La Dvdthèque : La Taupe

 

Bonjour à tous et bienvenue dans ce septième épisode de La Dvdthèque, votre rubrique cinéma sur Cleek ! Comme toujours, nous allons vous présenter un film déjà sorti au cinéma et dont vous pouvez faire l’acquisition en DVD ou Blu-Ray pour compléter votre Dvdthèque geek. Analyse, présentation, synopsis, musique et extraits continuent d’égayer votre lecture de La Dvdthèque, pour un contenu garanti sans spoilers.

Le 11 novembre prochain sortira le dernier James Bond, Spectre. Sa sortie, très attendue, en fait probablement un des films les plus anticipés de l’année. À tel point que le vol du scénario, à la suite du piratage des studios de Sony en décembre dernier, supposément commis par la Corée du Nord, a obligé l’équipe du tournage à changer drastiquement l’intrigue, dans une série d’évènements au cours de laquelle la fiction a semblé, un instant, rattraper la réalité. L’occasion, pour nous, d’entamer un nouveau cycle, dans la Dvdthèque, qui sera consacré à ce genre si particulier : le film d’espionnage.

Sous-genre du cinéma d’action, le genre du film d’espionnage regroupe des titres aussi variés que la série des James Bond, La Vie des Autres, The Constant Gardener, L’Affaire Cicéron, L’Étau, Munich, ou encore la série des Mission : Impossible. Comme vous pouvez le constater parmi la variété de titres ci-dessus, le film d’espionnage peut tout aussi bien être tout en muscles, ou tout en cellules grises. Le film auquel nous allons nous intéresser aujourd’hui, tient, lui, de la seconde catégorie. Plongez dans le sombre univers de La Taupe.

 

[divider]La Taupe[/divider]

 

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Genre : Film d’espionnage
Durée : 127 minutes
Titre original : Tinker, Tailor, Soldier, Spy
Musique : Alberto Iglesias

Distribution : Gary Oldman (Léon, Le Cinquième Élément, Batman), Tom Hardy (Inception, Mad Max : Fury Road), Mark Strong (Mensonges d’État, Kingsman), Colin Firth (Le Patient anglais, Le Discours d’un Roi, A Single Man), Benedict Cumberbatch (Twelve Years A Slave, Imitation Game)
Réalisation : Tomas Alfredson (Morse)

Sortie : 2011
Pays d’origine : Royaume-Uni, France, Allemagne

 

[divider]Synopsis[/divider]

 

1973. L’espion britannique George Smiley travaille au MI-6, le service de renseignement extérieur du Royaume-Uni, dont il est l’un de principaux dirigeants. À la suite d’une mission désastreuse à Budapest, qui se solde par la mort d’un de leurs agents, et en pleine Guerre Froide, le chef du MI-6 – aussi appelé « le Cirque » -, Control, se voit évincé. Il entraîne avec lui son ami Smiley, qui se voit mis à la retraite. Control, persuadé que Karla, le maître-d’oeuvre du KGB russe, a implanté une taupe au sein du MI-6, meurt quelques temps après. Smiley, découvrant de nouveaux éléments pointant dans ce sens, décide de reprendre officieusement l’enquête. Il découvre que les soupçons de Control s’étaient portés sur cinq espions du MI-6, dont lui. Affublés des noms de code Tinker, Tailor, Soldier, et Poor Man. George Smiley trouvera-t-il la taupe avant que Karla ne porte un coup fatal aux services secrets du MI-6 ?

