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Se préparer aux élections avec YouTube

Et si YouTube vous aidait à voter aux prochaines élections présidentielles ?

 

Difficile d’y échapper : le 23 avril puis le 7 mai, les Français sont invités à se rendre aux urnes pour élire leur nouveau Président. Vous connaissez la rengaine : ces élections seront sans doute les plus déterminantes pour l’avenir du pays depuis celle de Mitterrand en 1981, comme elle est celle qui sort le plus du cadre habituel des élections dans le pays. Alors que Valéry Giscard d’Estaing était jusque-là la stimulante exception du seul Président élu n’appartenant à aucun des deux partis principaux de la Cinquième République (SFIO/PS-UNR/UDR/RPR/UMP/LR), et Jean-Marie Le Pen le seul autre de ces candidats à être arrivé au second tour, les sondages semblent avoir établi cette année qu’aucun de ces deux partis ne serait simplement représenté le 7 mai.

Évidemment, la tâche pour les électeurs est d’autant plus ardue. Autant il était auparavant facile, sous le prétexte de « voter utile », de ne s’intéresser aux programmes que du PS et du LR, autant cette nouvelle perspective incite à aller regarder aussi ceux des neuf autres candidats, ce qui peut faire beaucoup. Heureusement, les comparateurs pullulent, comme ceux, très intéressants, du Monde ou du Parisien, mais ils ne permettent souvent que de se faire une vague idée quand, au contraire, ils ne rappellent pas toutes les mesures promises par les programmes, ce qui en plus de faire de la lecture ne rend pas forcément compte de l’importance de certaines thématiques pour telle personnalité, et donc de sa sincérité quand elle promet de les appliquer.

Jamais des candidats à la Présidentielle n’auront été aussi présents dans les médias, ce qui est une bonne manière de les découvrir sous différents angles… si tant est qu’on en ait le temps et qu’on fasse confiance à leur impartialité quand ils nous proposent des montages, des synthèses, ou l’avis de « spécialistes ». On pourrais alors se reporter aux programmes et clips de campagne émanant directement des candidats, mais la lecture des premiers peut être fastidieuse quand on n’est pas trop politisé, et le visionnage des seconds donner l’impression que le projet de tous les candidats est formidable… Et c’est là que YouTube entre en jeu. Si la plate-forme recèle de tout (et beaucoup de n’importe quoi), elle est aussi une aide idéale, si tant est que l’on sache un peu chercher.

La première étape serait sans doute alors d’y regarder les deux débats télévisés des candidats, particulièrement le débat les réunissant tous les onze, si on les a « manqués » à la télévision. Si la forme est brouillonne, si les discours bien trop courts pour entrer au fond des choses ressemblent à des tracts plutôt qu’à un programme présidentiel, on a au moins l’occasion de voir tous les candidats en parole, en mouvement, y compris ceux dont on ne soupçonnait même pas l’existence, et de découvrir des sensibilités politiques peut-être inattendues, avec un résumé succinct de leurs priorités. Il n’est pas inutile de vous rappeler que le lecteur YouTube propose dans les paramètres de ses vidéos une fonction d’accélération de la lecture : tout le monde ne le supporte pas forcément, mais cela peut valoir le coup d’essayer, le débit restant souvent assez naturel en x1,25 tout en représentant un gain de temps appréciable.

 

Élections 2017 : les youtubeurs généralistes

La seconde étape la plus généraliste si vous n’avez vraiment aucune idée du candidat et du programme pour lesquelles voter aux prochaines élections, c’est d’avoir recours à quelques comparateurs YouTube, dont nous vous proposons une petite sélection principalement axée autour de jeunes vidéastes amateurs, donc en dehors des circuits journalistiques, ce qui représente à notre avis un bel exemple d’implication citoyenne. Ces vidéastes ont en commun de proposer des vidéos courtes, et de parler des différents candidats (contrairement à d’autres youtubeurs qui concentrent leur activité sur un candidat en particulier).

Ce n’est pas parce que je les conseille que nous en approuvons le contenu, l’objectif étant d’abord de vous faire connaître quelques chaînes que vous ne connaîtriez peut-être pas, nous essayons de le faire sans trop censurer des sensibilités différentes de la nôtre. On ne peut ainsi que vous recommander les vidéos de DannyCaligula, même s’il se fait plus rare ces derniers temps, et s’il soutient l’abstentionnisme, une position que nous réprouvons personnellement, il peut être intéressant d’entendre cette voix assez rarement défendue. Malgré tout nous pensons que même sans vouloir accréditer le système et sans aimer les candidats, ne pas voter ne fait que maintenir les structures auxquelles on prétend s’opposer, et nous rend d’autant plus responsable de l’élection d’un candidat auquel nous étions franchement opposé et que nous n’avons même pas cherché à bloquer par la forme d’action citoyenne la plus modeste possible, le dépôt d’un bout de papier dans une urne à deux reprises en cinq ans…

