Accueil Ciné Séries Les Nouveaux Sauvages – Critique

Les Nouveaux Sauvages – Critique

0

Les Nouveaux Sauvages – La vendetta contre les cons

 

Vous le savez chez Cleek, nous apportons un soin tout particulier à vous faire découvrir parfois quelques œuvres méconnues, qui plus est lorsque celles-ci transcendent la mesure de l’univers geek pour parler à l’humain en chacun de nous. Avec celle dont nous allons parler aujourd’hui, Les Nouveaux Sauvages, nous partons à la rencontre d’un film atypique, mettant en scène six courtes histoires regroupant toutes un point commun : le fait de craquer, et de se livrer, sans aucune retenue à un vrai pétage de plombs.

Sans demi-mesures, Les Nouveaux Sauvages regroupe donc six situations aussi pertinentes que variées, et nous présente une situation initiale dérangeante, que l’on aurait tous pu connaître un jour. Un élément perturbateur arrive, et vient livrer notre protagoniste principal à un dilemme moral : prendre sur soi, ou céder ? Si la politesse et la retenue sont parfois considérées comme des vertus de notre société, il n’en sera rien pour ces Nouveaux Sauvages, qui laisseront le carnage prendre le pas sur la bienséance. Cleek vous présente donc ce mélange délirant des genres, entre comédie, drame et récit surréaliste : laissez-vous tenter et succomber au délicieux point de rupture.

 

Cleek-images-nouveaux sauvages2

 

Titre et réalisation : Les Nouveaux Sauvages – Relatos Salvajes (« récits sauvages »), réalisé par Damian Szifron
Durée : 122 minutes

Distribution : Ricardo Darin, Erica Rivas, Leonardo Sbaraglia, Dario Grandinetti, Rita Cortese, Oscar Martinez, Julieta Zylberberg, Maria Marull, Diego Gentile, Nancy Duplaa

Sortie : 2014
Pays d’origine : Espagne, Argentine

Récompenses : Festival International du Film de Saint-Sébastien : 2014 – prix du meilleur film européen, National Board of Review Awards 2014 – meilleur film en langue étrangère, Premios Platino 2015 : prix du meilleur film, en plus de 7 autres récompenses au sein du même festival.

 

[divider]Présentation des histoires[/divider]

 

Pasternak  – Non, il ne s’agit pas une insulte, mais plutôt d’un nom de famille, une connaissance qu’ont en commun deux personnes qui se rencontrent durant un vol… mais pas seulement, puisqu’au bout de quelques minutes, l’entièreté des personnes à bord se rendent comptent qu’elles ont également eu un lien plus ou moins marqué avec cette même personne, ce fameux Pasternak. Les coïncidences ont leurs limites…

Mort aux rats – Un homme arrive dans un restaurant. La serveuse reconnait en lui le responsable du déclin financier de sa famille et du suicide de son père. Sa collègue, une ancienne détenue, lui propose d’ajouter de la mort aux rats au repas du client. L’occasion est tentante, est sans doute trop belle pour la manquer.

La loi du plus fort – Une incivilité routière, un geste obscène, et une lutte sans merci qui s’engage entre deux hommes, redoublant d’inventivité pour se nuire l’un l’autre, quoiqu’il en coûte. Un pétage de plombs, cela ne se fait pas à moitié.

La Bombe – Un véhicule mal garé, la fourrière, les amendes, les impôts, les taxes… autant de devoirs civiles dont on se préoccupe parfois du bien fondé. Un homme sombre petit à petit dans un absurde concours de circonstances, perdant tout ce qu’il a de plus cher. Une bonne dose d’injustice au service d’une vendetta globale : la roue tourne et pour le reste… ce n’est que de l’argent.

La Proposition – Un jeune homme rentre de soirée dans la riche demeure familiale, ivre mort, avouant avoir renversé une femme enceinte avant de prendre la fuite. Le lendemain de la nouvelle, les parents du jeune héritier songent à un moyen d’éviter la prison à leur fils. S’ensuit une proposition particulière, faite à l’homme à tout faire de la maison. Entre avidité, avarice et culpabilité, la justice peine à se frayer un chemin vers la vérité.

Vous devriez regarder aussi ça :
Que regarder en mars 2024 sur Paramount+ ?

Jusqu’à ce que la mort nous sépare – Un mariage bat son plein, quand soudain, la mariée apprend l’infidélité passée de son nouvel époux. La crise sera violente, et les retombées inattendues dans cette course folle, à la haine, à l’amour.

 

Cleek-images- les-nouveaux-sauvages3

 

[divider]Critique[/divider]

 

Les Nouveaux Sauvages, en dépit de ses quelques prestigieuses nominations, est un film qui est passé relativement sous silence à sa sortie. La promotion n’avait pas été à son top, en plus du fait que le long-métrage avait davantage été diffusé dans les cinémas d’art et d’essai. Néanmoins, l’œuvre de Damian Szifron nous présente une fresque de situations, une galerie de personnages aussi variés qu’attachants, des sortes de Monsieur/Madame tout-le-monde dans lesquels nous nous retrouvons à un moment ou à un autre.

Il y a tout d’abord cette situation initiale, mettant en scène notre « héros » de l’histoire, un élément perturbateur, et enfin, inlassablement la descente aux enfers et le craquage psychologique. Et si Les Nouveaux Sauvages plaisent, c’est avant tout et surtout parce que la crise ne sera fera pas dans la dentelle. Cette dernière est bien souvent violente, à la hauteur de l’énervement que l’on pourrait tous ressentir en pareilles circonstances, sauf qu’ici, rien n’oblige à prendre sur soi. Le film nous présente donc un délicieux voyage aux pays de la revanche, sans demi-mesure ni bienséance, loin de nos carcans sociétaires. Les répercussions de ces actes seront d’ailleurs irréversibles, ou la plupart du temps, assez radicales, ce qui ne fait que renforcer l’aspect cathartique de l’œuvre : ce qu’il pourrait être plaisant de succomber une fois, rien qu’une fois, aux débordements qui grondent en nous, sans avoir à en subir les conséquences ? C’est cette question que soulève Damian Szifron dans ces six histoires variées dans leur propos comme dans leur genre. Car en effet, si chacun des récits nous rappellera un aspect pénible, négatif de notre train-train quotidien, le traitement du sujet restera, quant à lui, très soigné.

Ne vous étonnez donc pas de passer, dans ce film, aux travers d’émotions diverses et opposées, alliant à la fois le rire, la gêne, le dégoût, l’exaspération, ou encore la compassion. Tout y est réalisé pour créer l’empathie envers la victime, mais pour nuancer le radicalisme des choix faits par notre héros. Si certains thèmes arborent une situation pour le moins surréaliste (Pasternak, La loi du plus fort…) d’autres, beaucoup plus prévisibles (La Bombe, Jusqu’à ce que la mort nous sépare) feront la part belle à un véritable défilé de sentiments aussi complexes que contraires.

On notera par ailleurs que le dernier « sketch » mettra en scène une superbe Erica Rivas en mariée névrotique, à la limite de son point de rupture, folle, viscérale et attachante, tout comme la prestation toute en nuances de Ricardo Darin, dans son portrait de l’homme perdu au milieu d’obligations sociétaires. Un film à voir donc, pour passer du rire à la colère, en passant par tout un panel d’émotions. Ne résistez plus, et rejoignez Les Nouveaux Sauvages !

 

Cleek-images-les-nouveaux-sauvages-1