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J-Drama : enquêtes au pays du soleil levant

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Dramas policiers made in Japan : trois séries télévisées à découvrir

 

Le drama (ou dorama, ドラマ) est une série télévisée diffusée au Japon, et si plusieurs décennies de pratique assidue ont donné naissance à plusieurs types de formats, nous allons nous intéresser aujourd’hui au type Renzoku (連続 : « suite, série, succession ») de 45 à 60 minutes par épisode, et d’une douzaine d’épisodes par saison.

 

Un exemple de drama de type renzoku : Code Blue.
Un exemple de drama de type renzoku : Code Blue.

 

Le genre du drama est au Japon un petit temple de création à lui tout seul : les stars du petit écran y font grimper les taux d’audience et chaque saison voit arriver son nouveau lot de drama pour tous les goûts. Le format Renzoku est taillé pour une diffusion hebdomadaire, en soirée, qui réunira toute la famille devant le petit écran, mais nous allons nous intéresser aujourd’hui à un genre particulier, le genre « mystery ».

Dans la digne lignée de la tradition du roman policier européen, les « mystery drama » donnent lieu à une profusion de séries policières au scénario plus ou moins heureux, suivant un schéma classique qui a fait ses preuves, le « whodunit ».

Dans le whodunit, le principal intérêt de l’intrigue réside dans l’identification du coupable parmi un nombre défini (mais parfois trompeur) de suspects au moyen d’indices plus ou moins clairement parsemés au fil de l’enquête. Il peut être assez étonnant de constater à quel point ce genre a fait son chemin au Japon, et, que vous soyez amateur d’intrigues policières ou simplement curieux de découvrir de bons dramas japonais, suivez ce petit guide des trois dramas qui vont vous remuer les petites cellules grises.

 

[divider]Liar Game [/divider]

 

Liar Game est l’adaptation en drama du manga éponyme de Shinobu Kaitani et si le récit n’est pas un roman policier au sens strict du terme, le processus de démonstration de Shinichi à tout d’une leçon de raisonnement à la Sherlock Holmes.

Synopsis : Sorti en 2007 sur Fuji TV, Liar Game raconte l’histoire de Nao Kanzaki, une jeune fille terriblement naïve qui découvre un jour la somme astronomique de 100 millions de yen (environ 775 000 euros) sur le pas de sa porte, accompagnée d’une lettre l’enjoignant de participer à un jeu appelé « Liar Game ».

 

 

Les règles du jeu sont simples : elle et son adversaire ont tous deux reçu 100 millions de yen, et le but du jeu est de parvenir à dérober l’argent de l’autre, car l’équipe du Liar Game Tournament viendra collecter les 100 millions de yens reçus à la fin du délai imparti. L’argent dérobé à l’autre est le gain personnel du vainqueur, tandis que le perdant se voit obligé de rembourser l’intégralité de la somme.

 

« Nombre de fois où je me suis fait piéger : 42 » La très belle et talentueuse Erika Toda (Code Blue, Nobuta wo Produce) campe à merveille la naïveté crédule de Nao.
« Nombre de fois où je me suis fait piéger : 42 »
La très belle et talentueuse Erika Toda (Code Blue, Nobuta wo Produce) campe à merveille la naïve Nao.

 

Bien sûr, Nao se fait aisément duper par son adversaire et se retrouve bientôt avec l’effrayante perspective de devoir rembourser 100 millions de yen à une entreprise mystérieuse, puissante, et peu scrupuleuse. En désespoir de cause, elle contacte le « génie de l’arnaque », Shinichi Akiyama, fraîchement sorti de prison, qui est immédiatement consterné par la naïveté franchement handicapante de Nao. Ensemble, ils vont participer à un Liar Game Tournament aussi complexe que redoutable.

Saisons : 2
Nombre d’épisodes : 20, en plus du sequel « Liar Game : The Final Stage » qui tient lieu de saison 3
À noter : un version coréenne du drama est sortie fin 2014

 

[divider]Liar Game : un jeu de stratégie[/divider]

 

Il devient très vite clair que le principal atout de la série, c’est le Liar Game lui-même. Intelligent et prenant, le Liar Game est un tournoi où il faut mentir et manipuler ses adversaires pour gagner et leur prendre leur argent. Tous les moyens sont permis et, acculés par la menace d’un endettement faramineux, les participants ne sont pas avares de coups bas et la série n’en est que plus riche de rebondissements.

Si la première manche du tournoi est assez simple, les manches suivantes vous tiendront en haleine par leurs règles qui font du Liar Game un jeu hybride, à mi-chemin entre le Poker pour la dissimulation et le bluff, et le jeu d’échecs pour la prévision des mouvements de l’adversaire, qui donnera aux meilleurs joueurs plusieurs coups d’avance. Liar Game mêle savamment psychologie et stratégie, ainsi qu’une bonne dose de coopération entre les joueurs.

