Spider-Man, Batman, Overlord… : les exclus Comic Con 2018 et le reste !

 

Cette année, la Comic Con de Paris se tenait en même temps que la Paris Games Week, les 26, 27 et 28 octobre 2018. L’équipe de Vonguru s’est donc divisée pour vous offrir un compte-rendu des deux grands rendez-vous de la capitale, et quelques jours après celui de la PGW, découvrez celui des deux premiers jours de la Comic Con, au cours desquels j’ai pu voir de nombreux panels et y dénicher des informations exclusives particulièrement alléchantes !

Après la Comic Con de Paris de l’an passé, je n’étais pas certain de participer à nouveau à un événement plus axé sur le merchandising et le show que sur la bande dessinée états-unienne (et britannique). Ce qui n’est pas nécessairement un mal, simplement pas ce que j’y cherchais personnellement, en tant qu’aspirant spécialiste de comics. Si j’ai réitéré l’expérience les 26 et 27 octobre derniers, c’est que ses organisateurs semblaient avoir cerné et admis le problème, faisant appel à de véritables légendes du comics ou à des auteurs contemporains particulièrement hype, bref investissant massivement pour satisfaire ceux qui à la Comic Con cherchent du comics, tout en essayant de ne pas décevoir les autres.

En deux jours, j’ai donc assisté à pas moins de onze panels, sans renoncer à faire des rencontres, à distribuer des flyers pour le colloque que j’organise dans deux semaines sur Vertigo, à visiter les étals. J’en ramène exclusivités et anecdotes qu’il me tarde de vous présenter, en commençant par les informations les plus nouvelles.

 

Comic Con affiche
L’affiche n’est pas très jolie et est très étrange : pourquoi mettre Marvel à l’honneur l’année où DC Comics et la Bat-Family sont sur-représentés parmi les invités ?

 

Spider-Man : Into the Spider-verse

 

Comme vous le savez sans doute, le prochain Spider-Man ne sera pas la suite de Homecoming (qui viendra, ne vous inquiétez pas), mais un film d’animation, Spider-Man : Into the Spider-Verse (ou New Generation en français), prévu pour le 12 décembre 2018. Pour la peine, la Comic Con avait invité ses trois réalisateurs, Peter Ramsey (Les Cinq Légendes), Rodney Rothman (auteur pour David Letterman, scénariste de 22 Jump Street) et Bob Persichetti à un panel qui attira une étonnante quantité de monde étant donné le peu de notoriété des personnalités, et la banalité prévisible des commentaires auxquels on aurait droit.

Le public avait peut-être pressenti la surprise, puisqu’on nous projeta en exclusivité mondiale les 40 premières minutes du film, des images même pas achevées tout à fait, comme le prouvèrent plusieurs bugs de texture, d’animation ou de son. Qu’importe, le film s’avéra particulièrement convaincant, notamment grâce à Phil Lord et Christopher Miller (The Lego Movie, 21 Jump Street), dont le scénario pétillant et la décision de donner à l’animation un « look comics » (avec un rendu 2D, des hachures, un peu à la Telltale) s’avèrent tout à fait payants.

Prenant pour personnage principal Miles Morales plutôt que Peter Parker, Spider-Man joue sur les réalités alternatives quand le Caïd ouvre un portail multi-dimensionnel, tuant par la même occasion l’homme-araignée, sous le déguisement duquel on découvre Peter Parker. Miles Morales souhaiterait reprendre le costume, mais cet adolescent maladroit estime ne pas en avoir les épaules… Comme le dévoile la bande-annonce, il lui faudra l’aide d’autres Spider-Men d’univers alternatifs, un Peter Parker plus âgé, Spider-Gwen, Spider-Cochon… pour surmonter ses appréhensions et sauver New York/le monde.

Si le parti-pris graphique ne s’avère pas toujours payant, l’image pouvant parfois s’avérer confuse (notamment à cause des contours imprécis de certaines formes), il autorise une intrigue colorée, bigger than life (le Caïd inspiré de Bill Sienkiewicz est particulièrement imposant), drôle mais aussi aventureuse, somme toute familiale au meilleur sens du terme, avec ce qu’il faut d’obscurité pour procurer un bon moment en même temps qu’une leçon de vie.

