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Mindhunter saison 2 : toujours aussi explosif ?

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Mindhunter

Mindhunter saison 2 : la critique à 6 mains

 

Diffusée depuis le 16 août dernier en intégralité sur la célèbre plateforme vidéo Netflix, Mindhunter a signé un retour attendu parmi les fans. On retrouve Bill et Wendy, qui continuent leur travail de terrain et d’analyse, avec une équipe amenée à s’agrandir, et un supérieur qui part en retraite forcée suite aux agissements de Holden. Un nouveau chef prend la relève avec enthousiasme et croit dur comme fer en leurs travaux. En parallèle de leur vie professionnelle, chacun fait face à des obstacles : Holden doit apprendre à gérer ses crises de panique dues à de nombreuses tensions au travail et sa dernière rencontre avec Ed, Wendy rencontre une femme mais peine à trouver le juste équilibre émotionnel, et Bill se heurte à un drame où son fils de huit ans, Brian, est impliqué, ce qui fragilise grandement son couple. Dans cette saison 2, nous sommes au cœur d’une nouvelle affaire qui se passe à Atlanta, ville où le racisme a de profondes racines.

Mais alors, que vaut cette saison 2 ? Est-elle à la hauteur de la première (que nous critiquions ici) ? Voyons cela ensemble.

 

L’avis de Siegfried « Moyocoyani » Würtz : une saison 2 qui fait attendre la troisième

Pour bien commencer, il faudrait préciser que le titre de l’article n’est pas de moi, que je comprends qu’on puisse éprouver des sensations fortes devant Mindhunter mais que je n’ai pas trouvé la première saison « explosive », pas davantage d’ailleurs que la seconde. Néanmoins, ne peut que lui reconnaître une personnalité rythmique, esthétique, dramatique, qui la distingue du tout-venant des séries – et un sujet passionnant, l’ « invention » du profilage criminel par des agents du FBI suite à leurs rencontres avec des tueurs en série sociopathes, la lutte pour faire reconnaître l’intérêt de leur méthode d’investigation psychologique quand on leur oppose la nécessité des seuls faits, leurs tentatives de l’appliquer pour traquer des criminels en liberté.

Couplé à une réalisation impeccable, largement due à David Finchershowrunner de la série, mais aussi à Tobias Lindholm et Asif Kapadia (quand même !), à une direction d’acteurs très convaincante, à une colorimétrie « vintage » accompagnant un efficace travail de reconstitution, ce sujet faisait bien de Mindhunter une série Netflix incontournable. En dehors des scènes d’interview de grands criminels, d’une intensité folle, elle peinait pourtant à paraître extraordinaire, peut-être faute d’ « histoire » à raconter.

 

Mindhunter Ted Gun

 

Or la pente sur laquelle Fincher s’aventure dans la saison 1 s’accentue dangereusement dans la saison 2. Certes le casting principal est toujours impeccable et le casting secondaire sincèrement remarquable, du parfait Michael Serveris en nouveau directeur de la branche de profilage à Damon Herriman en Charles Manson (interprétant le même rôle en ce moment pour Tarantino) et Christopher Livingston en Wayne Williams, certes les directeurs sont toujours aussi talentueux (Fincher lui-même, épaulé par Carl Franklin et surtout Andrew Dominik, réalisateur de l’excellent Killing them softly), mais elle est très étonnamment conçue par le peu d’arcs qu’elle tente de développer.

Chaque personnage n’est ainsi défini que par une caractéristique, éclatée entre les neuf épisodes : Holden n’inspire pas confiance à ses coéquipiers parce qu’il se fonde trop sur son intuition, et doit donc être canalisé pour dévoiler son génie ; le fils de Bill est impliqué dans la mort d’un enfant ; Wendy… tente d’avoir une relation sérieuse, je suppose ? Pris séparément, ces arcs ont un indéniable intérêt, parce qu’ils permettent d’explorer la méthode des profileurs, parce qu’ils permettent de voir le côté des proches de coupables, parce qu’ils tentent de donner du background aux trois héros. Mais toutes trois sont martelées avec insistance sans réellement mener à quoi que ce soit de satisfaisant, sinon à de longues digressions de l’intrigue principale (sur les meurtres d’Atlanta) sur de maladroites tentatives de créer de la substance en dehors de la seule enquête.

C’est que Mindhunter est une série sur le FBI où l’on n’assiste jamais à la moindre course-poursuite, où aucun coup de feu n’est jamais tiré, où les figures centrales ne courent pas. Et c’est une excellente chose, surtout dans une série inspirée de faits réels, et rappelant ainsi que la réalité est bien différente de la fiction. Dans une fiction par exemple, on s’attendrait à ce que Holden finisse lui-même par commettre des meurtres à force d’exprimer de l’empathie pour les meurtriers dans une tentative de se mettre dans leur peau, de les comprendre de l’intérieur. Ici, souligner sa légère impétuosité et ses crises de panique… ne sert qu’à souligner sa légère impétuosité et ses crises de panique.

Mindhunter prend des libertés très importantes avec les faits, mais s’efforce de donner une impression de réalité plutôt que de basculer dans une dramatisation si forte qu’elle sonnerait évidemment faux. C’est tout à son honneur, tant que cela n’aboutit pas à des demi-arcs, occupant l’espace, accordant des scènes différentes aux trois personnages principaux, remplissant un vide qui ne serait sinon occupé que par l’enquête atlantienne et ferait trop « film policier conventionnel ».

