The Witcher Le Cauchemar du Loup – Un film dans la même veine que le reste de la saga The Witcher ?

The Witcher, on en entend parler régulièrement depuis quelques années. À l’origine, il s’agit de romans écrit par Andrzej Sapkowski. Suite à son œuvre qui a connu un franc succès, des jeux vidéo, édités par CD Projekt Red sont sortis. Nous avons eu le droit à The Witcher premier du nom en 2007. La suite est arrivée quatre ans plus tard avec Assassins of Kings. Puis, c’est en 2015 que Wild Hunt a fait sa sortie. Un jeu exceptionnel ne serait-ce que graphiquement parlant sans évoquer le gameplay et son histoire qui nous fait passer par tous les sentiments possibles.

C’est ensuite, en 2019 qu’une série très intéressante sur le papier est arrivée sur Netflix où Geralt est incarné par le célèbre Henry Cavill. Nous en avions d’ailleurs parlé ici. La saison 2 devrait arriver d’ici la fin de l’année 2021.

Aujourd’hui, nous allons parler du tout dernier film produit par Netflix : The Witcher Le Cauchemar du Loup. Cette fois-ci, il s’agit d’un film animé. Qu’en avons-nous pensé ? Réponse dans cette critique complète écrite en commun avec plusieurs rédacteurs de Vonguru.

Synopsis : « Ayant fui la pauvreté, le sorceleur Vesemir tue des monstres pour l’argent et la gloire. Mais l’arrivée d’une nouvelle menace fait ressurgir les démons de son passé. »
The Witcher - Le Cauchemar du Loup

L’avis de Alan Grant : 

Le film animé The Witcher Le Cauchemar du Loup est sorti la semaine dernière sur Netflix. Dès son annonce, je ne peux nier que j’ai tout de suite été enthousiaste à découvrir la jeunesse de Vesemir, le mentor de Geralt. Dès le jour de sa sortie le 23 août, nous l’avons dévoré avec mon conjoint.

Le film débute sur une chanson très glauque que j’ai particulièrement apprécié. Cela ressemble bien à l’univers sombre de The Witcher que je connais. Nous découvrons alors un Vesemir très froid, qui n’aide pas un enfant dans le besoin qui vient de perdre toute sa famille dans des conditions horribles. Cela ressemble bien à la situation des sorceleurs que l’on voit dans la série mais aussi dans les jeux vidéo de CD Projekt Red. On dit effectivement que les sorceleurs n’ont pas de sentiments et que ce sont des monstres. Ils sont constamment insultés, voire même, on leur parfois crache au visage. C’est aussi pour ces mêmes raisons, tout au long du film, que le personnage de Tetra essayera de faire lancer un assaut sur Kaer-Morhen, la forteresse des sorceleurs. On retrouve bien cette peur et cette haine des sorceleurs, et ils ne sont encore présents que parce que des monstres existent.

Plus tard dans le film, on retrouve Vesemir qui prend un bain tout en buvant de l’alcool. On reconnaît bien la manière de fonctionner de Geralt dans la série et dans les jeux vidéo. C’est peut-être d’ailleurs la seule chose qui m’a vraiment dérangé dans ce film animé. J’ai eu comme l’impression de voir une pâle copie de Geralt … Néanmoins, au vu de l’enfance que passent ces hommes, on peut aussi comprendre cette réaction. En effet, leur entrainement est très dur physiquement et psychologiquement. Alors, une fois qu’ils commencent à gagner des sacs remplis d’or, je peux comprendre qu’ils se « lâchent » un peu et profitent de la vie qui leur est donnée.

Toutefois, comme avec Geralt d’ailleurs, on constate que la vie les rattrape toujours et qu’ils sont obligés, malgré eux, de se ranger.

J’ai particulièrement apprécié les scènes d’actions et de combats. Ici, pas de latence comme nous avions remarqué dans la série animée Blood of Zeus. De plus, nous avons affaire à un Vesemir déterminé, même lorsqu’il doit prendre la décision de tuer quelqu’un avec qui il a voyagé par exemple. Il ne doute pas de ses préceptes, au contraire de Geralt qui réfléchit énormément avant d’ôter la vie à quelqu’un ou même parfois à un monstre.