 

 

Frank Miller

 

La personnalité que je souhaitais le plus voir était Frank Miller, sans doute le plus célèbre scénariste de l’histoire du comics avec Alan Moore, et donc l’homme occupant le plus mes propres travaux. L’invité d’honneur de la Comic Con n’apparut qu’au cours de deux panels, un hommage à Moebius vers lequel le public ne s’amassa que pour le voir dire quelques banalités pendant dix minutes, éclipsant complètement Jean-Pierre Dionnet (pourtant ami et fin connaisseur de Moebius, cofondateur de Métal Hurlant et des Humanoïdes associés, excusez du peu) et Jan Kounen (Blueberry). Frank Miller y avoua s’être largement inspiré de Moebius pour Ronin et avoir été très intimidé par l’auteur… qui l’admirait beaucoup aussi. L’autre panel, avec le talentueux dessinateur Andy Kubert, son collaborateur sur Dark Knight: Master Race, était plus libre et plus orienté sur son travail.

Par-delà leur présence, le panel ne s’avéra pas particulièrement passionnant, sauf que Miller y livra un scoop l’air de rien en disant envisager, avec Andy Kubert, un comics sur la Trinité (Batman, Wonder Woman, Superman) pendant la Seconde guerre mondiale, dans une intrigue tournant autour de la Easy Company et de Sergent Rock, des créations de Robert Kanigher et Joe Kubert, le père d’Andy. Wonder Woman y servirait, comme pendant la vraie guerre, d’inspiration pour les troupes, Batman en serait l’espion et la terreur des nazis, installant sa Batcave dans les catacombes de Paris, et Superman le char d’assaut. L’annonce n’est à vrai dire pas particulièrement prometteuse, on peine à imaginer ce qu’il peut y avoir de stimulant à opposer les super-héros aux nazis, mais on peut faire confiance à Miller pour dépasser le manichéisme apparent de l’histoire et offrir quelque chose de plus percutant que ses derniers travaux. Le simple fait qu’il prépare un Superman: Year One et une aventure sur les enfants de Superman et Wonder Woman suggère qu’il est au pic de sa forme malgré la maladie.

Pour finir sur un bon mot, à la question banale « quel super-héros souhaiteriez vous être ? », Miller répondit « celui qui vole, n’est jamais malade et attire les jolies femmes, certainement pas la brute qui vit dans une cave ». Presque émouvant de la part d’un homme qui à 61 ans semble en avoir 80.

 

Comic Con Miller Kubert
Frank Miller et Andy Kubert

 

Overlord

 

Comme chaque année, la Comic Con propose de nombreuses projections. Des séries Netflix diffusées le jour même, qu’il est donc agréable de voir sur grand écran, mais pas forcément sur des mauvaises chaises et au détriment d’autres panels (Sabrina cette année, Stranger Things l’an passé), des premiers épisodes de nouvelles séries à venir… et un film en avant-première. On se souvient à quel point j’avais été conquis en 2017 par le Cold Skin présenté directement par son réalisateur Xavier Gens, cette année je me laissai donc tenter par l’Overlord de Julius Avery, produit par J. J. Abrams, et qui raconte la découverte par des soldats états-uniens préparant le débarquement d’expériences occultes menées par les nazis dans un village. Bref un film d’horreur déjanté, terrifiant et gore, pourquoi pas.

Heureusement qu’on nous distribua un chouette t-shirt en taille unique XL – bref un parfait pyjama – parce que sinon… Si encore Overlord avait été, comme initialement prévu, le quatrième film de la continuité Cloverfield ! On se retrouve au contraire devant le film le moins surprenant que j’aie vu depuis longtemps, tous les stéréotypes y sont, l’intrigue amoureuse que l’on devine dès que l’on voit le personnage féminin, les héros qui meurent pile au moment où on s’y attend, les combats dont on peut pratiquement deviner chaque coup… Je ne comprends même pas bien comment le film peut être interdit aux moins de 16 ans, il doit être un peu gore dans deux scènes précises, ne s’accorde pour toute horreur que deux jump scares sans aucun intérêt, bref ne tient aucune de ses promesses, pas même celle d’être fun à défaut de faire un peu peur. Franchement ? Le nanardesque Dead Snow de Tommy Wirkola est mille fois plus satisfaisant. Au moins je saurai le 21 novembre que je peux mieux consacrer mon temps, et vous invite à faire de même.

 

 

Phantom Force

 

Mini-exclusivité en termes de hype, grosse exclusivité en termes d’avant-première, Phantom Force est un court-métrage du Studio Bagel (réalisé par Adrien Ménielle et Jérôme Niel) qui sera diffusé sur YouTube en mai 2019.