 

 

Bien que sa sympathie pour une « vraie gauche » soit assez évidente, Adrien Saumier essaye sur sa chaîne « ça parle politique » de décrypter avec objectivité les marges des élections, l’impact des fake news, le fonctionnement de la carte électorale, l’élaboration des affiches des candidats… Peu de vidéos encore au compteur, et peut-être un manque de concept alléchant pour s’attirer les faveurs d’un public large, mais une chaîne qui mérite intérêt et soutien pour continuer, et peut-être trouver sa voie.

 

« Dessine-moi l’éco » n’est pas à proprement parler une chaîne politique, mais tente d’expliquer en moins de quatre minutes et avec des dessins assez simples et pédagogiques, évoquant par exemple Plantu ou Vidberg, des points précis d’économie (le système de retraite, l’uberisation, les nouvelles régions…). Avec les élections, elle a également commencé à proposer des contenus plus politiques, ou à lier davantage ces réflexions économiques aux programmes des candidats, tout en maintenant le format de 4 minutes et la prétention à autant d’impartialité que possible.
Avec la même prétention à l’objectivité, on pourrait enfin citer le plus connu « Hugo décrypte » (130.000 abonnés quand même pour des vidéos politiques !), et particulièrement, si vous ne connaissez pas du tout cette chaîne, les vidéos par lesquelles il présente les aspects principaux du programme d’un candidat en cinq minutes. Très actif, il propose régulièrement des synthèses des débats ou une courte analyse sur un thème précis (récemment les propositions faites sur le cannabis, auparavant l’économie, la sécurité, l’éducation…). Récemment, il a intégré un concept accrocheur à sa chaîne avec des vidéos sur les meetings de différents candidats, au cours desquelles il rend compte de l’ambiance du lieu, interroge quelques spectateurs sur leurs motivations, et tout cela en seulement 10 minutes !
De nombreuses autres chaînes présentent un indéniable intérêt par l’investissement du vidéaste, sa volonté d’objectivité et son ambition à politiser ses spectateurs, mais nous ne les détaillerons pas tantôt parce que nous ne les connaissons pas assez bien (encore) pour les recommander, tantôt parce que nous ne voudrions pas que le conseil de trop nombreuses vidéos clairement orientées à gauche (voire soutenant explicitement le même candidat) ne nous rende suspect de parti pris . Parmi ces chaînes, Le Bon Sens, Démos Kratos, Cyrus North, Usul2000

Les chaînes des partis

Quand vous avez commencé à repérer quelques candidats pour lesquels vous vous sentez des sympathies, il est temps de creuser pour ne pas se précipiter : on parle quand même des élections menant au pouvoir le prochain Président de la République ! Si l’on peut jeter un œil aux très nombreuses chaînes de youtubeurs partisans, défendant avec ardeur leur candidat, il est plus intéressant encore d’aborder dans un premier temps les chaînes YouTube des candidats/partis eux-mêmes.

Vous devriez regarder aussi ça :
Test - Brothers: A Tale of Two Sons Remake

Le modèle en la matière, c’est évidemment la chaîne officielle de Jean-Luc Mélenchon. Presque 300.000 abonnés quand aucun de ses rivaux n’en a plus de 44.000 (et pas forcément des sympathisants en l’occurrence), une activité très régulière puisque la chaîne diffuse tous ses meetings ainsi que ses interventions télévisées ou radiophoniques (quitte à bafouer les lois de la propriété intellectuelle), ses discussions à l’ESSEC, Elle, Causette, en plus d’un compte-rendu hebdomadaire (même quand il est très fatigué manifestement). On ne souhaite qu’une chose en contemplant un tel investissement, c’est que tous les candidats s’emparent de la formule pour les rendre aussi accessibles, dans leur programme et leur personnalité, au public.

 

 

François Asselineau, qui était pionnier en matière de vidéos youtube, est également très présent par la chaîne officielle de l’UPR, forte de ses 44.000 abonnés, où il multiplie les formules (Une minute pour comprendre, Témoignages pour le FREXIT, cours et conférences de presse…). Curieusement, la chaîne du Front National  souffre de son trop riche contenu plutôt qu’elle n’en profite : l’accumulation d’extraits de vidéos parlementaires d’une à deux minutes gêne la visibilité des émissions plus longues, et l’absence de « formule », la discrétion de Marine Le Pen, les vignettes assez rébarbatives, font que les 18.000 abonnements sont plutôt ceux de sympathisants que de personnes réellement intéressées par le contenu de la chaîne. Au contraire, le bras droit de Marine Le Pen, Florian Philippot, a créé il y a trois mois une chaîne plus travaillée, plus médiatisée (plutôt pour la comparer péjorativement à celle de Mélenchon d’ailleurs), et qui compte autant d’abonnés que la chaîne officielle du parti, dont elle représente le pendant plus accessible.

