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Iquazú – le superbe jeu de placement dans l’univers (non officiel) des Na’Vi

Iquazú Haba

Iquazú – le superbe jeu de placement dans l’univers (non officiel) des Na’Vi

 

Difficile, en regardant les illustrations du jeu, et même la seule couverture, de ne pas penser immédiatement aux Na’Vi du film Avatar de James Cameron. De même que Western Legends convoque immédiatement Red Dead Redemption, ou Blue Lagoon Vaiana. Or, comme ces deux autres jeux, le lien n’est pas qu’iconique. Certes, il n’a rien d’officiel, mais on est ravi de constater l’importance qu’a le lien entre nature (plus précisément les cascades) et les indigènes-joueurs dans un jeu qui cherche de surcroît l’émerveillement matériel et mécanique. C’est qu’on est à nouveau face à un jeu Haba (KarubaMedurisMountains), et l’un des plus soignés même, celui qui, dans sa gamme familiale (pour les 10 ans et plus) prend le mieux en compte les compétences de l’éditeur en matière de jeux pour enfants, de sorte que l’on ne s’étonne pas vraiment de la sortie si proche d’Iquazú et du carton Trésor de glace.

Disponible pour 40 euros (ce qui ne paraîtra plus si cher quand vous verrez le matériel proposé), Iquazú s’adresse à deux à quatre joueurs (plutôt quatre pour plus d’interactivité) pour des parties d’une cinquantaine de minutes. Il est conçu par Michael Feldkötter et donc très joliment illustré par… attendez… ah, Stephanie Böhm, dont le nom n’apparaît qu’en tout petit au dos de la boîte, sous le code-barres, avec les mentions légales… Il est toujours étonnant que des artistes contribuant à ce point à l’intérêt d’un jeu soient à ce point cachés – et c’est malheureusement récurrent dans le monde socioludique.

Iquazú Haba

Oh la belle cascade !

Les Na’Vi Inax craignent que les terribles Rhujas leur volent leurs pierres précieuses. La meilleure cachette, la cascade d’Iquazú, son eau bouillonnante et ses serpents d’eau. Pour les y dissimuler, il faudra compter sur leur dragon d’eau, Silon, chargé de retenir temporairement la chute d’eau afin de permettre l’accès aux cavités qu’elle dissimule. Et comme il s’agit d’un jeu de société, on va dire qu’il faut placer ses pierres dans de meilleurs emplacements que les autres, même si le scénario devrait clairement donner lieu à un jeu coopératif. Enfin le thème s’arrête là de toute manière, Iquazù ne tournant pas tant autour de son histoire incohérente qu’autour de son matériel, qu’il faudra commencer par mettre en place.

Après avoir dépunché le tout, on assemble les deux petites boîtes chargées de contenir les pierres précieuses et les gouttes d’eau. Puis, en suivant les instructions détaillées et illustrées du manuel de règles, on assemble la cascade en juxtaposant les pièces du plateau, en intégrant les huit bandes rocheuses dans un ordre aléatoire à l’intérieur de la cascade, en prenant garde que les serpents d’eau, au bas de chaque bande, se trouvent bien en-dessous, un bon élément de design pour rendre logique cette phase. Un autre emplacement vide est rempli par celle des planches à points qui correspond au nombre de joueurs.

On dispose ensuite des tuiles bonus au verso sombre et au verso clair sur les cases sombres et claires du plateau de jeu, face cachée. Enfin, on place deux rails au-dessus et en-dessous de la cascade, sur lesquels on place le cadre (et le dragon d’eau). À droite de ce cadre, on arrange les bandes d’eau (comme le dragon ne les surplombe pas, l’eau coule au-dessous). Seules les tuiles bonus visibles dans le cadre sont désormais retournées.

Cela prendra quelques minutes à chaque partie, mais impossible de s’en plaindre tant on se plaît à chaque fois à installer un matériel aussi enchanteur et prometteur !

Il est temps ensuite de s’occuper des joueurs. Chacun est placé à un angle du plateau, qui précise sa couleur, et donc la couleur de la pierre précieuse qu’il prend et place au début de la piste de points. Toutes les autres pierres, de toutes les couleurs, sont placées dans leur boîte, de même que toutes les gouttes d’eau sont rangées dans la leur. Le premier joueur reçoit quatre cartes, le deuxième cinq, et si l’on joue à plus, le troisième six, le quatrième sept. Ces cartes forment la main de chacun, et celles qui n’ont pas été distribuées forment une pioche commune.

 

Iquazú Haba

 

Le trésor d’Agua Azul

Un tour de jeu se déroule en deux phases.

Pendant la première, on a le choix entre deux actions. Soit on pioche quatre cartes, et on en défausse face visible si on en possède plus de douze.