Parodie des séries d’action des années 1980, en particulier Le Rebelle et Code Quantum, il pousse l’hommage jusqu’à arborer fièrement son montage désastreux, ses interprétations pathétiques, sa qualité d’image médiocre, son scénario d’une platitude confondante, ses bruitages complètement exagérés, et surtout jusqu’à doubler tous ses dialogues pour créer la plus ratée des synchronisations labiales, en accord esthétique avec les standards du modèle. Les acteurs parlaient ainsi espagnol, anglais et yaourt sur le tournage, pour être tous doublés par d’autres acteurs en français. C’est absurde et absurdement drôle. Je regrette seulement l’envie de l’équipe de réaliser une suite à l’épisode si Canal leur en offre l’opportunité, ce genre de projet n’a de sens me semble-t-il que comme hapax inattendu, ce qui le rend aussi créatif qu’amusant.

La séance était de surcroît idéalement placée en fin de journée, Niel, Ménielle, l’actrice Cécile Oquendo et la doubleuse Laura Felpin faisant tout pour rendre la présentation des vingt minutes de projection aussi agréablement instructive que nécessaire après une longue journée. Bonus : le méchant de Phantom Force est doublé par Benoît Marleau, qui a parfaitement reproduit la voix française du Moe des Simpsons (dont il est le doubleur officiel).

 

Neal Adams et les autres

 

L’autre invité prestigieux de la Comic Con était Neal Adams, qui avec Dennis O’Neil réinventa notamment Green Arrow et Batman entre la toute fin des années 1960 et les années 1970. Beaucoup plus showman que Frank Miller, voilà un homme qui malgré son âge monopolise la parole, occupe l’attention, multiplie les effets gestuels et vocaux pour notre plus grand divertissement, et pas toujours pour notre plus grand intérêt. Relégué à un stand éloigné à l’écart de l’artist alley, il était curieusement accessible pendant les deux jours où j’étais à la Comic Con, contrairement à un Frank Miller aux dédicaces duquel on ne pouvait accéder qu’en respectant des conditions très strictes et en réservant un créneau bien à l’avance.

Alors qu’un panel était intitulé « Batman, la légende », avec les dessinateurs Joëlle Jones et Freddie E. Williams II, c’est Neal Adams et pas Frank Miller qui y était convié, peut-être parce qu’ils ont une vision du comics trop différente, et qu’il n’aurait pas fallu favoriser un débat dans la petite heure accordée à chaque panel, déjà largement rognée par l’obligation de traduire plus ou moins bien tout ce qui peut y être dit en anglais. Neal Adams raconta notamment qu’à ses débuts, Frank Miller dessinait excessivement mal, et venait régulièrement le voir pour lui demander des conseils, se perfectionnant petit à petit en absorbant les styles que lui recommandait son mentor, une anecdote d’autant plus curieuse qu’Adams ne fait pas du tout partie des influences revendiquées par Miller. Par ailleurs Adams martela que les comics ne sont « que de la fiction », que les super-héros doivent faire rêver, et ne sauraient donc vieillir, avoir des enfants, mourir. « Ce n’est qu’une bande de types en costumes. J’espère n’offenser personne, ce n’est que du comic book. Si vous voulez parler du monde réel, vous revenez à Trump. » Des déclarations un peu décevantes de la part d’un auteur qui a la réputation d’avoir précisément fait entrer Batman dans le « relevant comics », dans un monde réel aux aspérités sociales et politiques. Il serait bon de voir si Dennis O’Neil partage cette vision des choses.

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Là où Miller et Adams sont en revanche parfaitement d’accord, c’est pour louer Wonder Woman contre Batman v Superman et le reste des films DC/Warner. Cette préférence est martelée avec tant d’esprit qu’il est difficile d’en évaluer la sincérité : il est facile de plaisanter sur un sujet quand on sait que cette prise de position suscitera les applaudissements de la salle, et il est facile de se dire que des auteurs encore liés à DC ne vont pas dire du mal de Wonder Woman, la poule aux œufs d’or de la Warner. Il faut dire que ces doutes ne reflètent peut-être que ma propre difficulté à concevoir que l’on vante à ce point Wonder Woman comme un miracle.

