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Critique à 4 mains – Spider-Man : No Way Home

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Spider- Man : No Way Home

Spider-Man : No Way Home – Critique à 4 mains 

L’avis de Lucile « Macky » Deloume : rafraîchissant !

Il n’est pas aisé d’aller au cinéma pour moi par les temps qui courent, mais clairement, je ne pouvais pas passer à côté de Spider-Man : No Way Home. Déjà, il faut faire garder bébé, trouver une salle de cinéma qui propose des séances en VO, puis s’y rendre ! Dans mon petit village, j’ai dû compter 1h30 de route en voiture aller-retour afin de me faire un cinéma qui fait dans les versions originales et croyez-moi, ce n’est pas n’importe quel film qui me fera m’organiser. J’ai donc profité de la première semaine de vacances des fêtes de fin d’année pour me rendre à une séance en matinée ET en VO.

Spider-Man : No Way Home était un film que j’attendais réellement, et je suis heureuse d’avoir pu le voir sans m’être fait spoiler. Je n’avais vu aucun meme, aucun trailer, et j’ai pu apprécier et découvrir le film dans son ensemble au cinéma. C’est d’ailleurs pour cela qu’il n’y aura aucun spoiler de ma part ici, je ne parlerai que de ce qui a pu être vu dans le trailer et de mon ressenti général. J’avais adoré les deux premiers volets et j’étais fébrile de connaître la suite, fan du MCU Marvel que je suis. C’est donc avec une réelle hype que je me suis rendue au cinéma et je dois bien l’avouer, avec un tel engouement de ma part, j’avais peur d’être déçue.

Si vous l’avez raté (et que vous avez envie de la visionner), n’hésitez pas à jeter un œil à la bande-annonce ci-dessous :

Et voici pour le résumé :

« Pour la première fois dans son histoire cinématographique, Spider-Man, le héros sympa du quartier est démasqué et ne peut désormais plus séparer sa vie normale de ses lourdes responsabilités de super-héros. Quand il demande de l’aide à Docteur Strange, les enjeux deviennent encore plus dangereux, le forçant à découvrir ce qu’être Spider-Man signifie véritablement. »

Je connaissais les grandes lignes car j’avais vu tous les précédents Marvel, mais j’ai eu un réel plaisir à découvrir toute l’intrigue et tous les personnages. Je n’ai pas vu le temps passer et si un film me donne envie de le revoir, c’est ma « notation » personnelle pour savoir si le film est bon ou non. Ici, je le regarderai avec grand plaisir dès qu’il sera disponible en VOD ou autre. Cette semaine là, en plus de Spider-Man : No Way Home, j’ai également eu la possibilité d’aller voir Matrix : Resurrections. Nous vous en parlerons d’ailleurs rapidement avec Moyocoyani !

Comme toujours ici, j’aime beaucoup le Spider-Man de Tom Holland (qui sera d’ailleurs prochainement à l’affiche de Uncharted, et j’ai vraiment hâte !). Je le trouve drôle, rafraîchissant et touchant. Le personnage ne manque pas pour autant de sincérité et de profondeur. Il a également mûri (mais pas sur tout) car se faire snaper par Thanos, ça doit faire quand même tout bizarre et remettre les choses en perspective. MJ est également là, bien plus présente et impliquée que les deux précédents volets.

Spider- Man : No Way Home

Si Spider-Man : No Way Home sait être drôle, il sait aussi être sérieux et aborder des sujets compliqués comme le deuil. Il est également bourré de références et je pense qu’il faut d’ailleurs plusieurs visionnages pour toutes les capter ! Si vous aimez l’univers Marvel, je ne peux que vous conseiller d’aller au ciné, et vite, avant qu’il ne soit plus à l’affiche. J’ai passé un excellent moment, sans longueurs, et j’espère que comme moi, vous aurez la chance de découvrir le film dans son intégralité sans vous faire spoiler !

