Paris Police 1900, projecteur sur une France antisémite 

Diffusé sur Canal + en tant que création originale depuis le 8 février dernier, Paris Police 1900 est une série qui a su faire sa place dans mon salon et ce, dès sa sortie. Non pas que je l’attendais avec impatience, mais la période traitée est très fascinante, et nous révèle un visage de la France que certains aimeraient bien oublier. Composée d’une saison de 8 épisodes, d’environ 50 minutes chacun, plongeons ensemble dans une France au bord de l’explosion.

« Paris, 1899. Le président Félix Faure vient de mourir. Alors que la République commence à se fissurer de toutes parts, le préfet Lépine est rappelé aux affaires. Au même moment, à la préfecture, l’inspecteur Jouin est mobilisé sur une enquête d’envergure pour identifier l’inconnue de la valise. » 

Envie d’en savoir plus ? Jetez un œil à la bande-annonce ci-après :

 

La Belle époque, vraiment ?

Paris est une ville… odorante, même de nos jours (désolé), mais si les images pouvaient éveiller notre odorat, certains plans de Paris Police 1900 vous retourneraient sans doute l’estomac. Au programme : rats, chasses, crasses, éviscérations, inégalités sociales, sexisme et évidemment, évidemment, en plein cœur de l’affaire Dreyfus, l’antisémitisme, où ses partisans ne se cachent plus, loin de là. Ils ont même un journal, L’Anti-Juif, qui prône la haine, mené par les frères Guérin. Ah je vous assure, que ça soit pour les juifs, pour les femmes, ou pour les animaux, votre sang ne fera qu’un tour à pas mal de moments.

La série commence par une scène à la HBO, c’est-à-dire sur une scène de sexe. Oui oui, si vous avez l’habitude des séries proposées par la chaîne américaine, vous savez que le premier épisode d’une nouvelle série = sexe, d’entrée de jeu. C’est ainsi que l’on retrouve le président Félix Faure rendant l’âme dans la bouche de sa maîtresse (bon trauma pour elle, belle mort pour lui) et que le préfet Lépine, opposant aux antisémites, revient alors à Paris.

À la mort du président, à l’antisémitisme ambiant et au retour de Lépine, s’ajoute à cela la découverte du cadavre d’une jeune femme découpée et rangée dans une valise. Un jeune policier intrigué par les travaux d’Alphonse Bertillon, qui ouvre enfin la voie à la police scientifique, mène l’enquête et tente de lutter contre les coups tordus de ses collègues corrompus et de sa hiérarchie. Lui, c’est Antoine Jouin, et bon dieu, vous verrez que c’est une tête à claque !

Paris Police 1900

Parlons maintenant un peu du casting, afin que vous puissiez mettre des noms sur ces visages :

  • Jérémie Laheurte : Antoine Jouin
  • Evelyne Brochu : Marguerite Steinheil, dite « Meg »
  • Thibaut Evrard : Joseph Fiersi
  • Marc Barbé : Louis Lépine
  • Eugénie Derouand : Jeanne Chauvin
  • Patrick d’Assumçao : Commissaire Puybaraud
  • Alexandre Trocki : Commissaire Cochefert
  • Hubert Delattre : Jules Guérin
  • Valérie Dashwood : Madame Lépine
  • Jean-Benoît Ugeux : Morpinet
  • Christophe Montenez : Gabriel Sabran de Pontevès

 

« La police est sur les dents, celles des autres, évidemment. » Boris Vian

Au cœur de ce qu’on nomme aujourd’hui la Belle époque, on va vite comprendre qu’elle n’a de beau que le nom. Étonnamment, on pourra y voir certains parallèles avec notre époque et surtout, notre crise actuelle. On aura ici par exemple une police qui tentera de se réinventer face à l’insécurité, quitte à accumuler les bavures, les mensonges et les manipulations, avec des violences policières impunies face à des citoyens démunis. On comprendra très vite que ces policiers, imparfaits, sont comme nous, humains, certains cherchant même la rédemption, à se racheter par tous les moyens, cherchant le pardon aussi, dans une poussée d’abnégation. Car au final, de tout temps, la police est à l’image de sa société. Un équilibre très difficile, que Fabien Nury a parfaitement su maîtriser.

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Les femmes et les animaux, même combat ?

Ah, j’ai été mal à l’aise. Pour parler des Bouchers de la Villette, nous avons le droit ici à beaucoup trop de scènes d’animaux tués, écorchés, chassés, découpés. Chaque épisode ou presque a eu le droit à son plan du genre, surtout lorsque Guérin, chaque soir, égorge un cochon sur les planches, symbolisant alors le « mort aux juifs » auquel il tient tant. Une maltraitance qui dérange, forcément et qui nous fait nous questionner sur notre rapport à la faune, si tant est que vous n’ayez encore jamais eu ce débat avec vous-même. Dissonance cognitive, bonjour.

Mal à l’aise donc, mais aussi et surtout concernant la place de la femme à l’époque. Eh bah oui, on allait pas nous peindre un tableau où nous autres, créatrices de vie, serions à égalité avec l’homme. Car entre la bourgeoise soi-disant vénale qui se prostitue pour subvenir à son train de vie et ramener des clients à son peintre de mari (et qui se permet encore des réflexions hein), le mari qui met sa femme sur le trottoir pour payer le loyer, (il est trop occupé à gratter ses morpions, comprenez-vous), et TOUS les hommes sans exception qui pensent que la femme n’est bonne qu’à pondre, bon sang, ça crispe. On appréciera donc grandement le personnage de Jeanne Chauvin, avocate ! N’en déplaise à certains ! Qui porte ses balls, bien plus hautes que la plupart des personnages masculins de la série et ouf, heureusement qu’elle est là pour sauver notre naïf Antoine Jouin à plusieurs reprises de sa propre connerie…

 

Alors, on aime ?

Paris Police 1900 fait partie, pour moi tout du moins, des séries qui marquent et qui vont rester un moment dans un coin de ma tête. J’ai pris beaucoup de plaisir à regarder chaque épisode, et cela m’a rappelé que oui, chez nous aussi, on savait faire de bonnes séries ! Ne passez pas à côté si le temps vous le permet, vous ne serez, je pense, pas déçus.

 

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