Black Mirror – saison 3 : la critique

 

Les séries britanniques ont toujours reçu de la part du public un accueil chaleureux, de par leur façon de mettre en exergue et de jouer avec certains codes sociétaires. Aujourd’hui, et suite à la récente sortie de sa saison trois sur la plateforme Netflix, Cleek va se repenche sur la série phénomène Black Mirror, au format, à l’ambiance et aux directives si particulières. Diffusée depuis fin 2011, Black Mirror propose à ses spectateurs un certain nombre d’intrigues indépendantes les unes des autres, à la manière d’une saison d’American Horror Story. Sauf qu’ici, la production pousse radicalement le concept : ainsi, chaque épisode se voit doté d’un casting différent, d’une histoire propre, et d’un traitement à part, convergeant tous vers un seul point commun : le sujet (assez vaste) des dérives plus ou moins dévastatrices de la technologie sur notre société. Amateurs de dystopies et autres fictions grinçantes, soyez les bienvenus et plongez dans le cauchemar de Charlie Blooker, Black Mirror.

 

[divider]Une saison 3 tant attendue[/divider]

 

Certaines séries (soon ™ Sherlock) aiment faire durer l’attente avant de refaire leur apparition. Ce fut le cas de Black Mirror qui après deux saisons assez brèves, bien que remarquables (7 épisodes en tout) a fait patienter ses fans pendant deux longues années. Récemment, le 21 octobre 2016, la finalement très attendue troisième saison est sortie sur Netflix, composée de six épisodes (hell yeah !), avec la même particularité que jadis : un format d’une heure, avec une intrigue unique par épisode. Concept toujours aussi réussi, puisque Black Mirror se démarque encore une fois des ses concurrents : le format bien spécifique fait que l’on n’a pas hâte d’y retourner comme on le ferait avec une intrigue suivie, mais permet toutefois de visiter beaucoup de sujets et d’univers… tant et si bien que l’on savoure ces six épisodes religieusement, bien trop conscients que l’aventure prendra bientôt fin avant d’attendre une nouvelle saison. Quoi qu’il en soit, et pour donner un avant-goût de la qualité de cette troisième saison, on peut plus que jamais s’attendre, avec Black Mirror, à savourer à chaque épisode une nouvelle pépite à l’état brut, avec un portrait et un regard toujours aussi grinçant de nos futurs technologiques. Observons maintenant plus en détail ces six épisodes…

 

 

[alert type=green ]Les critiques qui suivent mettront en avant certains éléments-clés des intrigues, mais ne spoileront en aucun cas les fins d’épisodes ou certains rebondissements. J’y parlerai de plus de choses que dans les résumés officiels, ceci dit, donc prudence ![/alert]

 

Épisode 1 : Chute Libre

Synopsis – Lacie est une jeune femme épanouie, quoiqu’un peu complexée. Bien aimée de son entourage, mais aussi du monde qui l’entoure, elle parvient à collecter au gré de ses posts sur les réseaux sociaux de belles notes, qui lui permettent de figurer dans le haut du panier sociétaire. Seulement voilà, Lacie souhaiterait plus, qui plus est lorsqu’un appartement de luxe pourrait lui être permis, à condition qu’elle parvienne à se hisser à la note globale de 4.5. Invitée par une amie d’enfance à son mariage, crème de la crème des réseaux sociaux aux notes de 4.5 et plus, Lacie voit en cette occasion l’opportunité de gravir les échelons pour accroître sa propre note, et ainsi, accéder aux privilèges que la société réserve à cette élite. Seulement, dans la course à la perfection, rien ne se passera comme prévu.

Chute Libre nous permet une première immersion légère, cynique et efficace dans un futur pas si éloigné du nôtre. Ici, les posts Instagram auraient pris le pouvoir, et les notes octroyées par les autres internautes serviraient à eux-seuls de critère d’évaluation de l’individu. Ainsi, seuls les citoyens collectant 4.5 et plus peuvent se permettre d’habiter dans de somptueux appartements ou encore de voyager en première classe. Pire encore, une dévaluation de cette note signifierait, pour certains, le renvoi du travail et donc, le rejet sociétaire. Si l’on s’imagine bien vite dans ce monde très aseptisé aux contours lisses et sans bavures, on ne peut que trembler à l’idée d’une société où les réseaux sociaux (les fameux héresses comme on le dit si bien chez nous) deviendraient le seul critère de jugement. Un premier épisode très efficace donc, avec une mise en bouche légère mais puissante.

 

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Épisode 2 – Playtest

Synopsis – Un jeune touriste se retrouve par hasard cobaye d’une expérience vidéo-ludique hors du commun.

Black Mirror s’attaque ici à la thématique du jeu vidéo et de la réalité augmentée, ENFIN ! Avec tant d’outils novateurs, la série se devait de faire un détour de ce côté, et le moins que l’on puisse dire, c’est que Playtest nous délivre un message aussi attirant que terrifiant. Comme souvent dans la série, l’avancée technologique nous fait d’abord envie, avant de nous montrer un visage plus sinistre et inéluctable.

