Suicide Squad : le film-suicide de DC ?
L’accumulation de productions super-héroïques, évidente quand on jette un œil au calendrier des sorties des deux prochaines années, incite naturellement les grands studios à tenter de sortir des standards qu’ils ont eux-même imposés pour des films plus originaux. Marvel s’est montré assez timide avec Ant-Man ou Les Gardiens de la Galaxie, tandis que la Fox a tenté avec gains et fracas son Deadpool. C’est au tour de DC Comics de profiter de la permissivité de la Warner pour nous offrir un film étonnant, en terme de ton et de personnages, sur une équipe de super-vilains travaillant pour le gouvernement, la Suicide Squad.
Peut-on alors attendre une alliance de la maturité et de la noirceur caractéristiques de DC avec la subversion relative de Deadpool, ou le studio a-t-il survendu un film fait à la va-vite pour contrer ses rivaux ? La Warner a-t-elle réussi son pari de la dernière chance, après un Batman v Superman au succès mitigé (malgré la qualité de la version longue), la déception The Killing Joke et les bandes-annonces de Wonder Woman et Justice League pas réellement extraordinaires ?
La réponse en deux critiques, David « Niks » Chaillou vous proposant en deuxième partie son avis énervé, c’est le moins qu’on puisse dire.
https://youtu.be/aK1PlNIvbkk
L’avis de Siegfried « Moyocoyani » Würtz :
[divider]Une Star-Squad[/divider]
S’il y a une qualité que l’on pouvait reconnaître à Suicide Squad avant même de l’avoir vu, c’est de n’avoir pas trop spoilé sur l’intrigue par la promotion pourtant massive faite autour du film. L’équipe a su prendre en compte le mécontentement universel consécutif aux bandes-annonces de Batman v Superman pour focaliser les nombreux trailers de Suicide Squad sur les personnages, quitte à ne nous donner pratiquement aucun indice sur l’intrigue à proprement parler du film.
Cette habile dissimulation pour conserver une grande part de mystère au projet n’en est pas une. D’abord parce qu’effectivement, la plus grande partie du film ne concerne que la très lente présentation des personnages et la construction de la Suicide Squad. Ensuite, parce que la super-vilaine, Enchanteresse, est si dénuée de charisme (on en plaindrait presque Cara Delevingne), d’ambition, d’originalité, bref du moindre intérêt en terme de personnage et d’histoire, qu’il était impossible de la mettre réellement en avant dans le marketing. Ce n’est pas un tort majeur, parce que le combat contre le boss final n’appartenait pas à nos attentes : nous ne le voyions que comme un prétexte à souder l’équipe, même s’il est impossible de ne pas ressentir une certaine frustration.
Enfin cela n’aurait pas été un tort majeur si les personnages principaux avaient été réellement approfondis. Mais David Ayer, réalisateur et scénariste de Suicide Squad, fait déjà l’étrange pari de les multiplier : l’équipe se compose de Deadshot, Harley Quinn, Captain Boomerang, El Diablo, Killer Croc, Slipknot, sous la direction de Rick Flag, lui-même secondé par Katana et contrôlé par Amanda Waller, sans mentionner les innombrables Jean-Jacques comme notre cher OC les dénomme si plaisamment. Ni le Joker, sur lequel on va revenir.