 

Mindhunter Charles Manson

 

La grande question que pose la saison 2 de Mindhunter pourrait être celle-ci : Zodiac aurait-il pu durer plus de neuf heures ? Or en moins de 2 heures 40, Fincher était parvenu à dresser des portraits forts des enquêteurs principaux, à immerger dans une enquête haletante malgré les fausses pistes, les échecs, le temps perdu, et à nous assommer en assénant après un si long long-métrage que l’affaire était toujours ouverte. Si la première partie de la saison est dans la continuité de la première, avec quelques interviews de psychopathes et la rencontre, finalement assez courte vu la publicité qu’elle avait suscitée, avec Charles Manson, la deuxième est bien un Zodiac radicalisé par dix ans de maturation, où les enquêteurs sont bien moins actifs, n’interviewent d’ailleurs plus de tueurs en série, se heurtent bien davantage aux difficultés les plus diverses, et ne savent finalement même pas s’ils sont parvenus à réaliser quelque chose. Ça pourrait être fort si la saison était mieux structurée, au lieu de donner cette frustrante impression finale d’une saison-filler avant les trois prochaines…

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Le générique de Mindhunter, interprété par l’Atlanta Boys Choir avant le neuvième épisode

L’avis de Antoine « Aykori » Boitel

Lorsque l’on découvre la série Mindhunter, il est possible que l’on mette du temps à accrocher au concept. Pour ma part, j’avais vécu la première saison comme un très long prologue où il faut d’abord mettre en place tout les personnages et le sujet de la série. Présenter leurs traits de caractères, les ranger dans certaines cases. Comme par exemple Holden Ford, présenté comme un petit prodige ayant besoin d’encadrement. Ce même profil est directement mis en contraste avec son partenaire Bill Tench qui représentera la figure paternelle du duo.

Nous avons donc affaire aux débuts du FBI dans la mise en place de leur cellule comportementale. Plus connue maintenant sous le terme profilers et mis en lumière depuis quelques années chez nous par la série à succès Esprits criminels. À l’inverse de cette série, il va être question ici de réalisme. Pas de course poursuite effrénée ou même de coups de feu, il faut faire place au processus de détermination psychologique. Par ailleurs, on notera que pour le fil conducteur de la saison 2, il leur faut 14 mois pour « boucler » l’enquête ce qui se veut bien plus réel en terme de temps passé pour coincer un tueur en série méthodique.

Je ne vais pas vous mentir, les sujets abordés par Mindhunter sont des thèmes qui me passionnent. Amateurs de la psyché humaine, j’ai eu de nombreuses occasions de me plonger dans divers reportages sur les plus grands tueurs de ce siècle. On pensera notamment au reportage sur Ted Bundy proposé par Netflix, mais pas que. Ainsi, la série m’a proposé un visage des plus familiers par exemple avec l’apparition récurrente de Edmund Kemper aka « l’ogre de Santa Cruz ». Dès son premier entretien, on sent une réelle volonté des scénaristes d’offrir une fenêtre sur le passé. Le discours tenu par l’acteur est exact et on sent tout de même une bonne ressemblance physique avec le vrai meurtrier. Cette sensation se retrouvera avec de nombreux autres grands noms du crime notamment David Berkowitz aka « Le fils de Sam » ou encore Charles Manson merveilleusement interprété durant sa courte interview.

 

Une interprétation et des mimiques très semblables

Au travers des différents épisodes, on ressent l’envie du scénariste Joe Penhall de relater des faits avant tout et d’ensuite divertir. Ce souhait moteur donne parfois lieu a de très longs moments d’incompréhension. En effet, nous avons comme fil conducteur de la saison 2 deux tueurs en série sévissant dans le courant des années 70 à savoir le Tueur d’enfants d’Atlanta et BTK (Acronyme de Bond, Torture & Kill). On va donc suivre de près l’avancement de la première affaire mais, celle-ci ayant duré des années, il faut donc varier pour ne pas perdre le spectateur. On va donc passer pendant de courts moment sur la vie sentimentale de Wendy Carr puis celle de Bill Tench. Ce qui aura parfois tendance à couper l’élan sans vraiment ajouter quelque chose à la série.

Bien que la série se veuille très complète et offre des facettes quasiment inconnue de la psychologie des tueurs, on y rencontre un petit problème. Compte tenu de son réalisme et sa fidélité des détails, il est possible que vous connaissiez déjà la fin de l’enquête avant même que celle ci commence. Pour ma part, je connaissais les histoires des deux fils conducteurs et bien entendu leur dénouement. Ce qui me lassait parfois surtout au niveau des interrogatoires intermédiaires.

 

La marche en hommage aux victimes de l'époque
La marche en hommage aux victimes de l’époque a vraiment eu lieu

En dehors de ce point, Mindhunter m’aura permis d’approfondir mon envie de connaissance sur la psyché humaine. Par le biais des récits offerts par les meurtriers, on voit jusqu’où l’esprit humain est capable d’aller. Que ce soit avec un déclencheur lié à l’enfance ou juste une âme noire de base. On pensera notamment à Ted Bundy ayant vécu une enfance heureuse avec ses grands-parents mais qui finira par assassiner plus de 30 femmes.  Nous espérons par ailleurs avoir un supplément d’informations à son sujet. Ce qui sera peut être le cas via la saison 3 de la série, toujours en cours d’écriture.

En attendant, on ne pourra que vous suggérer le travail de Stéphane Bourgoin que l’on pourra utiliser comme complément d’information. Il a interviewé notamment Edmund Kepper et de nombreux noms mentionnés durant la série.

 

L’avis de Lucile « Macky » Herman

 

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