Apple vient donc de choisir Quanta Computer pour gérer la fabrication de ses Macs aux USA.
Le paradoxe de notre économie mondialisée c'est de constater que Quanta est un géant taïwanais, né en 1988 et dont l'une des premières missions a été de récupérer l'assemblage des PC et notebook de HP, Toshiba et autres quand ces derniers se sont débarrassés de leurs capacités de fabrications.
Dès la fin des années 90, avec ses usines en Chine, Quanta est devenu le plus gros assembleur mondial d'ordinateurs portables, tout en restant un inconnu du grand public.
Quanta assemble aussi des GPS, des téléviseurs…en profitant des volumes de plus en plus conséquents confiés par les marques historiques de l'informatique, Quanta, comme son collègue FOXCONN, s'est constitué un trésor de guerre impressionnant.
Afin de contourner certaines restrictions douanières et politiques ( on pensera au cas FOXCONN au Brésil par exemple ), Quanta a été amené à investir ou à racheter des capacités de production aux USA mais aussi en Europe de l'est.
Certaines de ces implantations faisaient tout simplement parties d'accords lorsque Quanta a récupéré la fabrication de certaines marques, une à deux usines se retrouvaient dans le paquet histoire de soulager les tensions sociales et politiques locales. La plupart du temps, ces dernières voyaient leurs capacités dégonfler rapidement au profit des implantations asiatiques.
Les temps changent et surtout les préoccupations des populations nationales: les ODM asiatiques prennent maintenant en considération cette nouvelle conscience nationale qui semble maintenant se préoccuper plus du lieu de production et de son impact sur l'économie locale que du seul prix final.
En 30 ans, l'industrie occidentale du Hitech ayant été anéanti par une guerre des prix au nom d'une logique qui voulait que les moyens de production soient en asie et les bureaux d'études en occident…Les asiatiques à qui on pensait avoir confié le sale boulot, sont maintenant armés de bureaux d'études et d'une expérience qu'ils exportent.
Toute source de concurrence nationale ayant disparue, le coût de la main d'oeuvre, même s'il est toujours prépondérant, n'est plus un frein à l'ouverture d'usines hors des pays à bas coûts salariaux.
Je ne sais pas dire si Apple qui confie maintenant une partie de sa production à Quanta USA ( Nashville et Fremont ) et le champion du cynisme ou tout simplement l'arroseur arrosé qui tente de limiter la casse.
Je crois cependant que ce mouvement de re-localisation va continuer mais qu'aujourd'hui, pour ouvrir des capacités en Europe comme aux USA, nous en seront réduits à quémander de l'aide aux puissants ODM asiatiques qui disposent des capacités financières mais aussi techniques…tout ça sous les vivats de la bourse bien entendu.