Leur conférer à tous du caractère n’était pas impossible avec du talent. Qui est complètement absent de l’écriture du film. Celui-ci commence par la présentation de quelques super-vilains emprisonnés, puis un plan d’Amanda Waller se rendant dans un restaurant, étonnamment coupé par le titre, pour rencontrer des militaires auxquels elle va présenter les membres de la Suicide Squad qu’elle veut monter, à base de plus ou moins longues séquences de flash-backs. En moins de dix minutes, certains personnages ont donc droit à deux introductions et d’autres qu’à une seule, parfois tout à fait dénuée d’intérêt et dans une impression de liste qui rappelle désagréablement la découverte des méta-humains dans la base de données de Lex Luthor. L’un des membres de l’équipe n’a simplement pas droit à l’introduction : Slipknot apparaît au bout de trois quarts d’heure, quand la Suicide Squad est déjà constituée, sans qu’on connaisse son histoire, sans parler, sans disposer d’aptitudes intéressantes, et il meurt dix minutes après. Un peu délicat pour le seul acteur amérindien du casting, mais après The Killing Joke, cela ne me surprend même plus. Et je ne parle même pas de Katana, qui doit prononcer deux phrases et dont le background est présenté au bout d’une heure et demie de film en dix secondes…
Vous savez que Will Smith a refusé de reprendre son rôle dans Independance Day : Resurgence parce qu’on ne le payait pas assez bien. Cela explique pourquoi la Warner, trop contente d’avoir pu l’obtenir, s’efforce de le rentabiliser autant que possible en lui donnant deux fois plus de temps d’écran et de dialogues que tout autre personnage. Malheureusement, il n’a pas d’autre histoire que son amour pour sa petite fille. Pourtant, le charme Will Smith opère malgré la relative banalité de son Deadshot et une performance très en-deçà de ses capacités. Davantage pour l’acteur que pour le personnage, dont l’immoralité est sacrifiée sur l’autel des bons sentiments familiaux que promeut incessamment Will Smith, mais bon, c’est déjà quelque chose.
L’Enchanteresse avait pourtant beaucoup de potentiel avec l’idée que la scientifique qu’elle possède avait une histoire d’amour avec Rick Flag, le chef de la Suicide Squad. Psychologiquement, cela aurait pu être vertigineux : le badass habitué aux bavures, plus proche de Deadshot que du soldat régulier qu’il est supposé être, aurait pour faiblesse l’incarnation humaine d’un être extrêmement dangereux, tandis que dans le docteur Moon les sentiments humains pourraient contaminer la divinité Maya. Sans compter que les deux personnages se manipulent l’un l’autre et se redoutent l’un l’autre… Cette relation échoue lamentablement à faire ressentir la moindre émotion, la moindre empathie ou même sympathie pour ce couple qui pourrait mourir devant notre plus grande indifférence, un peu comme l’annonce de l’existence de l’Enchanteresse, présentée on ne sait pourquoi comme venant d’une autre dimension, laisse ses auditeurs tout à fait de marbre, à une époque où en dehors de Superman ils ne connaissent pas même les méta-humains, alors une déesse pré-colombienne prouvant l’existence d’autres plans de réalité ! Il est vrai que son plan se limitera à détruire l’humanité en faisant voler en vain des débris dans les airs, donc pourquoi se soucier de son statut si elle-même ne lui rend pas honneur ? De même que jamais David Ayer ne cherche à nous effrayer, alors qu’avec son design de créature de film d’horreur et la présence de James Wan dans l’équipe Warner/DC, il y avait assurément quelque chose à tenter de ce côté-là…
El Diablo est étonnamment le plus convaincant des membres de la Suicide Squad : refusant désormais la violence après avoir tué sa femme et ses enfants dans un accès de colère, il offre un contraste d’autant plus saisissant avec l’esprit général de la team que ses pouvoirs de pyrotechnie sont immenses. Background tragique, questionnement moral, design réussi, positionnement original par rapport aux autres personnages, il est la pépite de l’équipe (malgré un moment tire-larmes dont on se serait bien dispensés), c’est dire la platitude de l’ensemble (il lui manque clairement une origin story et son personnage n’aurait jamais paru aussi intéressant dans un film un tant soit peu soucieux de psychologie). Mais l’intérêt qu’il dégage devrait surprendre, parce que l’on attendait naturellement beaucoup plus de Harley Quinn et du Joker.
C’est la première fois que la psychiatre folle apparaît à l’écran, et elle représentait en cela un défi aussi intéressant que celui d’interpréter le Joker pour la troisième fois, et surtout après Heath Ledger. Le moins qu’on puisse dire, c’est que Jared Leto et Margot Robbie se sont pleinement investis dans leurs rôles, mais cet investissement est plus remarquable que le résultat.
