Vers une professionnalisation de l’esport

 

Cela fait maintenant quelques décennies que l’esport pointe le bout de son nez dans le paysage vidéo-ludique mondial et même français. Pourtant, sa progression avait tendance à s’essouffler lors de ces dernières années à cause de facteurs multiples qui pourrait tenir un article entier (on peut parler rapidement des moqueries récurrentes des journalistes plus traditionnels comme Nagui ou De Caunes mais aussi de la frilosité de ces médias à s’emparer de la hype ou encore des dramas récurrents tels les problèmes de contrat ou de matchs truqués) et qui mettaient en péril sa professionnalisation.

 

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Les recrues du PSG avec le président Nasser Al-Khelaïfi

 

Et tout semble s’accélérer pour cette année 2016/2017. Alors que Schalke 04 et des personnalités de NBA avaient flairé le bon coup en commençant à récupérer des spots LCS, le PSG a finalement confirmé ce qui se tramait depuis quelques temps : son entrée en lice dans l’esport en plaçant YellOwStaR au poste de manager. Les fonds Qataris ne semblent pas avoir de limite puisque à l’instar de son club de football, le budget alloué à l’esport semble déjà se compter en dizaines de millions d’Euros… Les réactions ne se font pas attendre puisque l’Olympique Lyonnais semble également vouloir se lancer dans l’aventure.

Il n’aura pas fallu attendre longtemps avant de voir les médias vouloir enfin leur part du gâteau. Si l’Équipe a déjà sa rubrique consacrée depuis quelque temps sur son site, Canal + et Bein Sports commencent également à faire leur promotion en engageant en plus de ça des noms connus du streaming game français. Il ne sera pas ici question de savoir si l’esport est un véritable sport puisque nous avons déjà traité ce sujet précédemment.

Tout ça pour dire que l’avenir de l’esport français s’annonce un peu plus radieux ou permettra assurément à pas mal de s’en mettre plein les poches. J’ai eu pour ma part la chance d’être invité sur un petit plateau à Zurich en Suisse Alémanique pour me rendre compte de ce phénomène d’expansion généralisé en Europe. Pas encore le strass et les paillettes du Canal Esport Club mais il y a de bons moyens mis en place. Reportage.

 

[divider]La Suisse, ce petit pays particulier[/divider]

 

Difficile de rallier une grosse communauté dans un pays aussi hétéroclite que la Suisse, c’est pourtant ce que tente faire le website esports.ch en proposant une partie Romande (où les Suisses tentent de parler Français en trollant à base de nonante/septante) et une partie Alémanique (où les mecs se sont dit qu’ils allaient carrément inventer le Suisse allemand histoire de participer à la résistance). Difficile car il n’y a pas de partie Italienne qui se révèle encore plus négligeable que les francophones (8% d’italophones, 23% de francophones et 64% de germanophones ce qui ne font même pas 100% puisqu’il y a encore d’autres dialogues dans ce pays de cinglés). Cependant, l’effort d’inclure le Français est une bonne chose puisque la part belle est logiquement donnée en Suisse aux germanophones.

 

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Le Black Frame Studios se trouve à Zurich, ville la plus peuplée de Suisse (avec au moins 400.000 habitants) en Suisse alémanique. À 300 bornes de Genève, ce petit road-trip m’aura également fait découvrir que les Suisses sont au moins aussi nuls que nous en Anglais, ce qui n’est pas une mince affaire mais passons.

 

[divider]Enregistrement au Black frame Studios en banlieue de Zurich[/divider]

 

J’arrive donc à un petit studio placé en banlieue proche de Zurich dans un endroit tout ce qu’il y a de plus charmant et attractif. Ce studio est en fait loué par esports.ch une fois par semaine pour pouvoir enregistrer toutes les émissions de la semaine. Et le moins que l’on puisse dire c’est que le timing est serré puisque l’intégralité des scripts français et allemands doivent y être filmés dans la journée.

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Je prends rapidement mes marques parmi la petite dizaine de personnes dans le salle et commence à discuter esport, médias et Suisse. Je suis le seul non-germanophone, ce qui rend la compréhension des dialogues assez ardue mais tous se débrouillent bien en anglais voire en français. Alors que nous mettons rapidement au point nos questions/réponses pour notre script, l’enregistrement reprend. Les lumières s’éteignent, on nous incite au silence tandis que le chef de projet peaufine les derniers ajustements visuels.

 

La bouteille de Vodka étant remplie d'eau (véridique)
La bouteille de Vodka étant remplie d’eau (véridique)

 

CUT ! Tout comme un enregistrement pour la télé, la tension est palpable d’autant plus que la prise est à refaire à cause d’un bruit parasite extérieur. On s’assure que les portes sont bien hermétiquement fermées cette fois-ci et on relance les caméras.

David « Alpha » Meszes prend en charge la présentation de l’émission française ET allemande ce qui est considérable tant la journée de travail est longue. Grâce à son expérience télévisuelle et à son solide bagage linguistique (avec un bon anglais bien entendu) il enchaîne les interviews et présentations des jeux/patchs avec différents intervenants tels des joueurs semi-pros et d’autres présentateurs.

Rien à dire, le plateau est propre et les moyens mis en place sont impressionnants tant humains (toujours cinq ou six personnes derrière la caméra) que matériels. On m’explique que le chef de projet est nouveau et très tatillon puisqu’il n’hésite pas à recommencer les prises tant que le résultat ne le satisfait pas. Gloup. Les prises allemandes prennent un peu de temps et je ne peux me fier qu’au débit de langages des intervenants pour me faire une idée de la qualité de la prise. Le chef de projet lève le doigt, on la garde !

Cette pause permet à Léa « Kuraï » Alves de m’expliquer un peu plus en détails les projets de esports.ch pour un futur proche. En effet, UPC, un des leaders de la télécommunication en Suisse (ce qu’on peut comparer à Orange ou SFR en France) serait en passe de s’emparer du projet pour le diffuser au niveau national… à la télévision ! Ce qui explique la rigueur de l’équipe du projet. Re-Gloup. CUT !

C’est presque mécaniquement que je me dirige vers le plateau blanc éclairé par les projecteurs de la salle avec ma feuille de notes. On m’équipe du traditionnel micro puis on me place selon les marques du plateau. « ARE WE REEEEDY NIKS? » Yay, let’s go.

Grande première pour moi, peu habitué à ce genre de discussions scriptées et la tension disparaît peu à peu. Les mots s’enchaînent plus ou moins bien mais pas de problèmes dans mon flot de paroles. CUT ! J’aperçois le chef de projet qui lève son pouce, c’est dans la boîte et tout se sera passé presque trop vite.

 

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[divider]Une évolution de l’esport en direct live[/divider]

 

La puissance des réseaux sociaux nous dépasse tous et l’esport semble avoir enfin avoir pris le train en marche. Même si le voyage a été long et fatiguant, je n’aurais raté cet enregistrement pour rien au monde. D’abord parce que Zurich est une ville assez incroyable même si on y mange des choses assez étranges et ensuite parce que c’est une certaine façon de voir s’écrire l’Histoire de l’esport tout en participant à un certain niveau.

Je ne sais pas si l’esport prendra en Suisse ni même dans le monde à court ou moyen terme. Toujours est-il que c’est grisant de voir autant de nouveaux acteurs prendre part à ce que la majorité des gens dénigrait il y a peu sans cacher les moqueries. Et puis regarde Maman : je suis passé à la télé… sur Youtube pour le moment.