La violence est beaucoup présente et ce, dès le début du film. Ce n’est pas quelque chose qui me dérange, bien au contraire. Elle est parfois nécessaire pour faire comprendre la dure réalité des choses.

En bref, j’ai adoré The Witcher Le Cauchemar du Loup. Le film est prenant. Certaines scènes sont poignantes. Par contre, je regrette que, au début du film, Vesemir, pour moi, n’est qu’une sorte de pâle copie de Geralt, bien que le personnage s’étoffe au fil de l’avancée du film. C’est un peu dommage.

 

L’avis de Lucile « Macky » Deloume : pour tous les fans de l’œuvre The Witcher

C’est Alan Grant qui m’a parlé de la sortie de The Witcher : The Nightmare of the Wolf. Adorant l’œuvre, que ce soit les livres, les jeux vidéo ou la série, j’ai bien évidemment décidé de visionner ce nouvel add-on avec grand enthousiasme, sans rien savoir de l’histoire qu’on allait ici me narrer. J’ai donc été très agréablement surprise de me concentrer sur Vesemir dans sa « jeunesse », somme toute relative à certains moments.

S’il m’a fallu m’y prendre à trois reprises pour terminer le visionnage, j’ai grandement apprécié cet animé que je n’attendais pas et qui m’a fait passer un très bon moment. Comme ma camarade, j’ai forcément pensé à Geralt et des parallèles ont été fait dans ma tête, notamment la scène du bain. Cependant, Vesemir semble être une personne moins taciturne que le Geralt qu’on nous peint dans les livres ou même la série ou les jeux vidéo. Et si les sorceleurs ont la réputation de ne pas avoir de sentiments, nous verrons ici, une nouvelle fois, que ce n’est pas vrai.

The Witcher : The Nightmare of the Wolf

Sans spoiler évidemment, car il serait bête de vous gâcher l’expérience, mais la fin était piffée à des kilomètres à la ronde. J’ai trouvé qu’il manquait ici un certain développement. En effet, 1h21, c’est assez court, et j’aurai bien aimé une petite heure de plus pour développer certains arcs. Il n’en reste pas moins que nous sommes sur un format qui change des médiums habituels pour cette œuvre, et que c’est à regarder, absolument, pour tous les fans de l’univers The Witcher. Bien sûr, maintenant j’ai envie de relire les livres, refaire les jeux, et remater la série, mais le multi-clonage n’étant pas encore une capacité que je possède, il me faudra repenser mes plans.

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Bref, si vous aimez The Witcher, foncez.

 

L’avis de Siegfried Würtz : un long épisode de série

Le principal défaut de ce Cauchemar du Loup est à mon avis d’avoir été annoncé en trop grande pompe, quand il aurait dû être dévoilé plus discrètement, comme un bonus plutôt que comme une œuvre majeure dont on risquerait d’espérer davantage que ce qu’elle offre.

C’est que la promesse était de taille : étendre l’univers de la correcte série The Witcher en remontant dans le passé, au 11ème siècle, pour narrer l’origin story de l’un des plus mémorables compagnons de Geralt, son mentor Vesemir, juste avant son arrivée dans la saison 2, et alors même que le jeu Wild Hunt faisait de sa mort l’un des plus forts tire-larmes de la saga. Et cette origin story ne se pouvait raconter sans expliquer la chute de Kaer Morhen, l’heure sombre dans l’histoire des sorceleurs où ils sont passés d’une institution reconnue et puissante à l’anéantissement presque total – Vesemir devenant le seul sorceleur jusqu’à la formation de Geralt. Et les détails de ce sinistre épisode n’avaient pas été approfondis dans les œuvres déjà parues, de sorte que ce film d’animation attisaient une nécessaire curiosité chez tous les fans.