Alors qu’il aurait dû être passionnant de voir pour la première fois sur le grand écran comment le docteur Quinzel était tombé amoureuse du patient qu’elle était supposée guérir au point d’en perdre la raison, on ne ressent rien. Elle est juste amoureuse, sans que l’on comprenne trop pourquoi, sans que le Joker exerce la moindre fascination, sans que le moindre érotisme ne ressorte de leur entretien. Ce n’est que bien plus tard dans le film qu’un flash-back soulignera un peu mieux leur attirance réciproque, mais leur rencontre est une déception d’autant plus considérable que la mise en scène du Joker ne le valorise pas. Quinn est un personnage trop résumé à sa sexualisation (qui doit faire l’objet d’une vingtaine de répliques), le Joker n’est qu’un personnage un peu taré et très bling-bling, souffrant d’un manque considérable de caractérisation… Et c’est sur cet aspect particulièrement que l’absence de nombreuses scènes pourtant tournées se fait le plus cruellement ressentir. À un journaliste qui lui demandait s’il y avait des scènes coupées du Joker, Leto répondait en demandant s’il y avait des scènes avec le Joker qui n’avaient pas été coupées, ajoutant ailleurs qu’il y avait assez d’images pour faire un film sur son seul personnage. Et on fait entièrement confiance à l’acteur pour avoir livré une performance aussi folle qu’il n’a cessé de le promettre (on dit qu’il envoyait des préservatifs usagés aux autres acteurs, et il assure lui-même qu’il devait se cramponner à sa raison pour ne pas entrer complètement dans la peau de son personnage). Le moins que l’on puisse dire, c’est que son travail n’a pas été respecté, et que plus que tout autre – peut-être même plus que nous, spectateurs – il est la véritable victime du film.
[divider]Un film sans caractère[/divider]
Alors que toute la promotion tournait autour du Joker de Jared Leto, il n’est en effet pas présent dix minutes, et aurait pu disparaître tout à fait de Suicide Squad sans que cela ait aucun impact sur le scénario, y compris sur les sous-intrigues. La Warner a très probablement voulu adoucir un film qu’elle percevait comme trop violent, comme elle a demandé à Ayer d’humaniser tous ses super-vilains. Au risque d’un film aux antipodes de la subversion qui nous était vendue. Il s’agissait de parer aux reproches adressés à Batman v Superman d’un film trop sombre, alors qu’il s’agissait du seul reproche qui ne méritait pas l’attention du studio : au contraire, cette maturité est une marque de fabrique stimulante pour opposer le DCEU à Marvel ou à la Fox, et l’assumer aurait donné à Suicide Squad le cachet, la vision qu’il lui manque, surtout qu’il est bien trop affligeant pour être ressenti comme léger ou amusant…
Et en effet, cette volonté de lisseté a abouti à tout ce que nous ne voulions pas voir : après deux scènes agréablement violentes et astucieuses, mettant en scène les brutalités dont les vilains sont victimes de la part des gardiens de leur prison (ils promettent d’ailleurs une vengeance… qu’on ne verra pas ?), plus une goutte de sang, même plus une scène moralement troublante. Pour dire, j’ai été plus perturbé par certaines scènes d’Insaisissables 2, pourtant tout-public, que par Suicide Squad, interdit aux moins de treize ans aux États-Unis et bénéficiant d’un simple avertissement en France. On est loin des promesses d’un Deadpool (pour mémoire, respectivement interdit aux moins de dix-sept ans et aux moins de douze ans) à la sauce DC, et cette politique est incompréhensible : la promotion du film insiste sur sa violence, ce qui limite déjà son audience. Il aurait infiniment mieux valu aller jusqu’au bout du le parti-pris de héros psychopathes pour aller plus loin que Deadpool, alors qu’ici on peut voir El Diablo carboniser quinze personnes en haussant les épaules… La Warner a visiblement cru qu’il suffisait de parler sexe pendant la moitié du film et d’introduire un fétichisme des licornes pour imiter le succès de l’anti-héros de la Fox.
