Le sport, eldorado de la VR ?
La VR, ou Virtual Reality, est une technologie qui permet de simuler un environnement dans lequel l’utilisateur pourra interagir et aura une présence physique. Cela permet donc de créer une toute nouvelle expérience, complètement différente de ce que l’on connaît déjà. Cette simulation créée et gérée par des logiciels offre un univers sensoriel où l’immersion est reine. C’est d’ailleurs très ironique de voir que cette technologie a été baptisée comme un oxymore : une réalité qui se voudrait virtuelle. Dans le marché actuel et en raison d’absence de technologies phares, la VR stagne. Notdjey, dans son article, a prophétisé un retrait progressif de la VR au profit de la réalité dit augmentée dans la plupart des foyers . Cependant, afin d’être complètement plongé et immergé dans un environnement, la réalité augmentée est clairement insuffisante. C’est pour cela qu’il y a quelques domaines qui peuvent se permettre de croire encore à la VR, comme le sport.
La VR a-t-elle un futur dans le domaine du sport ?
Les consommateurs de sport bénéficieraient des avantages de la VR
D’abord, pour les consommateurs d’actualités et de matchs sportifs, elle représenterait un compromis implacable entre la télévision et le stade. Fini les personnes devant qui vous gênent ou encore le siège inconfortable sur lequel vous êtes installé. Les contraintes de transport et de sécurité dans le stade s’envolent et laissent place au confort de votre modeste domicile. Vous amenez le confort de votre chez-vous dans le stade. Le fait de garder ses petites habitudes et de pouvoir être complètement libre de ses mouvements et de ses actions est quelque chose de formidable. Terminé les menus sortis du congélateur qui sont affichés à des prix exorbitants par des vendeurs de proximité. Vous disposez de toutes les cartes pour combler vos attentes. Il ne reste alors qu’à espérer (ou presque) que le match soit divertissant pour que vous puissiez réellement apprécier le spectacle. Bien que rien ne remplace la vraie ambiance des stades, c’est ce qui se rapproche le plus de l’expérience que l’on peut avoir là-bas.
Ensuite, les économies seront à coup sûr très intéressantes. Si l’on enlève les coûts de transport, de stationnement de la voiture et ce qu’il faut pour se sustenter et s’amuser, on arrive à un coût vraiment inférieur. Les équipes qui gèrent les stades ont déjà bien compris qu’il fallait que leur billet soit le plus bas possible pour inciter le consommateur à dépenser à l’intérieur du stade. Après, il y a une inconnue dans cette équation : le prix du billet du match VR. Deux hypothèses sont possibles pour cette question. Si le prix du billet VR est inférieur au prix du billet stade, cela mettrait plus longtemps à rentabiliser le coût d’installation de la technologie. D’un autre côté, si le prix du billet VR est supérieur au prix du stade, il perdrait un petit peu d’intérêt puisque les gens ne le verraient plus comme un compromis. Je suis cependant persuadé que le prix du billet sera toujours inférieur au prix du billet pour aller au stade. Cela constituerait donc une énorme économie de moyens si vous répétez la formule pour toute une saison d’un ou plusieurs sports.
De plus, l’immersion est le plus gros point fort des casques VR. Vous tous qui avez déjà testé une simulation de vol d’oiseau ou de pilotage d’avion, vous avez ressenti cette sensation d’être complètement plongé dans ce que vous faites. Il s’agit là, selon moi, de la plus grosse valeur ajoutée de la VR puisqu’elle permet de « simuler virtuellement » une place du stade très bien placée. Avec les améliorations de cette technologie, vous aurez vraiment l’impression d’y être, à quelques détails près. De plus, je connais certaines personnes qui habitent sur le continent américain et qui sont séduits par ce genre de propositions. Ces aficionados de sports tels que le football ou le tennis seraient prêts à payer un set complet VR plus un abonnement VR pour suivre leurs équipes ou leurs joueurs favoris. Il s’agira de la technologie reproductrice qui se rapprocherait le plus de la sensation d’être dans un vrai stade.
Il s’agit également d’une opportunité monstrueuse pour les entreprises
Quand on regarde aujourd’hui comment la rentabilité des droits TV a explosé, on voit bien l’intérêt des entreprises. Ce qu’il faut avant tout comprendre, c’est que cet abonnement VR ne remplace pas les droits TV, il les complète. Il s’agirait ici d’un nouveau revenu pour les compagnies qui se lanceraient dans cette aventure. Le supporter d’une équipe regardera les matchs de son équipe préférée en VR mais ne se donnera pas la peine pour les autres équipes. Je pense sincèrement que ce cas de figure sera majoritaire. Cela permettrait encore d’ajouter un nouvel income aux diffuseurs. N’oublions pas que le premier objectif d’une entreprise est sa pérennité. Vu les enjeux économiques faramineux, je peux d’ores et déjà vous dire que tous les diffuseurs y ont déjà pensé et sont potentiellement en train de la mettre en place.
En effet, nous avons parlé des revenus de cette opération qui pourraient s’avérer croissants. Il est temps désormais de parler des coûts. Ce qui va clairement coûter le plus cher dans cette opération, c’est la recherche et développement des entreprises créatrices de cette technologie. En plus de cela viennent s’ajouter les coûts d’installation, de sécurité des données, de maintenance et de mise à niveau des technologies. Mais nous parlons ici d’investissements qui se rentabilisent sur le long terme. Il s’agit là d’un schéma similaire à la création des premières chaînes de télévision. Les coûts étaient énormes et il a fallu attendre que le foyer moyen soit équipé pour que ce soit rentabilisé. Mais quand on regarde ce que cela a donné, si le schéma tend à se répéter pour la VR, cette dernière aura effectivement un brillant avenir dans le sport.
