La Boîte à musique – Portal – Still Alive

 

Bonjour à tous et bienvenue dans le treizième numéro de votre chronique musicale sur Cleek. Vous l’aurez compris, il sera question ici de musique, et plus particulièrement des musiques qui ont bercé et qui continuent de bercer l’univers geek, qu’il s’agisse de jeux vidéo, de films ou d’animés. Le format de cette chronique pourra varier d’un numéro à l’autre selon les musiques qui vous seront proposées. Présentations, analyses, extraits de partitions seront autant d’éléments que vous pourrez retrouver dans la Boîte à Musique de Cleek.

Portal, ses énigmes, son univers atypique et son cynisme… autant de caractéristiques qui ont fait de ce jeu complexe un monument vidéo-ludique. Pour rappel, le bébé de Valve, sorti en 2007 proposait un scénario simple mais accrocheur : vous incarnez une jeune femme, Chell, qui se réveille dans une pièce qui lui est totalement inconnue. Au fur et à mesure, une IA (nommée GLaDOS) lui fournit des instructions à suivre pour une série d’épreuves toutes plus étranges les unes que les autres avec comme récompense anecdotique la promesse de recevoir un gâteau.

Énigmes, humour décalé et réflexion sont donc au programme du jeu Portal, qui fut également emblématique en raison de sa bande-originale, et plus particulièrement sur la chanson « Still Alive ». Cleek se propose aujourd’hui de décortiquer pour vous ce tube intemporel du gamer.

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[divider]The cake is a lie[/divider]

 

La chanson « Still Alive » a été composée en 2007 par Jonathan Coulton, et elle est interprétée par Ellen McLain qui prête donc ici sa voix au personnage de GLaDOS. Le morceau a, dès sa sortie, fait l’effet d’une véritable bombe, devenue aujourd’hui emblématique du jeu Portal. Pour ce qui est de son contexte, la chanson « Still Alive » est diffusée lors du générique de fin, et laisse sous-entendre par son cynisme et son humour noir que GLaDOS ne sera jamais vaincue. Et c’est bien ça qui fait le succès de cette chanson ; une mélodie joyeuse, très infantile, sur des paroles beaucoup plus cyniques, et quelques fois morbides dès que l’on repense au contenu suggéré par le jeu.

À la base conçue pour permettre au joueur de finir le jeu sur une note humoristique,  la chanson s’est révélée être un véritable défi tant lors de la phase de composition que durant son enregistrement en studio. En effet, la tâche n’était pas simple d’allier autant de second degré à une musique qui ferait presque penser à une berceuse, et d’un autre côté, la chanteuse Ellen McLain a du redoubler d’efforts afin d’incarner au mieux l’identité de Glados, car, même si la voix a ensuite été retouchée, l’interprète se devait d’exécuter la mélodie sur un ton le plus neutre possible, et sans aucune respiration, ni vibration vocale au sein des phrases et des notes, tout cela dans le but de correspondre au mieux à l’identité robotique de GLaDOS.

 

[divider]Analyse : couplet[/divider]

 

Pour ce qui est de la structure du morceau, « Still Alive » adopte une mesure en quatre temps binaire, une métrique des plus classique donc, qui plus est dans le registre variété/pop. Pour ce qui est de la tonalité, le morceau est composé en Ré Majeur.

 

 

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La « voix » du robot nous compte donc en résumé quelques clés de l’intrigue que nous avons vécu durant le jeu. Très intimiste au départ, cette voix solo est accompagnée sobrement par un accompagnement arpégé et interprété par un instrument électronique très proche d’une sonorité de harpe : quelque chose de très cristallin et d’infantile pour instaurer dès la première mesure ce caractère de berceuse, avec le doux balancement des arpèges majeures.  Ce premier couplet assez court (une trentaine de seconde) s’achève donc dans un climat apaisé, propice aux confidences ambiguës de GLaDOS. Nous arrivons donc ici au point charnière de la chanson, avec la dernière mesure du couplet qui propose un procédé musical particulier, amenant avec soin le refrain, mélodie emblématique de Still Alive.