L’avis de Siegfried « Moyocoyani » Würtz

Au début de No Way Home, Spider-Man traverse pas moins que la pire crise jamais vécue par un Peter Parker : non seulement son identité est exposée, mais il est accusé d’avoir tué le héros Mysterio sans disposer de la moindre preuve abondant en son sens, ce qui le voue tant aux poursuites judiciaires les plus sérieuses qu’à la vindicte populaire, rendant sa vie comme celle de ses proches… invivable. Voilà ce que l’on nous annonçait à la fin du second opus, et la situation qui débute le troisième, avec l’annonce qu’il irait supplier Strange de lui permettre magiquement de revenir en arrière. Un risque désespéré pour le sortir d’une situation désespérée, proprement intenable pour un adolescent et un gentil super-héros de quartier, même ayant affronté Thanos à plusieurs galaxies de là.

Or cette crise… est balancée hors du film, avec une bêtise iconoclaste infiniment pire que tout ce que l’on a pu reprocher au Johnson des Derniers Jedi. Au bout de 10 minutes en effet, un avocat annonce à Peter que toutes les charges contre lui sont levées, et s’il continue d’avoir des détracteurs, ils sont davantage présentés comme de quasi-clowns inoffensifs que comme un sujet d’inquiétude. Si Peter va voir Strange… c’est parce que le MIT refuse d’accepter MJ et Ned en son sein à cause de leur association avec une figure aussi clivante. Oui, vous avez bien lu : le film avait les meilleures excuses du monde pour justifier un sortilège dangereux et la catastrophe qui en résulte, mais préfère fonder toute sa tension sur le fait que les personnages n’ont pas la bonne fac.

Si je reviens aussi longuement sur ce point de détail, c’est qu’il est un bon exemple ai-je trouvé de l’incapacité critique de No Way Home à générer de la tension, et à la gérer quand elle naît spontanément de certaines situations.

Vous vous souvenez peut-être de la théorie selon laquelle Strange n’est en fait pas Strange, parce que l’on avait du mal à croire, en se fiant aux seules bandes-annonces, qu’il pourrait déclencher des problèmes aussi graves que l’arrivée de super-vilains d’autres univers juste en manquant un sort. C’est en fait pire que cela : il commence à lancer le sort avant même que Peter soit prêt, et ce sort n’échoue que parce que, précisément, Peter a besoin d’ajouter des exceptions à l’amnésie générale, obligeant à trafiquer plusieurs fois un sort en train d’être lancé. Autrement dit, le film n’aurait pas eu lieu si Strange et Peter avaient pris cinq minutes pour discuter des conditions du sort avant de le lancer. Ou simplement si Peter avait commencé… par appeler la fac d’ailleurs, plutôt que de se précipiter chez son copain magicien aussitôt une lettre de refus reçue.

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Autre exemple marquant, une fois que les super-vilains ont débarqué dans son monde, il possède une petite boîte dont il suffirait de presser un bouton pour renvoyer tout le monde chez lui. Petite boîte dont il disposera pendant l’intégralité du film. On conçoit qu’il refuse d’appuyer dessus parce qu’il veut d’abord sauver ces super-vilains de leur malédiction (quitte à les priver de leurs pouvoirs contre leur gré parfois, hum…), ce qui devrait très théoriquement les aider à survivre dans un monde dont ils ont souvent été extraits quelques secondes avant de mourir. Mais représenter dans les grandes largeurs le danger qu’ils représentent, les explosions qu’ils provoquent partout, les vies qu’ils menacent, quand il suffit d’appuyer sur un bouton pour régler tous les problèmes, ne peut manquer de désamorcer la tension à laquelle on voudrait faire croire.

Je n’aime pas pinailler sur les supposées incohérences des films – par exemple le fait que le sort attire exclusivement des personnages connaissant l’identité de Spider-Man, alors qu’Électro ne la connait pas, ou les règles impossibles du sort d’amnésie, ou un sort lancé précisément pour retrouver Peter et qui n’est plus utilisé quand on le cherche… No Way Home comporte par ailleurs son lot de facilités sur lesquelles je ne trouve pas si utile de revenir. Je sais en effet souvent sacrifier beaucoup d’exigence à la suspension consentie de l’incrédulité quand je sens que la magie prend, que vaguement et indescriptiblement, quelque chose fonctionne, de sorte que dresser une liste de faux-raccords ne restitue parfois pas du tout une expérience cinématographique.