 

Liar Game Coopération

Le huis clos du jeu contribue à accentuer la pression et à créer un suspense parfois assez grisant. Dans une atmosphère de grande défiance, et où la tension, palpable, se manifeste dans une bande-son très électro conçue par le DJ Yasutaka Nakata, les joueurs doivent utiliser l’argent mis à leur disposition comme monnaie d’échange pour gagner. À la fois outil et finalité du jeu, l’argent est au cœur des passions et transforme parfois le jeu en une partie de Monopoly géante et particulièrement diabolique.

 

[divider]Thèmes et personnages[/divider]

 

Le personnage de Shinichi, particulièrement intelligent, est aussi un atout majeur de la série. Porté à l’écran par Shôta Matsuda (Hana Yori Dango, Nagareboshi), Shinichi aborde chaque partie avec sang-froid et la détermination de trouver un moyen de résoudre les casse-têtes complexes du Liar Game Tournament.

Les thèmes très japonais de la vengeance et de l’escroquerie (on se souvient notamment de la série Kurosagi, avec Tomohisa Yamashita, qui racontait l’histoire d’un jeune escroc épris de vengeance) sont au coeur de Liar Game.

Le thème de la cupidité est un thème central et est abordé de façon intelligente car, si l’on se rappelle le premier round, les deux participants ne gagneraient rien mais ne perdraient pas d’argent non plus en s’abstenant de se voler l’un l’autre. Ivres de gagner sommes mirobolantes, les joueurs les plus cupides dérapent et révèlent une facette parfois monstrueuse de leur personnalité.

 

La pomme est tout un symbole dans Liar Game
La pomme est tout un symbole dans Liar Game

 

Les questions de moralité se manifestent aussi par des symboles bibliques qui émaillent la série (anges, démons, et la pomme d’Ève y sont des images omniprésentes et un des morceaux de la bande-son y va carrément à l’orgue), et le format très politique des jeux : le jeu du vote à la minorité est par exemple une forme de démocratie inversée et le jeu du douanier rappelle le monde des relations internationales.

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Nerveuse, bien écrite et pleine de surprises, Liar Game est une série pour ceux qui aiment les construction narratives irréprochables et les énigmes en général.

 

[divider]Mr. Brain[/divider]

 

Mr. Brain raconte les enquêtes menées par le service scientifique de la police de Tôkyô, et plus particulièrement de celles de Tsukumo Ryusuke, un neurologue un peu barré qui a une approche assez personnelle des enquêtes.

 

Le célébrissime Takuya Kimura (Hero, Good Luck!) est Ryusuke Tsukumo.
Le célébrissime Takuya Kimura (Hero, Good Luck!) est Ryusuke Tsukumo.

 

Synopsis : Ryusuke est un « host » (c’est-à-dire un jeune et assez beau garçon travaillant dans des bars pour tenir compagnie aux clientes) à Tôkyô, jusqu’au jour où un échafaudage lui tombe sur la tête (oui, oui, littéralement.) Gravement blessé, il est opéré et à son réveil, le médecin, navré, lui annonce que les conséquences neurologiques de cet accident seront difficiles à prévoir sur le long-terme. Inquiet et déstabilisé, le jeune homme décide de commencer des études de neurologie, en quête de réponses.

Quelques années plus tard, Ryusuke est un neurologue confirmé et débarque dans le très prestigieux institut scientifique de Tôkyô, lequel travaille en étroite collaboration avec la police. Curieux, touche-à-tout, et peu respectueux des conventions sociales, Ryusuke va mettre un joyeux bordel dans l’institut et mener l’enquête, au grand dam de ses collègues et de la police.

Saisons : 1
Nombre d’épisodes : 8
Diffusion : Sorti en 2009 sur TBS

 

[divider]Un neurologue mène l’enquête[/divider]

Ryusuke Tsukumo dans toute sa splendeur
Ryusuke Tsukumo dans toute sa splendeur

 

Mr. Brain recèle de nombreuses enquêtes très intéressantes et l’homme invisible, le pianiste amnésique, et le fantôme du condamné à mort ont été autant de mystères initiaux déroutant la police et titillant l’intérêt du spectateur.

Ryusuke mène l’enquête en mettant au service de la police ses compétences sur le cerveau : mémoire, émotions, facultés cérébrales sont autant d’outils qui permettront au neurologue de confondre le coupable. Si vous voulez savoir comment on attrape un criminel avec un IRM, ou comment voir clair dans le jeu d’un suspect feignant la folie, Mr. Brain vous fournira joyeusement la réponse.