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[divider]Refrain[/divider]

 

Ce refrain succède donc à un procédé de « modulation ». Bien connu des adeptes de solfège, ce terme barbare désigne en fait un simple changement de tonalité : nous passons de 2# (non, je ne parle pas de Twitter) à 1 bémol, de ré Majeur à fa Majeur. Concrètement, ces spécificités techniques ne sont pas capitales à la compréhension de la chanson, puisqu’il s’agit ici de simplement créer un léger sentiment de décalage avec le discours que nous tient la voix de GLaDOS lorsqu’elle prononce les funestes paroles « Except the one who are dead ». La berceuse prend donc ici une toute autre tournure, et la mélodie écrite dans un registre assez restreint va s’étendre un peu plus aigu, et un peu plus librement, à l’image du contenu du texte. Ce changement de tonalité sert donc ici de « déclic », de rupture dans cette ambiance infantile et innocente. Côté instrumentation, nous restons accompagnés du même instrument qu’au départ, ni plus, ni moins.

La fin du refrain nous réorientera cependant vers la tonalité originelle et à ses arpèges. L’effectif instrumental évolue alors vers un côté plus pop/rock, avec l’arrivée, pile sur le retour de ré Majeur, des batteries et des guitares. Nous n’en sommes alors qu’à une minute de musique.

 

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Still Alive est donc bel et bien une chanson pop/rock, et cet effectif instrumental qui s’étend au-delà de l’accompagnement d’origine nous le confirme. En tant que chanson donc, cette dernière adopte donc naturellement la forme la plus classique que nous puissions connaître à l’heure actuelle, la fameuse alternance de couplet/refrain. Initialement connue sous le nom de forme rondo à l’époque classique, ce mode de composition nous permet donc de retrouver, à l’issue du premier refrain, un nouveau couplet, basé exactement sur le même modèle que le premier, les guitares/batteries en plus, histoire de varier quelque peu.Le refrain sera repris, lui aussi à l’identique, ponctué d’un léger contre-chant électronique (une mélodie qui accompagne harmonieusement le chant de GLaDos).

La fin de ce second refrain sera suivie d’un bref pont instrumental, permettant de revenir à l’ambiance initiale. Fin des batteries et des guitares, nous nous retrouvons à nouveau dans la confidence avec la chanteuse. Cet instant sera de courte durée,  et nous reviendrons en mode « pop » pour la seconde partie du couplet. Il n’est bien sûr pas question ici d’incertitude instrumentale, mais bel et bien d’un moyen de varier les sensations et les ambiances autour d’une mélodie relativement simple, puisque volontairement infantile, et ainsi de ne pas lasser l’auditeur. Cette seconde alternance de couplet/refrain nous amènera donc ensuite à la phase finale de la chanson, une conclusion cynique et triomphante de GLaDOS et de sa suprématie sur nous, pauvres cobayes.

Le robot affirmera alors à de nombreuses reprises qu’elle est en vie, peu importe les aléas, parfois tragiques et collatéraux que connaîtront certains. Cette fin sera d’autant plus cynique qu’elle s’articulera plus que jamais sur une mélodie anodine, jouette et innocente, alors que les paroles n’y évoque rien de bien rassurant. Enfin, cette répétition d’une même cellule musicale pour clôturer la chanson nous ramènera plus que jamais à cette idée de comptine, où un enfant pourrait en narguer un autre.

 

And believe me I am
still alive
I’m doing science and I’m
still alive
I feel fantastic and I’m
still alive
While you’re dying I’ll be
still alive
And when you’re dead I will be
still alive

Still alive

 

 

Si vous avez joué au célèbre jeu Portal, quel effet vous a donc fait cette musique ? L’avez-vous particulièrement appréciée, ou au contraire, vous a-t-elle laissé sur votre faim/fin ? Laissez-nous vos remarques et commentaires en bas d’article ! À bientôt dans La Boîte à Musique de Cleek !