Derrière ce nom anglais barbare se cache une pratique bien connue des écoliers. Le penspinning (en anglais, « stylo qui tourne ») est une discipline qui consiste à manipuler son stylo entre ses doigts de manière esthétique.
L’un des passe-temps préférés des écoliers est même devenu une discipline officielle de jonglerie, à l’instar du hula hoop, des bollas ou du diabolo.
C’est donc tout naturellement que des rassemblements de jongleurs se sont effectués sur le net via des forums mais aussi dans la rue avec des « meetings » pour former des associations organisées. Comme toute discipline, le Penspinning possède un vocabulaire spécifique dont voici les définitions :
Penspinner ou Spinner : individu qui pratique le Penspinning
Trick : figure réalisée à l’aide de son stylo. Il existe des centaines de figures et toutes dérivent de cinq figures fondamentales (Thumbaround, Sonic, Infinity, Fingerpass et Charge) que nous développerons dans un prochain article.
Combo : enchaînement de Tricks.
Mod (abréviation de « Pen Modification ») : les Spinners utilisent la plupart du temps des stylos modifiés pour faciliter la réalisation de leurs Tricks.
Collaboration : Au contraire d’une Solo, une Collaboration (ou Collab) est une vidéo associant plusieurs Spinners qui présentent leurs combos.
En ce moment, se prépare l’organisation du World Tournament 2015 (WT15). C’est la cinquième édition de ce tournoi qui a lieu tous les deux ans, en alternance avec la World Cup (WC). Là où la World Cup fait s’affronter des équipes (le plus souvent par communauté/nationalité, mais parfois par opportunisme), le WT est un tournoi individuel.
Mais avant d’en arriver à expliquer les tournois mondiaux et les enjeux des équipes régionales, commençons par l’historique de ce jonglage souvent moqué et méconnu.
[divider]Historique[/divider]
Faire tourner un stylo autour de son pouce n’est pas nouveau puisque le mouvement en devient même instinctif. Tout ce dont vous avez besoin c’est d’un stylo, et il n’est donc pas étonnant de voir les premières traces de Penspinning avant la Seconde Guerre mondiale au Japon. C’est au pays du soleil levant que vont apparaître les premiers termes en rapport avec la discipline : ペン回し (pen mawashi) et 浪人回し (rounin mawashi).
Il faut néanmoins attendre 1989 pour voir un étudiant présenter sa première thèse à ce sujet. À cette époque, ce hobby est mal vu au Japon car associé à l’échec scolaire. Il paraît même que le bruit du stylo qui tombe serait énervant (mes camarades de classe lycée/fac’ ne pourront d’ailleurs pas infirmer ce point).
Le Penspinning va connaître son premier essor grâce à Internet :
– En 1997, le Japonais Hideaki Kondoh crée le premier site web sur le Penspinning, celui-ci s’intitule « Mon histoire du Penspinning » et forme la première communauté de penspinners au monde.
– En 2004, Fernando « Kam » Kuo met en place l’UPSB (Universal Pen Spinning Board), une communauté mondiale de Penspinning.
– En 2005, « Radek » créé la FPSB (French Pen Spinning Board), la communauté française/francophone est en place et toujours en activité.
Bonkura, symbole tragique du Penspinning
Au cours de ces vingt dernières années, quelques Penspinners ont réussi à se faire un pseudonyme dans la discipline mais bien peu ont eu l’aura de Toshikazu « Bonkura » Nagai. Encore aujourd’hui, cet étudiant en Lettres est considéré comme l’un si ce n’est le plus grand Spinner du monde. Le 13 septembre 2007, il meurt d’une insuffisance cardiaque à l’âge de 21 ans. Cela a été un choc dans le petit monde du Penspinning et beaucoup d’hommages ont été rendus au jeune homme qui a révolutionné la jonglerie, lui qui n’a cessé d’introduire de nouveaux concepts.
Même si il n’a jamais remporté de tournoi majeur, Bonkura demeure un monstre de fluidité et sa créativité impressionnante continuent d’inspirer les nouveaux Spinners.