 

Tanbara : l'instinct du fin limier.
Tanbara : l’instinct du fin limier.

 

La série utilise également de nombreux ressorts comiques, souvent liés au caractère pour le moins décalé de Ryusuke, mais aussi grâce au duo policier Tanbara – Hayashida, très drôle dans leur mélange de désespoir et de tentatives de collaboration face au neurologue déjanté.

 

Les inspecteur Hayashida et Tanbara, le flic expérimenté et le débutant.
Les inspecteurs Tanbara et Hayashida : le flic expérimenté et le débutant.

 

Si Mr. Brain rappelle Les Experts par de nombreux côtés, la série se concentre sur l’apport de la neurologie dans la science criminelle moderne, et reste une création intéressante, rondement menée, et plaisante à suivre.

 

[divider]Strawberry Night[/divider]

 

Strawberry Night est un classique du genre, et une série policière de bonne facture, au-dessus de la moyenne de ce que nous proposent les studios japonais du fait d’une réalisation réaliste et soignée. L’intérêt principal de Strawberry Night réside à la fois dans les personnages de la série et dans la possibilité de suivre plusieurs enquêtes sur la saison.

 

Himekawa et son équipe.
Himekawa et son équipe.

 

 

Synopsis : Basé sur la série de romans policiers de Tetsuya Honda qui s’est écoulée à plus d’un million d’exemplaires, Strawberry Night raconte l’histoire de Reiko Himekawa, la seule femme de la criminelle de Tôkyô à diriger sa propre escouade. Compétente et déterminée, Reiko se dévoue corps et âme à son travail malgré la désapprobation de ses parents et le machisme ambiant. Grâce au dévouement croissant de son équipe et à un bon flair, Himekawa mène l’enquête.

Saisons : 1
Nombre d’épisodes : 11, plus un épisode spécial et un film
Diffusion : Sorti en 2010 sur Fuji TV

 

Takeuchi Yuko garde son rôle de Reiko Himekawa dans le film sorti en janvier 2013 au Japon.
L’actrice Yuko Takeuchi garde son rôle de Reiko Himekawa dans le film sorti en janvier 2013 au Japon.

 

On retrouve dans cette série quelques éléments déjà vus et revus : l’expérience traumatique refoulée, la grande motivation d’un personnage féminin sommée de faire ses preuves, des relations interpersonnelles justes et équivoques, entre force et sensibilité.

Strawberry Night a cependant la grande qualité d’avoir une interprétation solide et un rythme agréable. Les histoires sont crédibles et réalistes, et s’éloignent du sensationnalisme par lequel pêchent d’autres séries nipponnes. La galerie de personnages donne de la consistance à la série en nous présentant une équipe où chacun à un rôle à jouer, et un caractère intéressant qui lui est propre.

La série comporte six affaires différentes, et se donne le temps de les développer sur onze épisodes. L’atmosphère, sobre et efficace, est servie par une bande-son très élégante, signée Yûki Hayashi.

 

https://www.youtube.com/watch?v=MbYMi1pq2o0

 

Strawberry Night est une série solide et efficace, à voir pour l’interprétation de ses personnages, sa mise en scène réaliste (un fait suffisamment rare dans le monde des dramas japonais pour être noté), et pour goûter au phénomène littéraire de Tetsuya Honda.

 

[divider]Bonus[/divider]

 

Puzzle Drama affiche

 

Si vous aimez les histoires policières totalement déjantées, jettez donc un œil à la série japonaise Puzzle. Forte de dix épisodes, la série met en scène une professeure d’anglais totalement incompétente mais très vénale, qui manipule sans scrupule ses trois étudiants, et les pousse à résoudre des enquêtes ayant des récompenses à la clé.

 

Dur dur de se faire manipuler quand on est un élève studieux.
Dur dur de se faire mener en bateau quand on est un élève studieux.

 

Un twist malheureux fait que le trésor, hélas, ne sera jamais sien, mais sans se laisser décourager, notre héroïne, amorale mais néanmoins attachante continue sa quête de richesse dans des enquêtes qui n’ont de sérieux que le nom. À regarder pour l’humour et les dialogues plus que pour les enquêtes qui ne sont que prétextes à de nouveaux sketchs.

 

[divider]Il n’y a qu’une seule vérité[/divider]

 

Voilà qui clôt notre article sur les dramas policiers, exemples à l’appui.

Rendez-vous la semaine prochaine pour un nouvel article sur un héros de manga shônen qui, s’il est petit (et pas barbare pour un sou), n’en continue pas moins de résoudre des crimes depuis 1994.

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