Or, avec toute cette ambition, j’ai davantage ressenti Le Cauchemar du Loup comme un long épisode d’une série animée The Witcher que comme le film important qu’il prétendait être. C’est qu’il manque terriblement de corps malgré les enjeux très graves dont il essaye de se draper, d’exploitation du lore et de développement de personnages – alors que l’adoption d’un format long aurait dû être l’occasion justement de poser des enjeux solides.

Ainsi l’antagoniste de la série est-il honteusement manichéen – le genre à vouloir s’allier aux monstres pour décimer les sorceleurs sous prétexte qu’un jour un sorceleur lui a fait du mal, bref à posséder un background de vilain secondaire, pas d’archennemi mettant presque fin à l’histoire des witchers !

Et chaque scène où cet antagoniste tente de consolider son camp est plus gênante que la précédente, parce qu’elle rend la compréhension de son combat toujours plus confuse au lieu de la clarifier. Certes, elle s’oppose aux sorceleurs, jusque-là tout le monde l’a compris, mais elle ne semble pas avoir de réelle alternative à offrir contre les monstres, ni même de volonté d’offrir la moindre preuve que les sorceleurs seraient pires que les monstres, objectivement infiniment plus dangereux pour la race humaine et la paix du royaume. Bref on ne sait pas trop ce qu’il dit, ce qu’il essaye de dire, et pourquoi on l’écoute, de sorte qu’il est difficile en tant que fan d’accepter de lui donner un si rôle aussi fort dans le canon.

En dehors de cela, le film se regarde plutôt bien : l’animation manque de génie, mais est très propre – on la doit d’ailleurs au studio sud-coréen (Mir) qui se distinguait par les mêmes qualités avec Batman: Soul of the Dragon (dont je débattais dans cette vidéo). Il ne faut ainsi surtout pas s’arrêter à l’affiche, qui est celle d’un manga cheap et ne s’avère pas représentative de la relative qualité du produit final, un peu plus détaillée et extrêmement dynamique. Et c’est tant mieux pour un film donnant la part belle à l’action, pas toujours très lisible, jamais chorégraphiée de façon impressionnante, mais au moins fluide et assez agréable – et surtout assez impitoyable.

Dès la toute première scène, Le Cauchemar du Loup n’a aucun scrupule à exterminer un père devant ses enfants, puis ces enfants eux-mêmes, de la plus sanglante des façons, avant que Vesemir en sauve un avec le sourire, sans aucun souci pour tous ceux qu’il a perdus. Une jolie manière de donner le ton, à la fois du film et du personnage, impitoyables et cyniques. Au point parfois d’en faire trop : on sent que les auteurs avaient noté dans leur cahier des charges « le monde du Witcher est sans pitié », et s’autorisent ainsi des massacres un peu gratuits. De même Vesemir passe-t-il parfois d’une étrange inhumanité à une simple volonté de détachement selon les besoins du scénario.

Reste que ce ton est ce qui me paraît le plus digne d’être retenu du film, même s’il aurait pu être utilisé et exprimé de façon bien plus mémorable en l’étant plus intelligemment, ce qui aurait aussi mieux distingué Vesemir de Geralt. Bien sûr les auteurs du film ont réfléchi au sujet et ont tenté de l’identifier, mais on se dit tout de même régulièrement que ce personnage pourrait être Geralt si l’intrigue ne se déroulait pas quelques décennies trop tôt, ce qui est forcément un peu dommage. Et ce n’est pas ce succédané d’histoire d’amour à grands renforts de flashbacks roucoulants qui va vraiment aider à conférer à Vesemir la personnalité dont il aurait eu besoin.

En somme, je suis sorti du Cauchemar du Loup en me disant que je regarderais bien l’épisode suivant. Sauf qu’il n’y a pas d’épisode suivant, et d’ailleurs pas grand chose à raconter pour un film suivant quand on a d’emblée grillé autant de cartouches. À réserver aux curieuses et curieux des adaptations du Witcher, en espérant que Blood Origin, qui traitera du premier sorceleur, sera moins passe-partout narrativement.