Les problèmes mentionnés méritaient cependant à mon avis d’être particulièrement soulignés pour expliquer ma réticence la plus profonde vis-à-vis de l’expérience proposée, mon reproche le plus important : le paradoxe improbable entre des situations d’une tension extraordinaire et une volonté manifeste (quoique probablement involontaire, ce qui est peut-être pire) de briser chaque once de tension, paradoxe aboutissant presque fatalement à me faire sortir régulièrement du film, à stopper brutalement tout afflux d’émotions. Et je ne parle même pas de l’humour, qui n’a peut-être jamais été plus déplacé – je sais, on dit cela de chaque nouvel opus du MCU, mais il est ici particulièrement en décalage avec ce que No Way Home cherche à susciter.

 

Pourtant, je suis bien loin de condamner Spider-Man : No Way Home. Malgré son intrigue de timbre-poste, ses incohérences et facilités, son absence de tension, des personnages se découvrant soudain des caractéristiques qu’ils n’avaient jamais eues (Ned, May), des fonds verts parmi les pires du MCU, un cadre de scènes d’action parfaitement générique (dans la pure tradition du MCU), des bagarres parfois illisibles – et décidément je ne comprends pas comment Marvel a pu promettre les Quatre Fantastiques à Watts alors qu’il sait bien mieux composer des histoires adolescentes que montrer des super-pouvoirs, surtout après Webb qui se montrait tout de même bien plus capable.

Malgré tous ces défauts, No Way Home a le mérite de chercher à approfondir vraiment Peter Parker, à lui donner la leçon de sa vie, et une leçon assez complexe sur la difficulté d’être responsable et héroïque, dans le film méditant le mieux sur le personnage de cette nouvelle trilogie, et offrant ainsi quelques scènes-clef tout à fait réussies – hollywoodiennes certes, mais aussi fonctionnelles qu’on pouvait l’espérer – à l’image bien sûr de la « scène du toit ».

En outre, si la galerie de super-vilains est très inégale (le Lézard n’a absolument aucune personnalité, on ne sait juste pas ce qu’il veut et fait là ; l’Homme de sable se bat avec ses ennemis contre ceux qui veulent justement l’aider…), Électro a du sens, et il est surtout plaisant de revoir Dafoe et Molina en Bouffon vert et Octopus (même si l’une des blagues les plus déplacées du film lui est liée…). Leur présence tient largement du caméo premium, d’autant qu’on ne peut pas dire qu’ils soient exploités avec autant d’intelligence que dans leurs films respectifs, et leur propension à répéter des répliques connues juste pour le fan service est parfois plus ridicule qu’autre chose, et pourtant, ils retrouvent presque instantanément (pour Molina) ou immédiatement (pour Dafoe, particulièrement excellent) tout le capital sympathie accordé à ces personnages et leurs interprètes après les deux premiers films de Raimi.

On aurait vraiment aimé que Watts sache mieux conclure, offrant une belle scène d’ensemble à tous ces personnages, mais on n’est plus vraiment surpris au vu du reste qu’il ne s’en soucie pas réellement, dans une intrigue plus programmatique que fine, où même une très bonne idée liée à la chute de MJ (vue dans le trailer) n’est pas exécutée comme il aurait fallu pour lui donner tout l’impact mérité – je ne peux pas en dire plus. Curieusement, on donne plus de poids cinématographique à « une blessure » qui surprend au contraire par son ahurissante inutilité dramatique.

Bien entendu, je suis donc dubitatif de l’intérêt du film pour des spectat.rice.eur.s n’ayant pas vu la première trilogie, puis la duologie de Webb, tant No Way Home repose sur sa générosité indéniable vis-à-vis de ses prédécesseurs et manque de consistance en soi. Un jeune public pourra néanmoins être pris dans ce parc d’attractions frénétique, quand les autres ressentiront presque immanquablement un plaisir proportionnel à leur souvenir des films précédents, au point de pouvoir compenser en partie la fragilité et la superficialité du tout. Mais tous passeront un plus grand moment devant le film d’animation Spider-Man : Into the Spider-Verse, qui était plus émouvant, plus inventif, plus surprenant et plus généreux, incomparablement supérieur alors même qu’il paraissait trois ans avant Spider-Man : No Way Home en développant autant de thèmes proches.

 

Une fois n’est pas coutume, une plutôt bonne BO de Michael Giacchino.

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