Le cobaye se retrouve ici dans une expérience vidéo-ludique grandeur nature où, grâce un capteur implanté dans la tête, le jeu s’adapte à son joueur, en allant puiser dans son inconscient pour lui coller la frousse de sa vie. Une idée brillante, puisqu’ici personne ne serait épargné : vous redoutez l’araignée ? Elle est là, devant vous. Vous vous doutez du monstre derrière la porte ? Raté, il sera finalement derrière vous. Le jeu vidéo pousse donc notre cobaye dans ses (derniers) retranchements, et la question se pose alors de savoir si une telle immersion dans un milieu de loisir ne pourrait pas devenir réellement dangereuse. Oscillant avec brio entre la fiction et le réel, Playtest est une réflexion divertissante, complaisante et un poil effrayante. Black Mirror surfe avec cet épisode sur les terres du thriller horrifique, sans fioriture. Un peu de teen-horror, avant la suite bien plus grinçante…

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Épisode 3 – Tais-toi et danse !

Synopsis – Un jeune garçon se retrouve pris au piège d’un chantage ignoble, suite au hack d’une vidéo personnelle.

Horrible et diabolique, dans la même veine que le tout premier épisode de la série avec notre cochonou de premier ministre, ainsi que dans La Chasse implacable de la saison 2. Un possible technologique tout à fait à notre mesure, et où chacun pourrait se retrouver plongé dans un tel cauchemar.

Après s’être masturbé devant son ordinateur, un adolescent se fait hack son ordinateur, ainsi que la vidéo de ladite séance de plaisir solitaire. Son harceleur, sous peine de diffuser les images, le tient : il le force à une série de chantages pénibles et ignobles. À quel prix l’adolescent retrouvera-t-il sa liberté ?

Nous voilà plongés dans l’épisode le plus glaçant depuis le début de la saison. Si l’intrigue est aussi accrocheuse que malsaine, la perversion technologique est ici bien moindre, puisque très actuelle et loin du côté futuriste des autres épisodes. Néanmoins, par sa complaisance et son scénario coup-de-poing, Tais-toi et danse ! nous plonge dans l’enfer d’un jour de cet adolescent, pris aux griffes de l’illégal et de la morale. Mention spéciale au terrible twist final. À quel prix seriez-vous prêt à sauver votre dignité publique ?

 

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Épisode 4 – San Junipero

Synopsis – Deux femmes se rencontrent, échangent et partagent une idylle naissante dans un monde où les lois spatiales et temporelles ne semblent avoir aucune prise.

Un peu de poésie dans ce monde de brutes ! Si l’épisode 3 avait son pendant dans la première saison, San Junipero nous replonge dans les thématiques de l’amour et du deuil, déjà rencontrées en saison 2. Que penseriez-vous d’un monde où, à l’instant de votre mort, vous auriez le choix de pouvoir transplanter votre esprit dans une matrice, à l’époque de votre vie que vous souhaitez ? Et si je vous disais qu’en plus de cela, vous pourriez ainsi retrouver vos proches, ou les attendre patiemment afin de vivre éternellement avec eux ? San Junipero nous transporte ici dans une aventure poétique et mélancolique à souhait, dans une plongée pleine d’espoir dans les possibles transhumanistes. Bien loin des regards alarmistes de Lucy et autres Transcendence, cet épisode 4 viendra probablement vous arracher quelques pincements au cœur ou quelques larmes avec ses réflexions sur l’amour et l’immortalité, qui plus est lorsque l’on se rend compte que le Black Mirror ici, n’est pas dans le film, mais bel et bien dans notre propre réalité.

 

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Épisode 5 – Tuer sans état d’âme

Synopsis – un soldat voit peu à peu ses aptitudes altérées par de curieuses manifestations et sensations.

Sans doute le point faible de la saison. Avec une intrigue relativement plate et lisse, une mise en scène et des graphismes soignés, Tuer sans état d’âme ne parvient pourtant pas totalement à préserver l’attention du spectateur qui tombe bien vite dans une contemplation somnolente, faite de combats rythmés et visuels. Est-ce le thème de la guerre qui nous éloigne de cette fiction ? Toujours est-il que la magie n’opère pas vraiment, même si la fin viendra sûrement vous réveiller, si vous n’avez pas sombré en chemin. Bon après, cela reste du Black Mirror… et quand on voit les déjections qui pullulent à la TV ou sur le net, le divertissement reste tout de même relativement qualitatif !

 

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Épisode 6 – Haine Virtuelle

Synopsis – après le meurtre mystérieux d’une journaliste au cœur d’une polémique, une enquête est lancée. Cette dernière atteindra des proportions inimaginables, dans une société proche de la nôtre où les réseaux sociaux arbitrent et où l’écologie bat de l’aile.

Un final de saison d’une heure et demie qui passe lentement mais sûrement. À vrai dire, le format aurait pu rester le même que dans les épisodes précédents, la longueur de celui-ni nuisant un peu à l’homogénéité de l’intrigue et de ce que l’on en attend. Passé cela, et la première partie de l’épisode qui pourrait vous faire croire que la fin est attendue, vous savourerez une histoire de Black Mirror comme on les aime, même si beaucoup ont décrié le côté réaliste du futur qui nous est présenté. Pour ma part, je trouve justement le ton judicieusement donné, dans un contexte socio-politique funestement familier et prophétique. Un thriller policier futuriste et intriguant, pour de belles réflexions autour de la parole, de l’anonymat, de la responsabilité et de la citoyenneté. C’est sur cette Haine Virtuelle empreinte de nihilisme que s’éteindra donc notre saison, nous laissant un goût de satisfaction trop vite éteint. On aimerait tellement plus d’épisodes, mais finalement, la qualité serait-elle toujours au rendez-vous ? La réponse dans X temps, avec une prochaine saison.

 

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