AMD pas prêt de rivaliser sur les gros GPU Gaming avant un moment
Si AMD nous a ravi avec sa gamme Ryzen, il y a bien un domaine où les déceptions se sont enchaînées depuis des années : les GPU. Évidemment, dire ça sans prendre en compte la situation économique passée d’AMD par rapport à ses concurrents serait injuste. AMD commence seulement à sortir la tête de l’eau ; il y a encore quelques mois, les rumeurs de rachats ou même de faillite agitaient la toile.
Le come-back tonitruant sur les CPU pourrait laisser espérer que l’impossible peut se répéter encore une fois…visiblement ça ne sera pas le cas. Les récentes opérations de ripolinage de la gamme Rx 5xx vont permettre à AMD sans doute de faire quelques promos et d’améliorer la disponibilité. Il n’y aura aucune différence entre la gamme RX500 et RX500X (à l’exception de la RX550X qui aura une horloge un poil plus haute).
Le changement de process de gravure devrait aussi permettre à AMD d’optimiser ses coûts. Sans doute que les partenaires OEM baisseront ainsi les prix.
Navi 7nm devrait se contenter du segment mainstream… au mieux
Beaucoup sont ceux qui ont placé leurs espoirs dans les puces Navi. La gravure 7nm et les promesses de Vega pouvaient laisser effectivement quelques espoirs. Malheureusement, la concurrence avance elle aussi, dans la sérénité et avec une trésorerie lui permettant de faire quasiment ce qu’elle veut. Ainsi, Navi devrait arriver sur le marché sur le second semestre 2019, pas avant. L’architecture Navi profitera aux APU mais aussi aux projets de développement dans l’IA.
À cet instant, la stratégie d’AMD est de ne pas prendre de risque et les meilleures versions de Navi devraient prendre la place, dans l’échelle des performances, des Vega 56 et Vega 64. Ce qui veut dire qu’on peut espérer, au mieux, des cartes avec un niveau de performances proche des actuelles GTX 1080 (sans doute avec l’adjonction de quelques instructions pour le Ray Tracing histoire de rester cohérent avec le marché).
Évidemment, d’ici là Nvidia aura dégainé sa nouvelle génération de cartes (second semestre 2018). Les performances haut de gamme d’une GTX 1080 seront effacées sans aucun doute par des puces plus véloces. Navi ne devrait donc s’occuper que du milieu de gamme au mieux, soit l’équivalent d’une GTX 1070 actuelle.
En fait AMD a t-il vraiment le choix ?
La bulle sur les cryptomonnaies a permis aux cartes de la marque de s’arracher et de décrocher un niveau de rentabilité inespéré. Dans ces conditions, on peut aussi se poser légitimement la question suivante :
AMD veut-il vraiment revenir sur le GPU haut de gamme ?
Le départ de Raja Koduri chez Intel et la puissance de feu de ce dernier me laissent penser qu’AMD a capitulé sur ce terrain et ne dispose pas des moyens pour mener la guerre des CPU et celle des GPU. Les contrats avec les fabricants de consoles et autres assurent peut-être plus de visibilité à AMD qui doit encore s’efforcer de rétablir son assise financière. C’est une bonne nouvelle pour Nvidia qui se retrouve quasiment les mains libres jusqu’en 2020.
D’ici là AMD aura t-il trouvé une recette magique comme pour ses CPU ou l’alliance avec Intel nous apparaîtra sur un jour différent. Pour le consommateur, c’est un long chemin qui s’annonce, sans véritable concurrence sur le marché des cartes graphiques pendant 2 ans : une éternité.
Les consoles pour AMD les PC pour Nvidia ?
En fait, on l’a bien compris : les succès récents d’AMD ne lui permettent pas encore de jouer sur tous les tableaux. Les boulets financiers accrochés à ses pieds sont encore nombreux avec notamment un emprunt à 7% remboursable en 2024.
À cet instant, le cash flow dégagée par AMD, malgré son redressement, n’est toujours pas suffisant par rapport au poids de son endettement. L’EBIT généré est quasiment inférieur de 50% à un EBIT sain pour le secteur… Si les échéances à court terme d’AMD ne posent aucun problème, les rendez-vous futurs ne lui permettent pas de s’engager sur des terrains hasardeux.
Le secteur des consoles est pour le moment la chasse gardée d’AMD (à l’exception notable de la Nintendo Switch). Plus généralement, la division des puces custom assure à l’entreprise volume, visibilité et surtout une lisibilité de son activité à long terme. On peut comprendre dans ce cas qu’AMD choisisse de privilégier ses relations avec les constructeurs comme Sony, laissant (temporairement ?) le terrain du gaming PC haut de gamme, où la lutte est incertaine et déséquilibrée, dans les mains de Nvidia…
Restera alors à Nvidia la tâche de démontrer la supériorité de l’écosystème PC dans le monde du gaming. Une tâche qui faute de compétiteur lui demandera de l’orgueil…