions, et Alex Garland comme Danny Boyle parviennent à doter d’enjeux ce qui n’étaient précédemment que des arguments publicitaires. Le protagoniste à l’aventurisme juvénile qui passant par les sentiments les plus extrêmes et les plus désordonnés devient homme est clairement métaphorique de son interprète, qui par cette interprétation renonce à l’image qui lui collait à la peau.

Il peut alors entrer fièrement dans la cour des géants : juste après The Beach, il est remarqué par Martin Scorsese et Steven Spielberg, qui le recrutent respectivement pour Gangs of New York et Catch me if you can, deux films admirés pour leur ambition si ce n’est pour leur qualité générale. DiCaprio n’est pas moins dans le premier que le fils de Liam Neeson et son antagoniste s’appelle Daniel Day-Lewis, déjà oscarisé pour My Left Foot. Ces films assoient DiCaprio comme un acteur mûr, prêt à jouer les premiers rôles auprès des grands, ouvert à la performance.

C’est avec The Aviator, du même Scorsese, en 2004, qu’il sera nominé pour la première fois pour l’Oscar du meilleur acteur, mais aussi qu’il interprétera pour la première fois un homme célèbre dans un biopic, le passionnant Howard Hugues, playboy milliardaire, aviateur, constructeur d’avions, réalisateur et producteur de films, qui présentera à la fin de sa vie les symptômes du syndrome de Diogène, en s’enfermant complètement, vivant au lit, se droguant, sans prendre soin de sa pilosité et de ses ongles… DiCaprio a trente ans, et pour la première fois un film est envisagé en pensant d’emblée à lui, au point que sans sa participation il n’aurait sans doute pas vu le jour. Conscient de son importance, il s’y donne corps et âme, acceptant de le produire, et passant des centaines d’heures à travailler son rôle, en particulier les Troubles Obsessionnels Compulsifs dont souffrait Hughes, pour lesquels il ira jusqu’à rencontrer des médecins et un très grand nombre de patients afin d’approcher au plus près son personnage. Une autre composition remarquable lui est cependant opposée aux Oscars, celle de Jamie Foxx en Ray Charles dans Ray, seule concurrence sérieuse cette année-là, qui suffirait à le priver de la statuette. Un noir préféré à DiCaprio ? Soit l’Académie a gravement rétrogradé en devenant récemment raciste, soit les tenants du #oscarsowhite devraient revoir les palmarès passés, à moins que l’on n’estime que Foxx n’a été récompensé que pour donner bonne conscience à l’Académie…

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DiCaprio semble alors se relâcher sur ses trois films suivants – pas en soi, loin de là, mais comparativement à son dernier rôle – cherchant toujours à incarner des personnages complexes, sans exiger toutefois de performance, et dans des films assez peu inspirés de grands réalisateurs cédant étrangement à de nombreuses facilités scénaristiques, malgré les prétentions à tenir un discours cyniquement puissant sur le monde : The Departed (Les Infiltrés) de Scorsese, Blood Diamond d’Edward Zwick et Body of Lies (Mensonges d’État) de Ridley Scott. Il les sert au mieux, mais incapable – parce qu’ils ne le permettent pas – de manifester une puissance ou une fragilité subtile, il doit froncer les sourcils plus qu’à l’accoutumée, ce qui est assurément son seul défaut de jeu patent. La concurrence est cependant si faible en 2007 qu’il est non seulement nominé pour son rôle dans Blood Diamond, mais qu’il n’est pas loin de l’obtenir, n’aurait été la performance extraordinaire de Forest Whitaker en Idi Amin Dada dans The Last King of Scotland.