Voici la deuxième « solo » de Bonkura en août 2007. Dans cette vidéo qui date de plus de sept ans, on peut voir le jeune japonais introduire des combos à l’aide de divers objets comme la corde ou les aimants. De plus, il réalise également un « I-Sonic » (qui est sa figure signature) en associant Penspinning et manipulation pour donner l’impression d’une disparation du stylo en cours de combo.
[divider]La communauté française[/divider]
Nous avons pu évoquer la création de la première communauté française en 2005. Avant d’aller plus loin et d’entrer dans les termes plus techniques de cette discipline, il est temps de présenter ce qu’on peut trouver sur le forum français de Penspinning : http://www.thefpsb.com/
Et pour cela, rien de tel que de demander directement ces informations à l’administratrice de ce site : Magali « Lanfear » Castinel, professeur documentaliste au lycée Louis Bascan de Rambouillet.
« Bonjour Lanfear, peux-tu nous parler un peu de la FPSB ?
– Contrairement à ce que son nom indique (French Pen Spinning Board), la FPSB est avant tout francophone (par exemple, pas moins de trois belges nous représentent sur les sept slots du WT). Notre communauté est certes, majoritairement française, mais compte aussi des membres belges, québécois ou suisses (et parfois quelques membres étrangers qui passent nous dire bonjour). C’est un forum qui fête ses dix ans cette année et qui a donc une longue histoire derrière lui, puisqu’il en est à sa quatrième version. Et malgré tout, certains membres sont encore là après toutes ces années.
– Que peut-on trouver sur la FPSB ?
– La FPSB, c’est donc d’abord un lieu d’apprentissage. C’est une immense base de données sur le Pen Spinning : les différents tricks, comment les exécuter, des vidéos du monde entier, des tutoriels de mods, etc. C’est un lieu d’entraide, où apprendre à plusieurs quand on est tout seul. C’est aussi un lieu d’innovation, avec des débats sur la création de nouveaux tricks, sur les notations de ceux-ci, etc. Mais surtout, c’est une communauté. Un endroit pour discuter avec des gens d’une passion commune (même s’ils ont l’air un peu spéciaux au premier abord), faire des tournois plus ou moins sérieux, et finir par les rencontrer, lors du meeting annuel.
– À quel niveau se situe la Board française dans le monde ?
– Au niveau international, la FPSB est une board majeure. C’est une des communautés les plus actives, les plus nombreuses et surtout, les plus talentueuses. Même si les asiatiques (et principalement les japonais) restent les meilleurs mondiaux depuis les débuts du pen spinning, les francophones ont un style à eux qui leur permet d’atteindre les hautes sphères du PS mondial. Certains de nos spinners sont des légendes, et nombreux atteignent les quarts/demis/finales de tournois internationaux.
– Et toi dans tout ça ?
– Et moi… Et bien je gère tout ça. Je suis là depuis neuf ans maintenant. Et administratrice depuis… on va dire six ans, mais je dis ça au pif. Mon rôle est de vérifier que la communauté reste active, que l’organisation des tournois annuels se déroule bien, que l’ambiance entre les membres est bonne, de trouver des idées pour que le forum soit vivant, de coordonner l’équipe de modération… Et accessoirement, je suis responsable du meeting annuel, qui a lieu en août, sur une durée de trois jours et qui est très dur à organiser.
[divider]Conclusion[/divider]
En attendant les premiers combos du World Tour 2015 qui devrait commencer en mars, il est toujours possible de jeter un rapide coup d’œil aux vidéos des tournois précédents. Il est intéressant de noter que s777 avait remporté la troisième édition en 2011 et que les français font toujours de bons résultats dans les grands rendez-vous.
Nous souhaitons bonne chance aux sept Spinners qui représenteront la FPSB dans le tournoi de cette année !
On se retrouve la semaine prochaine pour un article plus détaillé et technique sur les Tricks et les Mods !
[…] Si vous avez raté le premier article, il est ici : http://cleek.fr/2015/02/dossier-le-penspinning-introduction13/ […]
[…] – Article 1 […]
Comments are closed.