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Critique : A Quiet Place 2 – Sans un bruit 2

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Critique du film de John Krasinski : Sans un bruit 2

Attention, spoilers relatifs à Sans un bruit (premier opus)

Le grand retour des sorties en salle nous a permis de profiter de la sortie du film Sans un bruit 2 (A quiet place 2, dans sa version originale), qui poursuit directement l’intrigue de son premier film. Pour rappel, l’histoire retrace le parcours d’une famille (mère, père et trois enfants) dans un monde post-apocalyptique où des créatures extraterrestres issues d’une météorite s’attaquent à la population. Elles sont humanoïdes, aveugles et ont une sensibilité accrue au son et notamment aux bruits générés par les humains, qu’elles traquent et tuent avec assez de férocité pour forcer la crainte. Après que l’un des trois enfants ait été tué en tout début du premier opus, nous assistions au périple de la petite famille, et notamment de la mère enceinte, jusqu’au moment particulièrement éprouvant de son accouchement. Après que le père se soit sacrifié pour sa famille à la fin du premier film, nous retrouvons donc notre famille Abbott pour ce second opus et pour la suite de leur périple survivaliste. Sans un bruit 2 aura-t-il dont été à la hauteur du premier film et de ses idées novatrices ? Vonguru s’est rendu en salles et a tremblé pour vous livrer sa critique.

Ce que l’on a aimé

L’arrivée sur grands écrans de Sans un bruit 2 était attendu pour ma part, ayant globalement aimé le concept proposé par le premier film sans avoir été toutefois totalement comblée par la tournure du premier film (dont vous pouvez retrouver la critique ici). Bon public, et en manque de salles obscures, je suis retournée auprès de la famille Abbott avec l’espoir que les erreurs du premier film aient été corrigées, ajustées. Et pour ce qui est du début du film, qui retrace les origines du déclin du monde, j’ai été servie. Cette première séquence est admirable et vous clouera certainement à votre siège (clin d’œil aux premières images dans lesquelles on ne sait pas si l’on se situe dans le monde post-apocalypitique ou non, puis à l’excellente montée en tension, jusqu’au climax de la scène). Car cette séquence d’entrée fait preuve d’une excellente progression, instillant chez le spectateur une appréhension latente. Bien sûr, on connait l’histoire, on sait que cela arriver, mais l’on se prend terriblement au jeu. Lorsque le point de rupture arrive, signant une fin de scène très chaotique (dans les faits, certainement pas dans la virtuosité des plans et des contre-champs), nous sommes enfin face aux créatures du premier film, dont la survenue brutale et implacable répond au moindre bruit causé par l’homme. Un début convaincant et effréné qui me laissa donc présager le meilleur pour la suite, bien loin des jumpscares évidents et des incohérences scénaristiques que j’avais pu pointer du doigt dans Sans un bruit 1.

Il y a ensuite la présence du nouveau-né (né à la fin du premier film) qui complique évidemment bien les choses, et demeure une source constante de danger. À l’affut du moindre pleur, la famille en vient à faire de son mieux pour cacher les cris de l’enfant, notamment en l’enfermant dans un coffre et en lui administrant de l’oxygène via un masque : autre contrainte, comment trouver facilement des bombonnes d’oxygène pour garder le bébé en vie, et la famille en sûreté ? Si la survenue d’un nouveau-né dans le premier film relevait de la folie scénaristique, Sans un bruit 2 exploite plutôt bien les enjeux qui entourent l’enfant, sa survie et les complications qu’il génère au sein de la famille Abbott, famille plutôt bien jouée par les acteurs dans l’ensemble, avec des dialogues cohérents et pas trop cousus de fil blanc (mention spéciale au bon jeu d’Emily Blunt).

Une autre force évidente du film demeure encore et toujours son postulat de base : imposer le silence dans un univers qui ne nous encouragerait qu’à hurler d’effroi reste une excellente idée, bien exploitée et vers laquelle le réalisateur John Krasinski s’attarde beaucoup pour nous faire mesurer toutes les nuances de bruit qu’un humain est capable de produire, si bien que l’on se sent parfois le souffle coupé à la simple image d’un pied qui va venir se déposer sur un sol jonché de feuilles séchées, d’une porte qui pourrait grincer, d’un objet pointu placé sur un chemin (on se souvient avec force de la scène du clou dans le premier film). Ensuite, la fille de la famille (jouée avec authenticité par Millicent Simmonds), sourde, nous permet aussi parfois par un bel effet de réalisation de parfois nous immerger dans cette bulle de silence, angoissante à souhait lorsque l’on sait les dangers encourus. Bulle de silence qui éclate lors d’un impact, d’un choc, d’un événement brutal qui nous replace en une fraction de seconde dans la perception « normale » du monde. Cette alternance d’effets de silence, de bruits assourdissants lors des scènes d’action donnent un rythme particulièrement efficace et qui nous tient en haleine. D’autres scènes seront également marquantes (car il n’est jamais possible de ne faire aucun bruit) de par leur résolution, car on redoute tellement que l’erreur de bruit arrive que lorsqu’elle est là, on se sent presque soulagés : on passe à autre chose, les créatures vont surgir, et il faudra vaincre la situation. Ces moments de tension très forts et leur résolution sous forme de combats ou de poursuites sont donc très habilement menés et nous permettent de vivre des moments d’une belle intensité. Bien sûr, la réalisation aux petits soins pour l’univers sonore nous propose vraiment une belle expérience immersive, ce pourquoi je conseillerais le visionnage en salle, malgré les nombreuses faiblesses du film.