Ce n’est pas parce que le film a échappé à David Ayer qu’il faut le voir comme une pauvre victime des studios : certains défauts auraient pu être évités s’il avait gardé le contrôle sur Suicide Squad, mais l’écriture est globalement très mauvaise. On doit sourire une fois ou deux devant un film qui prétend multiplier les punchlines, la caractérisation de personnages trop nombreux est extrêmement faible, comme on l’a dit, les personnages satisfaisants (Amanda Waller, El Diablo, Deadshot) étant déjà sous-exploités, l’absence de réels enjeux se fait cruellement ressentir et le scénario est extraordinairement incohérent, en particulier dans la deuxième partie du film, dont on ne parlera donc pas pour ne pas vous « gâcher » la « surprise ».
Malgré l’importance de ces défauts, Suicide Squad aurait pu être un film regardable : après tout, un divertissement déjanté, même un peu plat, dans l’univers DC Comics, peut avoir du charme. C’était sans compter que la réalisation est à l’image de l’écriture. Tout spectateur sera frappé par le pire montage de séquences que je me souvienne avoir vu : presque toutes semblent juxtaposées arbitrairement, et on se retrouve régulièrement à devoir accepter que les personnages fassent soudain cela, soient soudain là, que ceci se passe juste après ce qu’on vient de voir, avec une absence de naturel laissant croire que le monteur s’est effectivement contenté d’aboutir à un résultat de deux heures en compilant les images qu’il avait dans sa banque de données. Ce qui n’est pas seulement un problème de montage : la mise en scène aurait pu créer un lien fluide entre les scènes, lequel lien est inexistant, ce que l’on pourrait imputer, comme pour Batman v Superman, à un remontage à la hache par la Warner, sauf que ce défaut est déjà assez présent, dans les précédents films d’Ayer, même si c’était moins problématique…
Les plans de Suicide Squad sont dépourvus d’inventivité, les couleurs sont laides, même (et surtout) quand Ayer évoque les couleurs flashy des posters pour nous imposer des flash-backs aussi immondes qu’ils se sont (apparemment ??) voulus jolis, et les scènes d’action manquent tout à fait d’énergie, la faute en partie à l’absence totale de plan-séquence pour produire un sentiment vaguement épique chez le spectateur. En fait, Ayer a cru que le recours à la musique pop pourrait suppléer à l’inexistence de la mise en scène. De sorte qu’il faut s’infliger une bonne douzaine de très gros hits, allant de « Bohemian Rhapsody » au gangsta rap (quand on veut imiter Deadpool, il faut aller jusqu’au bout, non ?), intégrés sans aucun esprit esthétique, pour meubler un blanc et faire oublier la laideur de la photographie plutôt que pour soutenir l’action… Deux des meilleures musiques, qu’on entendait dans le dernier trailer ( « Heathens » de Twenty One Pilots, « Sucker for pain » de Lil Wayne, Wiz Khalifa & Imagine Dragons w/ Logic & Ty Dolla $ign ft X Ambassadors) et inédites, ne serviront qu’à animer le générique de fin… Leur addition s’est évidemment faite en post-production, sans souci de coller aux images, le plus plat trajet en hélicoptère ayant droit à son accompagnement épique, l’absence de tout sentiment d’exaltation ainsi créé étant bien loin de ce qu’avait correctement réussi leur modèle en la matière, Les Gardiens de la galaxie.
[divider]Le suicide DC[/divider]
Suicide Squad est donc un film à la fois indigne et digne de l’Univers Étendu DC.