Dans un panel consacré à « Jack Kirby et la Pop culture », on entendit de même à peine le pauvre Mickaël Géreaume, pourtant maître d’œuvre du récent Kirby and Me, complètement dépassé par un Neal Adams très avare d’anecdotes sur l’homme Kirby, pourtant son contemporain, préférant répéter à l’envi que « Stan Lee is the present, Kirby is the future », et que le jour où DC comprendra l’intérêt des créations de Kirby, ils feront des films aussi extraordinaires que ceux de Marvel, oubliant qu’il est plus facile de porter à l’écran Black Panther et les Avengers que les Néo-Dieux. Mais Adams s’enferma dans son rôle de showman, préférant les jolies formules à la nuance, ce qu’il est même difficile de lui reprocher étant donné la concision des panels, et son désir d’honorer son statut d’invité d’honneur.

 

Comic Con Adams Jones
Joëlle Jones, Neal Adams, Freddie E. Williams II, modérés par Arnaud et Corentin de Comicsblog

 

La Mort de Superman, Lois et Clark

 

Le panel sur Superman avait le mérite de réunir Dan Jurgens, scénariste et dessinateur principal du mythique arc sur la mort de Superman en 1992, et Dean Cain, l’acteur qui avait incarné l’homme d’acier dans la série Lois et Clark. Comme il se tenait dans la Grande Salle et était orchestré par Frédéric Benudis, les questions comme les réponses étaient assez convenues pendant les quinze minutes que dura l’entretien, avant que ne commence la projection du nouveau dessin animé de Warner Bros, animation adaptant La Mort de Superman. Le moment parfait pour m’éclipser vers la Salle Masterclass (la salle moyenne) et écouter David Lloyd.

 

Comic Con Dan Jurgens
Dan Jurgens

 

David Lloyd

La discussion avec Lloyd fut sans doute la plus agréable surprise du panel tant j’attendais assez peu du dessinateur de V pour Vendetta. J’appris ainsi que le dessinateur était aussi engagé politiquement que le scénariste (Alan Moore), et que c’est lui qui avait trouvé l’idée du masque de Guy Fawkes quand l’éditeur (le magazine Warrior) n’avait demandé qu’un justicier masqué. Lloyd a surtout la particularité d’avoir approuvé le film V pour Vendetta, adressant même quelques suggestions aux Wachowski, apparemment prises en compte. Il se félicita ainsi que les réalisateurs (désormais réalisatrices) se soient réapproprié l’histoire, là où Alan Moore est notoirement opposé aux libertés prises par le film, le déplacement de l’action aux États-Unis et le message politique final, dont il estime qu’elles dénaturent son œuvre et trahissent sa volonté.

Moi qui n’aimais pas trop le dessin de Lloyd, j’ai par ailleurs été ravi d’apprendre qu’il était « volontairement » « austère et morne » pour imiter un régime austère et morne. Enfin, c’est Lloyd lui-même qui sembla très content de pouvoir parler d’autre chose que de V pour Vendetta en évoquant son engagement pour la bande-dessinée numérique. Il dirige en effet Aces Weekly, un abonnement à un service de comics inédits en ligne, vantant la qualité graphique et l’absence d’encombrement de ce format, sans pour autant adhérer aux expérimentations comme le « motion comic » envers lesquelles il se montre très sceptique : son combat consiste sincèrement à encourager les lecteurs à se laisser convaincre que la qualité vaut mieux que l’attachement matériel, une idée indéniablement intéressante qu’on soit d’accord ou non.

L’intégralité de cet intéressant entretien est disponible sur la chaîne YouTube de Script.

 

Comic Con David Lloyd
David Lloyd

 

Larry Franco

 

Ayant vu ce que je souhaitais le plus voir dans un planning réaliste (donc en acceptant de renoncer à certaines animations), je ne voulais pas partir avant d’avoir rentabilisé jusqu’au bout les 17 euros du prix d’entrée. Restait donc à caler deux panels, en commençant par une discussion avec Larry Franco, un nom inconnu du grand public ayant pourtant rendu possible de nombreux classiques du cinéma en tant que producteur attitré de John Carpenter (y compris sur The Thing), Joe Johnston (de Jumanji à Casse-Noisette), Tim Burton (Batman, Mars Attacks, Sleepy Hollow) et Roland Emmerich (y compris sur le très bon Anonymous) pendant un temps, ayant de surcroît travaillé sur Batman Begins et Hulk, pas mal. Dommage que Patrice Girod ait animé la séance comme celle avec Joe Johnston l’an passé, c’est-à-dire en demandant à Franco une anecdote sur chaque film dans l’ordre chronologique, sans profiter de la plus petite taille de la Salle Masterclass pour susciter le débat avec une salle probablement très curieuse. C’est d’ailleurs souvent ce qui pèche à la Comic Con, les animateurs : Girod est un puits de science, mais se ferme au public, Benudis est affable et professionnel, mais trop mainstream, et peut-être pas assez connaisseur de comics (le nom de Carmine Infantino lui semblait complètement inconnu)… Heureusement que la Comic Con a cette année fait confiance à Skript ou Comicsblog, aux traductions bien plus complètes, à l’animation impeccable, parfois percutante, en tout cas dotée d’une très agréable personnalité.