 

Vers un cinéma plus authentique

 

Ces trois films exigent donc de lui l’exact contraire de Revolutionary Road (Les Noces rebelles), qui donne l’impression que l’acteur était conscient de la nécessité de retrouver un cap. Plutôt que de chercher la performance, il va choisir des rôles plus psychologiques pour travailler l’expression de sentiments subtils. Le film de Sam Mendes est tout trouvé : il narre l’histoire d’un couple américain qui prétendant se distinguer par leurs rêves du conformisme social finissent par se rendre compte qu’ils s’y sont au contraire murés. Et le personnage féminin est interprété par Kate Winslet, comme dans une suite à leurs amours du Titanic, prouvant avec un cynisme servi par la justesse de l’écriture et du jeu des acteurs que les histoires d’amour les plus magiques peuvent être altérés par le besoin de vivre le quotidien. Ce recul permet de prendre la mesure de l’évolution qu’a connue DiCaprio en seulement dix ans, et permet à l’acteur d’affirmer son refus du conformisme, donc d’un sentimentalisme facile, et de tout retour en arrière.

Cette affirmation est d’abord affichée dans deux films de qualité très différente, Shutter Island de Scorsese et Inception  de Christopher Nolan. Le premier est à tous points de vue une oeuvre outrancière, la recherche de performance de DiCaprio étant presque ridiculisée par la mise en scène aussi pataude qu’elle se veut ambitieuse, Scorsese parvenant à ôter tout le sel du roman de l’excellent de Dennis Lehane qu’il prétendait adapter. L’Académie ne s’y trompe pas, qui lui refuse une nomination qu’il aurait amplement dû mériter si la réalisation avait été la hauteur de l’interprétation et du scénario. Là où elle commet une injustice plus criante, c’est en ignorant la même année la sortie d’Inception – il faut dire que la cérémonie des Oscars 2011 reste dans les mémoires pour sa médiocrité, gavant Tom Hooper et son King’s Speech (Le Discours d’un Roi) de récompenses l’année où sortirent Black SwanInception et même le plus moyen The Social Network. Le scénario refuse les grosses ficelles du roman d’apprentissage ou de la rencontre amoureuse qui n’amènent jamais que des crises prévisibles et prévues dans leurs moindres détails, afin de permettre l’un de ces films d’amour matures que l’on souhaiterait voir plus souvent, intimement couplé à un film psychologique intense et à un film d’aventure ambitieux. DiCaprio n’a pas besoin de maquillage, de se trouver soudainement un cœur ou une conscience qu’il ne se soupçonnait pas, de découvrir le monde qui l’entoure, pour être présent et puissant sans chercher à accaparer artificiellement l’écran. Alors que l’oscar du meilleur acteur avait été décerné l’année précédente à Jeff Bridges pour Crazy Heart, l’Académie insiste cette fois sur le spectaculaire…

DiCaprio va alors tenter plus explicitement que jamais d’obtenir la statuette en livrant une performance à Oscar : il sera John Edgar Hoover, directeur du FBI pendant cinquante ans, donc dans un biopic, de surcroît historique, de surcroît sur l’histoire des Etats-Unis, de surcroît sur une très longue période, donc imposant une transformation physique passant essentiellement par une quantité impressionnante de maquillage, et s’offrant de surcroît le luxe d’une fin humaniste, tendre et évoquant l’homosexualité de Hoover. Que des bons points. Sauf que le film n’est vraiment pas bon – c’est une période noire pour Eastwood qui accumule les catastrophes, du facile Invictus au plat Jersey Boys en passant par les horribles Hereafter et Trouble with the Curve, entre réalisation sans inspiration, scénarios de papy gâteux… J. Edgar avait pourtant assez de potentiel pour finir en grand film, mais Eastwood ne sait trop que faire de son sujet, quelle portée lui donner (comme pour American Sniper, sa vision politique de l’Amérique peine à être claire, or les soupçons d’anti-américanisme primaire ne paient pas dans les festivals), quelles lignes directrices choisir, et DiCaprio qui doit faire son beurre de cette mélasse patauge comme jamais dans sa carrière, livrant peut-être la seule performance depuis longtemps où il ne soit pas toujours parfaitement crédible, même si peu d’acteurs auraient pu livrer une performance à moitié aussi impressionnante.