Emily Blunt qui impose le silence

 

Ce que l’on a moins/pas aimé :

Malheureusement, malgré la richesse sonore proposée par la réalisation, Sans un bruit 2 s’enfonce à nouveau dans les erreurs qui étaient déjà venues ternir le succès de son premier film. En ligne de mire, le film regorge de nombreuses incohérences : elles sont soit scénaristiques (lorsqu’un des enfants par seul en petite expédition, sans aucune raison valable, alors qu’il dispose d’un endroit sûr et surtout insonorisé (et aussi, petit détail, qu’il a la garde du bébé). On pensera également à cet amplificateur utilisé pour transmettre le signal qui repousse les créatures : un amplificateur non-portable dont l’héroïne coupe le câble d’alimentation… avant de l’utiliser sans problème tout au long du film. Sans parler des poncifs agaçants de l’horrifique : famille qui se sépare pour explorer chacune de son côté ou bien encore la jeune fille sourde qui décide que partir seule en expédition pourrait bien sauver le monde (sourde et surtout très bête, du coup). Les autres incohérences marquantes se situent, et c’est là que le bas blesse, dans le postulat de ne faire aucun bruit. En effet, là où les créatures réagissent parfois à une simple respiration un peu haletante, elles ne réagiront pas à un gémissement, à un bruit de nage, à des pas de courses bien plus lourds et bruyants que des pas précautionneux. Bien sûr, le postulat de Sans un bruit 1-2 est novateur et particulièrement exigent en terme de cohérence, mais ces quelques digressions font perdre beaucoup de crédibilité au film et à l’univers pourtant très intéressant qu’il propose.

Et côté son, on déplore encore l’utilisation abusive de jumpscares : si ceux du début sont totalement justifiés et participent à la brutalité de la scène, la suite du film exploite le filon du sursaut dans ce qu’il a de plus prévisible (prises de vues, silence pesant, sursaut synonyme de danger après un autre sursaut plus innocent…). C’est usant et cela ne révèle vraiment pas le niveau du film qui aurait pu utiliser le silence comme un élément d’angoisse à part entière, s’il n’avait pas été quasi systématiquement clôturé par un bruit soudain pour provoquer le sursaut du spectateur.

La présence de Cillian Murphy ensuite, qui, même s’il joue merveilleusement bien (on notera mon manque total d’objectivité lorsqu’il s’agit d’apprécier les prestations du monsieur), est à vrai dire inintéressante : pourquoi avoir tué le père du premier opus, alors même que sa femme se retrouvait à charge des deux enfants et du bébé tout juste né, pour lui donner ce substitut paternel (car c’est exactement ce qu’il est et ce pourquoi il est là : sauver Regan partie seule en expédition, parce que « c’est ce que son père aurait fait »). Le personnage de Emmett est donc omniprésent mais pourtant si dispensable qu’on se demande vraiment pourquoi la fin tragique du premier film avait eu lieu : elle aurait été une proposition intéressante si le second film été resté dans cette idée d’une famille uniquement menée par la mère, Evelyn.

Ensuite et enfin, même si le scénario progresse pour un mieux tout au long du film (utilisation du signal trouvé à la fin de premier film, découverte d’une communauté…), Sans un bruit 2 nous propose toutefois quelque chose de très prévisible et dont les enjeux ne sont pas si incroyables : on sait qu’à la fin de ce second volet, la famille sera toujours à risque d’affronter les créatures, mêmes avec les armes sonores trouvées… Une proposition intéressante aurait été de faire peut-être passer les créatures au second plan pour s’attarder sur l’aventure humaine, et sur la rencontre avec d’autres survivants plus ou moins hostiles (comme le fait brillamment La Route, dont il s’agit de l’histoire centrale, ou encore comme certaines violentes confrontations de The Walking Dead). Cette exploration aurait permis de garder les créatures comme menace latente (mais toutefois contrôlée par les larsens et les armes) pour explorer ce que l’humanité devient, plus d’un an après le déclin du monde.

Sans un bruit 2 est donc un digne successeur de son premier volet, tant par l’ingéniosité de son postulat de départ, que dans l’inégalité de ce qu’il propose : des idées novatrices, des effets sonores recherchés, un travail sur le danger par le bruit, ternis par des jumpscares prévisibles et inutiles, des incohérences scénaristiques qui nous font dire que non, Sans un bruit 2 ne sait pas trop où il va. Malgré cela, si vous souhaitez vivre une expérience (notamment sonore) intéressante, et une immersion plutôt réussie dans un univers post-apocalyptique atypique, Sans un bruit 2 pourrait être un bon divertissement, ni plus, ni moins.

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