Indigne parce que jamais réalisateur n’a paru tant mentir que David Ayer en prétendant aimer ses personnages, et répondant aux mauvaises critiques de Suicide Squad par le fait qu’il était adressé aux fans, et pas aux journalistes… En multipliant les pires incohérences quand Snyder avait commencé à colmater les brèches, en assumant le manque du sens esthétique le plus élémentaire, en parvenant à ne pas mettre en valeur et à détruire tout intérêt pour les personnages d’un univers aussi riche, malgré l’investissement d’acteurs de talent, il nous livre un film qui ne se regarde même pas bien, et dont chaque seconde est une épreuve tant le gaspillage est manifeste. La liste non-officielle des scènes coupées (en anglais, parce que les traductions sur les sites les plus autorisés sont très approximatives) peut certes rassurer sur les intentions premières du studio, le film ainsi promis ayant autrement plus de gueule que celui que nous avons vu, mais il n’y a sans doute pas que les producteurs à blâmer dans cette débâcle générale.
Digne au plus mauvais sens du terme parce que Warner Bros. fait les choses n’importe comment. Écoutant les reproches adressés à Man of steel et Batman v Superman d’être trop sombres, ils ont remonté Suicide Squad pour étendre le public visé, alors que le film ne s’y prêtait pas (et que ces reproches étaient infondés, mais là c’est vraiment subjectif). Imitant Disney-Marvel, ils injectent des sommes astronomiques (225 millions de dollars !) en croyant que cela suffira à garantir le succès, sans comprendre que l’écriture est plus importante que les millions, et que si Deadpool a si bien fonctionné avec un budget d’environ 50 millions de dollars, ce n’est pas en payant davantage qu’on fera mieux, mais en réfléchissant aux raisons réelles de son succès. DC multiplie les erreurs stratégiques, entre le montage cinématographique de Batman v Superman, la catastrophe de l’adaptation de The Killing Joke, le fait qu’ils aient déjà envisagé un Suicide Squad 2 réalisé par David Ayer… À force, difficile de ne pas se dire qu’ils le méritent, voire qu’ils le cherchent…
Notre naïveté ne nous empêche pas d’espérer une suite confiée à une équipe plus prestigieuse, et qui présenterait la guerre que se livreraient la Justice League et la Suicide Squad épaulée par le Joker, mais on en est plutôt à se dire, étant donné que Lego Batman s’annonce comme le meilleur des films DC, qu’on regarderait plus volontiers encore un Funko Pop Suicide Squad 2 que de croire au potentiel de suite d’un film aussi affligeant.
Une courte scène du film résumera mieux que tous ces mots à quel point Suicide Squad passe à côté des personnages qui auraient dû être son plus grand atout : on nous montre le désir profond de Harley Quinn. Qui rêve de vivre dans une maison américaine, avec deux enfants et le Joker en tenue de travail, sans son maquillage. Pas de chute humoristique nous montrant une pile de cadavres ou même l’émission hyper-violente que regarderaient les gamins sous le sourire angélique des parents, le personnage déjanté qui représente par exemple le film en une de « Première » ne rêve que de vivre dans une publicité pour nutella…
L’avis de David « Niks » Chaillou :
Tout d’abord, je voudrais remercier les cinémas Gaumont pour l’entubage perpétuel des tarifs indécents proposés. Et la 3D obligatoire.
15 boules alignées tout en en sachant pertinemment qu’on va passer un moment moyen car le film ne promet pas grand chose, ça situe déjà mon niveau d’énervement.
Les lumières s’éteignent. Cinq heures plus tard, elles se rallument.
Ma copine me réveille et nous nous dirigeons vers la sortie.
Moyo a déjà bien expliqué l’ampleur du désastre, j’aimerais néanmoins revenir sur quelques points peu développés.
Suicide Squad se passe aux États-Unis d’Amérique. Et ça en devient gênant tant on insiste sur ce point. Certes, Gotham se situe sur le continent américain et semble être, dans le DCEU, l’autre nom d’un quartier de New York (même si Gotham ressemble davantage à Chicago niveau architecture). Cependant, on ne cesse pendant tout le film de justifier la création de la Task Force X à coup d’élucubrations géopolitiques dont il faut bien le dire, on se bat les steaks. Comment ça la Corée du Nord ou l’Iran sont dangereux ? Pourquoi il y a des tocards de la Navy qui suivent les méchants tout le film ? On s’en tape qu’El Diablo soit dans le cartel de LA ??? Et puis cette réunion au Pentagone… Bref, le film commençait déjà très mal.