 

L’excellence se fait génie

 

Il fait alors le choix étonnant d’accepter un second rôle dans le Django Unchained de Quentin Tarantino. C’est le jour et la nuit en comparaison de J. Edgar et tout le monde est saisi par sa performance en esclavagiste cynique, un rôle monolithique et classieux, tout à fait inédit (il n’interprétait que des premiers rôles depuis 1998, son caméo dans Celebrity !, et que des personnages complexes depuis Titanic et The Man in the Iron Mask, avec l’exception Catch me if you can en 2002 sans doute). La sidération générale n’atteint pas l’Académie, mais c’est parce qu’elle lui préfère le rôle de Christoph Waltz dans le même film, effectivement impressionnant et digne de la statuette. Ce qui n’empêche pas de penser que DiCaprio aurait mieux mérité une nomination que d’autres acteurs en lice, Robert de Niro dans Silver Linings Playbook, Alan Arkin dans Argo ou Tommy Lee Jones dans Lincoln, cette omission ne pouvant s’expliquer que dans un refus de lui donner trop de visibilité, ou d’en donner trop à Tarantino d’ailleurs.

Il retrouve ensuite Baz Luhrmann pour le cette fois bien faible The Great Gatsby (Gatsby le magnifique), mais il est magnétique dans le rôle-titre. Malheureusement considéré comme un rôle principal alors qu’il apparaît moins à l’écran que le narrateur Tobey Maguire, il est juste qu’il n’obtienne pas de nomination, alors que rien n’aurait été injuste comme le fait de lui refuser sa statuette s’il avait été considéré comme un acteur secondaire. Il semble trouver du goût à ces rôles bigger than lifeet après Tarantino et Luhrmann revient chez Scorsese pour The Wolf of Wall Street, qui lui vaut sa troisième nomination à l’oscar du meilleur acteur. C’est un de ses rôles les plus risqués, parce que tout en passant par des situations et des états d’esprits extrêmement divers, il doit accepter que la caméra et donc le spectateur posent sur lui un regard distancié, critique, sans renoncer à fasciner au premier degré, et surtout sans rappeler qu’il est un acteur. Que le film soit ou non aussi bon que le hurlent à couteaux tirés tous ses aficionados n’est pas la question, l’interprétation de DiCaprio tient du génie : il n’est pas seulement parfait, on admire à chaque seconde du film sa performance tout en s’intéressant au personnage qu’il incarne. Lui refuser l’oscar au profit de Matthew McConaughey n’est alors pas juste une erreur, on n’est pas loin du crime artistique, et ce choix est sans doute plus motivé par des considérations socio-politiques (reconnaître les victimes du SIDA) que par une préférence esthétique, l’interprète de Dallas Buyers Club livrant une performance impressionnante, pas magistrale.

 

L’avis du reste de la rédaction

 

Vous avez déjà constaté à plusieurs reprises les divergences de jugement des rédacteurs de cleek, qui sont naturellement l’une des forces de la communauté. Roxane « Lenvy » Saint-Anne, Lucile « Macky » HermanMarine « Reanoo » Wauquier et Laurianne « Caduce » Angeon ont cependant admis une admiration inconditionnelle du talent de DiCaprio, même si « Caduce » note sa difficulté à ressentir de l’empathie pour ses personnages, et tous le reconnaissent comme l’un des plus grands acteurs, si ce n’est le plus grand acteur, de sa génération, pour la variété et l’exigence des performances qu’il livre avec la plus impeccable crédibilité.

Parmi ses performances les plus marquantes, méritant largement l’admiration de ses pairs, Roxane « Lenvy » Saint-Anne cite Django UnchainedCatch me if you can et J. EdgarLucile « Macky » Herman The Wolf of Wall Street, Shutter IslandTitanic, Romeo + JulietMarine « Reanoo » Wauquier Shutter Island et Laurianne « Caduce » Angeon, qui note dans sa critique de The Revenant que DiCaprio obtiendra sans doute l’oscar, l’a préféré dans Django Unchained et Inception.

Et vous, dans quels films pensez-vous qu’il ait livré une performance assez remarquable pour mériter un Oscar qu’on lui a injustement refusé ?

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