De François Fillon (6.500 abonnés), Benoît Hamon (7.000) et Emmanuel Macron (13.000), trois candidats proposant des chaînes assez complètes, à peine en-deçà de la barre placée par celle de Jean-Luc Mélenchon, c’est le troisième qui tire son épingle du jeu, notamment parce qu’il accepte de se prêter à l’exercice de vidéos en face caméra, tournées uniquement pour être diffusées sur YouTube et donner l’impression d’un lien plus direct avec le spectateur. On sent, comme pour les autres, que la chaîne se cherche, mais toutes trois donnent un aperçu abordable (et pas trop difficile à chercher) de leur candidat. Avec sa formule « Nicolas décrypte l’actu », Nicolas Dupont-Aignan  fait même un peu mieux, bien que le reste de sa chaîne soit plus inégal.

 

 

Si l’on excepte Chevènement, qui à ma connaissance n’a pas d’autre chaîne que celle qu’il n’a pas alimenté depuis cinq ans, tous les candidats ont cherché à être représentés sans inventivité particulière, mais avec mérite puisque leur présence sur la plate-forme n’était ni indispensable ni même attendue (avant de préparer cet article je n’étais pas sûr moi-même qu’ils auraient une chaîne). Jean Lassalle peut même se targuer de cumuler 2.000 abonnés quand Philippe Poutou (le moins investi des trois dans cette forme d’expression) dépasse les 1.000 et Nathalie Artaud s’approche péniblement des 500.

 

Les politiques en prise avec les médias

Juste avant les élections, les candidats sont incessamment invités à parler et débattre à la télévision, à la radio ou devant des rédactions. Parfois pour présenter leurs idées dans un cadre très strict comme lors des « Grands Débats », parfois pour mettre leur patience et leur programme à l’épreuve de la critique. Parfois simple guet-apens pour faire rire le public au détriment du candidat, il peut parfois s’agir aussi de le confronter intelligemment à ce qu’on perçoit comme ses limites, ce qui est naturellement particulièrement intéressant quand le candidat est connu pour sa haine des médias ou sa discrétion. Et à notre époque, ces vidéos sont très faciles à trouver sur les chaînes YouTube des chaînes télévisées, ou sur les chaînes des candidats. On peut penser à Mélenchon acceptant la discussion avec des élèves de l’ESSEC, Macron face aux micros de Mediapart, Fillon devant Jean-Jacques Bourdin…

Il ne s’agit pas de juger trop vite du candidat dans ces conditions très éprouvantes : on peut trop vite déduire son incapacité de ses réponses peu satisfaisantes quand il faut imaginer la difficulté qu’il peut y avoir à devoir être continuellement concentré sur chaque mot des questions, en direct devant des milliers (voire des millions de spectateurs), et de tâcher d’être absolument clair malgré le temps limité octroyé pour répondre, malgré les regards dubitatifs de certains interlocuteurs, malgré la difficulté parfois à comprendre ce qui est demandé ou à s’en souvenir… Ce n’est pas parce que notre époque donne autant de place aux médias que le Président doit nécessairement être jugé sur ses qualités d’animateur ou de bête de foire. En prenant du recul et en ne donnant pas trop d’importance à des éléments trop secondaires (comme ses éventuelles bourdes ou sa fatigue), cette confrontation plus ou moins belliqueuse est l’occasion de voir si le candidat est attentif aux critiques, s’il est précis dans son programme quand on l’interroge très finement, et s’il dégage une présence satisfaisante, convaincante, qui donne l’impression qu’il croit à ce qu’il dit.

On pourrait évidemment adresser ici des conseils innombrables, mais parmi ceux que nous connaissons et apprécions, trois ressortent particulièrement : les « entretiens d’embauche » de Jean-Jacques Bourdin, qui donnent une bonne idée de la difficulté de prendre la parole face à un journaliste qui ne veut rien laisser passer, les entretiens de Mediapart (une rédaction plutôt favorable à Mélenchon même si elle ne soutient officiellement aucun candidat, et dont les interviews de Hamon et Macron sont particulièrement stimulantes), et On n’est pas couché, où Laurent Ruquier a interrogé un grand nombre de candidats à la Présidentielle en les mettant sous le feu nourri de questions souvent intelligentes.

 

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