 

Il y a une taupe, tout en haut du Cirque. Et elle y est depuis des années. ”

 

[divider]L’intérêt du film[/divider]

 

Adapté du roman Tinker, Tailor, Soldier, Spy, de John LeCarré, La Taupe reprend l’intrigue du célèbre écrivain britannique (auteur notamment des romans d’espionnage L’Espion qui venait du froid, Un homme très recherché et La Constance du Jardinier) et lui-même ex-espion de sa majesté durant la Guerre Froide. Le  fait que le film soit une adaptation du roman, le premier dans la trilogie consacrée au personnage de George Smiley, est important tant le film retranscrit l’atmosphère et le ton si caractéristiques de l’œuvre de l’auteur. Le film est, en effet, une histoire complexe, et vous pourrez avouer sans rougir qu’il vous aura fallu plusieurs visionnages pour tout comprendre, un trait que le film partage avec le roman, John Le Carré, maître du roman d’espionnage, ne s’étant jamais senti l’envie particulière d’expliciter des tractations secrètes et complexes de nature. Quant à l’atmosphère, il suffit de voir les couleurs passées et l’impressionnante palette de gris déployées par le film pour le deviner. Si vous ne comptez pas lire du Le Carré, voir le film est cependant une bonne façon de se familiariser avec l’œuvre d’un auteur qui aura autant marqué qu’un certain Ian Fleming l’histoire du roman d’espionnage.

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Si le récit de La Taupe est complexe, il présente cependant un sérieux atout au sein de la panoplie hétéroclite des films d’espionnages : celui de représenter de façon crédible et réaliste la réalité des techniques d’espionnages, à une époque où la Guerre Froide faisait fleurir nombre de secrets et s’affoler les espions du monde entier, mais aussi les dangers encourus. Des personnages, nous ne savons presque rien, sinon la fonction qu’ils occupent au sein du Cirque, et des soupçons qui pèsent sur eux. Le mélange des chronologies – le flashback était un procédé largement utilisé dans le film – complique encore un peu une intrigue subtile où les informations vitales se trouvent parfois dans le sous-texte d’une scène. Il faut regarder La Taupe pour voir un film d’espionnage ambitieux, qui, de toute évidence, ne sous-estime pas les capacités de compréhension de son public, mais aussi une fidèle reconstitution du Londres des années 70, voitures et imperméables informes à l’appui.

 

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Qui est la taupe ? C’est la question qui taraude le film, qui se déroule à une époque où chaque document soigneusement exfiltré par les soins de chaque espion pourrait être une tentative de manipulation du camp adverse. À ce jeu d’échecs à échelle réelle, tout le monde devient suspect, et découvrir des indices requiert une fine connaissance du monde de l’espionnage. Le contre-espionnage, qui consiste à tenter de contrecarrer l’espionnage de l’ennemi, se déploie ici dans toutes ses subtilités. La Taupe est un vrai film d’espionnage, où le raisonnement prend le pas sur l’action, et dont les protagonistes sont les victimes impuissantes d’un système qui les broie dans les rouages géants de l’Histoire.

De ce défi émerge le personnage de George Smiley, discret et flegmatique, un anti-James Bond. Doté d’une excellente mémoire et d’une intelligence aiguisée, qu’il cache sous une apparence quelconque, Smiley est redoutable, tant dans son intuition (dont on pourrait dire qu’elle confine à la paranoïa, déformation professionnelle oblige) que dans sa capacité à mouvoir avec finesse sur l’échiquier mortel de l’espionnage pendant la Guerre Froide. Le retrouverons-nous au cinéma avec la suite des aventures de l’atypique Smiley, Les Gens de Smiley, avec, toujours, le réalisateur suédois Tomas Alfredson derrière la caméra ? Il faut l’espérer.

 

[divider]Musique[/divider]

 

Tirée de la La Taupe, cette excellente reprise du tube de Charles Trenet, La Mer, par Julio Iglesias, figurant au générique de fin du film est une façon de conclure avec ironie un film dur et froid. On salue l’art du contraste et cet excellent choix, pour un film d’espionnage. Nous sommes loin du Skyfall d’Adèle, et même du prochain générique de 007. Écoutez plutôt, en attendant de nous retrouver pour le prochain film de notre cycle de film d’espionnage dans la Dvdthèque !