Dernier aspect important qu’il faut évoquer, c’est l’acquisition potentielle de nouveaux clients. Certaines personnes rechignent à sortir de leur quotidien et à tenter de nouvelles expériences à cause de la distance ou encore d’autres barrières. Cette technologie, une fois testée, pourrait peut-être amener une certaine partie de la population à aimer le côté spectaculaire du sport. Je pense vraiment que le voir en VR peut faire réviser leurs jugements à certains détracteurs du sport. Il faut quand même se rappeler que l’ambiance d’un stade est relativement similaire à celle d’un concert. La plupart des personnes s’attendant à voir dans un stade seulement une représentation sportive et pas un spectacle son et lumière qui prendrait tout son sens en VR. Eh bien évidemment, ces nouvelles personnes acquises grâce à cela vont consommer du contenu VR.
Les problèmes à résoudre avant la version finale de la VR sont nombreux
Néanmoins, si l’on se base sur les technologies actuelles de la VR, il y a quelques problèmes à élucider. D’abord, le port du casque VR est aujourd’hui assez inconfortable sur la durée. Les entreprises créatrices de casques VR ont bien compris qu’il sera difficile de passer outre cet inconfort total. Ce genre de casques demande tellement de technologies informatiques et de maintien qu’il vous est recommandé de faire une pause toutes les 15 minutes. Cela coupe totalement votre immersion dans votre match et vous donne même au passage quelques douleurs au niveau du cou. Si elle se veut être le remplaçant de la télévision pour les grandes occasions, la VR devra passer par de longs processus de traitement d’objection. Pour cela, la miniaturisation et l’agencement de ces composants doivent être mieux pensés et le matériau qui les enrobe plus confortable. En tout cas, la situation sur le marché montre bien que la VR n’est pas une affaire de court terme. La volonté de revente de la filiale Vive de HTC montre une volonté de rentabilité immédiate. Cela montre aussi que la persévérance dans ce domaine n’est pas chose aisée mais que le la récompense peut valoir le travail accompli.
Les casques VR ont une autre caractéristique qui peut rebuter le supporter classique : le prix. Quand Bein ou SFR Sport proposent l’accès au même contenu sur un support que l’on possède déjà, cela nous fait réfléchir quant au rapport qualité/prix de cette technologie. La plupart des entreprises ont déjà baissé de moitié le prix de leurs casques VR. Cependant, pour qu’ils puissent intégrer les foyers moyens, il faudra encore faire des sacrifices financiers. Certes, il existe des casques d’entrée de gamme qui permettraient potentiellement d’avoir un niveau de qualité satisfaisant. Mais le supporter de sport, dans son domaine, est quelqu’un de très exigeant. Pour le satisfaire, tout doit être réuni : confort de mise en place, d’utilisation, d’arrêt, de mise en pause et un prix contenu. Tous ces paramètres sont très difficilement adaptables les uns par rapport aux autres. Mais celui qui réussit cette prouesse s’ouvre de nouvelles portes dans le divertissement sportif.
Selon moi, la communication en ce qui concerne la VR est loin d’être suffisante à l’heure actuelle. Lors de ses premières représentations, elle était partout mais uniquement centrée sur le jeu vidéo. Cela signifie donc que le jeu vidéo n’est pas la cible prioritaire que la VR doit viser. Pourtant, si on laisse la hype de la VR complètement se dégonfler, ce sont de futurs clients qui perdent confiance dans la technologie. Il faudra donc relancer les campagnes de communication mais aussi réussir à cibler le bon panel de personnes. C’est encore une barrière qu’il faudra surmonter pur réussir à faire de la VR LA technologie phare du sport.
La VR n’est pas et ne sera jamais une technologie phare du jeu vidéo
Ce domaine évolue trop rapidement pour qu’elle puisse être attractive. Cependant, si la VR arrive à gommer ses petits défauts comme son confort, sa communication et son prix, elle pourrait être sur le devant de la scène du sport. Son immersion, sa liberté ou encore sa rentabilité à long terme en feraient une technologie incroyable pour tout fan de sport. Sachez que malgré ce chemin parsemé de difficultés, je crois dur comme fer à la pérennité de la VR dans le domaine du sport. Je ne suis d’ailleurs pas le seul puisque j’ai eu la chance d’en parler avec un character designer d’Ubisoft qui m’a confié qu’il y a un an, il pensait avoir eu cette brillante idée mais que de nombreuses personnes s’y attellent déjà. Attendez-vous donc à voir des offres de ce genre dans les cinq prochaines années…
L’argumentaire est assez convaincant, mais il ne faudrait pas oublier que l’un des principaux obstacles à la VR est qu’elle ne permet pas la reconstitution de l’ambiance d’un match, qu’elle ne reproduit pas le sentiment de communauté, et donc d’enthousiasme collectif qui peut y être lié. Il faudrait déjà un dispositif sonore (coûteux) et remarquable pour que les bruits et cris ambiants paraissent réalistes, mais on ne pourra jamais voir ses amis à côté de soi ou interagir… Bien sûr, cela ne retire rien aux nombreux avantages de la VR appliquée au spectacle sportif, mais cela donne des pistes pour mieux la penser. Un jour, quand il seront assez légers, on posera des systèmes de VR sur les torses des joueurs pour avoir des sensations intéressantes, actuellement, il faut vraiment pouvoir changer d’angle de vue à volonté et zoomer pour donner une plus-value à la VR par rapport au spectacle passif proposé par les transmissions télévisées en direct, non ?