J’ai également pu lire ici ou là que Suicide Squad était là pour concurrencer Deadpool de la Fox… Euh pardon ? Non seulement, j’avais trouvé Deadpool décevant pour… pour… eh bien, pour le fait que le film se pose en tant que film « subversif » et qu’il brise les codes des films de super-héros alors qu’il respectait tous les codes de super-héros ? Hormis les blagues de cul et le cassage permanent de quatrième mur, le film se contentait de nous servir du réchauffé sur un scénario vu et revu (sauvetage d’une demoiselle en détresse, remise en question du héros, happy ending et climax final pourri sur un combat contre le vilain pas beau très gênant). Suicide Squad fait encore pire.
L’intérêt d’une telle histoire est qu’on parle de super-MÉCHANTS. Pas des putains de Bisounours qui se font des câlins. Et je n’exagère pas. Et c’est quoi ce délire de pouvoir de l’amitié ? Les gars, vous vous êtes crus dans One Piece à devenir plus forts si on touche à vos gentils amis ? Non, bordel, on ne fait pas s’aimer les méchants de la Suicide Squad, ce n’est même pas crédible avec le filtre Warner Bros. Et je ne parle pas de la fin, tellement elle est ridicule. Déjà que le scénario et l’histoire ne cassent pas trois pattes mais alors la conclusion du combat final est tellement gnan-gnan que je me serais cru dans Dragon Ball.
Suicide Squad voulait-il se poser en tant que concurrent à Marvel et la Fox grâce à la violence de son histoire et de ses combats ? C’est une question qu’on peut se poser tant le film est aseptisé. Et cela vient sans doute du fait que la Task Force X ne tape pas des humains mais des aliens, des putains de mecs sans visage et sans sang. Forcément la violence présumée ne se fait guère ressentir puisque les monstres ne ressentent pas la douleur et qu’en plus de cela, la Suicide Squad passe pour les sauveurs de l’Humanité en tapant sur des méchants encore moins beaux qu’eux.
Passons maintenant aux personnages de cette équipe.
J’aime Will Smith. Mon avis est donc sans doute biaisé à propos du personnage de Deadshot (que j’apprécie également de base) qui m’a convaincu même en VF. Le reste du doublage en revanche…
Forcément, la femme qui double Margot Robbie double également DeeDee dans le Laboratoire de Dexter… Et c’est très dur de l’imaginer maléfique en partant de là. De plus, la propension du docteur Quinzel à appeler le Joker « Poussiiiiiin ! » me rappelle également le personnage d’Audrey Lamy dans Scènes de ménages. Et bon sang, là encore, je n’arrive pas à accrocher au couple Joker/Quinn… Un amour… Réciproque ? Je n’avais pas d’a priori sur le charadesign du Joker de Jared Leto mais on a pas le temps de comprendre sa relation avec Harley, ni pourquoi il en tombe follement amoureux au point de retourner ciel et terre pour la retrouver.
Pourtant, le film tente de nous intéresser à tous les personnages en dressant un background plus ou moins développé à chaque méchant. Cependant, à force d’aller dans toutes les directions, aucun personnage n’est réellement travaillé ni réellement charismatique. Et pourtant il y avait de la matière notamment avec Amanda Waller (mention spéciale à Viola Davis, très convaincante dans le rôle) qui n’a pour le rôle AUCUN background, alors que c’est sans doute le perso le plus intéressant de l’histoire. Idem pour Rick Flag, pourquoi ne pas avoir… Ah non on s’en tape en fait, sans doute parce que le personnage passe son temps à se faire sauver la mise par le reste de l’équipe et à se faire piéger comme un débile mental sorti de Disney par Waller et l’Enchanteresse. ET CETTE FIN BORDEL.
Allez, j’suis sympa, je mets quand même un petit 4/10 pour les bonnes musiques et l’humour qui demeure présent malgré tout.