 

Domino

 

Comme lors du panel sur le personnage de Domino (notamment connu du grand public grâce à Deadpool 2), où les membres de Comicsblog étaient si désireux de faire parler les intervenants que le sujet se déplaça largement de Domino vers la représentation en général des personnages féminins et des minorités dans le comics. Il faut dire que le panel s’y prêtait bien : les artistes afro-américains comme Brian Stelfreeze ne sont pas encore monnaie courante, surtout pour dessiner des héroïnes, tandis que Gail Simone (qui a écrit des arcs remarqués de Wonder Woman et Batgirl) était l’inventrice de la notion de Women in Refrigerators en 1999 pour dénoncer le cliché misogyne de la mort du personnage féminin pour faire progresser le personnage masculin. Bref une personnalité qu’il était très triste de voir complètement isolée dans l’artist alley, cherchant pathétiquement à vendre des scripts de comics et incapable d’attirer la queue de David Lloyd, dommage pour elle, tant mieux pour les fans qui ont du coup pu aller lui parler très librement.

Alors que les modérateurs voulaient absolument lui faire dire qu’il fallait poursuivre la lutte pour l’inclusion des minorités dans le comics, Gail Simone s’est montrée curieusement optimiste, jugeant que la mort de Vanessa dans Deadpool 2 ne relevait pas du Women in Refrigerators, que l’industrie progressait bien dans le sens des représentations, que la sexualisation des personnages féminins (par Adam Hughes notamment) n’est pas tant un problème que la conformité de toutes les super-héroïnes à un même moule physique. Bref un discours très posé et modéré à l’époque où le débat public est dominé par les SJW, et où on a l’impression que toute féministe médiatique doit avoir des positions tranchées et radicales. Encore une fois, on peut aussi estimer que Gail Simone a dû refréner ses ardeurs pour continuer d’écrire pour DC sans se mettre l’intégralité de ses partenaires sur le dos et sans créer de polémiques en ces temps troublés de Comics Gate, entre prudence et opportunisme, mais il est tout à fait possible qu’elle apprécie sincèrement les progrès dans les comics et les juge suffisants pour apaiser sa croisade.

 

Comic con Gail Simone
Gail Simone

 

Vers la prochaine Comic Con ?

 

Comme on le voit, la Comic Con s’est efforcée de mieux affirmer son identité que jamais, réintégrant les comics dans ce qui risquait de devenir une Japan Expo bis. Si comme l’année dernière des acteurs très mineurs de Harry Potter sont revenus attirer des centaines de fans (peut-être le panel le plus populaire), ils ont été relégués à la salle Masterclass pour laisser la Grande Salle à des manifestations plus pertinentes, et on peut se réjouir du premier stand d’Urban Comics à un événement qu’ils avaient toujours laissé à Panini et aux indépendants  très présents sur le salon.

Rassurez-vous, vous trouverez toujours ce qu’il faut de jeux, funko pop, t-shirts et produits dérivés en tous genres, mais le comics est indéniablement revenu au centre des préoccupations. Pour pinailler, il pourrait être agréable de donner une plus grande place à la mise en scène, encore plus pauvre cette année que l’année dernière (où le stand Stranger Things était assez superbe, et le stand VR curieux), mais surtout, dans un monde idéal, la Comic Con pourrait répondre à d’autres besoins plus pressants : la foule, insupportable le samedi (et, je suppose, le dimanche), et le froid (je plains les pauvres cosplayeurs). Or bonne nouvelle, la Comic Con pourrait être avancée et déplacée l’an prochain ! On attend les détails, mais le seul fait qu’un événement aussi jeune ait à ce point à cœur de s’améliorer dans le bon sens donne bien envie de continuer de lui faire confiance.

 

Comic Con White Knight
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