Soit on place une unique pierre précieuse. Pour cela, il faut choisir dans la cascade une fissure rocheuse dont la bordure indique quelle couleur de carte il faut poser, et la colonne combien de cartes il faut poser. Une fissure à la bordure blanche dans la quatrième colonne visible coûte ainsi quatre cartes blanches de sa main, toute carte d’une couleur qu’on ne posséderait pas pouvant être remplacée par deux cartes identiques. Une fois les cartes défaussées, on prend une pierre de sa couleur et on la place à l’emplacement choisi. On pourrait logiquement penser qu’il vaut mieux placer des pierres dans la première colonne, la moins chère, mais on verra que ce n’est (évidemment) pas aussi simple…

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Durant la deuxième phase, si le joueur a devant lui la boîte à gouttes d’eau, il en place une sur la première fissure non-occupée visible dans la première colonne, ce qui empêchera les autres d’y poser une pierre. Cela indique aussi joliment que ce pan de la cascade ne va pas tarder à se refermer.

S’il n’avait pas la boîte devant lui, ou après avoir posé la goutte, il donne la boîte de pierres précieuses au joueur suivant et conclut son tour.

Comme dans Meduris, rien de plus simple qu’un tour de jeu. Et bien sûr, la progression des joueurs entraîne des réactions qui font tout le piment d’Iquazú.

Quand la dernière fissure de la première colonne est occupée, que ce soit par une pierre ou par une goutte, on procède immédiatement à un « classement » en se fiant à la pierre sous le filet d’eau. Celle-ci indique trois chiffres : le joueur possédant le plus de pierres dans la colonne marque le maximum de points, le deuxième à en posséder en marque autant que la deuxième valeur, le troisième que la troisième valeur. Dans toutes les configurations, le joueur le moins bien classé n’obtient aucun point. Et aimable subtilité, en cas d’égalité, c’est celui dont la pierre se trouve le plus bas qui remporte les points. Sa pierre est plus proche des serpents d’eau, dit la règle, mais il s’agit naturellement d’une incitation à bien calculer son coup pour « voler » les points à un joueur qui se croyait majoritaire.

Quand on effectue ce « classement », on ne regarde cependant pas que la première colonne, celle qui a tout déclenché, mais aussi les différentes lignes de la partie découverte de la cascade. Le joueur possédant le plus de pierres de chaque ligne gagne la tuile bonus correspondante; en cas d’égalité, celui qui possède la pierre la plus à droite (donc la plus chère) la récupère, et en cas de nouvelle égalité (il peut y avoir plusieurs fissures sur la même case), celui qui possède la pierre la plus basse. Si personne ne possède de pierre dans la ligne, on retire la tuile bonus du jeu.

 

Iquazú Haba

 

Ces tuiles bonus sont de quatre types. Certaines rapportent simplement des points à la fin de la partie. D’autres peuvent être défaussées pendant son tour pour piocher des cartes, d’autres encore peuvent être défaussées pour jouer les cartes de la couleur de son choix (même de couleurs différentes) pour répondre aux exigences de pose d’une pierre. Les dernières enfin permettent de réaliser une nouvelle action (piocher quatre cartes, poser une pierre en en payant le coût). Plusieurs tuiles peuvent être utilisées au même tour.

Après un « classement », on fait avancer le dragon/coulisser le cascade de manière à recouvrir la colonne achevée et à en dévoiler une nouvelle. Les cinq nouvelles tuiles sont dévoilées, la boîte à gouttes d’eau est remise au joueur suivant dans le sens contraire des aiguilles d’une montre. Et bien sûr, s’il s’avère après le classement d’une colonne que la colonne suivante est également pleine, on procède immédiatement à son classement, et ainsi de suite, jusqu’à ce que la première colonne possède des fissures.

La partie s’achève quand la colonne de l’antépénultième rocher est classée. On classe ensuite immédiatement l’avant-dernière colonne puis la dernière colonne, sans distribution de tuiles bonus, et qu’elles soient complétées ou non. On gagne enfin les points des tuiles bonus, et le joueur avec le plus de points remporte la partie. Une fois n’est pas coutume, en cas d’égalité, il y a simplement plusieurs vainqueurs.

Iquazú Haba

Iquazú, un jeu si simple… et si mémorable !

Iquazú n’est « qu’ » un jeu de majorité, où la seule action consiste à acheter des pierres pour les poser… mais un jeu de majorité vertical et horizontal, un jeu de majorité dont le plateau change à chaque attribution de scores, un jeu de majorité qui gère merveilleusement les égalités, et évidemment un jeu de majorité que son matériel rend inoubliable. Il faut cinq minutes pour l’assembler, cinq minutes qui donnent plus envie que jamais de profiter de ce matériel, cinq minutes pour apprendre les règles, se dire que c’est très léger… et cinq minutes de plus pour constater la difficulté de choisir l’emplacement parfait, et le suspense terrible autour de la table alors même qu’aucune interaction directe n’est possible. C’est aussi simple que tendu et beau, assurément mon coup de cœur parmi les jeux de Haba, et plus généralement l’un de mes coups de cœur socioludiques du moment.

 

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